364 V I T
elles-mêmes ne fondent point feules, C’eft aînû que
la craie & l’argille mêlees enfemble font du v e r re ,
tandis que chacune de ces fubftances prife féparé-
ment, ne produit point cet effet dans le feu ordinaire.
On voit donc, que pour parler avec exaôitude ,
on devroit refufer ou donner le nom de vitrifiable à
toutes Les pierres ; ou du-moins on devroit borner
cette dénomination aux fubftances minérales, que
le feu ordinaire change en verre fans aucune addition
, & q u i, comme on l’a déjà fait obferver , contiennent
au-dedans d’elles-mêmes des fubitances propres
à faciliter leur fofion ; c’ell ainfi que le fpath
qu’on nomme fujible paroît contenir une portion de
plomb, qui, comme on fait, eft un des plus grands
fondans de la Chimie ; le bafalus ou la pierre de
touche en grands cryftaux, telle que celle deStol-
pen , en Milnie , fe fpnd très-aifément. Quant à l’argille.
& aux pierres argilleufes ; elles n’ont jamais
qu’un commencement de vitrification dans le feu
ordinaire , c’elt ce qui fait leur caraétere diftin&if,
& ce qui eft le fondement de la propriété qu’elles
ont de prendre de la liaifon & de la dureté lorfqu’on
les expofe au feu ; ainfi il elt à préfumer que les terres
de cette efpece n’ont qu’une certaine portion de
fondant qui n’elt point fuffifant pour les laturer, au
point de le changer totalement en verre.
Les Chimilles ont donné le nom de terre vitrefcible
à celle qui eft caufe de la propriété que certains
corps ont de fe vitrifier. Cette terre eft connue par
Tes effets, mais la Chimie ne paroît point en état de
.développer quels font fes principes. Voye[ Vitres-
c ib il it e .
V ITR IOL ', f. m. (Jiifl. nat. Minéralog.") c’eft un
Tel d’un goût acerbe & aftringent, formé par l’union
d’un acide particulier, que l’on nomme vitriolique,
avec du fe r , du cuivre ou du zinc, ou avec une terre
; il eft ou v e r t, ou bleu, ou blanc.
Suivant que l’acide vitriolique eft combiné avec
ces différentes fubftances, il conftitue des vitriols
' différens. Quand il eft combiné avec le fe r , il forme
un fel d’une coulèur verte plus ou moins foncée, que
l ’on nomme vitriol de Mars, ou martial, ou couperofe
verte; quand ce même acide eft combiné avec le cuivre
, il fait un fel d’une couleur bleue, que l’on nom-
' me vitriol de Vénus, vitriol cuivreux, vitriol bleu, cou-
pèrofe bleue, vitriol de Chypre, &.c. Quand cet acide
eft combiné avec le zinc, il fait un fel blanc que l’on
nomme vitriol blanc, couperofe blanche, vitriol de Gofla
r , ou vitriol de [inc. Tous ces différens vitriols fe
cryftallifent fous la forme d’un lozange, dont les côtés
font en bizeau. Enfin l’acide vitriolique combiné
avec une terre particulière, forme un fel blanc que
l’on nomme alun. Il eft rare que ces différentes efpe-
ces de vitriols foient parfaitement purs ; ce qui fait
que quelques auteurs appellent le vitriol mélangé ,
vitriol mixte, ou vitriol hermaphrodite.
L’acide vitriolique qui produit ces différens fels, eft
aulïi appelle acide univerfel, parce qu’il eft répandu
dans notre atmofphere ; mais fur-tout il eft propre
au régné minéral. Il eft le même que celui qui fe trouve
dans le foufre, & alors cet acide eft combiné avec
' le phlogiftique des matières inflammables. Foyer Varticles
OUFRE.
Ce qui prouve que Vacide vitriolique’ eft. répandu
dans l’a i r , c’eft que fi on expofe à l’air un fel alkali,
il fe diffout & devient liquide ; & fi on fait évaporer
cette liqueur, on obtient un fel que l’on appelle tartre
vitriolé, qui eft exactement de la même nature
que celui qui fe fait par art en combinant enfemble
de l’acide vitriolique avec un alkali fixe. A la vue de
la prodigieufe quantité de foufre que la terre renferme
dans fon fein, & qui eft ordinairement combiné
avec les métaux dans les mines, on ne peut douter
V I T
que l’acide vitriolique n’y foit très-abondant’; ma;s
alors il a des entraves, puifqu’il eft lié par la partie
graffe du foufre qui eft uni avec les fubftances métalliques.
