57* V U I
par les marchands à qui la coupe a été adjugée.
Vuidange de terre, c’eft le tranfport des terres fouillées
, qui fe marchande par toiles cubes , & dont le
prix le réglé félon la qualité des terres & la diftance
qu’il y a de la fouille au lieu où elles doivent être
portées.
On dit aufli vuidange de foffe d’aifance. Daviler.
c d . j . ) I ,
V U ID E , f. m. (PAy/. & Métapk.) efpace deititue
de toute matière. Voye^ Espace 6* Matière.
Les philofophes ont beaucoup difputé dans tous
les teins furl’exiftance du vuide, les uns voulant que
tout l’univers fut entièrement plein, les autres foute-
nant qu’il y avoit du vuide. Voye^ Plein.
Les anciens diftinguoient le vuide en deux efpeces :
vacuum coaceryatum & vacuum diffeminàtum ; ils en-
tendoient par le premier un efpace privé de toute
matière , tel que feroitl’epace renfermé par les murailles
d ’une chambre, fi Dieu annihiloit l’air & tous
les autres corps qui y font. L’exiftence de ce vuide a
été foutenue par les Pythagoriciens, par les Epicuriens
& par les atomiltes ou corpufeulaires, dont la
plûpart ontfoutenu que 1 e vuide exiftoit actuellement
& indépendamment des limites du monde fenfible ;
mais les philofophes corpufeulaires de ces derniers
tems, lefquels admettent le vacuum coacervatumi nient
cette affertion, entant que ce vuide devroit être in fin i,
éternel & non crée. Voye^ U N IV E R S .
Suivant ces derniers, \e vacuum coacervatum , indépendamment
des limites du monde fenfible, & le
vuide que Dieu feroit en annihilant les corps contigus
, ne feroit qu’une pure privation ou néant. Les
dimenfions de l’efpace q u i, félon les premiers ,
étoient quelque chofe de ré e l, ne font plus y dans le
fentiment des derniers, que dé pures privations, que
la négation de la longueur, de la largeur & de la
profondeur qu’auroit le corps qui rempliroit cet efpace.
Dire qu’une chambre dont toute la matière feroit
annihilée, conferveroit des dimenfions réelles ,
c’e ft, fuivant ces philofophes, dire cette abfurdité,
que ce qui n'efi pas corps, peut avoir des dimenfions corporelles.
Quant aux Gartéfiens, ils nient toute efpece de
vacuum coacervatum, & ils foutiennent que fi Dieu
annihiloit toute la matière d’une chambre, & qu’il
empêchât l’introduétion d’aucune autre matière, il
s’ enfuivroit que les murailles deviendraient contiguës
, & ne renfermeroient plus aucun efpace entr’-
elles ; ils prétendent que des corps qui ne renferment
rien entr’eu x , font la même choie que des corps
contigus ; que dès qu’il n’y a point de matière entre
deux corps , il n’y a point d’étendue qui les fépare.
Etendue & corps, difent-ils , lignifient la même
chofe. O r s’il n’y a point d’étendue entre deux corps,
ils font donc contigus , & le vuide n’eft qu’une chimère
; mais tout ce raifonnement porte fur une mé-
p rife , en ce que ces philofophes confondent la matière
avec l’étendue. Voye{ Etendue & Espace.
Le vuide difleminé eft celui qu’on fuppofe être naturellement
placé entre les corps & dans leurs in-
terftices. Voye^ Pore.
C’eft fur cette efpece de vuide que difputent principalement
les philofophes modernes. Les corpuf-
culaires le foutiennent, & les Péripatéticiens & les
Cartéfiens le rejettent. Voyeç Corpusculaires ,
Cartésianisme, &c.
Le grand argument des Péripatéticiens contre le
vuide difleminé, c’eft qu’on voit différentes fortes
de corps qui fe meuvent dans certains cas, d’une
maniéré contraire à leur direction & inclination na-'
turelle, fans autre raifon apparente que pour éviter
le vuide ; ils concluent de-là que la nature l’abhorre,
& ils font une claffe de mouvemens qu’ils attribuent
tous à cette caufe. Telle eft , par exemple, l’afcen-
V U I
fiôn de l’eau dans les feringues & dans les pompes.
M a is c om m e le p o id s &c l’ é la ft i c i t é d e l’ a ir o n t été
p r o u v é s p a r d e s e x p é r ie n c e s in c o n t e f t a b le s , tou s ces
m o u v em e n s fo n t a t t r ib u é s a v e c r a ifo n à la pre ffion
c a u lé e p a r le p o id s d e l’a i r . V jy e ç S e r i n g u e , A i r
P o m p e , V e n t o u s e , &c.
