« ro ch e , & dont la chiite fur la mer eft accompagnée
de pluie , d’orage > ôc de tempête.
La hauteur, la largeur, ôc la fituation des monta-
anes, rétrécit quelquefois le pafiage des vapeurs ôc
de l’air agités, ôc caul'e par-là de l’accélération- dans .
leur mouvement. Ce mouvement devient,/enfible,
& c’eft un vent réel ; aufli quand les vaifleaux pal-
lent le long de la côte de Gènes, où il y a de: hautes
montagnes, ôç qu’ils lont vis-à-vis de quelques vallées
dont la dire&ion regarde la mer, on lent un
vent confidérable qui vient des terres. M.Fprmêy,
Comme quelques auteurs modernes ont cru pouvoir
pouffer la théorie desyents au point d’y appliquer
les réglés des Mathématiques, nous allons donner
au lafteur une idée de leur travail, avec quelques'remarqués.
_ .
Lois de la production des vents. Si le reffort de j air
eft affoibU dans quelqvie lieu plus que dans les lieux
voifins, il s’élèvera un vent qui traverfera le lieu ou
eft cette moindre élafticité. Voyei A ir <£ E l a s t i c
i t é . 1 . ,
C a r, puifque l’air fait effort par Ion élafticité pour
s’ étendre dé;tous les côtés, il eft clair que fi cette
élafticité eft moindre dans un lieu que dans un autre
, l’effort de l’air le plus élaftique furpaffera celui
de l’âir qui l’ eft moins, ôc que par conféquent l’air
le moins élaftique réfiftera avec moins de force que
celui qui eftpreffé par une plus grande force élaftique
; en forte que cet air moins elaftique fera chalté
dé fa place par fa ir le plus elaftique.
■ i 0'. Or comme le reftort de l’ air augmente proportionnellement
au poids qui le comprime, ôc que l’air
plus comprimé eft plus denfe que l’air moins comprimé
, tous lès vents iront du lieu où l’air eft le plus
denfé dans c eux où il eft le plus( rare. _
3 <s. L’air le plus denfe étant fpécifiquement plus
pefant que lé plus ra re , toute légèreté extraordinaire
de Tair produira rtéceffairement un vent extraordinaire
, ou une tempête. Il n’eft donc pas étonnant
qu’On s’attende à un orage , lorfquon voirbaiffer
conlidérablement le baromètre. Voye^ B a r o m è t r e .
4°. Si l’air vient à être foudainement condenfé
dans quelqu’endroit, & fi cette alteration eft affez
grande pour affe&er le baromètre , il y aura un vent
qui foufflera.
, <0. Mais comme l’air ne fauroit être condenfe foudainement
, qu’il n’ait été auparavant raréfié confi-
dérable rirent ; l’air fera agité du vent lorfqu’il fe refroidira
après avoir été violemment échauffé.
6°. Dé la même maniéré fi l’air vient à être foudainement
raréfié , fort reffort fera foudainement
augmenté, ce qui le fera couler auffitôt vers l’air
contigu , ftir lequel rt’agit point la forcé raréfiante.
Enforte que dans ce cas, lé verit viendra dé l’endroit
où Fair fera foudainement raréfié.
’ 7 ° . Le foleil dont la force pour raréfier l’air eft
connue , doit avoir une grande influence fur la pro-
du&ion des v?««. Ces dernieres lois de la prôduc-
tion des vents, ne paroiffent pas s’accorder trop bien
avec les premières ; par ces dernieres, on prétend
fans doute expliquer comment la chaleur du foleil
doit faire mouvoir l’atmofphere d’orient en occident,
& par celles qu’on a données d’ abord , il l’embleroit
qu’on pourroit expliquer de même comment le foleil
fefoit mouvoir l’atmofphere dans un fens contraire
, fi en effet elle fe mouvoit ainft. Telle eft la
nature de prefque toutes les explications que les
phyfieiens effayent de donner des différens phénomènes
de la nature ;. elles font fi vagues & fi peu
précifes, qu’elles pourroient fervir à rendre raifon
de phénomènes tout contraires. Voye^ C h a l e u r ,
R a r é f a c t io n .
8°. Il fort pour l’ordinaire des caves, un vent qui
eft plus ou moins fortXuivanî les çir confiances.
