fin il réfervoit le vingt-cinquieme pour une hiftoire
littéraire complette, dont il avoit donné un effai.
On convient généralement que l’ouvrage de Lam-
becius eft utile, curieux, 6c propre à perfectionner
l’ hiftoire littéraire ; mais l’auteur eil beaucoup trop
diffus. Daniel Neffelius, fucceffeur de Lambecius, a
donné un abrégé 6c une continuation de ce vafte
ouvrage fous ce titre : breviarium & fupplementum
commentariorum Lambeçianorum, & c . Vienne 6c Nuremberg,
16 9 0 1 in-fol. Get ouvrage n’a pas reufli
autant que celui de Lambecius. Jacques - Frédéric
Reimman a entrepris de donner un abrégé des deux
ouvrages en un leul volume in-8°. imprime à Hanov
re 1 7 1 1 , fous le titre bifarre de Bibliotheca acroa-
matica, 6cc. C’ eft une méchante rapfodie. {D . J . )
BOULAF, f. m. {Hiß. de Pologne.) c’ eft ainfi qu’on
nomme en polonois le bâton de commandement que
le grand 6c le petit général de la république reçoivent
du ro i, pour marque de leur charge.
Le boulaf eft une maffe d’armes fort courte, finif-
fant par un bout en groffe pomme d’argent ou de
vermeil, qu’on enrichit quelquefois de pierreries.
Ce bâton de commandement n’ eft pas celui qui figure
dan? les armées, mais une grande lance ornée
d’une queue de cheval, propre à être vue de loin
dans la marche, dans le combat, ou dans un camp.
Les deux généraux campent l’un à droite, l ’autre à
gauche de la ligne, avec cette marque du généralat
qui fe nomme bonechouh. M. l’abbé Coyer. (D . J . )
BROUET NOIR, (Littéral.) c’étoit un des mets
exquis des anciens Spartiates, mets dont les auteurs
grecs 6c latins ont parlé tant de fo is, 6c que le dô&e
Meurfius, par des conjectures tirées d’Athénée, croit
avoir été eompofè de chair de porc, de vinaigre 6c
de fel. Le ie&eur a peut-être bien vu dans les quef-
tions tufculanes ce que Cicéron rapporte agréablement
de D en y s, tyran de S icile, qui. avoit été fi fort
tenté de goûter du brouet noir, qu’il fit venir exprès
un cuifinier de Lacédémone pour le mieux apprêter.
Au premier effai le tyran s’en rebuta, & s’ en plaignit
au cuifinier qui lui dit qu’il avoit raifon, & qu’il
y manquoit une lauce. Denys ayant demandé quelle
fauce : «< ç’eft le travail de la chaffe, pourfuivitle cui-
» finier; ce font les eourfes fur le rivage de l’Euro-
» ta s , 6c la faim 6c la fo if des Lacédémoniens ».
(D . J . )
BULLE de C omposition , {Hiß. mod.) On inventa
depuis la bulle de la Croifade, celle de la com-
pofiùon , en vertu de laquelle il eft permis de garder
le bien qu’on a vo lé , pourvu que l’on n’en connoiffe
pas le maître. De telles fuperftitions font bien auffi
fortes que celles que l’on reprochoit aux Hébreux.
La fottile, la folie, 6c les vices font par-tout une partie
du revenu public. La formule de l’abfolution
qu’on donne à ceux qui ont acheté cette bulle, eft
ce lle -ci: « par l’autorité de Dieu tout-puiffant, de
» S. Pierre, de S. Paul, 6c de notre faint pere le pa-
» p e , à moi commife, je vous acçôrde la rémiflion
» de tous vos péchés confe.ffés, oubliés, ignorés, 6c
» des peines du purgatoire ». Effai fur l'hift. genér,
par M . de Voltaire. {D . J .)C
C A BO TA G E , f. m. {Navigation.) le cabotage eft
une navigation qui fe fait d’un port à l’autre dans un
royaume ; il eft pour le tranfport des marchandifes
& denrées par mer, ce que font les rouliers pour le
charroi des marchandifes 6c denrées d’une ville 6c
d’une province dans une autre. Ce cabotage eftab-
folument abandonné aux Hollandois ; 6c quoiqu’on
les ait affujettis en France au droit de cent fols par
tonneau, ce droit eft fi foible 6c leur économie fi
grande, que les fujets du roi ne font pas encore fuf-
nfamment encouragés à l’entreprendre ; il en dérive
un mal fenfible. en ce que les Hollandois continuant,’
pour ainfi dire , feuls a le faire, augmentent à-peu-
près d’autant le prix du fret ', lequel retombe nécef-
l'airement fur celui dés marchandifes que nousfaifofis
paffer d’un portdansun autre de ce royaume. On ne
viendra jamais plus -fûrement à-bout de tranfportér
aux fujëts du roi \e-cabotage, que nous laiffons ainfi
nfurper aux Hollandois , au grand préjudice de cet
é ta t, qu’en coupant le noeud gordien qui nous lie
les mains ; c’eft-à-dire en rendant une ordonnance du
foi dans l’efprit de l’aéle de navigation paffé au parlement
d’Angleterre en 1660 , que les Atfglois regardent
comme leur palladium. {D i 'J s ) -
GÆ SA R , {Hijl. rom.) les empereurs communi-
quoient le nom de Cafar à ceux qu’ils deftinoient à
l’empire ; mais ils ne leur don noient point les titres
à’imperator 6c d'auguftus; c’eût été les affociér actuellement.
