V IT R E R IE , f. f. ( A n méckanique. ) tout ce' qui'
appartient à l’art d’employer le verre. Quoique l’invention
du verre foit très-ancienne, & qu’il y ait
long-tems qu’on en fait de très-beaux ouvrages , l’art
néanmoins de l’employer aux vitres n’eft venu que
long-tems après, & on peut le confidérer comme
une invention 4 es derniers fiecles. U eft vrai que du
tems de Pompée, Marcus Scaurus fit faire de verre
une partie de la fcène de ce théâtre magnifique qui
fut élevé dans Romé pour le divertifièment du peuple.
Cependant il n’y avoit point alors de vitres aux
fenêtres des bâtimens. Si'les plus grands feigneurs &
les perfonnes les plus riches vouioient avoir des lieux
bien clos, comme doivent être les bains, les étuves,-
S c quelques autres endroits, dans lefquels, fans être
incommodés du froid &c du v en t, la lumière pût entrer,
l’on fermoit les ouvertures avec des pierres tranf-
parentes, telles que font les agates , l’albâtre, Sc
d’autres pierres délicatement travaillées. Mais en-
fuite ayant connu l’utilité du verre pour un tel ufa-
ge , Ton s’en eft fervi au-lieu de ces fortes de pierre
s; faifant d’abord de petites pièces rondes, appell
e s civw, que l’on voit encore dans certains endroits,
-lefquelles on affembloit avec de morceaux de plomb
refendus des deux côtés, pour empêcher l’eau & le
vent d’entrer, & voilà comment les premières vitres
ont été faites. Voyez tout ce qui concerne les vitres
aux lettres de différeris inftrumens qui fervent à leur
conftruétions. Pour la peinture fur le v e r re , voyez
V article général de la fabrique duV ERRE.
-. y IT R E SC IB lL IT E , f, f. ( Chimie. ) c’eft la propriété
que quelques fubftances ont de fe fondre par
Taétion du feu, & de fe réduire en verre. Suivant Bêcher
, cette propriété de certains corps vient d’une
qualité inhérente & efTentielle à la te r re ro n t ces
aorps font compofés ; & que pour cette raifon Rappelle
terre vitrifcible.
.C’ eft-fuivant ce.grand chimifte cette terre qui domine
dans les fels , dans les pierres ; elle fe trouve
auffi en. différentes proportions dans les métaux oîi
elle eft combinée avec la terre mercurielle &: la terre
inflammable. Voyez Métaux 6* T erres. _
: jQuoi qu’il en foit de cette théorie, la vitrefcibilité
eft: une qualité relative dans les terres & les pierres ;
elle .dépend du degré de chaleur que l’on applique
aux corps que l ’on Veut vitrifier , & il n’en eft point
quÎ Ae .tbient vitrefcrbles, lorfqu’on les expol'e au
feu folaire concentré par un miroir ardent. Voyez
Xârticlc Ml R OIR ARDENT.
t Un phénomène remarquable, c’eft que le diamant
fàithne exception à cette-réglé , & le miroir ardent
le difti.pe.totalefnent.en fumée. Voyez Xarticle Pierres
PR'ÉC lEüSESi ; i
. "Quoique lé.feu du foleil parvienne- à vitrifier plus
ou moins promptement toutes les terres, pierres &
fubftances minérales, onpèut pourtant regarder la
vitrefcibilité comme un caraftere diftinétif de quelques
unes de cês fübftànées., en tant qu-’il y en â que
le/eiu ordinaire que Ton emploie dans les analyfes de
la chhfeip réduit très^promptëment en verre ,' tandis
qu’il;y en. a d’autres'fivr lefquelles ce' mêmëfeü ne
produif point d’altération:, tellès que font les pierres
apyïe s , lé tale , Tâmianthe,&c. D ’autres fubftances
foritcalcinées , attériùéès & divifées par le même feu;
ce,font les fiibftances calcaires, telle que la pierre à
chaux, le marbre, &c. ainfi relativement au feu ordinaire
on pourra divifer les-fubftances du1 régné minéral
en calcaires , en vitrifiables ou vitfifeiblës , &
en apyres ou réfraftaires.
, Y fT R I ok V IT R Y , (Geog. tnod. ) en latin du
moyen âge Vitriacum, Viclriacum, mot qûi'vient de
quelque verrerie4 de qùelque -viêloire, ou peut-être
deîce que (a-légion romaine dite viclrixia demeuré en
garnifon dans les endroits des Gaules nommés depuis
Vitri. Quoi qu’il en fo it , ces divers lieux font
ou des villes, ©u des bourgades, ou des villages ou
des châteaux.
