618 f IL
>t notre île ; elle feule embellit nos rochers S i noS
» fombres montagnes ».
Il recueillit les matériaux ds fes dialogues lur les
médailles, dans le pays même des médailles. Cette
piece a été publiée par M. Tickell , qui a traduit la
plus grande partie des citations latines en anglois ,
pour l’ufage de ceux qui n’ entendent point les langues
favantes. On y trouve quantité de choies cu-
rieufes fur les médailles, écrites avec tout 1 agrément
que permet la forme de dialogue; & on a nns
à latête un poëme de M. Pope. _
Il le commence par cette réflexion î cpie les plus
beaux monumens, les arcs de triomphe, les temples
, les tombeaux» ont été détruits ou par 1 injure
des tems, ou par les irruptions des barbares, ou
par le zele des chrétiens ; Sc que les médailles feit*
les confervent la mémoire des plus grands hommes
de l’antiquité. Mais delà il prend occafion de railler
finement les excès dans lefquels quelques curieux
font tombés fur ce fujet. « Le pâle antiquaire » dit-il,
» fixe fes regards attentifs, 8c regarde de près ; il
» examine la légende ôc vénéré la rouille ; c eft uh
» vernis bleu qui la rend facree. L’un travaille <\ aC-
» quérir un Pefcennius ; l’autfe dans fes reveries
» croit tenir un Cécrops ; le pauvre Vadius depuis
» long^tems favartimant hypochondre, ne peut goû*
» ter de plaifir,tant qu’un bouclier qu’il voudroit
» confidérer n’ eft pas net ; 8c Curion inquiet à la
„ vue d’un beau revers, foupire après un Othort,
» tandis qu’il oublie fa mariée. » Pope s’adreffe en-
fuite à M. Addiflon, de la maniéré fuivante î « la va-
>» nité eft leur partage, & le favoir le tien. Retou-
» chée de ta main, la gloire de Rome brille d’un
» nouvel éclat; fes dieux & fes héros reparoiffent
» avec honfieur; fes guirlandes flétries refleunfient.
» Etude attrayante, elle plaît à ceux que la poefie
» charme : les vers 8c la fculpture fe donnent la
» main; un art prête des images à l’autre».
Addiflon mit au jour en 1704 fon poëme , intitulé
la Campagne , lur les fuccès du duc de Marlbo-
rough , oh fe trouve la comparaifon fi fort applaudie
de l’ange.
E n ce jo u r , le plus grand de fa noble Cartiert,
L'arne de Marlborough fe montre toute entière ,
Ferme, & fans s'émouvoir dans le choc furieux ,
Qui porte l'a terreur & la mort en tous lieux ;
I l voit tout , penfe à tout, & fa haute prudence
Ne laiffe en nul endroit defirer fa préfence.
I l foutient au befoin tous les corps ébranlés ;
Les fuyards au combat par lui font rappelles ;
E t tranquille toujours dans le fe in de L'orage
Qu excitent fous fes loix , le dépit, <5* la rage,
I l en réglé à fon gré les divers mouvemens.
» Tel L'ange dufeigneur, lorfque les élemens
» Par lui font décharnés contre un peuple coupable ,
» E t que des ouragans le tonnerre effroyable
» Gronde; comme naguère Albion L'entendit :
» Pendant que dans les airs d'éclats tout retentit,
» Le miniflre du ciel, calme , & ferein lui-meme,
» Sous les ordres vengeurs du monarque fupréme,
» Des bruyans tourbillons anime le courroux,
» E t des vents qu'il conduit, dirige tous les coupf.
On ne peut oppofér à la beauté de cette peinture
, que le morceau encore plus beau du paradis
perdu de Milton, /. b. où il repréfente le fils de
Dieu chaflant du ciel les anges rebelles , vers VI.
8x5-856, ' :'
On fait qu’Addiflon a eu beaucoup de part au
’Tatler ou Babillard; au Speftateur, & au Guardian
ou Mentor moderne, qui parurent dans les années
1 7 1 1 , 1 7 1 1 , 17 1 3 > 8c 17 14* Les feuilles de fa
main dans le Spe&ateur, font marquées à la fin par
-quelques-unes des lettres du mot de C u o . Le chevaf
IL
lier Steeie dit fpirimellemcnt à la tête du Babillard.