On connoit par expérience les vents qui s’élèvent,'
pu les changemens qui leur arrivent , par le moyen
des «ivouettes qui font au-deffus, des maifons ; mais
on ne connoit par ce moyen que les vents qui fouf-
flent à la hauteur où ces girouettes-font placées , Ôc
M. W o lf affure d’après des obfervations de plufieurs
■ années , que les vents plus élevés.qui.pouffent les,
nuages , l'ont différens de ceux qui font tourner les
girouettes. M.Derham defon co té , afàit des remar-
. q«es;:ijui ne s’éloign.eht:pas de c e M à . J ^ t .T W o f c
1 . 1 . c. ij.
C e t auteur rapporte qu’en comparant plufieurs
fuites d’obfervations faites en Angleterre , en Irlande
, en Suiffe , en Italie , en France , dans la nouvelle
Angleterre, &c. on trouve que les vents qui:
foufllertt dans ces différens p a y s, ne s’accordent gue-
i res communément , excepté lorfqit’ils font d’une
violence extraordinaire , Ôc qu ils loufllent pendant
un tems confidérable du même côté , ôc plus , fui-
vant lu i , lorfque ces vents font au nord ou à l’e ft,
que dans les autres points. Il remarque encore que
les vents qui font violens dans un lieu font fou vent
foibles ou modérés dans un autre , fuivant que ce
fécond lieu eft plus ou moins éloigné du premier. Phil.
TranJ'. n°: z6'y , & J 2 1 .
Lois de la force & de la vîteffe du vent. Le vent n e-
tant autre choie qu’une agitation dans l’a i r , c’eft à-
dire dans un fluide fujet aux mêmes lois que lés autres
, fa force pourra s’eftimer exa&ément. » Ainfi
» la raifon de la pefanteur fpécifique de l’air à celle
» d’un autre fluide , étant donnée avec l’efpace que
» ce fluide pouffé par la preflion de Fair, décrit dans
>> un tems donné ; on pourra trouver l’ efpace que
» l’air pouffé par la même fo rc e , décrira dans le
» même tems, en employant la réglé fuivante ».
i ° . La pefanteur fpécifique de l’air eft à celle de
tout autre fluide ,i' en raifon renvej-fée du quarré
de l’efpace que ce fluide , pouffé par une force quel?
| conque, parcourt dans un tems donne, au quatre dè
l’efpace que Fair décrit dans le même tems, en vertu
de la même impulfion. Suppofant donc que la pro?
portion de la pefanteur fpécifique de cet autre fluide
à celle de l’air , foit celle de b à c , ôc que Fefpacè
parcouru par ce. même fluide , fo it / , tandis que celui
qui eft parcouru par l’air dans le même tems, eft
nommé * , on aura par cette réglé x=z y/ •(*ƒ* : c )
ainfi fi l’on veut que Feau poufîee par une force donn
é e , faffe deux pies, dans,une fécondé de tem s,
on aura s = z , & la pefanteur fpécifique de l’eau
étant fuppofée à celle ae l’a ir , comme 970 a i , b fera
9 7 0 , Ôc c = 1 , ce qui donnera * = V ( 97° 14 )
= \ / 3 880 = 623 piés. Dans ce cas la vîteffe du vent
fera à celle de l’ eau mue par la même fo rc e , comme
623 à 2 , ou ce qui revient au même, lorfque l’eau
fera 2 piés dans une fécondé , l’air en fera 623.
20. Il fuit de la même formule que s = y/ ( c * 2:£ )
c’eft-à-dire que l’efpace parcouru dans un tems donné
, par un fluide , en vertu d’une impreffion quelconque
, fe trouve, en prenant d’abord la quatrième
proportionnelle à tr.ois nombres dont les deux pie—
miers expriment le rapport des pefanteurs fpecifiques
des deux fluides, & dont le troifieme exprime l’efpace
parcouru par le v en t, dans le tems donne; &
en prenant enfuite la racine quarree de cette quatrième
proportionnelle.
M. Mariote ayant trouvé par différentes expériences
qu’un vent paffablement fort fait parcourir à l ’air
24 piés dans une fécondé, on trouvera l’efpace que
l’eau pouffée par la même force que l’air parcourrmt
dans le même tems , en faifant c — 1 , x=z 28 ; b—~
9 7 0 , car on aura alors, i-, ou 1 efpace cherche —1 /
f 576;: 970 ) = -y f • , ,,
30. La vîteffe du vent étant donnee, on determinera
la preflion capable.de produire cette vîteffe y par
la réglé fuivante : l’efpaee parcouru par le 'vent-, dans
une fécondé de tems, eft à la-hauteur qu’tu i fluide
devroit avoir dans un tube vnid e, pour, avoir.une
preflion capable de donner cette viteffe, dans la rai-
l'on compofée. delà pefanteur fpécifique deice .fluide,
à celle de l’a i r , & du quadruple delà hauteur qu’un
corps parcourt en tombant pendant une fecoiide à
cet efpace dont on: vient, dè parier, parcouru .par
l’air dans une fécondé.
