On fent très-bien que Ton aurait fait une fottife
fi l’on avoit travaillé dans le premier four les compofitions
de celui-ci, & réciproquement ; car comparant
les deux ci-à-eôté | oii le fable eft en même
,dofe.
Premier four. 1
•Cajein. Salin. Sable. Chaux. Manganefe. /
367.. . 140.». 300... jp..,. 25 onces... I
Second four.. I
2.82.. .. 200... 300... 33... 23 onces«. J p^fdfUcaïf00
Dans le premier fo u r, 200 p. falin n’auroient pu
fondre 300 p.de fable., & on n’auroit pu affiner avec
Il peu de calcin.
: Voilà tout ce que je crois pouvoir dire fur cet objet
; la relation de l’état du fo u r , avec les proportions
des matières , jettant tant de vague fur cette
partie, & y ayant , comme on vient de voir , tant
de eombinaifoqs propres à faire du beau v e r re , en
fuppofant qu?on ait eu toutes les attentions nécel-
faires pour les calcinations.
. L ’attion de réunir & mélanger toutes les matières
propres à faire du verre , eft connue fous le nom
aiïemblage ; ainfi affembler ou faire V'ajfemblage, fi-
gnifie en terme de métier , mêler & réunir les ma-
- tieres néceffaires à la compofition du verre.
Lorfque l’affemblage eft fait , on fait fubir à la
^compofition l’opération de la fritte que nous allons
détailler, ainfi que les fours où elle le fait , & les
outils employés à la faire. Il eft néceffaire de prêter
à cette description d’autant plus d’attention, que les
fours à calciner les fels & les caftons, font les mêmes
que ceux que nous allons décrire.
Ce que ceft que fritter , & laxonjlruclion des fours à
fritte. L ’opération de fritter confifte à faire fubir aux
matières affemblées une calcination générale & parfaite
; c’eft pour ainfi dire , la perfeftion de toutes
les calcinations particulières, une récapitulation des
•calcinations anterieures, & û l’on veut me paffer le
•terme, elle eftdeftinée à mettre les matières au même
ton de calcination. On fent combien cette opération
•eft utile ; par elle toutes les parties hétérogènes qui
fe trouvent volatiles ont occafion de fe diffiper ; ainfi
c’eft à elle qu’on doit l’entiere expulfion du principe
colorant , & conféquemment la belle couleur des
glaces ; c’eft aufli à elle qu’on doit le mélange parfait
&c intime des matières qui conftituent le verre : par
•elle la manganefe fe répand dans toutes les parties
de la compofition, & acquiert une forte d’adhérence
à ces parties , qui la fait entrer dans la compofition
du verre ; car on a éprouvé qu’en mêlant la manganefe
à la compofition après que celle-ci avoit été
frittée , & l’expofant à la fufion fans faire fubir l’opération
de la fritte à la manganefe elle-même , la
propriété volatile de cette derniere matière en occa-
fionnoit l’ évaporation avant qu’elle pût fe mêler aux
parties du verre & les colorer ; dès-lors l’effet qu’on
en attendoit fe trouvoit nul.
La fritte eft une opération indifpenfable, comme
i l eft évident par les avantages que nous venons de
lui reconnoître. Il en eft un cependant, q u i, quoique
très-eonfidérable, n’en entraîne pas la néceffité :
c^eftla perfeôion de la calcination. Il eft certain que
l’on auroit cette raifon de moins de faire des frittes ,
ix l’on rendoit les calcinations particulières auffi-bien
faites qu’il fut poflible ; mais d’un autre côté, l’attention
particulière & fuivie qu’il faudrait avoir pour
la calcination de chaque matière en particulier, répandrait
beaucoup de minuties dans une befogne
qui en eft déjà affez pleine par elle-même ; encore
courroit-on le rifque d’avoir des calcinations inégales
, & confequemment de faire de mauvais ouvrage :
quelques.glacièrs qui ont voulu fe difpenferde fritter,
ont été obligés, d’abandonner ce p ro je t, ne le rem-
plifîant qu’à leur perte.
Nous dirons d’abord un mot de la maniéré dont
fe comporte la compofition lorfqu’on la chauffe, des
précautions avec lefquelles on la chauffe , des qualités
&c propriétés qu’elle acquiert par la fritte ; en-
fuite nous décrirons les fours à fritte , & l’emploi
des outils néceffaires à fritter.