« Le plus grand fecours que j’ai eu , eft celui d’un
» bel-efprir, qui ne veut pas me permettre de le
» nommer, Il ne fauroit pourtant trouver mauvais
» que je le remercie des fervices qu’il m’ a rendus;
» mais peu s’en faut que fâ généralité ne m’ait été
» nuiïible. U régné dans tout ce qu’ il é c rit, tant
» d’invention , d’e'njoument & de favoir , qu il
»■ m’en a pris comme aux princes -, que le malheur
» de leurs affaires oblige à implorer la proteftion
» d’un puiilanl; voifin g j’ai été pfefque détruit j a r
» mon allié ; & après l’avoir appelle à mon recours,
» il n’y a plus eu moyen de me foutemr fans lui.
» C’eft de fa main que viennent ces portraits fi finis
» d’hommes 8c de femmes, fous les différents titres
» des inftrumens de Mufique , de l’ embarras des
» nouvelliftes , de l’inventaire du théâtre , de la
» defeription du thermomètre » qui fon t, les princi-
» pâles beautés de cet ouvrage »,
En 17 13 , M. Addifon donna fa tragédie de Gaston
, dont j’ai déjà parlé ailleurs , Pope^en fit le
prologue, & le dofteur Garthl’epilogue. Elle a été
traduite en italien par l’abbé Salvini » 8c c eft la
meilleure de toutes les tradition s qu’on en ait
faites* , , ,
Le roi nomma Addiflon tectetaire d état en 17 17 ,
mais fa mauvaife fanté l’obligea bien-tot de réfigner
cet emploi. U mourut en 17 19 à 47 ans , & fut enterré
dans l’abbaye de Weftmmften Mylord Halifax
l’avoit recommandé au r o i , pour le fecrétariat, oC
madame Manley n’a pas manqué de témoigner fa
douleur , de ce que ce beau génie avoit quitté les
lettres pour la politique. « Quand je confident
» dit-elle , dans la galerie de S e tg ius* ( mylord
» Halifax, ) je ne puis lui refufer quelque- choie
«qu i approche Æune prière, comme une offrande
» que lui doivent tous ceux qui Lient les écrits.
» Qu’il eft trifté que de miférables intérêts l’ayent
» détourné des routes de l’Helieon, 1 ayent arraché
» des bras des mules ;■ pour le jétter dans ceux d’un
» vieux politique artificieux ! pourquoi faut-il qu il
» ait préféré le gain à la gloire , & le parti d être
» un fpeétateuf inutile, à celui de célébrer ces sec
t io n s , qu’il fait fi dignement cataflérifer, & em-
» bellir ! comment a - t - i l pu détourner fes yeux
» de deffus les jardins du parnaffe dont il étoit en
» poffeflioii j pour entrer dans le trille' labyrinthe
» des affaires, Adieu donc, Maron (nom qu’elle don-
» noit A M. Addiflon), tant que vous n’abandonne-
» rca pas Votre artificieux protecieur, il faut que la
» renommée vous abandonne »,
Un grand poète de notre tems â été accufe d a-
mis au jour après la mort de M. Addiflon , une cn-
tique amere Sc pleine d’efprit contre lui. Voici ce
qui le regarde dans cette p ie c e , oh l’on attaque
aufli d’autres écrivains. . ,
Laiffons de pareils gens en paix I mais s il le
trou voit un homme inlpirépar Apollon lui-même,
& par la gloire , enrichi de toutes fortes de ta-
lens, & de tout ce qh’ilfaut pour plaire; né pour
écrire avec, agrément, & pour faire trouver des
charmes dans fon commerce ; porteroit-il l’ami»'
tion jufqu’à ne pouvoir fouffrir, à l’exemple des
Ottomans, un frere près du trône î Le regarderoit-
il avec mépris, ou meme avec frayeur? Le hairoi
il parce qu’il appercevroit en lui les mêmes qualités
qui ont fervi à fa propre élévation ? Le blame-
roit-il en feignant de le louer ? Lui applaudiroi
il en le regardant de mauvais-oeil ? &apprendroi
il aux autres à rire , fans fourire lui-même ? Souhai-
teroit-il de bleffer, tandis qu’il craindroit de porter
le coup ? Habile à démêler les fautes, leroit - H
oiide à les défapprouver?Seroit-il également rc,e^
à diftribuer le blâme 8c la louange, ennemi cramtu*
W I L 8c àmi Soupçonneux ? Redoiiteroit-il iés lot§, 8c fé*
foit-il affiégé de flatteurs? Obligeroit-il de mauvaife
grâce ? Et lorfque deux rivaux fe difputent le prix ,
leur doiineroit-il raiion à tous d eux, en préférant
toutefois le moins digne? Tel que Caton , ne fe*
jsoit-il occupé qu’à donner la loi dans fon petit fé*
nat , & à relever fon propre mérite ; tandis que
ceux qui l’environnent, admirent tout ce qu’il d it ,
Sc s’épüifent en louanges extravagantes ? C ie l, quel
imalhèur s'il fe trouvoit un tel homme ! 8c qu’il (e-
roit affligeant que ce fût A . A-,
On a accufe fortement, à l’occafion de ces Vèrs »
Pope d’ingratitude vis-à-vis de M. Addiflon ; ce*
pendant l’auteur de la Dunciade , a défendu M.
