E lle éprouva en 1 7 4 1 un tremblement de terre qui
abattit une partie des murs. Long. z y8. q5. latït. 19 .
vo . (.D . J .)
V E R A G R I , (Géog. anc.) peuple des Alpes, dont
le chef-lieu eft nommé Oclodurus ou Ocîodorus, par
.Céfar, L I I I . B d . Gai. c .j. ce qui fait que Pline,
L I I I. c. x x x ■. donne à tout le peuple , ou du-moins
:à une partie , le nom d'Oclurenfes.
Oclodurus qui, félon le fentiment de la plupart des
.géographes, eft aujourd’hui Martigni ou Martignachy
fe trouvoit dans la vallée Pennine, qui dans la fuite
■ donna fon nom aux Veragri de Céfar 6c de Pline ; car
ils font appelles Valknfts dans la notice de la provinc
e des Alpes graïennes 6c pennines.
Cellarius , géogr. ant. I. IL c. iij. croit que l’on doit
placer les Veragri dans la Gaule narbonnoife, ainft
que les S edu/ii ôi les Nantuatcs ; & il en donne deux
-raifons : premièrement, parce que Céfar , au com-
•jnencement du I I I. livre de fes commentaires , les
joint avec les Allobroges, depuis les confins defquels
ils s’étendoient, jufqu’aux plus hautes Alpes ; en fécond
lieu, parce-que Ptolomée marque tous c es peu-
-ples dans l ’Italie, quoiqu’ils habitaffent au-delà des
Alpes pennines. Si donc, ajoute Cellarius, ils étoient
placés entre les Allobroges 6c les Alpes pennines, de-
forte qu’ils pouvoient en quelque maniéré être regardes
comme habitans d’Italie , on ne peut point les
joindre avec les Helvétiens, & les comprendre dans
• la Gaule Belgique ; mais on doit les laiffer dans la narbonnoife
, qui étoit entre l'Italie 6c la Belgique , du
côté des Helvétiens. (D . J . )
VERAGUA , ( Géog. mod.') province de l’Amérique
feptentrionale. Elle eft bornée au levant par celle
de Cofta-Ricca, & au couchant par celle de Panama,
le long de la mer du Nord & de la mer du Sud. Elle a
environ 50 lieues du levant au couchant, 6c 24 du
midi au nord. Le pays eft montueux , 6c en quelque
forte impénétrable par l’abondance de fes bois. Il eft
riche en m ines; fon terroir eft affez fertile en mahis.
Criftophe Colomb découvrit cette province en 1592 ;
6c les Efpagnols y envoyèrent enfuite des colonies.
Le,gouverneur demeure dans la ville de laConception.
On fond 6c on rafine l’or dans celle de Santa-Fé, &
les officiers du roi y ont leurs commis. (Z ? . J.')
VERA-PAZ ou V E R A -PA X , (Géog. mod.') province
de l’Amérique feptentrionale , dans la nouvelle
Efpagne. Elle eft bornée au nord par l’Yuca-
tan , au midi par la province de Soconufco, au le vant
par celle de Honduras, 6c au couchant par celle
dé Chiapa. Elle a environ 30 lieues de longueur 6c
de largeur. C’eft unpays affreux par fes hautes montagnes,
par fes profondes vallées, par fes précipices
& par fes épaiffes forêts. Il eft coupé de quantité de
. rivières. Les Efpagnols n’y ont que des bourgades ,
oit ils font entremêlés avec les fauvages. ( D . J .)
V È R A S , f. m. (Mefurede longueur.) efpece d’aune
dont on fe fert en Portugal pour mefurer les longueurs
des draps, & autres étoffes. Elle eft de quelque
chofe moindre que l’aune de France ; en-forte que
cent fin. viras de Lisbonne ne font que cent aunes de
Paris.
V E R A T , voye{ Ma q u e r e a u .
V E R B A L , LE, adj. (Gram.) qui efldérivé du verbe.
On appelle ainft les mots dérivés des verbes ; & il y
a des noms verbaux & des adjeftifs verbaux. Cette
forte de maux eft principalement remarquable dans
les langues tranfpofitives, comme le grec 6c le latin,
à caufe de la diverfité des régimes.
