leur que devôit avoir cette maffe enflammée j n’eft
pas moins confidérable ; l’éruption le fit le 20 de Mai*
6c la matière fut brûlante extérieurement jufqu’au 2.5 ,
& intérieurement jufqu’en Juillet. L eFéJuve ne cefl'a
pendant trois jours de jefter des torrens de cendres,
des pierres, 6c des fléchés enflammées. Vous trouverez
le détail de cette éruption, dans les Tranfact.
philofopk. n °. 466, fect. j .
Le vingt-troifieme 6c le vingt-quatrieme incendie
du volcan font arrivés , l’un en 17 5 1 , 6c l ’autre le 17
Décembre 17 54 . Dans ce dernier, on a vu la montagne
s'ouvrir vers les deux tiers de fa hauteur, 6c
laifîer échapper deux laves ou torrens de matières
bitumineufés par deux endroits différens, une des
laves coulant v ersTrécafe, & l’autre du côté d’Otta-
jano, avec une grande rapidité. Cette éruption, tantôt
plus, tantôt moins forte, ne finit qu’au mois d’A-
vril de l’année fuivante.
Les principaux phénomènes obfervés dans les em-
brafemens du Féfuve, font la liquéfa&ion, la coftion,
6c la calcination des corps contenus dans les entrailles
du volcan ; les flammes en fortent impétueufement
avec de la fumée, du foufre, du bitume , des cendres
, du fab le , des corps fpongieux & falins, des
pierres ponces, des pierres naturelles, des écumes ,
des pyrites, du ta lc , des marcaflites , &c.
Il me relie à extraire la defcription donnée par M.
Edward Berkley dans les Tranfact. pkilof. n °. 3 64.
de l’éruption du Féfuve arrivée en 1 7 1 7 , & qu’ il ob-
ferva pendant toute fa durée.
Le 17 A vril 1 7 1 7 , je parvins, dit-il, avec beaucoup
de peine au fommet du mont Féfuve, où je vis
une ouverture confidérablè remplie de Aimée qui
jcachoit aux yeux fa profondeur. On entendoit dans
cethorrible goufre un bruit femblable au mugilfement
des vagues, :6c quelquefois comme un bruit de tonnerre
accompagné d’éclats. Etant remonté le '5 Mai
dans le même lieu * je le trouvai tout différent de ce
que je l’avois v u , & je pus appercevoir le goufre qui
paroifloit avoir environ un mille de circonférence,
& cinquante toifes de profondeur. Il s’étoit formé
depuis ma derniere v ifite , une montagne conique
dans le milieu de cette embouchure. On y voyoit
deux ouvertures ou foyers , l’un jettoit du feu avec
violence , & iançoit par intervalles avec un bruit
terrible un grand nombre de pierres enflammées, à
la hauteur de quelques centaines de piés; ces pierres
Tetomboient perpendiculairement dans l ’ entonnoir,
dont elles augmentoient le monticule conique. L ’autre
trou étoit rempli d’une matière enflammée 6c liquide
femblable à celle qu’on voit dans le fourneau
d’une verrerie , qui s’elevoit par ondes comme les
vagues de la mer, avec un bruit violent & interrompu.
Le vent nous étant favorable, continue M. Berk
le y , nous eûmes le loifir' d’examiner ce fpe&acle
-furprenant pendant plus d’une heure 6c demie ; 6c
nous remarquâmes que toutes les bouffées de fumée
, de flammes, 6c de pierres brillantes, for-
toient d’un des trous, tandis que la matière liquide
coüloit de l’autre.
Dans la nuit du 7 , on entendit à Naples un bruit
effrayant qui dura jufqu’aû lendemain , & qui ébran-
loit les vitres des m^ifons de la ville. Depuis lors, il
• fedébôrda une quantité prodigieufe de matières fondues
qui fe répandit en torrens le long de la montagne.
