fable, gros & fin , émeril-, potée , lifiere , bois propre
à faire des outils. Il-n’eft pas befoin de rien dire
de plus ici de diverfes matières contenues dans les
deux dernieres divifions ; la'fuite (lu dffconrs donnera
des éclairciflemens-détaillés fur chacune d’elles
particulier, tant pour la manière de les con-noî-
tre , que pourcèllé de les employer.
. JDes terres & de la maniéré 'de-les travailler. On n’a
pû penfer à faire du verre , fans s’être procuré air-
paravant une matière affez •réfra&aire -, pour réfifter
fans fe calciner & fans fe fondre à l’aâion du feti
violent néceffaire à la fùfion du verre & à fon affinage
, dans la vue d’en-conftruire le lieu du-feu -, &
■ les vàfes fervant à contenir le verre.
La matière la plus réfraâai're qu?on connoiffe
jufqu’au préfent , eft fans contredit Fargille; ’elle
ne fond que- très-difficilement après Un tems très-
long , ( a ) •& n’eft nullementfujette à la calcination.
L ’argille eft affez connue , & on en fait ufage dans
un affez grand nombre d’arts , ponr qu’il fut inutile
d’en citer les propriétés ; cependant pour plus
grande exactitude , nous dirons un mot des marques
diftinttives qui la cara&érifent.
L ’argille eft une terre favonneufe au'toucher , fort
compacte, & oompoféede parties très-fines': on ne
les voit jamais fous la forme de grains , comme le
fable qui compofe une terre de grès , mais enpouf-
fiere;ellene fait effervefeence avec aucun acide. Une
des propriétés qui cara&érife le mieux l’atgille , c’eft
cju’elle pétille & fe défunitau feu à-peu-près comme
-le fel marin qu’on y jette. Cette propriété fait naître
deux queftions , l’une fur la caufe de ce pétillement
, l’autre fur les précautions à prendre pour
L’éviter , puifqu’il fuffiroit pour empêcher de faire
ufage de l’argille.
L ’argille , ainfi que tous les autres corps , renferme
des parties , félon quelques-uns aqueufes , félon
d’autres , d’air-. Lorfqu’elle fe trouve expofée à
l’aétion du feu , ces particules tendent à fe raréfier ,
mais elles ne peuvent le faire à caufe de la compacité
de l’argille , fans écarter les parties de Fargille;
& comme ces parties ne fauroient s’écarter auiîi vite
que la dilatation des particules , foit d’e au, foit
d’air , Fexigeroit , elles fe féparent avec bruit &
crépitation.
Le pétillement venant de la compacité de l’argille
, le moyen d’empêcher ce pétillement feroit de
diminuer cette même compacité,, ou ce qui eft la
même chofe , d’augmenter les pores de l’argille au
moyen de quelque intermede ;. par exemple , en
paîtriffant l’argille avec du fable , On réuffiroit très-
bien à rendre l’argille plus poreufe , & à empêcher
le pétillement, & on en feroit un corps très-folide &
très-dur : mais une autre difficulté fe rencontre ici ;
fi on employoit le mélange de fable & d’argille à la
conftrucfion d’un four ou des vaiffeaux propres à
renfermer du verre , le contrat du verre en fufion
difpoferoit les parties de fable avec lefquelles il a de
l’affinité à fe joindre à lu i, conféquemment à fe vitrifier
, & la déperdition des vafes s’enfuivroit bientôt
après.
L’argille déjà brûlée , ou ciment, n’a pas le même
inconvénient, & elle a plus d’analogie avec la nature
de l’argille même , puifque lorsque le mélange
a été quelque tems expoîe au feu , il eft de la même
nature dans toutes fes parties .L’argille n’eft plus diffé •
rente du ciment étant devenue ciment elle-même ,
•& le compofé eft bien plus homogène que ne l ’auroit
• 0?) La grande diminution d’épaiffeur des pots lorfqn’ils ont
été long-tems dans un four ; le vernis qui couvre leur furlire
extérieure , aimi que l'intérieur du four, les gouttes de verre
coloré qui découlent d'un vieux four, & qu’on appelle communément
larmes, tout cela prouve que l’argille cede à l’aftion
-du feu & fond en partie.