CeS deux derniers titres marquoient la
puiffance fouveraine. Celui de Cafar n’étoit proprement
qu’une défignatïon à cette puiffance, qu’une
adoption dans la maifon impériale. Avant Dioclétien
on avoit déjà vu plufieurs empereurs & plufieurs Cà-
fars à-la-fois : mais ces empereurs pofféddient l’empire
par indivis. Ils étoient maîtres fôlidaitement avec
leurs collègues de tout ce qui obéiffoit aux Romains.
Dioclétien introduifit une nouvelle forme de gouvernement,
& partagea lès-provinces romaines. Chaque
empereur eut fon département. Les Cafars eurent
auffi le leur : mais ils étoient au-deffous des empereurs.
Ils étoient obligés - de les refpeûer comme
leurs peres. Ils ne pou voient monter au premier
rang que par la permiflion de celui qui lesta voit fait
CaJ'ar ou par fa mort. Ils recevoient de fa main leurs
principaux officiers. Ordinairement ils ne portoient
point le diadème, que les auguftes avoient coutume
de porter depuis D ioclétien. Cette remarque eft de
M. de la Bléterie. {D . J . )
CAHUCHU, ( Hijl. des drogues. ) prononcez ca-
houtekou, c’eft la réfine qu’on trouve dans les pays de
la province de Quito, voifins de la mer. Elle eft auffi
fort commune fur les bords du Maranon , 6c eft impénétrable
à la pluie. Quand elle eft fraîche, on lui
donne avec des moules la-forme qu’on v eu t; mais
ce qui la rend le plus remarquable , c’eft fa grande
élafticité. On en fait des bouteilles qui ne font pais
fragiles,& des boules creufes qui s’appiatiffent quand
on les preffe , & qui dès qu’elles ne font plus gênées,
reprennent leur première figure.
Les Portugais du Para ont appris des Omaguas à
fa ire , avec la même matière, des feringues qui n’ont
pas befoin de pifton. Elles ont la forme de poires
creufes, percées d’un petit trou à leurs extrémités i
où l’on adapte une cannule de bois ; on lés remplit
d’eau , & en les preffant lorfqu’elles font pleines^
elles font l’effet d’une feringue ordinaire. Ce meuble
eft fort en ufage chez les Omaguas.
Quand ils s’affemblent entr’eux pour quelque fête
, le maître de la maifon ne manque pas d’en pré-
fenter une par politeffe à chacun des conviés, 6c fon
ufage précédé toujours parmi eux le repas de cérémonie.
En 17 4 7 , on a trouvé l’arbre qui produit
cette refine dans les bois de Cayenne, oit jufqu’alors
il avoit été inconnu. Hift. de Cacad. des Scienc. année
, 7 4 5. { D . J . )
CANGE , f. m. ( Comm. ) liqueur faite avec de
l’eau 6c du ris détrempé. Les Indiens s’en fervent
pour gommer les chites. Voye^ C h it es .
CANONNIERE , terme de Bijoutier, fe dit de la
gorge d’un é tui, fur laquelle fe gliffe la partie fupé-
rieure de l’é tu i, appellée bonnet.
C A N T H A R U S , {Littérature.) c’eft proprement le
nom qu’on donnoitàlacoupe dont Bacchusfefervoit
pour b oire , ce qui fait juger qu’elle étoit de bonne
mefure, gravis, pelante, comme dit Virgile, Pline ,
■ l. X X X I I I . c. liij. reproche à Marins d’avoir bu dans
une pareille coupe après la bataille qu’il gagna contre
les Cimbres. {D . J .)