Le 9 & le 10 l’éruption recommença avec plus
. de furie , & avec ûfi bruit fr terrible , qu’on l’enten-
doit de l’autre côté dè N aples, à quelques milles de
diftance.-
Epris de curiofité d’approcher de la montagne,
nous débarquâmes, ajoute M. Berckley, àTo r re del
Greco. Le mugiffement du volcan ne faifôit que croître
, à 'mefure que'nous en approchions.. Depuis le
rivage jufqu’au volcan-,-il-nous tomboit perpétuellement
des céndres fur la tête.Toutes ces circonftances,
augmentées par le filence de la nuit, formoient un
fpeûacle le plus extraordinaire & le plus capable d’effrayer,
à mefure que nous approchions. Pour s’en
former une idée * qu’on imagine un vafte torrent de
feux liquides, qui rouloit du fommet le long de la
montagne, 6c qui dans fa fureur, renverfoit tout ce
qui fe rencontroit fur fon paffage , les vignobles, les
oliviers, les figuiers, les maifons; le ruiffeau le plus
large, fembloit avoir un demi-mille d’étendue. Le
courant de foufre ôtoit dans l’éloignement la refpira-
tion ; le Véfuve Iançoit avec mugiffement de grandes
bouffées de flammes, des colonnes de fe u , 6c des
pierres brûlantes , qui s’élevoient perpendiculairement
à perte de vue au-deffus du fommet de la montagne.
Le 12 , les cendres 6c la fumée obfcurciffoient le
foleil, 6c les cendres tomboient jufques dans Naples.
Le 15 , la plupart des maifons de la ville en furent
couvertes. Le 17 , la fumée diminua beaucoup. Le 18,
tout ceffa; la montagne parut entièrement tranquille,
6c l’on ne vit plus ni flammes, ni fumée.
Les curieux peuvent confulterfur les éruptions de
ce terrible volcan, les Tranfact. philofopk. les Mém.
de l'acad. des fciences , ann. 1760 ;YHifoire des phénomènes
des embrafemens du V éfuve, par Caftera, Paris,
1 7 4 1 , in -12 ., avec fig. 6c fur-tout Storia ï fenomeni
delFefuvio efpojli dal p. d. Gio Maria délia Torre,
in Napoli 1766, in-40. avec fig. ( Le chevalier DE
JAU COURTf
F E S U F IU S , (Géog. anc.') enfrançois le mont
Féfuve, ou le Féfuve, dont nous avons déjà parlé
fort au long. Nous remarquerons feulement ici que
Pomponius Mêla , Pline l’ancien , Pline le jeune ,
Tite-Live , Tacite , Valere-Maxime , & autres hi-
ftoriens romains, écrivent tous Fefuvius. Suétone
néanmoins dit Fefevus, ainfi que Virgile , Georg. I.
I I . v. 2 24 . & Lucrèce , L F I . v. 74 4 . Martial , Epi-
gram. I, I F . dit Fefuvius ; enfin Stace , Silv. I. IF.
carm. 4. v. 7 9 .6 c Silius italicus , l. X F I I . v. S97.
difent Fesbius. ( D . J . )
V Ê T EM EN S , f. m. ( Gram. ) on comprend fous
cette dénomination tout ce qui fert à couvrir le
corps , à l’orner, ou le défendre des injures de l’air.
La culotte, le chapeau, les bas, l’habit, lavefte,
font autant de parties du vêtement.
V ê t e m e n t des Hébreux, ( Critique facrée. ) les
anciens prophètes de ce peuple étoient couverts de
peaux de chevre 6c de brebis. Les peaux d’animaux
ont fait les premiers habits des hommes ; Héliode
confeille qu’à l’approche de la faifon du froid * on
coufe enfemble des peaux de bouc avec des nerfs de
boeuf pour fe garantir de la pluie. Les Grecs ont
nommé ce vêtement S'içd-tpa., & Théocrite fiana. ; les
Latins l’ont appellé peau de berger, pajtoritia pellis.
T e l étoit le vêtement d’Elie , d’Elifée, & d’Ezéchiel ;
les premiers folitaires en firent ufage.
Les particuliers chez les Hébreux portoient une
tunique de lin, qui couvroit immédiatement la chair,
& par-deffus une grande piece d-étoffe en forme de
manteau ; 6c ces deux habits faifoient ce que l’Ecriture
appelle mutatorias vejtes. C’étoient ceux que
Nahaman portoit en préfent au prophète Êlifée : de
plus les Hébreux po,urfe diftinguer des autres peuples
, attachoient aux quatre coins de leur manteau,
des houpes de couleur d’hyacinthe , & une bordure
üu-bas ; Moïfe lui-même en fit une lo i, nomb.
*8. On voit par l’évangile que Jeftis-Chrift portoit
de ces fortes de franges : « Si je touche feulement
» la frange, y.pa.arlS'oi , de votre habit, ditl’hémor-
» roïffe » , Matât, xiv. 3 G.