J’ai démontré, fi je ne me trompe , que l’ infinitif
eft véritablement nom : voye{ In f in it i f ; mais c’eft,
■ comme je l’ai dit, un nom verbe, 6c non pas un nom
verbal : je penfe qu’on doit feulement appeller noms
verbaux ceux qui n’ont de commun avec le verbe que
le radical repréfentatif de l’attribut, & qui ne confervent
rien de ce qui conftitue l’ effence du verbe ,
je veux dire, l’idée de l’exiftence intelle&uelle, & la
fufeeptibilité des tems qui en eft une fuite néceffaire.
Il eft donc évident que c’eft encore la même chofe
du fupin que de l’ infinitif; c’eft aufli un nom-verbe ,
ce n’eft pas un nom verbal. Voye{ S u p in .
Par des raifons toutes femblables, les participes ne,
font point adjeâifs verbaux ; ce font des adje&ifs-
verbes, parce qu’avec l’idée individuelle de l’attribut
qui leur eft commune avec le verbe, 6c qui eft repré-
ientée par le radical commun , ils confervent encore
l’idée fpécifique qui conftitue l’èflence du verbe ,
c’eft-à-dire, l’idée de l’exiftence intellectuelle cara-
Ctérifée parles diverfes terminaifons temporelles. Les
adje&ifs verbaux n’ont de commun avec le verbe dont
ils font dérivés, que l’idée individuelle mais accidentelle
de l’attribut.
En latin les noms verbaux font principalement de
deux fortes : les uns font terminés en io , gén. ionïs j
6c font de la troifieme déclinaifon, comme vifto , ac-
tio , taclio ; les autres font terminés en u s , gén.
û s, & font de la quatrième déclinaifon, comme vi-
fus , pacius, aclus, taclus. Les premiers expriment
J’idée de l’attribut comme attion, c’ eft-à-dire, qu’ ils
énoncent l’opération d’une caufe qui tend à produire
l’effet individuel défigné par le radical ; les féconds
expriment l’idée de l’attribut comme a£te, c’eft-à-
dire qu’ils énoncent l’ effet individuel dcfigne pàr le
■ radical fans aucune attention à la puiffance qui le
produit : ainft vifto c’eft l’aCtion de voir , vifus en eft
l ’acte ; paclio fignifie l’aftion de traiter ou de convenir
, pacius exprime l’aCte ou l’ effet de cette aCtion ;
taclio, l’aCtion de toucher ou le mouvement néceffaire
pour cet e ffet, taclus y l’effet même qui réfulte immédiatement
de ce mouvement, &c. Fbye{ Su p in .
Il y a encore quelques noms verbaux en iim , gén.
iy de la fécondé déclinaifon, dérivés immédiatement
du fupin, comme les deux efpeces dont on vient de
parler ; par exemple, paclum, qui doit avoir encore
une lignification différente de paclio 6c de pacius. Je
crois que les noms de cette troifieme efpece défignent
principalement les objets fur lefquels tombe l’afte ,
dont l’idée tiënt au radical cofnmun : ainfi paclio exprime
le mouvement que l’on fe donne pour convenir
; pacius, l’aCte de la convention, l’effet du mouvement
que l’on s’eft donné ; paclum , l’objet du traité
, les articles convenus. C’ eft la même différence
entre aclio , aclus 6c aclüm.
Les adjeftifs verbaux font principalement de deux
fortes, les uns font en ilis , comme amabilis yfttbilisy
facilis y odibilis, vincibilis ; les autres en undusy comme
errabundùs, ludibundus, vitabundus , &c. Les premiers
ont plus communément le fens paflif, 6c ca-
ra&érifent îurtout par l’idée de la poffibilité, comme
fi amabilis, par exemple , vouloit dire par contraction
ad amari ibilis, en tirant ibilis de ibo, &c. Les autres
ont le fens aCtif, & cara&érifent par l’idée de la
fréquence de l’aCte, comme fi ludibundus y par exemple
, fignifîoit feepï ludere ou continuo ludere fo -
litus.
Il peut fe trouver une infinité d’autres terminai-
fons , foit pour les noms, foit pour les adjeCtifs ver-
baux : voye^Voffii anal.ij. 3 2 . & 3 3 . mais j’ai crû.
devoir me borner ici aux principaux dans chaque
genre ; parce que l’Encyclopédie ne doit pas être
une grammaire latine , 6c que les efpeces que j’ai
choifies fuffifent pour indiquer comment on doit
chercher les différences de lignification dans les dérivés
d’une même racine qui font de la même efpece;
ce qui appartient à la grammaire générale.