- -
Pour former du vitriol, il faut que l’acide vitrioliq^
fe dégage de la partie graffe du foufre, & fe combine
avec une des fubftances que nous avons dites, c’eft.
à-dire ou avec le fe r , ou avec le cuivre, ou avec le
zinc, ou avec une terre. Ces trois fubftances métal-
liques font les feules qui conftituent un fel avec l’acide
vitriolique.
Les différens vitriols font ou naturels ou faâices.
Les vitriols naturels font ceux qui fe font formés fans
le concours de l’art. Leur formation eft due à la dé-
compofition des pyrites. Ce font des fubftances mi-
nérales, compofées de foufre, de f e r , &c quelquefois
de cuivre. Voye{Pyr it e . Quelques-unes de ces
pyrite s, lorfqu’elles viennent à être frappées par
l’air extérieur, perdent leur liaifon; fe réduifent en
une poudre qui le couvre d’une efpece de moififfure
qui n’eft autre chofe que du vitriol en cryftaux extrêmement
déliés. Ce qu’on peut dire de plus vraif-
femblable fur cette décompofition des pyrites, c’eft
que parle contaft de l’air qui eft lui-même, comme
nous l ’avons dit, chargé d’acide vitriolique, cet acide fe
joint à l’acide analogue contenu dans le pyrite, &
lui fournit affez de force pour fe débarrafîer des entraves
que le foufre lui donnoit. Comme cét acide
mis en liberté a beaucoup de difpofition à s’unir avec
le fe r, ou avec le cuivre qui étoient contenus dans
le p yrite , il fe combine avec ces métaux, & confti-
tue par-là le fel que nous appelions vitriol. Nous
voyons quelques pyrites fe décompofer fous nos
yeux ; la même chofe arrive dans l’intérieur de la terre
, lorfque les pyrites viennent à être frappées par
l’air ; c’eft là ce qui eft caufê que l’on rencontre dans
les fouterrains de quelques mines du vitriol, foit
martial, foit cuivreux, tout fo rm é ; c’eft celui-là
qu’on appelle vitriol natif. Comme quelquefois on
le trouve fous la forme de ftalaéHtes, ou iemblable
aux glaçons qui s’attachent en hiver aux toîts des
maifons, on lui a dpnné le nom de vitriolurn Jlillati-
tium, ou vitriolurn (lalacticum. On en rencontre de
cette efpece dans les mines du Harts, dans quelques
mines d’Hongrie, &c.
On trouve dans quelques mines de ce dernier
royaume, un vitriol naturel qui paroît fous la forme
d’un enduit foyeux ; les Allemans l ’appellent atl<ts<‘
vitriol, c’eft-à-dire vitriol fatinè.
On trouve encore du vitriol tout formé dans quelques
terres & dans quelques pierres, telles font celles
que l’on nomme pierres atramentaires. On les re-
connoît à leur goût acerbe ; on en peut retirer le vitriol
en les lavant. Ces terres & pierres font ou jaunes
, ou rougeâtres, ou noirâtres, ou grifes, à qui les
anciens naturaliftes ont donné différens n om s,tels
que ceux de mify, de fo r y , de chalcitis , de melanu-
ria , & c . que l’on a trop multipliés , & qui ne font
que jetter de la confufion dans les idées, comme»
célébré M. Henckel l’a prouvé dans fa pyritologie.
Toutes ces terres & pierres font redevables de leur
vitriol à des pyrites tombées en efflorefcence.
Quelques eaux font chargées d’une quantité plus
ou moins forte de vitriol; on les reconnoît à la fenfa-
tion qu’elles font fur la langue. Telles font fur-tout
les eaux vitrioliques que l’on nomme eaux cernent*
toires. Lorfqu’on voudra s’affurer fi une eau contient
du vitriol, on n’aura qu’à y verfer une infufion M
noix de galle; fi elle noircit, ce fera une preuve quelle
contenoit du vitriol martial ; fi elle contient duvi-
triol cuivreux : en y trempant du fer, le cuivre fe pre*
cipitera, & rougira le fer qu’on y aura trempe.