CASSEMENT, 1. m. Ç jardinage.) eft I’aélion de
'rompre 6c d’éclater exprès un rameau , une branche
de la pouffe précédente, ou un bourgfeon de
lannee , en appuyant avec le pouce fur le tranchant
de la ferpette , pour les fépârer 6c les emporter. Par
le moyen de cette opération, faite à l’endroit des
fous-yeux en hiver pour les branches , 6c en Ju in ,
ou au commencement de Juillet pour les bourgeons ,
vous êtes affuré de faire pouffer à cét endroit ainfi caf-
ïe , ou des boutons à fruit pour l’année même, ou
des boutons fructueux pour l’année prochaine , ou
du moins des lambourdes, quelquefois même ces
trois chofes à la fois ; mais cette opération n’a lieu
que pour les arbres à pépin , 6c rarement pour les
fruits à noyau. Si l’on coupe le rameau , la feve recouvre
la plaie , 6c il repôuffe une nouvelle branche
ou de nouveaux"bourgeons ; mais qüànd on le éaffe,
les efquiles forment un obftacle au recouvrement de
ta plaie, & de-là naiffent l’une des trois chofes qui
viennent d’être rapportées. Le cajfement doit fe faire
à un demi-pouce près de la naiffance ou de l’empâtement
de la branche ou du bourgeon, à l’endroit
même des fous-yeux.
Cette opération demande de grands ménagemens
& une main fage, autrement on épuiferoit un arbre
à force de le tirer trop à fruit en même tems : on
peut dire même que le caffement tient lieu du pincement
qui a toujours été en ufage jufqü’à préfent : la
force du préjugé l ’avoit fait croire bon , l’expérience
l ’a enfin détruit, & a convaincu que le pincement
tendoit à la ruine des arbres, & qu’on étoit
obligé de replanter fans ceffe , fans jamais pouvoir
jouir. { K )
CAS 1 E , f, f. {Hifl. mod.) ta nation imnlertfe des
gentils, ou peuples des côtes de Coromandel & Ma- !
labare , eft partagée en différentes caftes, ou tribus. 1
Un indien ne fauroit fe marier hors de fa cafté, Ou
bien il en eft exclus pour toujours mais il'n’en eft
point qui ne fe crût deshonoré, s’il étoit obligé d’en
fortir ; cependant il ne faut qit’urt rien pour la lui faire
perdre : car quelque baffe que foit la cafte dans la- j
quelle il eft né , l’entêtement ou le préjugé de chacun
en particulier , fait qu’il y eft auffi attaché qu’il
le feroitàcelle qui luidonnefoit le premier rang parmi
les autres. Un européen ne peut s’empêcher de rire
de la folie de l’indien fur le fujet de fa qualité ,*
mais celui-ci a fes préjugés comme nous avons les
nôtres , & comme tous les peuples de l’univers ont
les leurs , même les caftes de Guinée oïl de Mofâm-
bique.
C A ST IL L E , f.-f. {Jeux milit. français.) le mot càf-
tille , qui s’eft confervé dans le langage famillier pour
difpute , querelle , s’étoit dit anciennement de l’attâ-
que d’une tour ou d’un château , & fut employé depuis
pour les.jeux m ilitaires, qui n’en étoient que ta
repréfentation.
La cour de France , en 15 4 6 , paffant l’hiver à 1a
Rocheguyon, s’amufoit à faire des caftilles que l’on
attaquoit & defendoit avec des pelottes de neige ; !
mais le bon ordre que Nithar a fait remarquer dans
les jeux militaires de fon tems, ne regnoit point dans
celui-ci. La divifion fe mit entre les chefs ; 1a querelle
s’échauffa ; il en coûta la vie aû duc d’Enghien.