Quand les Hébreux fe furent répandus, ils prt"
rent les habillemens en ufage dans les pays où ils de-
meuroient ; les riches p référoient, ainfi que les
ires péUpléS, les habits 'blancs à tout autre. Dauteur
de l’Eccléfiafte * ix . 18. dit que ceux qui veulent
vivre agréablement * doivent toujours avoir des
habits bîancsv Le blanc* ditPhilon, Convient à l’honnêteté
: le mélange des couleurs eft de rnife pour
les vêcemens militaires ; mais à l’égard des hommes
pacifiques & lumineux -, le blanc feul leur eft propre
: de - là vient que les anges font repréfentés
vêtus de blanc, Matth. icxviij. x.Actcsj. 10. lesfaints
dans la gloire font vêtus de même. Auffi les premiers
chrétiens préférèrent cette couleur à toute
autre ; mais ils ne s’en tinrent pas-là en fait d’habits.
( D . J . ) . . . .
V ê t em èNt 8e Babylone, ( Critique facrée. ) Âchan
fils de Carmi, de la tribu de Ju d a , s’étant trouvé à
la prife de Jéricho, cacha quelques portions du bu-
ï i n , 6c confeffa lui-même qu’il avoit détourné entre
autres chofes, un riche vêtement de Babylone , Jofué ,
c. v i f 14. Il y a dans l ’hébreu un vêtement de feinhar ;
Aquila dit çôXtiv fietSvXaviKxv , un habillement long de
Babylone, Symmaque, tvJ'w* Stwàp, vêtement defen-
nar, les Septante, 7ro>K- , un vêtement bigarré
, ou de diverfes couleurs. Babylone étoit fituée dans
la plaine de Scinhar, ainfi que portent nosverfions,
G en. Xj. 2 . Nous trouvons Çyaàp thç /ia^uXcàvîetç ,
dans Hyftiée de'Milet; Singara, dans Ptolomée 6c
dans Pline, 6c Singarana, dans Sextus Rufus.
Les vêtemens de Babylone étoient célébrés pafmi
les anciens : l’Ecriture diftingue quelquefois ceux
qu’elle nomme adoret, par l’épitethe de velus ; ce
qui pourroit faire croire qu’ils reffembloient aux tapis
de Turquie, dont la fabrique eft fort ancienne,
6c vient originairement d’orient. Moïfe compare
Efaii à un adoret, ou vêtement de p o il, G en. x x v . 2 G.
6c Zacharie , x iij. 4 . d it, que les prophètes à venir,
ne feront plus vêtus d'une manteline velue pour tromper.
Il paroît par d’autres paflages , que cette efpece
td’habillement étoit quelquefois magnifique, & que
le s princes en portoient. C ’eft ainfi quelerô i de Ni-
nive fe dépouilla de fa robe ou de fon adoret, & fe
couvrit d’un fa c , à la prédication de Jonas. Jonas ,
iij. G. Jofephe dit, que le vêtement qu’Achan déroba
' étoit un habillement royal ,• tout tiffu d’or , l. F . c. j .
Les anciens conviennent toüs , que ces habillemens
babyloniens étoient de diverfes couleurs-; mais
quelques écrivains croient qu’on les fabriquoit ainfi
de différentes couleurs ; d’autres qu’on les brodoit ;
d’autres enfin, qu’ils étoient peints : Silius Italicus
eft du fentiment des premiers ;
F f i s fpirantes referens fub tegmint vultus ,
Quot radio calat Babylon. L . X IV ,
Martial favorife la penfée de ceux qui font pour
la broderie ;
Non ego pratulerim Babylonica picla fuperbi
T ex ta , Semiramia quoe variantur acu.
L . VIII. Epigr. 2$,
Pline femble etre de là derniere opinion : Colores
•diverfos piclurce intexere Babylon maximè celebravit,
& nomen impofuit, 1. VIII. c. xlviij. 6c Apulée ; Flb-
' nd. I. /. s’exprime de la même maniéré, La vulgate
nomme et vêtement pallium , coccintum , un manteau,
ou une robe d? écarlate ; ce qui ne paroît guere Conforme
aux termes de l’original. ( Le chevalier d e
J A u c o u r t . )
t X Ê™ H N T ^es Chrétiens , ( Hijl. eccléf. ). dès que
- 6 ^.n ^ an^ me eut fait des progrès chez lés gens du
monde , les confeils des apôtres ne furent plus écou-
^ j ï • Parur®. Jefus-Chrift , félon S. Luc ,' v ij. v.
