
& à lamente diftance de ï’ouvrôir, clans laquelle Pou»
vrier pofé fa canne à chauffer la paraifon , & à mettre
la cordeline fur l’embouchure de la bouteille»
Terre à pot. C’ eft une terre blanchâtre ou g rife ,
'ou couleur de fou ris ., fans: mélange d’autres couleurs
; la terre jaune, rouge ne font pas bonnes. On
épluche foigneufement cette terre dé toute ordure ;
on prend une partie de cette terre épluchée qu’on •
met dans une :arche pour la bien cuire. Quand elle
eft bien cuite, on la tranfporte au moulin. On la paffe
au tamis, au fortir du moulin , dans un bagne ou
un poinçon. Enfuite on fait moudre delà terre graffe
aufli épluchée , & on la fait paffer par le même tamis
dans un autre bagne ou poinçon ; puis on prend
une mefure de terre graffe , & une de ciment ou de
la terre cuite ; ainfi mefure pour mefure de chaque
fo r te , autant qu’on en peut délayer à-la-fois dans
un auge où l’on marche la terre. Get auge a fix pies
de longueur, quatre pies & demi en largeur, 6c dix
pouces de profondeur ; penchant un peu en-dehors,
formant un angle au fond d’environ cent cinq degrés
; de planches de chêne d’un pouce d’épaiffeur.
.On y fait le mélange ,<dont j’ai parlé ci-deffus, en
bien retournant la terre ; puis-on y fait un c reu x ,
dans leqiÿél on verfe de l’eau ; cette eau fert à détremper
les terres auxquelles on donne la confidence
du pain , puis on marche le mélange à pié nud. Marcher
la te r re , c’ e f t , après l’avoir, répandue fur le
fond de l’auge , la fouler avec le pié pendant un certain
tems ; au bout duquel, on en releve la moitié
qu’on met fur l’autre ; alors une moitié de l’auge fe
trouve vuide 6c l’autre pleine : on recommence à
marcher ou fouler ou étendre la terre vers la partie
vuide. Après cette manoeuvre, on commence à élev
e r la terre vers le bout vuide avec une petite pelle
de b o is, en prenant à chaque fois environ huit ou
d ix livres , & on la jette par rang fur le même fond
d ’un à l’autre côté; quand on a fait un rang de motte,
on le marche b ien, 6c on continue la même opération
fur toute la terre jufqu’ à ce qu’elle foit bien
liante, alors on la met en malle ou ballons , 6c l’on
en fait des pots.
Pots. Ce font des creufets faits avec la terre préparée
comme nous venons de dire. Ils font grands
ou petits, à difcrétion; ils ont la forme de cône
tronqué, d’un pouce & demi d’épaiffeur, plus ou
moins , au fond ; mais cette épaiffeur va en dimi- '
miant à mefure qu’on monte, enforte que le bord a
un pouce 6c neuf lignes ou plus d’épaiffeur . Mais il
faut que l’épaiffeur foit partout plus ou moins grande
, félon la quantité de matière qu’on veut qu’ils
contiennent; les uns les. veulent ronds, les autres les
veulent ovales, de maniéré que le diamètre en haut
foit de vingt-huit pouces 6c l’autre de vingt-cinq.
Fonceau. Efpece de table fur laquelle oh fait le
pot ; il en faut cinquante ou foixante , chacune de
trente-un ou deux pouces en quarré, faite de plu-
ïïeurs planches jointes 6c clouées fur deux morceaux
de chevrons, 6c les coins arrondis ; fur ces foixante,
deux doivent être de trente-trois pouces en quarré :
On fait le fond du pot fur ceux-ci, dont un doit être
couvert d’une toile grofîiere.
Batte ou pilon. Morceau de bois en forme de cône
tronqué, de fix pouces de longueur 6c de fix pouces
de diamètre par un bout, 6c de cinq pouces de diamètre
par l’autre bout, garni d’un manche de deux
piés.de long ; le bout de fix pouces eft couvert d’une
toile grofliere, on s’en fert pour faire le fond du pot.
Maillet ou battoire. C e maillet reffemble à celui du
menuifie’r , 6c Pon s’en fert pour battre 6c former le
contour du pot: il faut que la batte 6c le maillet
foient couverts de toile.