Les Cartéfiens ne nient pas feulement l’exiftence
a&uelle du vuide, mais fa poflibilité , & cela fur ce
principe que l’étendue étant l’effence de la matière
ou des corps, tout ce qui eft étendu, eft matière
l’efpace pur âç vuide qu’on fuppofe étendu, doit être
matériel, félon eux. Quiconque, difent-ils, admet
un efpace vuide, conçoit des dimenfions dans cet efpace
, c’eft-à-dire une fubftance étendue, & par conféquent
il nie le vuide en même tems qu’il l’admet.
D ’un autre c ô té , les phyficiens corpufeulaires
prouvent par plufieurs conlidérations, non-feulement
la poflibilité, mais l’exiftence a&uelle du vuide ,• ils
la déduifent du mouvement en général, & en particulier
du mouvement des planètes, des cometes, de
la chute des corps, de la raréfaction & de la conden-
fation, des différentes gravités fpécifiques des corps,
& de la divifibilité de la matière.
I. On prouve d’abord que le mouvement ne fauroit
être effeâué fans vuide. Voye{ Mouvement.
C’eft ce que Lucrèce a fi bien rendu dans fon poème.
Principium quoniam cedendi nulla daret res ;
Undique materies quondam Jlipata fuijjet.
La force de cet argument eft augmentée par les
confidërations fuivantes.
i ° . Que tout mouvement doit fe faire en ligne
droite ou dans une courbe qui rentre en elle-même,
comme le cercle & l’ellipfe, ou dans une courbe qui
s*étende à l’infini, comme la parabole , &c.
2®. Que la force mouvante doit toujours être plus
grande que la réfiftance.
Car de-là il fuit qu’aucune force même infinie ne
fauroit produire un mouvement dont la réfiftance eft
infinie , & par conféquent que le mouvement en
ligne droite ou dans une courbe qui ne rentre point
en elle-même , feroit impofiible dans le cas où il n’y
auroit point de vuide , à caufe que dans ces deux cas
la malle à mouvoir & par conféquent la réfiftance
doit être infinie. De plus, de tous les mouvemens
curvilignes, les feuls qui puiffent fe perpétuer dans
le plein , font ou le mouvement circulaire autour
d’un point fix e , & non le mouvement elliptique, ou
d’une autre courbure, ou le mouvement de rotation
d’un corps autour de fon axe , pourvu encore que
le corps qui fait fa révolution, foit un globe partait
ou un fphéroïde ou autre figure de cette efpece ; or
de tels corps ni de telles courbes n’exiftent point
dans la nature : donc dans le plein abfolu il n’y a
point de mouvement : donc il y a du vuide.
I I. Les mouvemens des planètes & des cometes
démontrent le vuide. « Les c ieu x , dit M. Newton,
» ne font point remplis de milieux fluides, à moins
» que ces milieux ne foient extrêmement rares : c’eft
» ce qui eft prouvé par les mouvemens réguliers &
» conftans des planètes & des cometes qui vont en
» tout fens au-travers des cieux. Il s’ enfuit évidem-
» ment de-là que les efpaces céleftes font privés de
» toute réfiftance fenfible & par conféquent de toute
» matière fenfible ; car la réfiftance des milieux flui-
» des vient en partie de l’attrition des parties du
» milieu, & en partie de la force de la matière qu’on
» nomme fa force d'inertie. Or cette partie de la re-
» fiftance d’un milieu quelconque,laquelle provient
» de la ténacité, du frottement ou de l’attrition des
» parties du milieu, peut être diminuée en divifant
» la matière en des plus petites parcelles, & en ren-
» dant ces parcelles plus polies & plus gliffantes.
V U I
» Mais la partie de la réfiftance qui vient de ïà force
| d’inertie, eft proportionnelle à la denfité de lama-
„ tiere, & ne peut-être diminuée par la divifion de
| ia matière en plus petites parcelles, ni par aucun
moyen que par la denfité du milieu ; & par confé-
,, quent fi les efpaces céleftes étoient aufli denfes que
y, l’eau, leur réfiftance ne feroit guere moindre que
y, celle de l’eau ; s’ils étoient aufli denfes que le vif-
» argent, leur réfiftance ne feroit guere moindre que
yy celle du vif-argent ; & s’ils étoient abfolument
„ denfes ou pleins de matière fans aucun vuide, quel- ;
yy que fubtile & fluide que fût cette matière ,'léur J
yy réfiftance feroit plus grande que celle du v i f ar-
yy gent. Un globe folide perdroit dans un tel milieu
» plus de la moitié de fon mouvement, en parcou- ’
ty rant trois fois la longueur de fon diamètre , & un
yy globe qui ne feroit pas entièrement folide, telles y, que, font les planètes, s'arrêterait en moins de yy tems. D onc pour aflurer les mouvemens réguliers
yy & durables des planètes & des cometes, il eft ab-
yy folument néceflaire que les cieux foient vuides de
yy toute matière, excepté peut-être quelques va- yy peurs ou exhalaifons qui viennent des atmofphe-
» res de la te r re , des planètes & des cometes, & les
yy rayons de lumière* Voye[ Résistance , Milieu,
yy PLANETE , COMETE.