Lorfque la fritte eft enfournée , il ne faut pas
faire éprouver tout-à-coup un feu violent; cette
conduite expoferoit à l’accident de la fufion aqueu-
fe. On chauffe donc d’abord foiblement pour donner
le tems à l’humidité de fe diffiper lentement ; la
fritte fume & s’amollit , c’eft dans cet inftant qu’il
faut la remuer avec force pour l’empêcher de devenir
plus molle , en aidant à l’évaporation de fon
humidité ; lorfque la fritte ne fume plus, & qu’elle
redevient friable , on peut pouffer la calcination à
un grand feu en remuant fouvent la fritte. Cette
précaution eft abfo'lument néceffaire, i ° . pour donner
lieu à toutes les parties de fe calciner également,
20. pour obvier à la difpofition qu’a la fritte de fe
réunir en morceaux ( y ) , il faut, empêcher que la
fritte ne fe prenne avant qu’on la regarde comme
finie , ce qu’on reconnoît lorfqu’après avoir paffé la
fufion aqueufe, & avoir été chauffée quelque tems
on n’apperçoit plus aucun changement dans fa cou-?
leur ni en général dans fon état.
Après que la fritte eft finie , on y jette la quantité
de calcin qu’on juge convenable ; on ne fait pas
fubir au calcin tout le tems de la fritte ; i ° . parce
qu’il n’a abfoUiment befoin que d’être mêlé à la
fritte, & qu’il ne faut que très-peu de tems pour
cela ; 2 ° . de peur que cette matière qui a déjà été
fondue , & qui a plus de propenfion à la vitrification
que les autres , ne vînt à fondre en tout ou en partie
, & ne dérangeât par cet accident l’opération de
la fritte.
Il eft néceffaire pour la facilité du frittier, (ç)
pour l’aifance de l’opération, de ne pas mettre une
grande quantité de fritte dans le four ; plus il y en
aura , moins il fera aifé de la remuer & d’expofer
toutes fes parties au feu : (d) huit ou neuf cens lièvres
de fritte fuffifent dans un four de dix pies dé
diamètre.
Les fentimens font partagés fur la fritte ; les uns
veulent qu’on la laiffe prendre en morceaux les plus
gros qu’il eft poffible ; les autres veulent au conr
traire qu’elle foit prife le moins qu’il fe peut ; je
ferais volontiers de l’avis de ces derniers , & voici
mes raifons. 1 p. La fritte reftant en petites parties r
reçoit une calcination bien plus parfaite & plus générale
que lorfqu'elle fe prend. Dans ce dernier
ca s, les parties intérieures ne reffentent plus l’aftion
du feu. 20. Le mélange du calcin eft bien plus uniforme
; lorfqu’on laiffe prendre la fritte , il y a des
morceaux où il n’y a point de calcin ; d’autres nè
font autre chofe que du calcin. 30. Lorfqu’on enfourne
la fritte dans le creufet pour faire du verre , fi
elle eft en gros morceaux , la chute d’un de ceux-ci
peut cafter le creufet, ce qu’on ne rifque pas lorfque
la fritte n’eft pas prife.
Les qualités auxquelles on reconnoît de bonnes
frittes, font la belle couleur d’un blanc un peu rouge
, la légèreté .& la porofité ; ces deux derniereç
propriétés prouvent que l’on n’a pas négligé de
remuer la fritte, & que par-là on a aidé autant qu’on
a pu à fa calcination , puifqu’elle n’a pû fe coaguler
afl'ez pour acquérir une denfité un peu confidérahle.
On doit avoir foin d’éplucher la fritte avec le
(y) Le falin fondu, ou plutôt tendant à fe fondre, forme
un gluten & la liaifon par laquelle la fritte fe réunit en morceaux,
ce que les gens du métier appellent Je prendre.
( ç ) Ouvrier chargé de faire la fritte.
• (a) Nous dirons la maniéré de remuer la fritte en parlant
du râble*
plus grand fcrupule , pour en féparer les dégradations
du four qui auraient pu y tomber, & les autres
parties hétérogènes qui par hafard s’y rencontreraient.
