vulgairement colmt del Occello, c’ eft-à-dire le mont
de rOifeau, -ce que lignifie de meme le nom allemand
Fogelsberg. On appelle auffi cette montagne le
mont S . Bernardin. E lle eft couverte de glaces éternelles
; ce font des,glacières de deux lieues de longueur
, d’où l'orient divers ruiffeaux au-deffous d’un
Endroit fauvage qu’on nomme paradis , apparemment
par ironie. Tous . ces ruiffeaux fe jettent dans
nn lit profond., & forment le haut-Rhein. (Z>. / .)
VO G È SU S , {Géog. anc.).montagne de la Gaule
Belgique, aux confins des Lingones , félon C é fa r,
Bel. Gai. I. IV. c. x. qui dit que la Meufe prenoit fa
fOurce .dans ç.ettemontagne: Mofa profluit ex monte
Vogefo , qui efi in finibus Lingonum. Cluvier, /.//.
cy xx'fiç. fputi'ent qu’au lieu, de Vogefus, il faut lire
Vofegue dans Céfar. U fe fonde fur deux manulcrits
qui lifént de cette maniéré ;■ & une ancienne infcrip-
tion trouvée à Berg-Zabern, fait encore quelque
Chofe pour fon fentiment; Voici cette inlcription :
Vofego. Maximinus.
V. S . L . L .
Cluvier ajoute à ces preuves d’autres autorités, qui
étant plus modernes, peuvent être combattues.
D ’un autre côté, Cellarius, L. II. c. ij. qui tient
pour Vogefus , fé détermine par l’ortographe la plus
ordinaire dans C éfar, & par celle dont ufe Lucain,
laquelle éft décifive , S’il eft vrai qu’ il ait écrit Vo-
g e j u s comme le perfuadent les manufcrits qui nous
jeftent. Lucain dit :
Dcferuerc cavo tentoria fixa Lemano ,
Caflraqtie Vogeli curvam fupér ardua rupem
Pugnacespictis cohibebant Lingonas armis.
Pour m o i, dit la Martiniere , je crois que Clu-
-■ yier .& Cellarius ont tort de préférer une ortogra-
phe à l’autre , les preuves étant à-peu-près d’égale
force pour Vogefus, ou pour Vofegus. Le tradu&eur
grec de Céfar rend à la" vérité Vogéfi par tJu Bomlxov ;
mais, comme le remarque Cellarius , il a pu s’accommoder’à
la prononciation du fiecle où il écrivoit.
En -effet, dans le 'moyen âge on difoit Vofegus ou
Vofagus , comme nous le voyons dans ce vers de
Fortunât, /. V II. càYni. 4.
Ardenm an Volagiis cervi, caprce, Helicis , urjî
Coede fagiuiferajilvafragore tonat ?
. Les auteurs du moyen âge donnent affez fouvent
à Cette montagne le nom àeforêt, J ilv a , faltus’, ou
celui de defert, eremus. VoytfW OSGE. ( Z ? . / . )
VÔ GH E R A , ( Géog. mod. ) petite ville d’Italie ,
dans lè Pavéfan, au bord de la riviere Staffora, fur
lé Chemin de Pavie à Tortonè, à 12 milles de Pavie.
On croit que c’ eft le vicus Iria d’Antonin. Long. 2G.
* !•'* * * • (Z>. / j) - ■
VOGUE ( Marine. ) c’eft le mouvement ou le
cours d’un bâtiment à rames.
- Vogue-avant, nom du rameur qui tient ,1e bout de
la rame , & qui lui donne le branle.
VO GU ER , v. n. ( Marine.) c’ eft filler, faire route
par le knoy en des rames.
- VoiGUER, ( terme de Chapelier!) faire voguer l’étoffe,
e’eft faire voguer fur une claie par le moyen
de la corde qui eft tendue fur l’inftrument qu’on appelle
un arçon, le poil, la laine ou autres matières,
dont on veut faire les capades d’un chapeau. (D . J .)
VO GUETS, f.m. en terme de jeu de mail, c’eft une
petite boule dont on fe fert quand il fait beau, que
le terrain eft fee & uni, qui a moins de groffeur ,
mais toujours d’un poids proportionné à celui de la
maffe.