/^r/y-le-François eft aujourd’hui la feule ville du
nom de Vitry.
. J^Vry-le-Brûlé, dont nous parlerons, n’eft plUs
qu’un village.
f'ir/y-fur-la-Scarpe, eft une bourgade à deux lieues
de Doua i, connue pour avoir été1lé féjour de quelques
princes de la première race des rois de France.
II y a deux châteaux du nom de Vitry, l’un dans la
forêt d’Orléans, dont quelques anciens monumens
de l’hiftoire de Erance font mention ; l ’autre eft dans
la forêt de Biere en Gatinois ; & c’eft ici que mourut
Henri I. roi de France , en 10 6 0 , âgé de 5 5 ans, fans
avoir rien fait de mémorable. On fait que c’eft fous
fon régné que commença la première maifon de Bourgogne
, la maifon de Lorraine d’aujourd’hui dans la
perfonne de Gérard d’Alfa c e , & la maifon de Savoie
dans Humbert aux blanches mains , comte de
Maurienne. Le château de Fontainebleau eft vraif-
femblablement élevé fur les ruines de celui de Vitry
dont nous parlons. (D . J . )
V it r i -l e -BrûlÉ , ( Gèog. mod. ) ancienne ville,'
& à préfent village de France dans la Champagne,
fitué fur la riviere de Saulx , à demi-lieue de Vitry-
le-François. Elle portoit le titre de comté, & les comtes
du Perthois y faifoient leur réfidence. L’églife
paroifliale a été b âtie, félon les uns, par le roi Robert
, & félon les autres par les comtes de Champagne
, qui furent vaffâux des archevêques de Rheims
pour Vitry, ainfi que pour d’autres lieux.
Louis le Jeune étant en guerre contre Thibaud,
prit Vitry ; fes foldats mirent le feu à l’églife, qui fut
confiimée, & dans laquelle treize cens perfonnes
innocentes périrent d’une maniéré affreufe , dit Me-
zerai ;l e’eft à caufe de cette défolation que Vitri fut
nommé le Brulé. Louis le Jeune en ayant eu la con-
fcience bourrelée, S . Bernard lui preferivit une croi-
fade pour pénitence, tantum religion: ' . .
La ville de Vitri étoit deftinée à périr cruellement
par le feu. Elle fut en partie incendiée par Jean de
Luxembourg, & totalement brûlée par Charles-quinr,
en 1 544. François I. la fit rebâtir à une demi-lieue
plus loin fur la Marne , au village de Montcontour,
& cette nouvelle ville prit le nom de ^ « -lé -F ran çois.
Voye^-en Varticle. ( D . J . )
V it r i -l e -François., ( Géog. mod.) ville de Franc
e , dans la Champagne , fur la droite.de la Marne,
à 6 lieues au fud-eft de Châlons , à u au couchant
de Bar-le-Duc, & à 46 au levant de Paris. Long. 22.
16. lat. 48 .39 .,- \
On appelle cette ville Vitri-le-Françoïs, en latin barbare
VicloriacumFrancifcï I . pàrce que François I. la fit
bâtir, & lui donna -fon nom & fa devife après lé
faccagement de /^««-le-Brûlé, .Qtt Vitri en Pertois,
par lés troupes de Charles-quint, en 1 544. François I.
y transfera les jurifdiélions qui éfoient dans l’autre.
Rénri II.-y fit élever fur la grande placé lé.palais dans'
lequel lefdites jurifdiétions tiennent leurs féances. ,
Cette ville eft aujourd’hui très-peüpléë/,1 & fait un
gr'ôs' cbmmercéèn grains ’; fes placés font aflez belle
s, quoique les maifons n’y foieht que de bois. Eh®,
a pour fa défenfé huit baftions fans maçonnêrie, fflfÊ
entourés dé foffés d’ëàu vive.
Il y a.à Vitri un chapitre de fondation royale, un
collège-dés peres delà doftrine cbrëtienne .deux hôpitaux
, un couvent de minimes, un aiitrë dé récollets',
& des religieufes de la congrégation.
