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tion , Caftor 8c Pollux, Les Romains honoroient ces
dieux à même intention, fous le nom de viales 8c de
fcmitaks. Saint Auguftin 8c Martianus Capella font
mention d’une Junon furnommée Iterduca ou guide
■ des voyageurs.
Athenée obferve que les Cretois, dans leurs repas
publics , avoient une table particulière pour y recevoir
'ceux qui fe trouvoient chez eux à titre de
voyageurs , 8c Plutarque affure que chez les Përfes,
quoiqu’ils voyageaient peu eux-mêmes , un officier
du palais n’ avoit d’autre fonûion que celle de recevoir
-les-hôtes. Poyeg Hospitalité.
Outre que les voyageurs portoient fur eux quel-
qu’imageou petite iïatue d’une divinité favorite, des
qu’ils étoient de retour dans leur patrie , ils offroient
un facrififce d’a&ion de grâce , s’acquittoient des
Voeux qu’ils pouvoient avoir faits , 8c confacroient
pour l’ordinaire à quelque divinité les habits qu’ils
avoient portés pendant leur voyage. C’eft ce qu’Ho-
race 8c Virgile appellent vota vefies. L ’affemblage de
toutes ces circonftances fait voir que la religion entroit
pour beaucoup dans les voyages des anciens.
Mém. de Pacad. tom. I I I .
. VOYANS FRERES.(Q//m{e-v//2gtt>) Dans la communauté
des quinze-vingts, on appelle freres voyons,
ceux de cette'communauté qui voient clair , 8c qui
font mariés à une femme aveugle ; 8c femmes voyantes
, les femmes qui voient clair 8c qui font mariées à
des aveugles. (JD. A )
VOYELLE, f. f. ( Gram. ) La voix humaine comprend
deux fortes d’élémens, le fon 8c l’articulation.
Le fon eft une {impie émiflion de la v o ix , dont les
différences effentielles dépendent de la forme du paf-
fage que la bouche prête à l’air qui en eft la matière.
L ’articulation eft le degré d’expîofion que reçoivent
les fons , par le mouvement fubit 8c inftantané de
quelqu’une des parties mobiles de l’organe. Voye{ h .
L ’écriture qui peint la parole en en repréfentant les
élémens dans leur ordre naturel, par des lignes d’une
valeur arbitraire 8t conftatée parl’ufage que l’on
nomme lettres , doit donc comprendre pareillement
deux fortes de lettres ; les unes doivent être les fignes
repréfentatifs des fons, jes autres doivent être les lignes
repréfentatifs des articulations : ce font les
voyelles & les çonfonnes.
Les voyelles font donc des lettres confacrées par
l’ufage national à la repréfentation des fons. « Les
» voyelles , dit M. du Marfais ( Consonne ) , font
» ainli appellées du mot voix , parce qu’elles fe font
» entendre par elles-mêmes; elles formenttoutes feu-
.» les un fon, une voix : c’eft-à-dire , qu’elles repré-
fentent des fons qui peuvent fe faire entendre fans le
ïecours des articulations ; au lieu que les çonfonnes,
qui font deftinées par l’ufage national à la repréfentation
désarticulations,ne repréfentent en conféquence
•rien qui puiffe fe faire entendre feul, parce que l’ex-
plofion d’un fon ne peut exifter fans le fon, de même
qu’aucune modification ne peut exifter fans l’être,qui
eft modifié : de là vient le nom de confonne, ( qui
ionne avec ) parce que l’articulation repréfentée ne
devient fenfible qu’avec le fon qu’elle modifie.
Jjai déjà remarqué ( Lettres ) que l’on a compris
fous le nom général de lettres , les lignes 8c les
chofes lignifiées, ce qui aux yeux de la philofophie eft
un abus, comme c’ en étoit un aux yeux de Prifcien.