V OHITZ-B AN CH , Géog. mod. ) grande province
de Trie de Madagafcar. C’eft un pays montagneux,
abondant en miel, ignames r r iz , & autres fortes de
vivres. Les habitans ont la chevelure frifée, font
très-noirS, circoncis, & fans religion. (Z), y. y
V O IE ,f . f. ( Gram. ) chemin public qui conduit
d’unlieu à un autre. Ce terme n’eft guereufitéqu’au
palais & dans l’hiftoire ancienne. Nous difons rut
chemin.
Voie du soleil , (.Àflron.) terme dont fe fervent
quelques aftronomes, pour lignifier Véclipù^ut
dont le foleil ne fort jamais. Voye^ E cliptique.
Vo ie , ( Critique facrée!) chemin, route ; ce mot
fe prend au figuré dans l’Ecriture en plufieurs fens
Ôc quelquefois d’une maniéré proverbiale;par exem.
p ie , aller par un chemin, & fuir par fept ,Deut. 28.
26 . marque en proverbe la déroute d’une armée. Les
voies raboteufes s’applanirent, Luc , 3 . 5 . c’eft-à-dire
les déréglemens feront corrigés. Suivre la voie de
toute 'la terre, c’eft mourir. La voie des nations, ce
font les ufages & la religion des payens.
Voie fe prend métaphoriquement pour la conduite.
Que le pareffeux aillé à la fourmi, & confiderefes
voies, Prov. G. G. Ce mot déligne les lois & les oeuvres
de D ieu , Pf. 102. 7. Les voies de la paix, delà
juftice , de la vé r ité , font les moyens qui y condui-
fent. Ce terme marque une feéle. Saul demanda des
lettres pour le grand prêtre, afin que s’il trouvoitdes
gens de cette fe fte , il les menât liés à Jérufalem.,
A cl. c). 2. La voie large , c ’eft une conduite relâchée
qui mene à la perdition. La voie étroite , c’eft une
conduite religieufe qui mene au fallût. ( D . J.)
V oie lactée, ( Mythol. ) la fable donne à cet
amas d’étoiles une origine célefte; elle dit que Junon
donnant à teter à Hercule, cet enfant dont la force
étoit prodigieufe, lui preffoitli rudement le bout du
teton, qu’ elle ne le put fouffrir ; & comme elle retira
fa mammelle avec effort ôi promptitude, il fe
répandit de fon lait célefte qui forma ce cercle que
les Grecs nommoient ya.ïa.Çia., & les Latins, orbis
lacleus, via laclea ; mais il vaut bien mieux emprunter
cette fable dans le langage de la poéfie, puifquc
c’eft elle qui l’ inventa.
Nec mihi celanda ejl famee vulgata vetuflas
Molliori e niveo laclis JluxiJfe Liquorem
Peclote regince divûrn, ccelumque colore
Jnfccijfc fuo. Quapropter lacleus orbis
Dicitur, 6* nomen caufâ defeendit ab ipfâ.
Manil. lib. I.
Ce joli conte fuppofe que Junon étoit dans le ciel;
mais les Thébains ne le prétendoient pas ; car Pau*
fanias, l. IX . rapporte qu’ils montroient le lieu où
cette déeffe , trompée par Jupiter, allaita Hercule.
{ O . J . )
Voies , les premières, (Médec.) prima via ; on appelle
ainfi en médecine l’oefophage, l’eftomac, les
inteftins, & leurs appendices, fur lefquels les purgatifs
, les vomitifs, & les autres remedes qu’on prend
intérieurement exercent d’abord leur vertu, avant
qu’il faffent leur opération dans d’autres parties.
Quelques-uns mettent auffi les vaiffeaux méféraïques
au rang des premières voies. ( D . J . )
V o ie , ( Jurifprud. ) via , lignifie chemin , pajfa5l
dans le droit romain : le droit de voie ,via,eft différent
du droit de paffage perfonnel,appellé iter,fc du droit
de paffage pour les bêtes & voitures, appelle aclus't
le droit appelle via , voie ou chemin, comprend 1«
droit appelle iter & celui ap'pellé aclus.
On appelle voie privée une route qui n’eft P®J[1
faite pour le public , mais feulement pour l’ulage
d’un particulier ; & voie publique, tout chemin ou
fentier qui eft deftiné pour l’ufage du public, r°yll
aux inftitutes, l. IL le tit. de fervitus. ( 4 ) .