Mais je m’arrêterai encore à un point de la grammaire
latine qui peut tenir par quelque endroit aux
principes généraux du langage. Tous les grammairiens
s’accordent à dire que les noms verbaux en io &
les adjectifs verbaux en undus prennent le même régime
que le verbe dont ils font dérivés. C’eft ainfi ,
difent-ils , qu’il faut entendre ces phrafes de Plaute
(Amphitr. L HJ.) quid tibi hanc curatio èjl rem f
( Aulul. III. Redi.) fed quid tibi nos taclio efl ? (Trucul.
1 1 . vij.) quid tibi hanc auditio e fl, quid tibi hanc notis
efl ? Cette phrafe de T . Live (x x v .) Hanno vitabundus
cajlra hoflium confulefque , loco edito caftra pofuit ;
& celles-ci d’Apulée , carnificem imaginabundus, mi-
rabundi befliam. Les réflexions que j’ai à-propofer
fur cette matière paroîtrortt peut-être des paradoxes :
mais comme je les crois néanmoins conformes à l’e-
xafte vérité, je vais les Cxpofer comme je les conçois
: quelque autre plus habile ou les détruira par de
meilleures raifons, ou les fortifiera par de nouvelles
vues.
Ni les noms verbaux en io , ni les adjeélifs verbaux
en undus y n’ont pour régime dired l’acculàtif.
i ° , On peut rendre raifon de cet accufatif, en fup-
pléant une prépofition : curatio hanc rem , c’eft curatio
propter hanc rem ÿ nos taclio, c’eft in nos ou fuper
nos taHio ; hanc auditio , hanc notio, c’eft erga hanc
auditio y circà hanc notio ; vitabundus cajlra conjidefquey
fuppl. propter ; carnificem imaginabundus , fuppl. in
(ayant fans ceffe l’imagination tournée fur le bourreau)
; mirabundi befliam, fuppl. propter. Il n’y a pas
un.feul exemple pareil que l’on ne puiffe analyfer de
lamême maniéré.
20. La fimplicité de l ’analogie qui doit diriger partout
le langage des hommes, & qui eft fixée immuablement
dans la langue latine, ne permet pas d’afïi-
gner à l’accufatif une infinité de fondions différentes;
& il faudra bien reconnoître néanmoins cette multitude
de fondions diverfes, s’il eft régime des prépo-
fitions, des verbes relatifs,,des noms & dés adjedifs
verbaux qui en font dérivés ; la çÔnfufion fera dans
la langue , & rien ne pourra y obvier. Si l’on veut
s’entendre , il ne faut à chaque cas qu’une deftina-
tion.
Le nominatif marque un fujet de la première ou de
la troifieme perfonne : le vocatif marque un fujet de
la fécondé perfonne : le génitif exprime le complément
déterminatif d’un nom appellatif ; le datif exprime
le complément d’un rapport de fin : l’ablatif
caradérife le complément de certaines prépofîtions :
pourquoi l’accufatif ne feroit-il pas borné à défigner
le complément des autres prépolitions ?
Me voici arrêté par deux objedions. La première,
c’eft que j’ai Confenti de reconnoître une ablatif ab-
folù &: indépendant de toute prépofition : voye^ G é r
o n d i f : la fécondé, c’eft que j’âi reconnu l’àccufa-
tif lui-même , comme régime du verbe a d if relatif ;
yoye{ In f in it i f . L’une & l’autre objedion doit me
faire conclure que le même cas peut avoir différens
ufages , & conféquemment que j’étaie mal le fyftè-
me que j’ établis ici fur les régime des noms & des adjedifs
verbaux.
Je réponds à la première objedion, que , par rapport
à l’ablatif abfolu, je fuis dans le même cas que
par rapport aux futurs : j’avois un collègue, aux
vues duquel j’ai fouvent dufacrifier les miennes:
mais je n’ ai jamais prétendu en faire un facrifice irrévocable
; & je defavoue tout ce qui fe trouvera
' dans le VII. tome n’être pas d’accord avec le fyftème
dont j ’ai répandu les diverfes parties danslës volumes
fuivans.
On fuppofe (art. G É r o n d ié ) que le nom mis à
l’ablatif abfolu n’a avec les mots de la propofition
' principale aucune relation grammaticale ; &c voilà le
feul fondement fur lequel on établit la réalité dû prétendu
ablatif abfolu. Mais il me femble avoir démontre
( R é g im e , art. 2 .) l’àbfurdité de cette prétendue
indépendance, contre M. l’abbé Girard, qui admet
. un régime libre : & je m’ en t i e n s e n confequence,
à îa do&rîne de M. du Mariais, fur la héceftîté dé
n’envifager jamais l’ablatif, que comme régime d’une
prépofition. f^oye^ Ablatif & Da t if .