été le mélange de là'terre & dti fable, 'qtil, fie chant
géant jamais au feu , ne peut être analogue à la terre
avant l’a d'ion du feu , ni le devenir par cette même
a&ion.
L e mélange de l’intermède à Fargille eft fi nécef-
ffiire , que fi l’oii faifoit une brique Ou un yafé tin
peu épais d’argiüe pâît-rie pure, jamais fa compacité
ne permëttroit à l’humidité qu’elle renfermerôit, dè
fe diffiper affez librement pour rte pas occafionnet
des fentes , qu’on appelle communément gerfures.
Dans un établiffement déjà formé, lès démolitions
de fours & les vieux pots procurent du ciment pour
fournir à la fabrication & xompofitiori des terres ;
mais dans un établiffement nouveau oh on n’a pas
les mêmes reffources , on eft obligé ‘de brûler de la
terre exprès pour faire du ciment.
Il y a diverfes maniérés d’en faite : ofi peut brûlef
la-terre en l’expofant au feu èn morceaux tels qu’on
les apporte de la carrière ; mais j ’aimerois mieux la
mouler & la façonner en briques minces après l’avoif
paîtrie ; la laiffer féchèr & cuire dans cet é ta t, pré*
cifément comme on cuit la brique, &: .voici mes rai*
fons. Tous les morceaux de terre étant de la même
épaiffeur -, fe cuifent également, au lieu que de la
première maniéré , les morceaux plus épais fe cui-
roient plus difficilement que les minces. On pourroit
à la vérité obvier à cet inconvénient, en caffantles morceaux
& les réduifant tous à-peu-près à là même grof*
feur ; mais outre la grande quantité de pouffiere qu’on
diffiperoit, & qui feroit une vraie perte , fi , par la
propriété de l’argille» quelques morceaux un peu plus
petits que les autres venoient à éclater, ils le rédui-
roient en parties affez infenfibles, pour être diffici*
lement recueillies.
Quant à la proportion qu’il faut mettre entre la
te rre '& le ciment, on ne faurôit donner de réglé
exafte '; elle dépend de la qualité de la terre que l’on
a à employer ; celle qui eft plus compare , qui a
plus de ténacité , & qu’on dit vulgairement être
plus grajje , demande plus de ciment ; celle qui eft
moins tenaçe ou plus maigre , en exige moins. Il
faut éviter avec autant de foin de mettre trop de
ciment ^ que d’en mettre trop peu ; le trop de ciment
rend la terre maigre à l’excès-, & fait perdre beaucoup
de leur folidité aux ouvrages qui en font conf-
truits, les parties manquant de ce gluten qui les unit
& dont l’argille .abonde.
Les artiftes font fort partagés dans leurs opinions
fur l’efpece de ciment qu’on doit mélanger à Far-
gille ; les uns veulent du gros ciment, dans la vue
d’occafionnerune plus prompte féchereflè en laiffant
des pores plus ouverts ; d’autres fentant qu’il y a
une grande difficulté à mélanger également du ciment
de cette forte, & à le répandre uniformément
dans la terre , ont crû obvier à cet inconvénient fans
abandonner l’avantage des grands pores , en employant
du ciment de moyenne fineffe ; d’autres enfin
employent du ciment le plus fin qu’il leur eft pof-.
fible. Ce dçrnierparti meparoîtleplus avantageux ;
en effet, plus le ciment fera divifé en grand nombre
de parties , plus il fera aifé qu’il s’en trouve dans
toutes les parties de l’argille ; le mélange en fera
plus égal, la féchereffe plus uniforme, les gerfures
moins fréquentes & moins à craindre.
On trouve des argilles de bien des couleurs : les
plus pures & celles dont on fait le plus communément
ufage, font la blanche & la grife ; la rouge renferme
une bafe martiale qui lui ôte prefque en total
fa qualité de réfra flaire. La première opération qu’on
faffe fubir à l’argille , c’eft de la priver des parties
hétérogènes qu’elle peut contenir : celle qu’on y ob-
ferve le plus communément font les parties ferru*
gineufes qui fe manifeftent par leur'couleur rouge
ou jaune , femblable à celle de la rouille des terres
ftVuïré nahtt*e Épié Fargille -, éomffiè Wftè fôrte'dé
ïàblon : les yeux feuls îuffifent pour fe convaincre
de Fexiftarice de ces deux -corps étrangers. Prefque
toutes les •argilles renferment un acide qui fe mani-
fefte tres-bien au goût : qu’on détrempe de l’-argillë
dans Feau , & qu’après -avoir kiffé clarifier l’eau j,
on la .goûte -, on lui trouvera un goût acide & déià-
greable-, qui pourroit même être nuifible .jufqu’à un
certain point aux 'animaux qui feroient ufage de
cette caüv
On pourroit , par des diftillations -, obtenir Fa-*
eide contenu dans l’argille , & par-là déterminer la
nature ; mais une pareille recherche feroit inutile à
mon iiijet, il mefuffit de favoir qu’il exifte un acide
quelconque dans l’argille , pour ne pas ignorer que
cet acid£ peut nuire , & pour chercher à le bannir.