III. Newton déduit encore le vuide de la confidé*
ration du poids des corps. «T o us le s corps, dit-il,
» qui font ici-bas pefent vers la terre , & les poids
yy de tous ces corps , lorfqu’ils font à égale diftance
yy du centre de la terre., font comme les quantités
yy de matière de ces corps» Si donc l’éther ou quel-
yy qu’autre matière fubtile étoit entièrement privée
» de gravité, ou qu’elle pefât moins que les autres
yy à raifon de fa quantité de matière, il arriveroit,
» f u i v a n t A r i f t o t e , D e f c a r t e s & t o u s c e u x q u i v e u -
yy le n t q u e c e t t e m a t i è r e n e d i f f é r é d e s a u t r e s c o r p s
» q u e p a r l e c h a n g e m e n t d e f a f o r m e , q u e l e m ê m e
»> c o r p s p o u r r o i t , e n c h a n g e a n t d e f o r m e , ê t r e g r a -
yy d u e l le m e n t c h a n g é e n u n c o r p s d e m ê m e c o n f t i -
» t u t io n q u e c e u x q u i p e f e n t p lu s q u e l u i à r a i f o n
» d e l e u r q u a n t i t é d e m a t i è r e , & d e m ê m e l e s c o r p s
»> le s p lu s p e f a n s p o u r r o i e n t p e r d r e p a r d e g r é s l e u r
» g r a v i t é e n c h a n g e a n t d e f o r m e , e n f o r t e q u e l e s
» p o id s d é p e n d r o i e n t u n i q u e m e n t d e s f o r m e s d e s
» c o r p s , & c h a n g e a i e n t e n m ê m e t e m s q u e c e s
>y f o rm e s , c e q u i e f t c o n t r a i r e à t o u t e e x p é r i e n c e ».
Voye{ Poids.
IV. L a c h û t e d e s c o r p s p r o u v e e n c o r e , f u i v a n t
M . N e w t o n , q u e t o u s l e s e f p a c e s n e f o n t p a s é g a lem
e n t p l e i n s . « S i t o u s l e s e f p a c e s é t o i e n t é g a l e m e n t
»> p l e i n s , l a g r a v i t é f p é c i f i q u e d u f l u i d e d o n t l ’ a i r
» f e r o i t r e m p l i , n e f e r o i t p a s m o i n d r e q u e l a g r a -
» v i t e f p é c i f i q u e d e s c o r p s l e s p l u s p e f a n s , c o m m e
» l e v i f - a r g e n t & l ’o r , & p a r c o n f é q u e n t a u c u n d e
» c e s c o r p s n e d e v r o i t t o m b e r ; c a r l e s c o r p s n e d é f i
* c e n d e n t d a n s u n f lu i d e q u e l o r f q u ’ i l s f o n t f p é c i f i -
» q u em e n t p l u s p e f a n s q u e c e f l u i d e . O r f i , p a r l e
» m o y e n d e l a m a c h i n e p n e u m a t i q u e , o n p a r v i e n t
» à t i r e r l ’ a i r d ’ u n v a i f l e a u a u p o i n t q u ’u n e p lu m e y
» t o m b e a u f l i v i t e q u e l ’ or^ d a n s l ’ a i r l i b r e , i l f a u t
* que le milieu qui occupe alors le vaifleau foit beau-
* c o u p p lu s r a r e < ju e l ’ a i r . Voye[ C h u t e . P u i s d o n c
% l a q u a n t i t é d e m a t i è r e p e u t ê t r e d im i n u é e
* dans un efpace donné par la raréfaôion, pourquoi
” cette diminution ne pourroit-elle pas aller jufqu’à
* finfini ? Ajoutez à cela que nous regardons les
» particules folides de tous les corps comme étant
* d e m ê m e d e n f i t é , & c o m m e n e p o u v a n t f e r a r é -
»» f ie r q u ’a u m o y e n d e s p o r e s q u i f o n t e n t r ’e l l e s , &
” S 1] ® d e - l à l e vuide f u i t n é c e n a i r e m e n t . Voyt{ R a -
Réfaction , Pore & Particule.