Lé chêne, le bois d’aune, & un grand nombre oe
fruits & déplantés WQnûennen,); du vitriv^
VI T V I T 3*»
Mais l'on n'obtient de toutes ces fubftanèês qirü*-
ne très-petite quantité de vitriol, relativement aux
befoins de la focièté ; c’eft pour cela qu’on Cherche
à en tirer une quantité plus grande, en employant
les fecours de l’art. ^ t . ■ . , >
En effet, toutes les pyrites n’ont point la propriété
defe décompofer d’elles-mêines à l’air; & celles à qui
Cela arrive le font quelquefois très-lentement. On
eft donc obligé de commencer par les griller; pour
cet effet, on commence par former des aires, que
l’on couvre de bois, & l’on arrange par-deffus les
pyrites en tas; on. met le feu à Ce bois, & par ce
moyen on dégage la plus grande partie du foufre qui
empêchoit l’acide vitriolique de fe mettre en aétion.
Voye[ Carticle Soufre. Lorfque les pyrites ont été
grillées fuffifamment, on les laiffe expoféesenun tas
à l’air, & alors il s’y forme du vitriol, que l’on en
retire en lavant ces pyrites calcinées, ou ce qui vaut
encore mieux, en les faifant bouillir avec de l’eau
dans des chaudières de plomb ; on laiffe repofer cette
eau pendant quelque tems, afin qu’ elle puiffe fe dégager
des matières étrangères qui fe dépofent au
fond. Alors on la met dans de nouvelles chaudières
de plomb, dont le fond eft plat & peu profond, &
qui font placées fur un fourneau. On y fait bouillir
l’eau chargée de vitriol, ayant foin d’en remettre de
nouvelle à mefure que l’évaporation s’ en fa it, de
maniéré que la chaudière demeure toujours pleine.
On continue à faire bouillir l’eau vitriolique, jufqu’à
ce qu’elle devienne d’une confiftance épaiffe, &
qu’elle foit prête à fe cryftallifer, ce que l’on reconnoît
à la pellicule faline qui fe forme à fa furface ;
alors,on vuide cette eau dans des'auges ou cuves de
bois, où elle féjourne quelque tems pour fe clarifier,
après quoi on la remet dans d’autres auges ou cuves,
dans lefquelles on place des bâtons de bois branchus.
Par ce moyen*!© vitriol, fous la forme de cryftaux,
s’attache aux parois de ces auges, ôc aux bâtons
qu’on n’y a mis que pour préfenter un plus grand
nombre ae furfaces au vitriol qui fe forme. L ’eau qui
fumage aux cryftaux fe remet en évaporation avec
de nouvelle eau chargée de vitriol, & on la fait bouillir
de nouveau dans les chaudières de plomb, de la
maniéré qui vient d’être décrite. Mais il faut prendre
garde pendant la cuiffon, qu’il ne tombe aucune ma-'
tiere graffe dans la chaudière, parce que cela nuiroit
à l’opération.
Telle eft la maniéré qui fe pratique pour obtenir
le vitriol des pyrites grillées; elle peutavoir quelques
variations dans les différens p a y s, mais ces différences
fie font point effentielles. Quand on a obtenu
le vitriol de cette maniéré, il fe met dans des
tonneaux à l’abri du contait de l’air, & il eft propre
à entrer dans le commerce.
Onfent aifément qu’il eftprefque impoflible qu’un
vitriol foit parfaitement pur, vû que les pyrites contiennent
fou vent, outre 1« f e r , une portion plus ou
moins grande de cuivre, ce qui eft caufe que le vitriol
eft quelquefois mélangé ; & il peut aufli s’y trouver
des portions d’alun. Ainfi quand on veut faire
des opérations exaltes avec le vitriol, il faut le purifier
de nouveau, ou bien le faire artificiellement. Si
1 on veut avoir un vitriol martial bien pur, on n’aura
qu’à faire diffoudre dans l’eau le vitriol que l’on foup-
çonne de contenir quelques portions de cuivre, on
y trempera un morceau de fe r, & par ce moyen la
partie cuivreufe fe précipitera fur le fer qui deviendra
d’une couleur de cuivre, & les parties du fer
prendront la place du cuivre qui fe fera précipité.