Pour ce qui eft de la fécondé objection , que j’ai
reconnu 1 accufatif comme régime du verbe aélif relatif
; j’avoue que je l’ai d it, même en plus d’un endroit
: mais j’avoue aufli que je ne le difois que paf
refpeft pour une opinionreçue unanimement,&pen-
iant que je pourrois éviter cette occafion de choquer
Un préjugé fi uniVerfel. Elle fe préfente ici d’une maniéré
inévitable ; je dirai donc ma penfée fans détourî
Vaccufatif n'eft jamais le régime que d'une prépofition •
& celui qui vient après le verbe actif relatif y eft dans le
même cas : ainfi amo Deum , c’eft amo ad Deum ; do-
ceo pueros grammaticam, c’eft dans la plénitudé analytique
doceo ad pueros circà grammaticam , &c. voici
les raifons de mon affertion.
^i°. L analogie, comme je l’ai déjà dit, exige qu’un
même cas n’ait qu’une feule & même deftination : or
l’accufatif eft indubitablement deftiné, par l’analogie
latine, à cara&érifèr le complément de certaines pré-
pofitions ; il ne doit donc pas fortir de cette deftination,
furtout fi l’on peut prouver qu’il eft toujours
poflible & raifonnable d’ailleurs de l’y ramener. C ’eft
ce que je vais faire»
2°. Les grammairiens ne prétendent regarder l’accufatif
comme régime que des verbes aéfifs , qu’ils
appellent tranfitifs y & que je nomme relatifs avec
plufieurs autres : ils conviennent donc tacitement
que l’accufatifdéfigne alors le terme du rapport énoncé
par le verbe ; or tout rapport eft renfermé dans le
terme antécédent, 6c c’eft la prépofition qui en e ft ,
pour ainfi dire , l’expofant, & qui indique que fon
complément eft le terme conféquent de ce rapport.
3 y . Le verbe relatif peut être aftif ou pafîif: amo
eft a&if, amor eft paflif ; l’un exprime le rapport in-
verfe de l’autre : dans amo Deum, le rapport aftif fe
porte vers le terme , paflif Deum ; dans amor à Deo ,
le rapport paflif eft dirigé vers le terme aftif Deo :
or Deo eft ici complément de la prépofition d , qui
dénote en général un rapport d’origine , pour faire
entendre que l’impreflion paflive eft rapportée à fa
caufe, pourquoi, dans la phrafe aélive, Deum ne fe*
rôit-il pas ie complément de la prépofition a d , qui
dénote en général un rapport de tendance, pour faire
entendre que l’a&ion eft rapportée à l’objet paflif?
40. On fupprime toujours en latin la prépofition
ad y j’en conviens ; mais l’ idée en eft toujours rap-
pellée par l’accufatif qui la fuppofe, de même que l’idée
de la prépofition« eft rappellée par l’ablatif, lorsqu'elle
eft en effet fupprimée dans la phrafe paflive ,
comme compulftJiù pour à (id. D ’ailleurs cette fup-
preflion de'la propofition dans la phrafe a ftive n’eft
pas univerfèlle : les Efpagnols difent amar à Dios ,
comme les Latins auroient pu dire amare ad Deum ,
(être.en amour pour Dieu), & comme nous aurions
pu dire aimer a Dieu. E h , ne trouvons-nous pas l’équivalent
dans nos anciens auteurs ? Ë t pria a fes
amis que cil roulet fu t mis fu r fon tombel (que Cette
infeription fût mife fur fon tombeau) : D i cl. deBorei,
verb. rOulët. Que dis-je ? nous confervons la prépofition
dans plufieurs phrafes, quand le terme ob-
je ft if eft un infinitif ; ainfi- nous difons j'aime à chafi*
f e r , 6C non pas j'airnè chaffer, quoique nous difions
fans prépbfition f aime Id. chajfe ; je Commence à raconter
y j'apprends à chanter, quoiqu’il faille dire y je commence
Un récit, j'apprends la mujique.
Tout femble donc concourir pour mettre dans la
dépendance d’une prépofition l’accufatif qui pafle
pour régime du verbe aftif relatif : l’analogie latine
des cas en fera plus fimple 6c plus informe ; la fy n -
taxe du Verbe aftif fera plus rapprochée de celle du
verbe paflif, 6c elle doit l’être, puifqu’ils font égale-.