V . >y L e s v i b r a t i o n s d e s p e n d u l e s p r o u v e n t e n -
c o r e l ’ e x i f t e n c e d u vuide ; c a r p u i f q u e c e s c o r p s
V U I 57}
w n’ êprotivèrit point de réfiftence qui retarde leur
» mouvement ou qui raccourciflent leurs vibrations*
» il faut qu’il n’y ait pas de matiè re fenfible dans ces*
» efpaces , ni dans les interftices des particules de
» ces corps »» V o y e ^ P e n d ü l e .
Quant à Ce que Defcartes a d it , que la matière
peut .être atténuée au point de rendre fa réfiftance
infenfible, & qu’un petit corps en en frappant un
grand ne fauroit ni lui réfifter, ni altérer fon mou?
vement, mais qu’il doit retourner en arriéré avec
toute fa force ; c’eft ce qui eft contraire à l’expérience.
Car Newton a fait voir que la denfité des’
fluides étoit proportionnelle à leur réfiftance à très*
peu de chofe près , & c’eft une méprife bien grofi*
fiere que de croire que la réfiftance qu’éprouvent le s
projectiles eft diminuée à l’infini, en divifant jufqu’à
l’infini les parties de ce fluide. Puifqu’au contraire il
eft clair que la réfiftance eft fort peu diminuée par
la foufdivifion des parties, & que les forces réfiftan-*
tes de tous les fluides font à*peu-près comme leurs
denfités , princip. I. Il.p ro p. $ 8 & 40. Et pourquoi
la même quantité de matière diviiëe en un grand
nombre de parties très petites, ou en un petit nom*
bre de parties plus grandes ne produiroit-elle pas la
même réfiftance ? S’il n’y avoit donc pas de vuide ,
il s’enfuivroit qu’un projectile mû dans l’air , ou
même dans un efpace purgé d’a ir , éprouveroit au*
tant de réfiftance que s’il fe mouvoit dans du vif-
argent» V o y e i P r o j e c t i l e .
VI. La divifibilité actuelle de la matière & la di-
verfité de la figure de fes parties prouve lé vuide difféminé
» Car dans la fuppofition du plein abfolu ,
nous ne concevons pas plus qu’une partie de ma*
tiere puifle être actuellement féparée d’une autre *
que nous ne pouvons comprendre la divifion des
parties de l’efpace abfolu. Lorfqu’on imagine la divifion
ou féparation de deux parties unies, on ne
fauroit imaginer autre chofe que l’ éloignement de
ces parties à une certaine diftance. Or de telles di-
vifions demandent néceflairement du vuide entre les
parties. Voye{ D iv i s i b i l i t é .
VII. Quant aux figures des corps, elles devroient
toutes être dans la fuppofition du plein, oü abfolu-
ment reCtilignes, ou concaves-convexes, autrement
elles ne pourroient jamais remplir exactement l’efpace
; or tous les corps n’ônt pas ces figures.
VIII. Ceux qui nient le vuide fuppofent cê qu’il
eft impoflible de prouver , que le monde materiel
n’a point de limite. Voyeç U n iv e r s .
Puifque l’effence de la matière ne conlifte pas dans
l’étendue, mais dans la folidité ou dans Pimpénétra*
bilité ; on peut dire que l’univers eft compofé de
corps folides qui fe meuvent dans le i^uide : & nous
ne devons craindre en aucune maniéré que les phénomènes
, qui-s’expliquent dans le fyftème du plein,
fe refufentau fyftème de ceux qui admettent le vuide,
les principaux de ces phenomenes , tels que le flux
& reflux, la fufpenfion du mercure dans le baromètre
, le mouvement des corps céleftes, de la lumière
, &c. s’expliquent d’une maniéré bien plus fatis*
faifante dans ce dernier fyftème. Voye[ Flu x , &c.
V u id e de B oy le, eft le nom que quelques auteurs
donnent à l’ efpace de milieu rare qui fe trouve dans
la machine pneumatique, & qui approche fi fort du
vuide parfait. Cet efpace n’eft pourtant pas abfolu-
ment vuide ; car la lumière au-moins y entre & le
pénétré, & la matière de la lumière eit corporelle :
les Cartéfiens prétendent qu’à mefure qu’on pompe
l’a i r , le récipient de la machine fe remplit de matière
fubtile. Quoi qu’il en foit, l’ expérience prouve
que la matière qui remplit alors le récipient, n’a aucune
réfiftance par elle-même ; & c’eft pour cela
qu’on regarde le récipient comme vuide. Vyyt{ Ma chin
E pneum a tiqu e.