Pope de cette grave accufation , en atteftant toutes
les perfonhes de probité , q u i, dit-il, plufieurs an*
nées avant la mort de Addiflon , ont vu & ap*
prouvé les vers dont il s*agit i c i , non à titre de
fatyre, mais de reproche d*ami, envoyés de la main
même du poëte à M. Addiflon , & d’ailleurs ce font
des vers qüe l’auteur n’a jamais publiés. (Z,« chevalier
£>È J auco up , t . )
W lL T SH IR E , (Géog. mod.) oii le comté de Wilt,
province méridionale d’Angleterre, Elle eft bornée
au nord par le duché de Glocefter, au midi parla
province de Do rfe t, au levant par le Berckshire 8c
Hampshire, 8c au couchant par la province de Som-
merfet. On lui donne 40 milles de longueur, & 30
de largeur. Il renferme outre Salisbury capitale,
vingt villes ou bourgs à marche, 8c trois cent quatre
égiifes paroifliaies.
aouze qui ont droit de députer au parlement 8c
quatre autres qui ont le meme privilège, mais qui
h’ônt pas celui de marché. Il y a outre cela neuf
bourgs qui ne députent point au parlement, 8c qui
ont néanmoins droit de marché. Chaque place qui
a droit de députation au parlement, envoyant deux
députés, 8C le corps de la province ayant aufli droit
d’en envoyer deux, il fe trouve que le comté de
Wilt nomme trente-quatre députés, ce qui eft plus
qu’aucune autre province d’Angleterre, 8c même de
toute la grande-Bretagne, à la réferve de la province
de Cornouailles, qui en envoyé quarante-
’ quatre.
Cette province eft arrofée de diverfes riviè re s,
dont lés principales font l’Ifis, le Kennet, l’Avon,
lé Willy & le Nadder. On la divife en feptentrio-
nale 8c méridionale. La feptentrionale eft entrecoupée
de montagnes 8c de collines, 8c couverte de
quelques forets ; la méridionale eft une grande 8c
Vafte pleine, à perte de v u e , couverte en partie de
bruyères, 8c en partie de pâturages qu’on nomme
campagne de Salisbury.
Le Wiltshire eft une des plus agréables provinces
de la grande-Bretagne. L ’air y eft doux 8c fain ; le
terroir y eft parfemé de forêts, de parcs 8c de champs
fertiles i a joutez-y fes vaftes campagnes , ou l’on
nourrit une infinité de troupeaux, dont la laine fait
la plus grande richefle des habitans.
Pour ce qui eft des hommes illuftres nés dans ce
beau comté, c’eft mon affaire de rappeller à la mémoire
du leéleur leurs noms 8c leurs ouvrages.