( Lib. I. de litterâ. ) Les chofes fignifiées auroient dû
carder le nom général êü élémens, 8c les noms particuliers
de fons 8c d’articulations ; & il auroit fallu
.donner ex.çlufivement aux fignes le nom général de
lettres , 8c les noms fpécifiques de voyelles 8c de con-
fonnes. Il eft certain que ces dernieres dénominations
font en françois du genre féminin , à caufe du
nom général lettres , comme fi l’on avoit voulu dire
lettres voyelles, lettres çonfonnes.
V O Y
Cependant l’auteur anonyme d’an trahi des f 0nt
de la langue françoife ( Paris iGo. in $ °. ) fe plaint au
contraire , d’une expreffion ordinaire qui rentre dans
la correftion que j’indique : voici comme il s’en explique.
( Part. I . pag. 3 . ) « Plufieurs auteurs difent
» que ’les voyelles & les çonfonnes font des lettres. C’eft
« comme fi on difoit que les nombres font des chif.
» fres. Les voyelles 8c les çonfonnes font des fons
» que les lettres repréfentent, comme les chiffres
» lervent à repréfenter les nombres. En effet on
» prononçoit des çonfonnes 8c des. voyelles avant
» qu’on eût inventé les lettres. »
Il me femble , au contraire, que quand on dit
que les voyelles & les çonfonnes fortf des fons, c’eft
comme fi l’on difoit que les chiffres font des nombres
; fafts compter que c’eft encore un autre abus
de défigner indiftin&ement par le mot de fons tous
les élémens de la voix. J ’ajoute que l’on prononçoit
des fons 8c des articulations avant qu’on eût inventé
les lettres, cela eft dans l’ordre ; mais loin que l’on
prononçât alors des çonfonnes 8c des voyelles, -on
n’en prononce pas même aujourd’hui que les lettres
font connues ; parce q u e , dans la rigueur philofo-
phique , les voyelles 8c les çonfonnes , qui font des
efpeces de lettres, ne font point fonores , ce font
des fignes muets des élémens fonores de la voix.
Au relie , le même auteur ajoute ; « on peut ce*
» pendant bien dire que ces lettres a , e , &c. font
» des vo ye lles, 8c que ces autres b , c , d , 8çc. font
» des çonfonnes , parce que ces lettres répréfentent
» des voyelles 8c des çonfonnes ». Il eft allez fingu-
lier que l’on puiffe dire que des lettres font voyelles
& çonfonnes , 8c que l’on ne puiffe pas dire réciproquement
que les voyelles 8c les çonfonnes font des
lettres ? je crois que la critique exige plus de. juf-
teffe.
Selon le p. L am i, ( Rhét. liv. I I I . chap. ïij. pag.
zou .') On peut dire que les voyelles font ait regard des
lettres qu'on appelle çonfonnes , ce quefi le fon dune
flûte aux différentes modifications de ce même fo n , que
font les doigts de celui qui joue de cet infiniment. Le p.
Lami parle ici le langage ordinaire, en défignanties
objets par les noms mêmes des fignes. M. du Marfais,
parlant le même langage, a vu les chofes fous un autre
afpeét, dans la meme comparaifon prife de la
flûte : tant que celui qui en joue , dit-il, ( CONSONNE.)
y fouffle de Pair, onjentend le propre fon au trou que les
doigts laiffent ouvert.,... Voilà p récifément la voyelle:
chaque voyelle exige que les organes de la bouchefoient
dans la fituation requife pour faire prendre à Pair qui
fort de la trachee-artére la modification propre à exciter
le fon de telle ou telle voyelle. La fituation qui doit faire
entendre /’a, n efi pas la même que celle qui doit exciter le
fon del'\. Tant que la fituation des organes J'ubfifte dans
le même état, on entend la même voyelle auffi long-unis
que la refpiration peut fournir (Pair. Ce qui marquoit,
félon le P. Lami, la différence des voyelles aux confirmes,
ne marque, félon M. du Marfais, que la différence
des voyelles entr’elles ; 8c cela eft beaucoup
plus jufte 8c plus vrai. Mais l’encyclopédifte n’a rien
trouvé dans la flûte qui pût caraétériler les confon-
nes , 8c il les a comparées à l’effet que produit le
battant d’une cloche , on le marteau fur l’enclume.