Les compofitions faites en foude, font bien plus
longues & bien plus difficiles à fritter que celles qu’on
fait en falin , la raifon en eft bien fenfible ; la foude
renferme beaucoup de principe colorant, & n ’a fubi
aucune opération qui pût l’en p rive r, comme le falin
qui a paffé par une première calcination ; auffi
fe conduit-on bien différemment pour travailler les
compofitions en foude , que pour fritter des compofitions
en falin. On fritte les premières deux fois ;
la première tient lieu de la calcination que fubit le
falin avant d’être employé ; on fritte cette fois fans
manganefe : on défourne la compofition , on l’écrafe
fi elle eft prife, on y ajoute la manganefe , & on la
remet au four où elle fubit une fécondé fritte d’en-
tiron quatre heures , qu’on appelle repajfée. Les
frittes en fel font environ le même tems à fe faire ,
& ne font conféquemment que des fortes de re-
paffées.
La première fois qu’on enfourne les compofitions
en foude, elles fubiffent environ huit heures de
chauffe.
On voit dans la Planche X II. les plans &coupes
des fours à fritte en ufage ; le pavé du four préfente
une furface ronde A de cinq pies de rayo n ; il eft
fait en briques pofées de champ comme nous avons
vu-, qu’étoit le pavé des arches à pots.
Le pavé A eft élevé fur un maffif en bonne pierre
de la hauteur de trente pouces. ( Fig. z 6* 3 . même
planche. ) Le four eft ouvert d’une gueule B defti-
née au travail ; elle a dix-huit ou vingt pouces de
large , & eft ceintrée à plein ceintre. On laiffe à la
gueule le moins d’épaiffeur qu’il eft poffible , & feulement
celle qu’il faut pour la folidité du four : on
forme un relai t x de fix pouces qu’on place de
maniéré que ƒ { = quatre pies, & au-deffus duquel on
forme un ceintre de pareille hauteur, qu’on trouve
exprimé e n ie k &. (fig . 4 , PI. X I I I . ) Le relai t x
( Planche X I I ,fig. 1. ) donne lieu de pofer une tôle
ou ferrafle devant le four quand on en a befoin , &c
fon éloignement de la gueule donne la facilité d’atteindre
toutes les parties du four avec le rable. C’eft
auffi pour cette facilité que quelquefois on ôte au four
la forme circulaire de 2 en 1 , & on lui fait prendre
la forme 1 , 3 , 2. On place à la gueule du four une
plaque de fonte e/qui s’engage de chaque côté fous
la maçonnerie, & qui déborde un peu le maffif; lorfque
la fritte eft faite , on la fait tomber dans un baffin
M N pratiqué depuis le pié droit .Fde la cheminée
juiqu au tifar , dans la vue d’y laiffer refroidir la
iritte : ce baffin eft d’une largeur de trois piés ; la
plaque e f empêche par fa pofition la fritte de toucher
le maffif en tombant. La voûte du four eft éle-
vee rayon de fon aire , c’eft-à-dire, de cinq piés.;
on peut la concevoir formée par la partie B T S 4
qui a tourné au tour du diamètre B 4 jufqu’à ce
qu elle ait été s’appliquer fur la partie B 64.
Dè quelque maniéré qu’on coupe le fo u r, parla
ligne m n , ou par la ligne c d , comme dans les figu-
re s.2 » 3 > la courbe que fa voûte préfentera, fera
toujours la même, le four n’étant qu’une demi-fphe-
r e , dont le rayon eft de cinq piés.
Le four à fritte eft chauffé par le tifar E D de dix-
hvut p °uces J e large & d’environ fept piés de long,
h B l l ^eut ®tre indifféremment à droite ou à gau-
c e e la gueule du four, fuivant l’emplacement que
io n a. Laiffant un pié pour l’épaiffeur x d’ dès murs
u tour, le tifar fe trouve à fix piés de la lignée d ,
pouces^6 dU mi^eu c° nféquemment à fix piés neuf
Le tifar eft dirigé parallèlement à la ligne, c d.