V o iem in u c ie n n e , ( Littèr.) viaminucia , gran<1
chemin des Romains, qui montoit tout-au-travets
de la Sabine, du Samnium, & joignoit le chenu*
’ ’ 1 ô d’AppluS>
(fAppius ,vîa appia., à Beneventum. II prit fon nom
de Tiberius Mmutius, conful, qui le fit faire l’an
o de Rome , fept ans après celui d’Appius. Cicéron
parle de la voie minucienne dans la fixieme lettre
du IX. livre à Atticijs. #
La porte Minucia étoit dans le neuvième quartier
de Rome, entre le Tibre & le capitoIe, & par con-
féquent fort éloignée de la voie minucienne. Cette
porte fut nommée minucienne à caufe qu’elle étoit
proche de la chapelle & de l’autel du dieu Minu-
C II y avoit encore à Rome dans le neuvième quartier
une halle au blé, porticus frumentaria , qui fut
auffi nommée porticus minucia, parce que Minucius
Augurinus, qui exerça le premier l’intendance des
vivres, la fit bâtir en 5 15 . ( D . J . )
VOIE romaine , (Antiq. rom. b Littéral.) via rû-
m na ; route, chemin des Romains , qui conduifoit
de Rome par toute l’ Italie, & ailleurs. Au défaut dés
connoiffances que nous n’en pouvons plus avoir dans
les Gaules, recueillons ce que l’hiftoire nous apprend
de ces fortes d’ouvrages élevés par les Romains dans
tout l’empire, parce que c’eft en ce genre de monu-
mens publics qu’ils ont de bien loin liirpaffé tous les
peuples du monde.
Les voies romaines étoient toutes pavées, c ’eft-à-
dire, revêtues de pierres & des cailloux maçonnés
avec du fable. Les lois des douze tables commirent
cette intendance au foin des cenfeurs. cenfores urbis
vias, aquas, ararium,vecligalia, tueaniur. C’étoit en
qualité de cenfeur qu’Appius , furnommé l’aveugle,
fit faire ce grand chemin depuis Rome jufqu’à Ca-
poue, qui fut nommé en fon honneur la voie appien-
ne. Des confuls ne dédaignèrent pas cette fonûion;
la voie flaminiene & l’ém.ilienne en font des preuves.
Cette intendance eut les mêmes accroiffemens que
la république. Plus la domination romaine s’étendit,
moins il fut poflible aux magiftrats du premier rang
de fuffire à des foins qui fe multiplioient de jour en
jour. On y pourvut en partageant l’infpeftion. Celle
des rues de la capitale fut affe&ée d’abord aux édiles,
& puis à quatre o fficiers, nommés viocuri, nous dirions
en françois voyers. Leur département étoit renfermé
dans l’enceinte de Rome. Il y avoit d’autres officiers
publics pour la campagne , curatores viarum.
On ne les établiffoit d’abord que dans l’occafion, &
lorfque le befoin de quelque voie à conftruire ou à
réparer le demandoit. Ils affermoient les péages ordonnés
pour l’ entretien des routes & des ponts. Ils
faifoient payer les adjudicataires de ces péages, ré-
gloient les réparations, adjugeoient au rabais les ouvrages
néceflaires , avoient foin que les entrepreneurs
exécutaffent leurs traités, & rendoient compte
au tréfor publie des recettes & des dépenfes. Il eft
fouvent parlé de ces commiffaires, & de ces entrepreneurs,
mancipes,dans les inferiptions, oîi ils étoient
nommés*avec honneur.
Le nombre des commiffaires n’eft pas àifé à déterminer.
Les marbres nous apprennent que les principales
voies avoient des commiffaires particuliers,
& que quelquefois auffi un feul avoit pour départe-
niens trois ou quatre grandes voies. On peut juger
nu relief que donnoit cette commiflion par ces mots
de l’orateur romain , ad Attic. 1. 1. epijl. 1. Thermus
. conimiffaire de la voie flaminienne ; quand il for-
tirade charge, je ne ferai nulle difficulté de l’affocier
â Céfar pour le confulat.