Cette ville a aufli un bailliage, urt.pré'fidial créé en
Vfgé , & régi par fa coutume particulière , un maître,
des. eaux & forêts, un greniër’ à Tel", & une cha-
tellenié pour les domaines du roi. / . . a
Mais Ja principale gloire de V it r i- le -F ra n ç o is eu
Y I T
d’avoir donné naiffance , en 166 7 à M. Moivrë
f Abraham)- Il entrevit de bonne heure lés charmes
^ cS mathématiques, & en fit fon étude favorite. H
eut pour maître à Paris le célébré Ozanam ', avec le-
ciüel il lut non-feulement lesv livres d’Eucli de , qui lui
pâturent trop difficiles à entendre fans le fecoutfs
d’un maître, mais encore les fphériques de Théo-
dofe.
La révocation de l’édit de Nantes obligea M. Moi-
yre à changèr de religion ou de pays. Il opta fans
balancer pour ce dernier parti, & pafla en Angleterre
, comptant , avec raifôn j fur fes talens &
croyant cependant encore trop légèrement avoir atteint
le fommet des mathématiques. Il en fut bientôt
& bien fingulierement défabufé.
Le hafard le conduifit chez le lord Devonshire,
dans le moment oii M. Newton venoit de laifier à ce
feigneur un exemplaire de fes principes. Le jeune mathématicien
ouvrit le liv re , & féduit par la fimpli-
cité apparente de l’ouvrage, fe perfuada qu’il alloit
l’entendre fans difficulté ; mais il fut bien iurpris de
le trouver hors de la portée de fes.connoiflances, &
de fe voir obligé de convenir, que ce qu’il avoit pris
pour le faîte des mathématiques, n’étoit que l’entrée
d’une longue & pénible carrière qui lui reftoit à parcourir.
Il le procura promptement ce beau livre , &
comme les leçons qu’il étoit obligé de donner l’en-
gageoient à des courfes prefque continuelles * il en
déchira les feuillets pour les porter dans fa poche ,
& les étudier dans les intervalles de fes travaux. De
quelque façon qu’il s’y fût pris , il n’auroit jamais pu
offrir à Newton un hommage plus digne, ni plus flatteur,
que celui qu’il lui rendoit en déchirant ainfi fes
ouvrages.
M. Moivre parcourut toute la géométrie de l’infini
avec la même facilité & la même rapidité, qu’il avoit
parcouru la géométrie élémentaire; il fut bien-tôt
en état de figurer avec les plus iliuftres mathématiciens
de l’Europe ; & par un grand bonheur, il devint
ami de M. Newton même.
En 16 9 7 , il communiqua à la Société royale, une
méthode pour élever ou pour abaiflèr un multinome
infini à quelque puiflance que ce fo i t , d’oii il tira
depuis une méthode de retourner les fuites, c’eft-à-
| dire d’exprimer la valeur d’une des inconnues par
une nouvelle fuite , compofée des puifiances de la
première. Ces ouvrages lui procurèrent fur le champ
-une place dans la Société.
réioudre, à la maniéré de Cardan, un grand nombre
d équations, oîx l’inconnue n’a que des puiffan-
tes impaires ; ces formules étoient déduites de k
considération des fe&eurs hyperboliques, & commf
• 1 équation de l’hyperbole ne différé que par les fi-
, gnes de celle du cerc le, il appliqua les mêmes formules
aux arcs du cercle; par ce fecours, & celui de
certaines fuites, il réfolut des problèmes qu’il n’eû
’ oie tenter fans cela. Ces fuccès lui attirèrent les plu:
grands éloges de la part de M. Bernouilli & de M
J-eibnitz.
v M. de Montmoit ayant publié fon analyfe de.
Ieu* h aza*d, on propofa à M. Moivre quelquë:
problèmes plus difficiles & plus généraux, qu’aucur
e ceux qui s’y rencontrent : comme il étoit depüi:
ng-tems au fait -de la d o â rin e , des fuites & de:
com maifons, il n’eut aucune peine à les réfoudre.