S i 1 on confiderè le, devant du maffif du four dé-
figne par la ligne y S , on verra que le tifar eft plus
enfoncé d environ un p ié , & qlle l’ouverture / d e puis
le four jufqu au pie droit F de la cheminée , eft
de deux pies au moyen de quoi on a de chaque côté
U g i l C H I " > pour placer la porte
qui fert de fermeture au tifar. Les barreaux'dù tifar
lont eleves de deux piés au-deffus de terre ( à r fier
i 1 P L X I I . ) : ce qui les place à fix pouces au-dëf-1
tous du pavé. Le ceintre du tifar eft élevé de
deux pies au-deffus des barreaux. Les barreaux du-
tilar font bien plus folides lorfqu’on les-fait en bonne
to ite vq u e lorlqidon les fait en fer. 1
Le. feu- du tifar fe 'communique dans lé four par
une ouverture S T (.fig. , , PI. X I I . ) d’environ cinq
pies.:de large , & prenant à l’extrémité -D du tifar!
L ouverture commence àfix pouces au-deffus du pa-
¥é 3 ’ ) > !*» 'barreaux,du tifar & par
confequent le fèu.fe trouvent environ à un pié a i i -
deffims de l ouverture,&par-là on évité Ictianaer-
de rairetomber des charbons dans la fritte, en jëttant
du, bots dans lé tifar gu en l’y remuant.;
, On peut regarder l’ouverture é’ Tcommè une maniéré
d entonnoir, puifqiie du côté du four elle a la
hauteur du fo u r , & du côté du tifar, celle-du tifar
qm eft bien moindre. Cette difpofition en entonnoir’
paroit la plus favorable pour déployer- la flamma
dans le four & lui donner plus d’éteiidUe. Le cendrier :
a environ cinq piés de. profondeur au-deffous des.
barreaux du tifar ; il s’avance d’un pie plus que le ri- ;
M eft à-d;re en S , l'alignement dît devant ’
autour.
■ On voit ( ^ . 4 PI. X I I I . ) la maniéré dont o i U
difpofe le devant d un four à,fritte pour pouvoir y
travailler. De chaque côté de la guéule, du four on
place un«; barre de fer verticale, telle que / , 2 , 3 4 .
Elles font l ’une & l’autre retenues par d’autres barres
engagées dans la maçonnerie,& dont il ne fort que les
bouts /,2,.3,4,formés enanneau.Les barres verticales
font armees de crochets élevés d’environ fix pouces
au-deüus de la plaque du devant du four. On pofe
fur ces crochets une barre horifontale * y , garnie de
chevilles, & connue fous le nom de barre du four à-
fritte. J
On pratique une cheminée au-devant des fours à '
Iritte pour recevoir les fumées.Les piés droits en font
£ /rCS ’J r i r I,£lutre à l ’extrémité oppoféedu
baffin M N ( yoye{ F F , PL X I I . ) . La cheminée a
trois pies de profondeur, & fon manteau eft élevé,
de fix piés au-deftiis de terre ( fig. 4 , PI. X I I I . ). 1[.
feroit.i craindre qu’ilne tombât par le tuyau de la
cheminée , des faletés.rfcomme fuie, é-Ldans le
baffin M N , ou la fritte demeure un peu de renis. On
prévient cet inconvénient en dirigeant le tuyau au-
deffus du tifar jufqu’où le baffin ne s’étend pas ; mais
ce remede n eft qu’un palliatif ; il peut tomber des
ordures du manteau comme du-tuyau, & alors elles
iraient néceffairement dans le baffin. Il n’y auroitqu’à
abattre, la fritte dans un qoffre de tôle pofé fur des
roulettes ; dès que la fritte ferait abattue, on la reti-
Fe\°.1E.<le Ü I I B le manteau de la chemioee ôf on
la laifferoit refroidir en fureté.
Au-deffus du four à fritte, on pratique un apparte»
ment bien propre i , (fig. i « . X / / .) qu’on remplit
de fable la v é , pour l’y faire fécher ; l’apparte-
menti s’appelle Jablonette..
On fe fert auffi de fours à fritte double(/,/. JS7 / / .);
Ceux-ci ne font point différens de ceux que nous venons
de décrire : c’eft Amplement deux de ces derniers
conftruits à côté l’un de l’autre, préfentant leur
devant H I , H l ( PI. X I I I . fig . . , . ) fur ia même
ligne, communiquant par les ouvertures B G ,B C ,wl
même tifar FG , qui leur eft commun , & qui au lieu
d’avoir fa gueule , fur la même face que celles des