Il y aaufîî des argilles qui renferment des pirites, &
même en grand nombre.
L ’épluchage prive affez bien la terre des parties
colorées qui la tachent , & des terres étrangères^
Pour parvenir à cet épluebage , on caffe le bloc de
terre avec des marteaux armés d’un tranchant -, &
on les réduit en petits- morceaux de la groffeur à-
peu-près d’une noix ; lorfqu’on apperçoit des taches
ou des terres de différente nature, on les ôte avec le
tranchant du marteau , ou avec la pointe d’un Cousteau.
Il eft à remarquer que pour procéder à l’éplu-
châge , il eft néceflàire que la terre foit feche >
parce qu’alors la différence entre la terre pure & les
parties étrangères eft plus fenfible que lorfque l’argille
eft humide.
Lorfqu’on fe contente de F épluchage , & que Fon
ne cherche pas à bannir l’acide ; on met la terre à
tremper ou à fondre dès qu’elle eft épluchée dans des
caiffeslarges & peu profondes, e’eft-à-dire qu’on la
couvre d’eau. On la laiffe dans cet état le tems né*
ceffaire pour qu’elie fôit affez imbibée & également
dans toutes fes partiesv Après que la terre eft fuffi-
famment trempée, on épuife l’eau qui reftoit encore
dans la caiffe-, on y ajoute le ciment ; après quoi des
hommes entrent dans la caiffe , & pétrifient la terre
avec les pies ( ce qu’on appelle la marcher ou la cor-
royer ) , jufqu’à ce qu’elle foit bien mêlée avec le ciment
, & qu’il n’y ait aucune partie qui ne fe fente
du mélange. Lorfque la terre a été bien pétrie ou
corroyée, elle a reçu toutes fes façons, & il ne manque
plus que de l’employer.
On appelle marron dans la fabrication des terres j
un morceau d’argille plus dur que le refte de la terre,
& qui n’a pas de liaifon avec elle. Le marron p'eut
venir de deux caufes , foit de l’état oh étoit l’argille,
lorfqu’on Fa mife à tremper, foit de la maniéré dont
on Fa marchée.
Lorfque la première caufe a lieu , faifoils une remarque
affez fingulierè , & qu’il eft aifé de vérifier
parl’experience. Un ttforceau d’argille humide a beau
tremper, il ne fe fond jamais également; il refte toujours
des parties qui n’ont pas été diflbutes: ces parties
font plus dures que le refte de la terre , & voilà
le marron. Il eft aifé d’éviter cet inconvénient en ne
mettant Fargille à fondre que lorfqu’elle eft bien feche.
Lorfqu’un morceau d’argille n’ a pas étéécrafé par
les pies des ouvriers , & conféquemment n’a pas reçu
le même mélange de ciment que les autres parties
de terre ; il refte plus dur, fes parties étant moins
maigres, plus cohérantes, & voilà le marron.
Difons un mot de la maniéré de marcher la terre ,
& Fon entendra par-là aifément les moyens d’éviter
Lnarr°ns. Les ouvriers difpofent la terre dans la
ca?~e ^ maniere qu’il y ait une petite partie de la
caifle vuide dansunDout; énfuite ils portent leur ta- .