Voyei Vhiftoirede M. de T h o u jl. X I . M. de Rofrii,
en 1606, pour la naiffance du Dauphin, fitconftruire
à la hâte une caftille ou fortereffe de bois qui fut vi-
goureufêment attaquée & défendue , fuivant M. de
Thou , /. C X X X V I . Mèm, de M. de Sainte-Palaye fur
les tournois. {D . J . )
CAULICOLES, f. f. pl. {Architecl.) en latin cau-
liculi, ornement d’arçhitefture. Ce mot vient du la-
Tome X V 11%
hn èaulis, qui lignifie tige ePherbes. Lés Cdïillcoïes fo'rit
dès elpeces de petites tiges qui femblerit foutenir les
volutes dil ehapitëali corinthien. Ces petites tiges
font ordinairement cannelées, 6c quelquefois tories
à l’endroit oit elles commencent à jetter les feuilles.
l*n ^xen en forme de double couronne;
CAUSIE, fi f; ( Littéral) en grec nâvcria., cdëffuré
Ou armure dé tête, qui étoit commune à tous les Macédoniens
; Paufanias, Athénée, Plutarque & Héro-
dien en ont parlé. Il ën eft aüflî fait mention dan<î
l’anthologie. Cetté efpece de chapeau étoit fait dé
poil ou de laine, fi bien tiffue 6c apprêtée, que non-
feulement il fervoit d’abri contre le mauvais tems ■
mais qu’il pouvoit même tenir lieu de calque. Èu£
tachius en fait la deferiptioh dan’s fes commentaires
fur Homere, où il cite un paffage dè Paulàrtias, qui
pourroit faire croire que la coëffufe de tête que l ’on
nqmmoit caujia, etoit particulière aux ro'is de Macédoine.
Peut-être que cette armure devint dans là
fuite du tems un ornement royal. ( D . J J)
C A U T E R E , f. m. ( Jadinage. ) eft une opération
fort recente dans le Jardihage, laquelle produit des •
effets auffi admirables qu’avantageux. Elle confifté
à couper avec 1a pointe de la ferpette l’écorce d’un
arbre en droite ligne, de deux ou trois polices de
fong, & d’ entamer un peu le bois de la tige : on fait
l’incifion fur le côté ou fur le derrière du tronc, 6c
quand on la fait fur le devant de l’àrbre, on la couvre
d’un linge de peur que le foleil ne darde deffus ;
on prend enfuite un petit coin d’un bois dur bien
aiguifé, de la longueur de l’incifion, on l’ enfonce
afin qu’ il puiffe en remplir le fond. Après avoir taille
ce coin deux ou trois jours pour donner le tems à
1a feve d’y arriver, on l’ôte pour pouvoir vifitér la
plaie. Aux arbres à pépin on trouve de l’humidité,
& d e 1a gomme aux arbres à noyau; on nettoie la
plaie avec un linge chaque fois qu’on ta vifite, 6c
on remet le coin, que l’on retire enfin a uW it d’ un
mois ,Torfquela plaie,ne fuinte plus : elle fe referme
après avoir été efeoriée avec le bout d’une fpatulë
& effuyéè ; on la remplit de bouze de vache que'
l’on couvre d’un linge , ce qui termine l’opération.
On peut faire plufieurs cautères fut un arbre,
pourvû que ce foit à différentes branches, mais il
n’en faut jamais qu’un fur chaque ainfi qu’à là tige.
On en peut encore faire fur les racines en décëu^
Vrant deux des principales , d’un pié environ dé
long avec Un vailfeau deffous pour recevoir l’humidité.
Le trou fe recouvre de grande litiere afin de'
pouvoir vifiter 1a plaie tous les deux jours. Elle fe
rebouche enfuite, 6c le trou fe remplit d’une terre
bien amandée.
Le tems de faire les cduteres eft dans le printems
jufqu’au commencement de Juin. Il efteffentiel pour
réuflir dans cette opération qüe 1a partie de l’arbre
de la branche, ou de 1a racine fur laquelle ôn applique
un cautère foit jeune, vigoureufe, pleine de
feve., 6c qu’elle foit liffe 6c unie. <*
Le cautere procure à un arbre une ample végéta-»
tion; il leve les obftru&ions, purge la maffe de la
fe v e , lui donne plus de-jeu , rend le reffort aux
parties, leur donne plus d’aétion, enleve lès humeurs
lùperflues : fi le cautere eft fait fur les racines, il fer-
vira à égouter les humeurs de l’arbre, 6c à renouv
e le r 6c purifier la maffe de 1a feve.
Le jardinier y trouve encore l’avantage de faire
percer des boutons & des bourgeons dans les endroits
de l’écorce d’un arbre qui en eft entièrement
dénuée, en un mot d’attirer la feve par-tout où il
voudra. La raifon phyfique de l’effet du cautere eft
que l’incifion de 1a peau d un arbre fait que le fuc s’y
portant abondamment, y trouve une plus facile jflite
6c s’y arrête au-lieu de monter : alors elle dilaté les
D D d d d ij