^ r i Plus> ^ multiplia fes r-echerches, & trou-
. , Pn,e S 2lutions& route qu’il avoit prife fi diffé
s € celles de M. de Montmort, qu’il ne crai
veu H01?1 f OI} PÛt Faccufer de plagiat ; auffi de l’a
gen. 6 la Société royale qui en porta le même ju
toonc Su*, r ,°îJvrage imprimé dans les tranfac-
M |u, .0‘°pftl^ues , fous le titre de menfura fortis
Lo 0lX ^ / / nna ^ ^ éditians angloife:
V I T 3%'
de fon oiivràgè , dans lefquelles ii renchérit beaucoup
fur les précédentes ; la fécondé fur-tout qui parut
en 17 ?8 , eft précédée d’une introduction qui
contiènt les principes généraux de la maniéré d’appliquer
le calcul au hazard ; il y indique le fondée
-ment de fes méthodes, & la nature des fuites qu’il
nomme récurrentes, dans lefquelles chacun des termes
a un rapport fixe avec quëlques-Uns des précé-
dens; & comme elles fe divifent toujours en im certain
nombre de progreffions géométriques, elles font
toujours auffi facilement fommables.
Les recherches de M. Moivre fur les jeux de haz
ard , l’avoient tourné du côté des probabilités : il
continua de travailler fur ce fujet, & réfolut la question
fuivante : « fi le nombre des obfervations fur
» les événemens fortuits peut être affez multiplié.
» pour que la probabilité fe change en certitude ».
Il trouve'qu’il y a effectivement un nombre dé faits,
ou d’obfervations affignables, mais très-grand, après
lequel la probabilité ne différé plus de la certitude ;
d ’oil il fuit qu’à la longue le hazard ne change rieii
aux effets de l’ôrdre, & que par co'nféquent, où l’on
obferve Tordre & la confiante uniformité, on doit
reconnoître auffi l’intelligence & le choix ; raifonne-
ment bien fort contre ceux qui ofent attribuer la création
au hazard & au concours fortuit des atomes.
L’âge de M. Moivre commençant à s’avancef, iï
fe trouva fucceffivement p rivé de la vue & de Tonie,;
mais ce qu’il y eut de plus fingulier, c’eft que lebe-
foin de dormir augmenta chez lui à un tel point, que
vingt heures de fommeil par jour, lui devinrent habituelles.
Enfin , en 17 54 il cefla de s’éveiller, étant
âgé de quatre-vingt-fept ans. L ’académie des Scietl-
■ cës de Paris, l’avoit nommé cinq mois auparavant à
la place d’alfocié étranger, & il fe flattoitmême alors,
-de pouvoir payer cet honneur par quelque tribut
académique. ( Le chevalier d e J a u c o u r t . )
V IT R IC IUM , (Géog. anc.) ville des Alpes, félon
l’itinéraire d’Antonin, qui la marque fur la routé de
Milan à Vienne, en prenant par les Alpes graïennes.
Les géographes difent, que c’eft aujourd’hui Vereg-
gio ou V e re zo, fur la Doria. (D . ƒ.)
V IT R IE R , f. m. ( Vitrerie.) ouvrier qui emploie
le verre , le eoupe & le dreflè , pour en conftruire
des panneaux, avec ou fans plomb , en garnir des
chaffis à carreaux , faire des lanternes & autres ouvrages
, appartenans au métier de Vitrier. La communauté
des maîtres /^«'eri-peintres fur verre de
la ville de Paris , a reçû fes premiers ftatuts fous le
régné de Louis X I . qui leur en fit expédier des patentes
le 14 Juin 14 6 7 , enregiftrées aux regiftres du
châtelet le 16 Août de la même année. La Marre. HV
IT R IF IA B LE , ad').: ( * / ? . mu. & Chimie.) fe dît
de tous les corps que l’aCtion du feu peut changer
en verre. Parmi les pierres , on nomme vitrifiables
celles qui fe fondent au feu & qui s’y convertiffent en
une fubûançe femblable à du verre ; plufteurs natu-
raliftes ont fait une clafle particulière des terres &
des pierres , qu’ils ont nommées vitrifiables ; ils placent
dans ce nombre les cailloux, les jafpes, les agates
, les cry ftaux, les pierres précieufes, &c. mais
cette dénomination paroît impropre, vu que; 1 ° . aucune
de çes pierres ou terres n’eft vitrifiable par ellè-
même, c*eft-à-dire n’entre en fufion au feu ordinaire
fans addition ; ainfi celles qui s’y convertiflent en
verre fans addition, portent leur fondant avec elles.
2°. Les pierres font prefque toutes vitrifiables en plus
ou moins de tems au miroir ardent, quoique le feù
ordinaire ne foit point fuffifant pour les faire entrer
en fufion, voyeç M ir o ir ardent. 30. Des terres
des pierres qui feules n’ entrent point en fufion dans
le feu ordinaire , peuvent y entrer facilement lorfqu’on
les combine avec d’autres pierres ou terres qui