M. Harduin , dans une dijfertation fu r les voyelles
& les çonfonnes qu’il a publiée ( en 1760. ) à l’occa-
fiond’un extrait critique de Vabrégé de la Gramnùre
françoife par M. l’abbe de V a l l y , a repris (pag. 7- )
la comparaifon du p. Lami, 8c en la reélifiant d’après
des vues femblables à celles de M. du Marfais, il étend
ainfi la fimilitude jufqu’aux çonfonnes : « la bouche
» 8c une flûte font deux corps, dans la concavité def-
» quels ils faut également faire entrer de l’air pour en
» tirer du fon. Les voyelles répondent aux tons divers
» caufés par la diverfe application des doigts fur les
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trous de la*flûte ; 8c les çonfonnes répondent aux
v coups de langue qui précèdent ces tons. Plufieurs
notes coulée* lur la flûte font, à certains égards,
„ comme autant de voyelles qui fe fuivent immédiatement
; mais fi ces notes font frappées de coups
» de langue , elles reflemblént à des voyelles entre-
mêlées de çonfonnes ». Il me femble que voilà là
comparaifon amenée au plus« haut degré de jufteffe
dont elle foit fufçeptible, 8c j’ai appuyé Volontiers
fur cet objet, afin de rendre plus fenfible la différèn-
ce réelle des fons 8c des articulations, 8c conféquem-
ment celle des voyelles 8c des çonfonnes qui les repréfentent.
J ’ai obfervé ( art. Lettres. ) que notre langue
paroît avoir admis huit fons fondamentaux , qu’on
auroit pû repréfènter par autant de voyelles différentes
; 8c que les autres fons ufités parmi nous dérivent
de quelqu’un de ces huit premiers, par des chan-
gemens fi légers 8c d’âilleurs fi uniformes, qu’on auroit
pû les figurer par quelques caraûeres acceffoires.
Voici les huit forts fondamentaux rangés félon l’analogie
des difpofitions de la bouche, néceffaires à leur
produftion.
\ comme dans la première fyllabe de czdre.
u ,
ou
tète.
léfard.
mifere.
-, meunier.
pofèr.
du miere,
, poudre.
I. La bouche eft Amplement plus ou moins ouverte
pour la génération des quatre premiers fons qui r e - ,
tentiffent dans la Cavité de la bouche : je les appel-
lerois volontiers des forts retentiffans, 8c les voyelles
qui les repréfenteroient feroient pareillement nommées
voyelles retentiffantes.
Les levres , pour la génération des quatre, derniers
, fe rapprochent ou fe portent en ayant d’une
maniéré fi fenfible , qu’on pourroit les nommer fons
labiaux, 8c donner aux voyelles qui les repréfenteroient
le nom de labiales.
II. Les deux premiers forts de chacune de ces deux
claffes fortt fufceptibles de variations , dont Tes autres
ne s’accommodent pas. Ainfi l’on pourroit, fous
ce nouvel afpêél, diftinguer les huit fons fondamentaux
en deux autres clafles ; favoir , quatre fons variables
, 8c quatre fons confions : les voyelles qui les
repréfenteroient recevroient les mêmes dénominations.
v o y ' m
iôrfq'ue l’âir qui èn eft la matière, fort eh partie par
1 ouverture propre de la bouche , 8c en partie par le
nez. Par exetnple ; a eft dral dans pâte 8c dans pâte ,
8c il eft nafal dans pantc de lit ; ê eft oral datis tête 8c
dans tête, 8c il eft nafal dans teinte ; eu eft oral dans
jeune 8c dans jeune , 8c nafal dans jeun \ o eft oral
dans cote & dàns coke -, 8c il eft nafal dbns cpnte.
z°. Les fons confions, que M. Duclos (Jbtd.) nomme
petites voyelles -, font les deux derniers forts re-
tentiffans, é , i , 8c les deux derniers labiaiix u otr.