Moulin. Machine compofée d’une meule de pierre
ou de fer ou de fonte, de cinq piés trois pouces de
•diamètre fur quatorze pouces d’épaiffeur, percêcPun
trou dans le milieu, de huit pouces huit lignes dé
diamètre, dans lequel on-met un eflieU, à l’extrémité;,
duquel on met un cheval qui fait tourner la
meule qui br.oye les terres. A côte de cette machine
on a deux çoftres placés à côté l’un de l’autre, dans
lefquels on paffe la terre graffe 6c le ciment. Il y a
des verreries dans lefquelles on pile la terre ; pour cet
effet on fe fert d’auges faits de troncs de chêne, qui
ont environ vingt'- deux à vingt - quatre pouces en
quarré ; on les creufe. On laiffe aux côtés environ
quatre pouces d’épaiffeur, 6c aux bouts fépt pouces.
On garnit le dedans de tôle de moyenne épaiffeur,
dont on revêtit les Côtés 6c les bouts. Pour le fond il
faut qu’il.foit couvert de barres de fer plat, de fix
lignes d’épaiffeur, bien cramponées au fond. On a
des pilons ou maillets d’environ vingt pouces de longueur
dont l’un des bouts a fix pouces de diamètre,
6c l’autre quatre pouces fix lignes ; le gros bout en
eft garni de d ou x à ferrer les chevaux, placés bien
près les uns des autres.
Maniéré de faire les pots. Il faut des chambres bien
à l’abri d elà pluie, 6c deux bancs, un.de dix-huit
pouces de hauteur, 6c de trois pouces moins larges
que les fonceaux ; on prend le fonceau qui eft couvert
de toile grofliere ; on le p'ofe fur un de ces bancs,
le côté couvert de toile en-haut. Les uns prennent
un bâton de terre à pot 6c le pofent au milieu du
fonceau, prennent la batte ou le pilon, l’applatiffent
à coup de batte, ajoutent de la te rre , 6c continuent
la même manoeuvre jufqu’à ce que la terre qui doit
faire le fond du pot ait lept ou huit pouces de largeur
de plus que la mefure du fond, obfervant que
l’épaiffeur foit la même par-tout, 6c que la furface
de cette terre foit bien unie; on applique la mefure
du fond prife en dèhorSj fur la terre ainli battue, 6c
fi l’on trouve que la terre déborde la mefure de trois
pouces, cet excédent fuflit.
On prend enfuite un autre fonceau, on le place
fur l’autre banc qui doit être à côté du premier fonceau;
on parfeme ou l’on faupoudre ce fonceau de
terre à pot qui né foit point mouillée. On renverfe
le fond du pot qui eft fur le premier fonceau, fur ce
fécond ainli faupoudré , obfervant que la diftance
des bords du fond aux bords du fonceau foit la même
par-tout. Pour renverfer il faut être deux ; l’un prend
les deux manches du fonceau d’un côté, & l’autre
en fait autant de l’autre côté ; ils pofent enfemble un
côté du fonceau fur le bord de l’autre ; ils élevent
Vautre c ô t é ,& lorfque le fonceau fur lequel eft la
terre 6c qu’il s’agit de renverfer, forme un angle
droit avec l’autre fonceau, on laiffe le premier fon^
ceau, 6c des mains d’enbas dont on le tenoit, on retient
la terre fur laquelle on les p lace, 6c l’on achevé
de renverfer. Le premier renverfement fait, le
premier fonceau fe détache 6c laiffe le fécond fur le
fécond fonceau.
On prend la mefure pour le fond en - dedans, 8c
.l’on commence à relever la terre par les bords tout-
autour de cette mefure. Pour cet effet on applique
le plat de la main gauche fur les limites de la mefui;©
du fond, 6c avec la droite on éleve la terre qui eft
au-delà de ces limites, perpendiculairement tout-autour
, on fe fert enfuite du maillet pour la redreffer,
| obfervant de lui conferver l’épaiffeur convenable.
On fait enfuite des rouleaux de terre d’environ
fix ou fept pouces de longueur, fur deux pouces de
diamètre , un peu pointus par les bouts. On prend
ces rouleaux de la main droite, 6c l’on place le plat
de la gauche contre le côté du pot en - dehors , 6c
l’on attache le rouleau en-dedans vis-à-vis. la main
gauche, en le ferrant d’un petit tour de poignet, 6c
avec le doigt de devant, 6c l’on continue cette manoeuvre
fur toute la longueur du rouleau, appliquant
ex|
en même tems le pouce de la main gauche fiïr le rouleau
, preffé par l’index de la droite ; ces trois mou-
vemens fefontfucceflivement. A mefure que le rouleau
avance le long du côté du p o t, il faut avancer
la main gauche 6c la tenir toujours correfpondante
à la main droite, le pouce de là main gauche étant
toujours preffé contre la partie du rouleau qui monte
, 6c la tenant ferrée.