: Plufieurs phyfieiens ont effayé de mefurer la vî-
teffe des vents , eh liù donnant à èirtpùrter de petites
plumes &|d’autres corps légers.; m^is les expériences
qu’on a feiites:fùr ; ce fU}6t, s’acqor|dent fort peu entre
elles. M. Mariôtte .prétend que :1a vîteffe àtiv-eht
le plus impétueux:y eft :de 32 piél par fécondé. M.
Derham la. trouvé environ deux rois plus grande^;
Il a fait fes: expériences avec des plumes légères ,
Sc de la feménee de piffenlis, que le vent, emporta
avec la même rapidité que l’ait rtïêfnë. 11 fît en 1705 ,
le 1 1 Août, un furieux orage qui rèny erfa prefque tout
un moulin à vênt. Le vint qui fouffloit a lo r s , f>ai>
cpuroitc66 piés d’Anglèferre daflS une féconde’, &
par cortféquent 4 y milles d’Angleterre dans l’efpaçe
dùine heure ; mais l’orage extraordinaire dé-1703.
fut encore; plus furieux, puifqu’alors le' vent parcoiu-
roit 50 à 60 milles en une heure. Ces vents rapides
ont quelquefois tant de force qu’ils renverfént préf-
que des rocs entiers f & qu’ils- déracinent dés ârbrëS
de 10 0 èc 200 artS , quelque gros qurils pviiffènt être.
* Il y à au-'Cpntraire.'d’autres Vé/rtj dont le cours eft
fi lent qu’ils né fàùfoiènt dévàncéf un homme à che^
v a l; d’autres ont unè vîteffe médiocre, ôèhe parcourent
que d ix milles d’Angleterre par hetirè, M.
Formey.
La force du vent fe détermine par une machiné
particulière qu’on appelle anémomètre, laquelle étant
mife en mouvement par le moyen d’ailés femblables
à-celles d’un moulin à vent, élève un poids qtiis’é - ’
cartant de plus.en plus du centre.du mouvement, en-
gliflànt lé long d’un bras creüfé en gôuttiefe & adapté,
fur Faiflîeit dès voilés , réfiftë d’autant plus qu’il eft
plus é levé, jufqu’à ce que devenant en équilibre avec
la force du vent fur lès voiles , il en arrête lé mouvement.
Une aiguille fixée fur le même axe à angle droit
avec le b ras, montre en s’élevant ou en en' défeen-
dant, la force dit vent fur une efpece de Cadran divi-
fé en degrés. Pàye{ ANEMOMEtRE.
On trouvera dans le traité du navire de M. BpUguer,
la deferiptiort. d’un anemometre, que cet habilè géomètre
a inventé, & auquel nous renvoyons. Cen’e'ft
autre chofe qu’un morceau de carton appliqué à un
pefon d’Allemagne. M. Polem a aufli donne là def-
cription d’un inftrumentfembiable, dans la pièce qui
a remporté le prix de l’académie en 17 3 3 ;
Qualités & effets du vent. i ° . « Un vent qtti vient
» du côté de la mer, eft toujours humide, & de plus
h froid en été & chaud en hiver, à moins qüe la mer
ne foit gelée : ce qui périt fe prouver âirtli ». II s’élève
continuellement une vapeur de la furface de
toute eau, & cette vapeur eft beaucoup plus confidérable
qu’ôn ne peut l’imaginer lorfque l’eau eft ex-
pofée à Faôion des rayons du foleil ; c’ eft un fait qu’il
eft aifé de reconnûîtré, en êxpofant à Fair un vafè
rempli d’eau , & en remarquant que l’eau diminue
fenfiblement au-bout d’un affez petit efpace de tems.
Foye[ V a p e u r .
De-là il fuit que l’air qui eft au-deffus de la mer eft
chargé de beaucoup de vapeurs r or les vents qui
viennent du côté de la mer , balayant & ramaffant
ces vapeurs, doivent être par conféqnent humides.