p , fP eup!e romain crut faire honneur à Augufte en
etabhffant curateur & commiffaire des grandes voies
aux environs de Rome. Suétone dit qu’il s’en réferva
a dignité, & qu’il choifit pour fubftituts des hommes
de diftinûion qui avoient déjà été préteurs. Ti-
cre le fit gloire de lui fuccéder pour cette charge ;
afin de la remplir avec éclat, il fit auffi travailler
lome X V I I ,
à fes propres frais, quoiqu’il y eût des fonds defti-
nés à cette forte dé dèpenfe. Caligula s’y appliqua
à fon tou r, mais il s’jr prit d’une maniéré extravagante
& digne de lui. L’imbécilIeClaudius entreprit ôc
exécuta un projet que le politique Augufte avoit cru
impoffible; je veux dite de creufer à^travers une mon-
tagne un canal pour fervir de décharge au lac Fucin,
aujourd’hui lac de Celano. Auffi l’exécution lui
Couta-t-elle des fommes immenfes. Néron ne fit presque
rien faire aux grandes voies de dehors, mais il
embellit beaucoup les rues de Rome. Les régnés d’O-
thon, de Galba & de Vitellius furent trop courts Sc
trop agités. C’étoit des empereurs qu’on ne Faifoit
que m ontrer, & qui difparoiffoient auffi-tot. Vefp^-
fien , fous qui Rome commença d’être tranquille ,
reprit lè foin des grandes voies. On lui doit en Italie
la voie intercica. Son attention s’étendit jufqu’à l’Ef»
pagne. Ses deux fils Titus & Domitien l’imiterent
en cela ; mais ils furent fùrpaffés parTrajan. On voit
encore en Italie, en Efpagne, fur le Danube, & ail'»
leurs les reftes des nouvelles voies & ponts qu’ il avoit
fait conftruire en tous ces lieux-là. Ses fucceffeurs
eurent la même paffion jufqu’à la décadence de l’empire
, & les inferiptions qui reftent fuppléent aux
omiffions de l’hiftoire.
Il faut d’abord diftingüer les voies militaires, v ia
militarcs, confulares , pratoria , de celles qui ne l’é-*
toient pas , & que l’on nommoit via vicinales. Ces
dernieres étoient des voies de traverfe qui aboutif-
foientà quelque ville fituée à droite ou à gauche hors
de la grande voie, ou à quelque bourg, ou à quelque
village, ou même qui communiquoient d’une voit
militaire à l’autre.
Les voies militaires fe faifoient âux dépens de l’ état-
& les frais fe prenoient du tréfor public, ou fur les
libéralités de quelques citoyens zélés & magnifiques,
ou fur le produit du butin enlevé aux ennemis. C’é -
toient les intendans des vo ie s, viarum curatores, &
les commiffaires publics qui en dirigeoient la conf-
tru&ion ; mais les voies de traverfe, v ia vicinales, fé
faifoient par les communautés intéreffées , dont les
magiftrats régloient les contributions & les corvées.
Comme ces voies de la fécondé claffe fatiguoient
moins que les voies militaires , on n’y faifoit point
tant de façons : cependant elles dévoient être bien
entretenues. Perfonne n’étoit exempt d’y contribuer,
pas même les domaines des empereurs.
Des particuliers employoient eux-mêmes, ou lé -
guoient par leur teftament une partie de leurs biens
pour cet ufage. On avoit foin de les y encourager ;
le carattere diftinftif du romain étoit d’aimer pamon-
nément la gloire. Quel attrait pouvoit-on imaginer
qui eût plus de force pour l’animer, que le plaiur de
voir fon nom honorablement placé fur des monu-
mens publics, & fur les médailles qu’on en frappoit.
L ’émulation s’en mêloit, c’étoit auez.
La matière des voies n’étoit point partout la même,
Onfe fervoitfagementde ce que la nature préfentoit
de plus commode & déplus folide; linon, onapportoit
ou par charrois,ou par les rivières,ce qui étoit abfolu-
ment néceffaire,quand les lieux voifins ne l’avoient pas.
Dans un lieu c’étoit Amplement la roche qu’on avoit
coupée; c’eft ainfi que dans l’Afie mineure on voit
encore des voies naturellement pavées de marbre. En
d’autres lieux, c’étoit des couches de terres, degra^
vois , de ciment, de briques, de cailloux, de pierres
quarrées. En Efpagne la voie de Salamanque étoit
revêtue de pierre blanche : de là fon nom via argent
tea, la voie d’argent. Dans les P ays -bas les voies
étoient revêtues de pierres grifes de couleur de fer.
Le nom de voies ferrées que le peuple leur a donné ,
peut auffi bien venir de la couleur de ces pierres, que
dè leur folidité.
Il y avoit des voies pavées > & d’autres qui ne l’é-
G g j