t . loiJ noblement à fes difciples : « Ceux qu’on
» voit vêtus d’habits riches, font dans les palais ter-
» re res , ou-regoent les-fauffes -idées du beau 6c de
» la gloire, la flatterie * 6c l’encens », L ’exprefiîori
lidXa.>Lois, dont fe fert S. Matthieu, x f 8. défignd
tout ce qui fent la delicateffe en matière de meubles,
d habits, 6c délits plus mollets que le fommeilj
mais vainement S. Pierre, I. Ep. iij. 3 . & S. Paul,
I. Tim-. j . 9 . 'condamnèrent rattachement à la parure
dans les femmes ; elles ne purent quitter cet ufage
6c firent fuccéder les àjuftemens fomptùeux aux fim-
plès habits blancs qu’elles trouvoient trop mode-
ftes. Les peres de l’Eglife fulminèrent contre ces
excès , & la plupart employèrent pour les cenfureÊ
des termes 6c des idées outrées. Quelques-uns néanmoins
fé contentèrent de repréfenter qu’il vaüdroit
mieux laiffer ces habits chargés de fleurs femblables
à un parterre, à ceux qui fe font initiés aux myfte-
res de Bacchus ; 6c qu’il falloir abandonner les broderies
d’or 6c d’argent aux acteurs de théâtre ; mais
S. Clément d’Alexandrie, eft celui de tous qui à parlé
avec le plus de bon fens contré le luxé des vête-
mensy, Il ne condamne que les déregleméns en ce
genre , & ne voit point dè néceffité à un chrétien ,
de retrancher tout-à-fait la coutume d’avoir dans
l’occafion un habit riche.. ILeft permis , dit-il, à ja
femme de porter Un plus bel habit que celui des
hommes ; mais il ne faut pas qu’il bleffe là pudeur ,
ni qu’il fente la molleffe. Poedag. L. I I I..p , sl45-.
Les payens, 6c même leurs poètes comiques, n’a*
Voient pas été plus heureux que les peres , à tentef
d’arracher du coeur des femmes , le goût dè la parure.
On peut voir dans Ariftophane, une defcription
de l’appareil de leurs àjuftemens avec les noms bi-
farres qu’on leur donnoit, 6c qui peuvent exercef
long-tems les littérateurs les'plus confommés dans
la langue grçcque : tout cela n’a fervid'e rien ; c’eft
une entreprife à abandonner. Foyer C ôeffure
He n n in , Ha b it s , So u l ie r s , Sa n d a le s 1, Jar*
r e t ie r e s , Péris calés , &c. ( D . J . ) "■
. F E T E R A , ( Géog. anc.') ville de la Gaule bel-
giqué ; .Ptolomée , /. //. c. ix . la place dans les terres
, à la gauche du Rhin, entre Batavodurum , 6c
Legio. Trigefima Ulpia , au midi de la première de
ces places, 6c au nord de la fécondé. Le mot vetera,
fo.usrentend nécefiàirèment celui de c a fra filn e peut
avoir été donné à ce lieu, que parce que dans la fuite,
on établit un nouveau camp dans le même quartier ;
6c il paroît par T acite, Annal. 1 .1. c. x lv '. Hift. I. I F .
c. x viij. ,& x x j. qu,e c.e lieu étoit déjà ainfi, nommé
dès le tems d’Augufte : on croit que Fetera eft au*
jour d’hui Santen. ( D . J . )
V É T É R A N , ( Art mi lit, des Romains. ) foldatqui
avoit fini fon tems de feryiee : ce tems marqué parles
lois romaines, étoit depuis dix-fep_t ans jufqu’à
quarante-fix, 6c chez les Athéniens jufqu’à quarante
ans ; un, foldat vétéran eft appellé dans les auteurs
latins miles veteranus.
L ’ufage de ce mot ne s’eft introduit que vers la fin
de la république ; mais fon origine doit être rapportée
à la première diftribution que Servins Tullius fit
du peuple romain en claflès 6c en centuries, 6c où
il diftingua les centuries des vieillards, de celles des
jeunes gens; il appelia les compagnies qu’il forma
des uns centurioe juniorum , 6c celles qu’il forma des
autres , centuries feniorum. Ceux-ci qui étoient de
vieux foldats furent déftinés à la garde de la v i lle ;
âu-lieti que le partage des autres étoit d’aller cher*
Cher l’ennemi, 6t de lui porter la guerre dans fon
propre pays i cette diljjofition fubfifta fort long*
tems.
Après que les Romains eurent reculés leurs frontières
, les vieux foldats qui dans les commencemens
défendoient les murs 6c les environs de Rome, furent
employés à la garde du camp , pendant que la
j euneffe eombattoit en pleine campagne ; ou s’il s’a