Le rouleau étant ainli pofé, il y aura à la partie
inférieure un filet qui débordera ; on applanira ce
filet avec le pouce, en commençant où le rouleau
finit. On unira pareillement tout le fonceau avec le
doigt de devant recourbé, en commençant au commencement
du rouleau, & en avançant le doigt vers
foi, gliffantcedoigt recourbé depuis lebo’utdu rouleau
le premier attaché jufqu’à l’autre bout, obfervant de
faire toujours fuivre la main gauche appliquée en-
dehors ; cela fait, on pofe un autre rouleau a l’extrémité
du premier, puis un trpifieme, jufqu’à ce que
le tour du pot foit achevé. On recommence enfuite
un fécond tou r, puis un troifieme; on avance ainli
les côtés du p o t, 6c on les éleve à un bon pouce de
plus que le pot ne doit avoir de hauteur ; ce pouce
dont le pot eft monté d’au-delà de fa mefure fe renverfe
en-dedans ; il y en a qui font leurs pots fans
bords renverfés.
Pour renverfer lè bord on prend une latte de quatre
pouces ou environ plus longue que le côte du
p o t , 6c de dix lignes en quarré ; on marque fur la
latte la hauteur du pot. En cet endroit on paffe un
clou qui la traverfe de deux pouces ; on applique
enfuite l’autre bout de la latte perpendiculairement
fur le fonceau ; on fait entrer la pointe du clou dans
la furface du p ot, puis tenant d’une main un des
bouts de la latte, 6c l’autre bout de l’autre main, on
fait tout le tour du pot : il eft évident que la pointe
y fera une coupure circulaire dont le plan fera parallèle
à celui du fond.
Après quoi renverfez le bord en - dedans ; que ce
bord promine en-dedans d’un demi-pouce ; humectez
vos mains d’un peu d’eau, 6c les appliquant fur
cette prominence, abattez-la ; unifiez tout le tour
du pot, & faites enforte qu’il foit par-tout de la même
épaiffeur en tout fon contour.
Le printems eft la meilleure faifon pour faire des
pots ; on en fait dans les autres, mais en hiver il faut
les garantir de la gelée par la fumée, foit du bois,
foit du charbon : en été la trop grande chaleur eft
fujette à les faire fendre ou fêler.
Fours. Il s’en fait de deux fortes ; les uns d’une
bonne terre glaife, la même dont on ufe pour les
pots ; on y peut employer les épluchures de terre à
p o t , mais pour le premier établiffement il faut faire
cuire une bonne quantité de te rre , moudre enfuite,
paffer au tamis groflier, 6c félon que la terre glaife
eft graffe ou maigre., y ajouter plus ou moins de ciment
ou terre cuite. Il faut fi elle eft trop graffe y
ajouter un peu plus de ciment ; le mélange s’en fait
comme pour les terres à pots, on l’hume&e, 6c on
le jette dans un coin ; l’on continue jufqu’à ce qu’on
ait de quoi foire la moitié d’un four. On la laiffe en-
fuite s’imbiber pendant quelques jours, puis on la
retourne avec des pelles, 6c on la remarche jufqu’à
cequ’ellefoit liante; alors on enconftruitlefourtout
d’une maffe, ou l’on en fait des briques ; les briques
font préférables à la maffe.
L ’autre forte de four fe fait a v e c la terre glaife 6c
le fable ; mais il eft prefqu’impoflible de p refcrire des
réglés pour fa compofition , pa rc e que la te rre peut
etre plus ou moins g r a f fe , le fable plus ou moins
d ur , ou plus o u moins fo n d an t, ou plus oü moins
pu r ou mêlé de m atiè re étrangère. S i l’on trou vo it du
grès dont.le grain fut b lanc6c brillant , on ne rifquç-
roit rien à s ’en fe ry ir : il faudroit le réduire en fable
Tome X V I I .