Je les appelle confions, parce qu’en effet chacun d’eux
eft conftamment o ra l, fans devenir jamais rtafal 8c
que la conftitution en eft invariable, foit qu’on en
traîne ou qu’on en hâte la prononciation’. >
M. 1 abbé Fromant ^fupplcm. ï . j . ) penlfe autrement
, 8c il ri’eft pas poffible de difeutèr fort Opinion;
c’eft une affaire d’organe, 8c le mien fe trouve d’accord
à cet égard avec celui de M. Duclos. J ’obfer-
verois feulement que par rapport à Vi nafal, qu’il
admet 8c que je rejette, il fe fonde fur l’autorité de
l’abbé de Dangeau, qui, félon lu i, connoiffoit affuré-
ment la prononciation de la cour & de la ville 8c fur
la pratique confiante du théâtre -, ôii l’on prononce.
en effet l*i rtafal.
Mais en accordant à Pabbé de Dartgeaü tout ce
qu’on lui donne ici ; ne peut-on pas dire que l’ufage
de notre prononciation ^changé depuis cet académicien
, & en donner pour preuve l ’autorité de M.
Duclos , qui ne conhoît pas moins la prononciation
de la cour & de la ville, 8c qui appartient également à
l’académie françoife?
Pour ce qui regarde la pratique du théâtre, oit
peut dire , i ° . que jufqu’ici perfonne ne s’eft avifé
d’en faire entrer l’infltience dans ce qui conftitue le
bon ufage d’ une langue ; 8c l’on a raifon: voye^ U sag
e . On peut dire , z °. que le grand Corneille étant
en quelque forte le pere 8c l’inftituteur du théâtre
françois, il ne feroit pas furprenant qu’il fefût con-
fervé traditionellement une teinte de la prononciation
normande que ce grand homme pourroit y avoir,
introduite.
Dans lé rapport analyfé des remarques de M. Duclos
8c du fupplement de M. l’abbé Fromant, que fit
à Paçàdémie royale des Sciences, belles-lettres 8C
arts dé Rouen, M. Maillet du Boullay, fecrétaire de
cette académie pour les belles-lettres, il compare^:
difeute lés penlées de ces deux auteurs fur la nature
des voyelles, « Cette multiplication de voyelles , dit—
» i l , eft-elle bien néceffaire ? 8c ne feroit-il pas plus
» fimple de regarder ces prétendues voyelles ( nafa-
» les ) comme de vraies fyllabes, dans lefquelles les
| » voyelles font modifiées par les lettres m ou n , qui
» lès fuivent » ? M. l’abbé de Dangeau avoit déjà
répondu à cette queftion d’une maniéré détaillée &
propre, ce me fèmble, à fatisfaire. ( Opufc.pag. 19-
3 1 . ) Il démontre que les fons que l’on nomme ici ^
8c qu’il nommoit pareillement voyelles nafales, font
de véritables fons limples 8t inarticulés en eux-mêmes
; 8c fes preuves portent, i ° . fur ce que dans le
chant les ports de voix fe font tout entiers fur an ,
tin y on , 8cc. que l’on entend bien différens de a , è,
o , 8cc ; i ° . fur l’hiatus que produit le choc de ces
voyelles nafales, quand elles fe trouvent à la fin d’un
mot 8t fuivies d’un autre mot commençant par une
voyelle. Ces preuves, détaillées comme elles font
dans-le premier difeburs de M. l’abbé de Dangeau ,
m’ont toujours paru démonftratives ; 8c je crains
bien qu’elles ne l’aient paru moins à M. du Boullay,
par la même raifon que l’abbé de Dangeau trouva
vingt-fix de ces hiatus dont je viens de parler dans
le Cirina de Corneille, 8c qu’il n’en rencontra qu’on-
ze dans le Mithridate de Racine, huit dansje Mifitn-
trope de Moliere, 8c beaucoup moins dans les opéra.
de Quinaqlt.