Hyde (Edouard) comte de Clarendon, 8c grand-
chancelier d’Angleterre , mérite d’être nommé le
premier. Il naquit en 1 6 0 8 , 8c en 1 6 1 1 il entra dans
le college de la Madelaine à Oxford. En 1625 , il
vint à Londres au Middle - Temple, où il étudia le
droit pendant plufieurs années. En 1633 , ^ ^ut un
des principaux dire&eurs de la mafearade que les
membres des quatre college d e 1 jurifconfultes d elà
<£ur repréfenterent à "WhitehaHjen préfence du roi
« de la reine, le jour de la Chandeleur. Cette mafearade
prouva qu’on ét<?it à la cour dans des idées fort
W I L 619 différentes des principe de M. Frÿftê, jJüifqufe »
c’étoit une pure critique dé fon HiflriomûfU* contre
les Farces. Hyde fut énfüite aggregé dans plufieurs
comités de la chambre - baffe ; iiiâis étant enfin mé*
comtent des procédures du parlement contre plu*
fieurs feigneurs» ilfe retira auprès du roi» qui le fit
chancelier de l’échiquier» confeiller privé 8c che*
Valien
Lorfque les affaires dit rtibhâ?quë fcôhimëhcërént
à tourner mal, M. Hyde fe rendit en France! éri
16 5 7 il fut nommé grànd-chanceliet d'Angleterre*
Quelque tems après, le duc d’Yorek étant devenu
amoureux de madernoifelle Anne Hyde, fille aîncé
du chancelier » l’epoufa avec tant de fecret, que le
roi 8c le chancelier n’ en furent rien. Quoiqu’attaché
au ro i, il fut fort attentif à ne donner àilcüne atteinte
aux libertés du peuple, 8c l'on attribue cette
fage conduite à une aventure domeftique» dont nous
devons la connoiffatice à M. Burnet,
Cet hiftorien rapporte que dans te femé qüe lé
jeune Hyde commençoit à le diftinguer au barreau -f
il alla rendre vifite à fon pere dans la province dé
Wilts. Un jour qû’ils fe promenoierit enfemble à la
campagne, ce bon vieillard dit à fon fils» que les
gens de fa profeflion donnoient quelquefois tropd’é*
tendue aux privilèges des rois » 8c nuifoient à la li*
berté publique, 8c qu’il lui recommandoit, s’il par*
venoit un jour à quelque élévation dans cette- pro*
feflion, de ne facrificr jamais les lois 8c les p ri vile-
ges de fa patrie, à fort propre intérêt, ou à la volonté
du monarque. Il lui répéta deux fois ce difeours,
8c tomba prcfque auflîtôt dans une attaque d’apoplé*
x ie , quil ’emporta en peu d’heures. Cet avis fit une
imprefîionfi profonde furie fils, qu’il le ftiivittou-v
jours depuis.
En 16 6 4 , ilsoppofa à la guerre deHollaride, 8c
en 16 6 7 , il fut dépouillé de la charge de grand-
chancelier par la fuggeftioii de fes envieux 8c de fes
ennemis , appuyée des follicitations des maîtrefles »
qui firent de jour en jour tant d’impreflion fu rl’ef-
prit du r o i , qu enfin il confentit, même Svec plaifir,
de fe défaire d’un ancien miniftre, quis’avifoit quelquefois
de le contrequarrer, 8c dont les manières
graves n’alloient point à fon caraftere.
,. Cterendon fe trompa en s’imaginant qüe
l’intégrité d’un homme fuffit pour le foutenir dans
tous tes tems 8c dans toutes les circonftances ; il I ’f
éprouva que cette intégrité eft un foible appui dans
une cour remplie de perfonnes livrées au libertinag
e , 8c au talent de ridiculifer la vertu. Il négligea
le crédit qu il avoit dans la chambre des communes.
8c fe perdit par-là totalement; car cette chambre
l’ayant acculé de haute-trahifon, il fe vit contraint
de fortir du royaume, 8c de fe retirer en France.
II alla s’établir à Rouen, où il demeura fept ans r
jufqu’à fa mort. Il y finit fes jours en 16 7 4 , âgé de*
66 ans. On tranfporta fon corps en Angleterre, 8£
il fut inhumé dans l’abbaye de Weftminfter.
Ses principaux ouvrages font, i ° . différentes pie*
ces qui ont été recueillies à Londres eii 17 2 7 in-8°
8c l’on trouvera fa vie à la tête de cette colleéHon.
On peut aufli la lire parmi telles des vies des chanceliers
, Londres 1708. in-8°. vol. I.
20. L ’hiftoire de la rébellioa 8c des guerres civiles
d’Irlande, a paru à Londres en 17 2 8 , in fol.
Mais fon hiftoire des guerres civiles d'Angleterre^
eft foh principal ouvrage. Le premier volume parut
à Oxford en 17 02 in-foL le leCond en 1 7 0 3 , 8c le
troifieme en 1704. Elle a été réimprimée plufieurs
fois en 6 volumes in-8°. 8c traduite en frânçois.
* C ’eft un des plus illuftres hiftoriens que l’An^te-
terre ait produit. La noble liberté de fes réflexiohs,
le glorieux tribut qu’il paye à l’amitié, 8c la maniera
dont il voile 1e blâme de fa patrie» font dépeints,