Le vitriol bleu ou cuivreux, fe trouve quelquefois
ormé naturellement, quoiqu’en petite quantité ; il
e“ rare qu’il ne contienne point une portion de fe r,
parce qu’il eft produit par des pyrites qui contiennent
toujours néceffairçment ce métal, Cç vitriol fe
fait artificiellement-,'en 'mettant en démë'ntàtiori dèi
lames & des rognures de cuivre avec du foufre, oA
en fait des couches alternatives; l’âcide qui fe dégage
du foufre s’unit au cuivre -, & forme avec lui un
vitriol bleu, que l’on obtient en lavant le mélange*
& en le faifant cryftallifer.
Le vitriol blanc n’eft pas non-plus parfaitement
pur, comme celui qui vient de Goflar eft produit par
une mine très-mélangée, qui contient du fer , du cui*
v r e , du zinc, & du plomb ; il renferme fouvent des
portions de toutes Ces fttbftancés-.
On trouve quelquefois de ce vitriol blanc tout formé
par la nature, dans les fouterrains de la mine de
Ramelsberg, au Hartz, dans le Voifinage de la ville
de Goflar. Mais c’eft par l’art que l’on en obtient la
plus grande quantité. Pour cet effet, on commence
par griller la mine, qui comme nous l’avons obfervé,
eft très-mélangée ; après le grillage on lave cette mi*
ne dans de l’eau, que l’on laiffe féjourner pour qu’elle
fe clarifie. Alors on la décante, & on la verfe dans
des chaudières de plomb, où on la fait bouillir ; on
la laiffe repofer de nouveau, après quoi on la fait
cryftallifer. On calcine de nouveau les cryftaux de
vitriol blanc qui fe font formés ; on les diffout dans
de l’eau ; on laiffe repofer la diffolution ; on décante
enfuite la partie qui eft claire & limpide ; on la fait
bouillir de nouveau, & lorfqu’elle eft devenue d’une
confidence folide, on la met dans des moules
triangulaires, où ce vitriol achevé de fe fécher : ÔC
on la débite de cette maniéré. Malgré ces précautions
, ce vitriol ne peut être que très-mélangé, quoique
le zinc en faffe le principal ingrédient. Ert effet,
on peut en retirer ce demi-métal ; pour cela l’on n’a
qu’à diffoudre le vitriol blanc dans de l’eau ; on précipitera
la diffolution par un alkali fixe ; on mêlera
le précipité qu’on aura obtenu avec du charbon pul-
vérifé ; on mettra ce mélange en diftillation dans une
cornue de ve r re , & l’on trouvera qu’il fe fera attaché
dans le col de la cornue du zinc fublimé, qui
mêlé avec le cuivre, le jaunira : propriété qui cara-
Itérife ce demi-métal. Voye[ Zinc. On voit par ce
qui précédé, que quand on voudra avoir du vitriol
blanc, bien pur, le plus sûr fera de le faire foi-même
, en combinant de l’acide vitriolique avec du
zinc.
L ’alun , comme nous l’avons fait obferver, eftauflî
un vrai vitriol, il eft formé par la combinaifon de l’acide
vitriolique & d’une terre dont la nature eft peu
connue des chimiftes ; M. Rouelle la regarde comme
une terre végétale produite fur-tout par la décompofition
des bois qui ont été enfevelis en terre. Ce
lavant académicien croit que tout l’alun qui fe trouve
tout formé dans la nature eft produit des volcans
& des feux fouterreins. Il eft certain que ce fel fe
trouve en grande abondance en Italie, près du Vé-
fuve, de l’Etna, près de Rome, dans la Solfatara, &c~
on tire aufli l’alun de quelques terres eraffes & bitu-
mineufes qui fe trouvent près des charbons de terre,
& qui paroiffent formées par la décompofition d®
bois fofliles & bitumineux.
On donne quelquefois aux différens vitriols les
noms des pays d’où ils nous viennent ; c’eft ainfi
qu’on dit du vitriol romain, d’Hongrie, d’Angleterre,
de C h yp re , &c. Ces vitriols font plus ou moins purs
en raifon du foin que l’on apporte à les faire , & de
la nature des fubftances d’où on les tire. Avant que
de s’en fervir dans les opérations de la chimie , il eft
à propos de les purifier, pour les dégager des matières
étrangères qui peuvent s’être jointes^à ces vitriols par
le peu de foin que l’on a pris dans les atteliers où on
les travaille en grand ; pour les purifier, il faut dif-
foudre les vitriols dans de l’eau pure, filtrer la diflb-
lution, la faire évaporer, & enfuite la porter dans
un lieu frais pour qu’elle fe cryftallife. On pourra,;