& le paffer ait tamis. Pour faciliter cette manoeuvre,
on mettra recuire les morceaux de grès , 6c cette
préparation en facilitera le broyement.
Pour favoir fi la qualité du fable eft dure ou tendre,
il faut prendre cinq mefures de fable &C deux de terre
graffe moulue, les mélanger ,humeftër 6c pétrir avec
les mains, en foire une brique , 6c mettre cette brique
, quand elle fera bien fechë , dans une arche à
pot, avec un pot fi on a occafion d’en foire recuirè
un. Cette brique s’attremperaavec le pot ; quand on
lèvera le pot pour le fubftituer à un autre, faites prendre
la brique avec une fpatule, & qu’on la place fur
les bords de deux pots ; on en connoîtra la qualité
au bout de deux jours ; fi elle fe fond, ou la terre ou
le fable ne valoit rien ; mais fi l’on eft fûr que la terre
eft bonne , c’eft une marque que le fable eft ou trop
tendre, ou trop mêlé de beaucoup de terre étranger.
Pour favoir s’il y a parmi le fable des matières ter-
reftres, prenez-en une pinte ; mettez-la dans une terrine
vetniffée qui contiendra fix ou fept pintes ; ver-
fez deffus de l’eau claire ; remuez le fable avec les
mains pendant quelque tems, autant qu’il faut pour
que la terre fe détache du fable ; laiffez repofer le
tout environ une minute, puis verfezl’eau par incli-
•naifon dans une autre terrine verniffée de la même
grandeur que l’autre ; remettez encore de l’eau claire
fur le fable , & réitérez la même manoeuvre jufqu’à
ce que l’eau vienne pure ; laiffez repofer l’ëau trouble
dans l’autre terrine, quand cette eau fera claire ;
verfez-la doucement par inclinaifon ; faites évaporer
le reftant de l’eau , 6c vous aurez la quantité de
terre qu’il y avoit dans, une pinte de fable. Le fable
ainfi lavé peut être plus ou moins dur ; s’il étoit un
peu tendre, on en mêlangeroit trois mefures avec une
mefure de terre graffe ; mais s’il étoit dur, cela vau-
droit mieux pour faire la brique. Lorfque le fable eft
tendre , mais non mêlé de matières terreftres ; lorf-
qu’il a le grain tranfparent, quelle que foit d’ailleurs
la couleur, il fera bon pour le verre à voûte ordinaire.
Quand vous avez le fable qui convient, faites-en un
mélange de cinq mefures contre deux de terre graffe;
mêlez comme ci-deffus , 6c achevez l’opération.
Pour foire les briques , les bien faire, 6c épargner
le tems 6c mieux conftruire le four, il faut en avoir
de plufieurs ditnenfions ; il en fout pour les murailles
, pour les tifonniers , les lits de champ , pour la
couronne ou la voûte, &c.
Le moule pour les murailles doit avoir dix-neuf
pouces de longueur , huit pouces 6c demi de largeur
, 6c cinq 6c demi de profondeur dans oeuvre
pour les tifonniers, vingt & un pouces de longueur,
huit pouces 6c demi de largeur, quatre pouces de
profondeur d’un côté, 6c de l’autre une quantité déterminée
par la coupe du îifonnier.
L’arcade du tifonnier doit êtrelefegment d’un cercle
plus grand que celui dont le diamètre en feroit la
largeur, entre les murailles en haut. Voici le moyen
de trouver ce fegment, fi Pon veut procéder métho-,
diquement 6c avoir en même tems la coupe de la brique
, & par conféquent l’autre côté du moule pour
l’arcàde du tifonnier. Prenez une ficelle de huit à neuf
piés, frottez-la avec de la craie comme font tous les
charpentiers , 6c fur une grande table ou fur un plancher
, que quelqu’un fixe la ligne fur le plancher avec
le doigt ; foites-en autant, lâiffant entre votre doigt
& celui de qui vous aide , environ quatre piés ;
qu’enfuite l’un des deux bande la corde, 6c lui faffe
tracer une ligne blanche en la baiffant. Prenez fur
cette ligne, la largeur du tifonnier qui eft de 3opou-
ces en hauteur bb ; entre les points bb, coupez cette ligne
bb en deux parties égales parla ligne ee aupoint/';
prenez du point F fur la perpendiculaire F e , la parti«
FG de dix pouces qui foit la hauteur del’arcade; cher