De plus en été l’eau s’échauffe moins que la terre
par 1 aftion des rayons du foleil ; au-lieu qu’en hiver
Feau de la mer eft plus chaudé que la terre I qui eft
fouvent couverte de: glacé & de neige : or comme
l’air qui eft contigu à un corps , partage fon degré de
froid .ou- dé chaud , il,s’enfuit que l’air’ -contigu à
là mer eft plus chaud, en..hiver qué celui qui eft
contigu à la terre; & que le même air eft réciproquement
plus froid en .été. On peut dire encore que
les vapeurs que l’eau, exhale,,en hiver , étant plus
chaudes que Fair dans IcqireL elles s’élèvent, ainli
qu’on le peut juger par la condenfation • de ces vapeurs
qui. lès rend Vifibles auffitôt qu’elles s’élèvent
dans Fair ; il faut que ces vapeurs échauffent continuellement
là partie de l’atmofphere qui.eft au-deffus
de là mèr, & en rendent la chaleur plus confidéra-
ble qué dans celle qui eft au-deffus de la terre ; mais-
en é té , les rayons du foleil réfléchis de la terre dans
l’a ir , étant en: bien plus grand nombre que ceux qui'
font réfléchis de Feau dans F a ir , l’air contigu à ht
terre échauffé par urie plus grande quantité detaydns
que, celui qui eft contigu à là mer fera par confé-
quent plus chaud. De tOut-celà ils’enfuit que les vents
de mer prôduifent des tems épais & couverts, & des
brumes* ,iî:
20. » Les vents qui viennent des côntinens font
» toujours focs > chauds en cté:, & froids en hiver » :
car comme il s’élève beaucoup moins de vapeurs de
la terre que de Feau , il faut auffi que l’air qui eft au-
deffus des terrés foit beaucoup moins chargé cie vapeurs
que.celui qui eft au-deffus des mers* D ’ailleurs
les vapeurs, ou exhalaifons qui s’élèvent de la terre ,
par les grands degrés de chaleur, font beaucoup plus
déliées & moins tënfibles que celles qui viennent de
l’ eau.,IL tàut donc que lèvera* qui vient du continent
amene peu de vapeur,. ôc qu’il foit par conféquent
fec* De plus la terre étant plus échauffée dans l’été
que ne l’eft l’eau, quoique expofée aux mêmes rayons
du f o l e i l i l faut donc que l’air qui eft contigu à la
te r re , Ôc par conféquent lèvera* qui vient de terre,’
foit plus chaud que celui qui vient delà mer : onver-
roit de la meme manière que les vents de terfe doivent
être plus froids en hiver que les vents de mer ;
ôc on verroit auffi que ces mêmes vents de terre, en
h iv e r , doivent rendre le tems froid , clair ôc fec.
Voyt{ T em s .
Quoi qu’il en fo it , les vents du nord ôc du fud ,
qui font communément eftimés les caufés des teifes
froids ôc dés tems chauds , doivent être plutôt regardés
, fuivant M.Derham, comme les- effets du froid
ôc du chaud de l’atmofphere : car nous voyons fréquemment
un vent chaud de fud fe changer fubite-
mènt en un vera* de ,nord, s’il furvient de la neige ou
de la grêle ; ôc de même le vera* qui eft au nord, dans
urte matinée froide, fe changer en vera* de fud quand
le foleil a échauffé la terre , ôc retourner enfuite fur
lé foir au nord ou à l’eft, lorfquê la terre fe refroidit.
Voyt{ à farticle du BAROMETRE , les effets du vent
fur le baromètre.
La nature qui ne fait rien d’inutile , fait mettre les
vents à profit : ce font eux qui tfanfportent les nuages
, pour arrofer les terres, ÔC qui les diffipent en-
fuite pour rendre le beau tems ; leurs mouvemens purifient
l ’air , ôc la chaleur ainfi que le froid fe tranfr
mettent d’un pays à un autre. Quelquefois auffi les
vents nous font nuifibles , comme lorsqu’ils viennent
d’un endroit mal fa in , ou lorfqu’ils apportent des
graines de mativaifes plantes dans des endroits où on
deflreroit qu’il n’en crut point. Quel fecours ne tir
rons-nous pas des moulins à v en t, pouf moudre le
grain, extraire l’huile des femences, fouler les draps,
&c. De quelle utilité le vent n’ eft-il pas à la navigation
? le leeours du vent eft fi conimode, ôc fes avantages
font fi bien connus , que nous nous en procurons
fouvent quand nous en mariquo'ns : le forgeron
fe fert d’un foufflet pour allumer'fon feu ; le boulanger
nettoie fon blé en le faifant paffer devant une ef