Ion chacun dans le milieu de la caiffe ; & prenant
une portion de terre , ils l’écrafent fous leur talon
oc en forment un bourrelet dans le vuide de la caiffe,
■ ramenaftt-ielir taïori r. tiVx-, en fcifant 1a mêm'é manoeuvre
, le bourrelet occupe toute la laoeeur de la
caiffe. ils continuent i d e aler la terre & à en former
des bourrelets julqidà ce qu’ilsfoient à l'extrémité
de la caiffe ; alors s’ils ont été de droite à gauche,
ils s en retournent de gauche à droite, ccraFantles
bourrelets qu’ils ont faits; & en en feifan't de non-
H H | <•« H H parfait mélange du
ciment. J ai railonne comme s’il n’y avoit que deux
ouvriers ; s il y en avqitdavantâge,ils n’en agiroient
pas moins fur les mêmes principes.
On conçoit très-bien qu’ il n’y aura point de marrons
, li toutes les parties de terre paffent fous le talon
des ouvriers S & pour cet effet, i° i qu’H n’y ait
jamais dans la caiffe une quantité d’argille telle q u i
les hommes ne puiffent toucher le fond de la caiffe :
2 v que la terre ne foit mouillée qu ’autant qu'il le faut
pour que les ouvriers puiffent l’écrafer; lorfqu’ellè
1 eft davantage I elle dévient gliffante» & s'échappe
de deffons les pies ans êtreécrafée ; } «VqUe les ouvriers
foffent leurs bourrelets petits; en prenant peu
de terre alafoisv 1
Tout ce que nous avons dit jufqü’ici ne touché
point à la manière de chaffer l’acide ;ifa qualité de
le le rendant mifcibfo i l ’eau , on l’expulfetédelrai"-
gille en fadant la lotion de cette même argille. Voici
la maniéré dont certaines perfonnes s’y (ont prifes
Ils ont réduit en xoulis (6) l’argille fur laduélle ils
avoient à opérer; & enfuite-l’ont laiffé dépofer, ont
decante 1 eau clairë , & en ont remis de nouvelle
avec laquelle ils ont fait un nouveau coulis $ & on£
répété cette opération jufqu’à cinq oufix fois. Après
ce travail la terre ne peut qu’être exempte de tout
Ufudp. Mais combien toutes ces opérations ne rerident
elles pas la fabrication des terres chere & longue
? L’argille détrempée à ce point n’ell pas de lone> '
tems en état d’etre compofée & m arché®; je fuis per-
fuadé quefix femaines ou deux mois fufflroient à peu
,ne pour mettre une hattée (c) néceffaire & reqüife -
confequemment pour préparer les terres abfolument
neceflaities ■; :il faudroit des bâtimens inouïs , une
mam-d oeuvre prodigieüfe& dés frais immenfes.
Il mefemble-qu’il fuffiroit de faire paffer l’ar'gille
par deux ou trois eaux , fans en faire de coulis ; il
faut âu contraire, par les raiforîs énoncées ci-deffus»
1 éviter autant qu’il eft poffible ; on y parviendra
en verfantl’eau doucement, la faifant même paffer
au-trayers d’un tamis pour qu’elle ne tombe pas toute
au même point; par ce moyen on ne cauferaaucune
agitation dans la te rre , & on ne lui donnera pas la
moindre difpofition à faire du coulis; car on fait pat*
expérience qu’on ne peut faire du coulis qu’en remuant
& agitant la terre après quelle eft fondue. La
moindre quantité de terre dans la plus grande d’eau*
tant quelle ne feroit pas agitée, rie feroit rien dé
plus que fe fondre , & n’en deviendroit guere plus
moHe. On ne répandra donc fur la terre que Feau
qu’il faudra pour la couvrir en entier. Lorfque Feau
y aura paffe un certain tems, on la décantera, & on
y en mettra d’autre qu’on décantera encore ; &Iorf*
qu’on aura fait deux Ou trois fois cette opération, la
terre fera encore dans ijn état propre à recevoir 1©
ciment & à être marchée.
^ Lorfque 1 on a à travailler de la terre remplie de-
pirites, on les fepare très-bien, en réduifant la terre
en coulis. Les pirites fe dépofent au fond, & on décante
le coulis dans d’autres vafes oh pn le laiffe dépofer.
Quoique cette opération entraîne j comme
(t) Coulii n’eft autre rhofe que ( fi l’on peut s’exprimer
ainli) une teinture d argille, un lait d’argille, en un mot, une-
petite quantité d argille fondue dans'une grande quantité'
d’eau.
f (c) On appelle battêe la quantité d’argille, qu’on peut marcher
dans la meme caiffe.