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cipalement ce derniet qui eft aujourd’hui le feul
dont les préparations l'oient employées à ce titre.
Parmi un grand nombre de préparations antimoniales
que les Chimiftes ont décrites ou vantées lans
.en révéler la compolition , telles que, un aqua bene-
dicla Rullundi, un oxifaccharum emeticum AngeiiSale,
un oxifaccharum emeticum Ludovici; des firopseméti-
ques préparés avec les lues de tous les diftérens fruits
acides , avec le vinaigre 6c avec la creme de tartre ,
un fapa vomitoria Sylvii ; le mercure de v ie , la rôle
minérale d’Angelus Sala, &c. au lieu de tout cela, dis-
je , les Médecins inllruits n’ empioient plus que le tartre
émétique , & par préférence celui qui eft préparé
avec le verre d’antimoine, , ^
Le mochlique des frères de la charité de Paris ,
voyei cet article , n’ e.ft employé qu’à un ufage particulier,,
auffi-bien que le verre d’antimoine ciré ; fa-
v o i r , la colique de Poitou pour le premier, 6c la dy-
fenterie pour le dernier. Voye^ C ol iqu e & D ysen t
e r ie . .
C’ eft une pratique connue de tout le monde , que
celle de faire prendre de l’eau tiede a ceux à qui on
a donné des émétiques ; mais c’eft une réglé moins
connue de cette adminiftration , que celle qui pref-
çrit die n’en faire prendre que lorfque l’envie de vomir
eft prenante.
Il eft encore à-propos de faire d’obferver , que
l’a&ion des émétiques jette ordinairement dans des
angoiffes qui vont quelquefois jufqu’àla défaillance;
mais que cet état eft toujours tort paffager 6c n’a
point de fuite dangereufe. (.b),
VOMITIF, (Littéral.') on vient de lire la pratique
médicinale des vomitifs. Les Romains fur la fin de la
république en faifoient un ufage bien diftérent ; ils
en prenoient immédiatement avant 6c après le repas
, non-feulement pour leur fonté, mais par luxure.
Ils prennent un vomitif, dit Seneque, afin de
mieux manger , 6c ils mangent afin de prendre un
yomieif; par cette évacuation avant que de manger,
ils fe préparoient à manger encore davantage, 6c en
vuidant leur eftomac d’abord après avoir mangé , ils
croyoient prévenir tout accident qui pouvoit relul-
ter de la réplétion ; ainfi Vitellius , quoiqu’il fût un
fameux glouton , eft dit avoir confervé fa vie par le
moyen des vomitifs, tandis qu’il avoit crevé tous Tes
camarades, qui n’avoient pas pris les mêmes précautions.
, . .
Cicéron nous apprend, que Cefar pratiquoit fou-
vent cette coutume. Il écrit à Atticus, 1 an 708 de
R om e , que ce vainqueur des Gaules étant venu le
voir dans les faturnales , il lui avoit donne un grand
repas à la maifon de campagne. Après qu’il le fut
fait frotter 6c parfumer, ajoute Cicéron, il prit dans
ja matinée un vomitif, fe promena 1 après-midi, fe
mit le.foir à table , but, mangea librement, &.mon-
tra beaucoup de gaîté dans ce fouper. Céfar en prenant
un vomitif chez C icéron, lui prouvoit par - là ,
qu’il avoit de Rein de faire honneur à fa table ; mais
ce qui plut encore davantage à l’orateur de Rome ,
fut la converfatibn fine 6c délicate qui régna dans
cette fête , benc cocio & condito fermone. Ce n’ eft pas
néanmoins , ajoute Cicéron , un de ces hôtes à qui
l’on dit ; ne manquez pa s, je vous prie , de repaffer
chez moi à votre retour ; une fois c’eft allez. Céfar
avoit deux mille hommes pour cortege. Barba Caf-
fius fit camper les foldats au-dehors. Outre la table
de Céfar-, il y en avoit trois autres très-bien fervies
pour les principaux de fa fuite, comme auffi pour fes
affranchis du premier & du fécond ordre. La réception
n’étoit pas peu embarraffante dans la conjoncture
des tems ; cependant on ne parla point de cho-
fes férieufes, la converfation fe tourna toute entière
du côté de la littérature avec beaucoup d’aifance 6c
d’agrément. Alors les Romains fe délaffoient des af-
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faires d’é ta t , par les plaifirs de l’efprit. (D. J.)
VOMITOIRE , f. m. ( Antiq. rom. ) on appelloit
vomitoires , vomitoria chez les Romains , les endroits
par où le peuple fôrtoit du théâtre. L ’affluencë
du monde qui paffoit par ces endroits-là pour vuider
le théâtre, donna vraiffemblablement lieu à l’origine
du mot. (JD. J .)
VONTACA , f. m. ( Hift. nat. Botan. exot.) fril;t
des Indes orientales, appelle par Garckis, coing de
Bengale ; Rai nomme l’arbre qui le porte arbor cucur-
bitifera. C’eft un grand arbre ,. garni de quantité de
rameaux épineux. Ses feuilles fixées trois enfenible
à une même queue , font rondes, dentelées en leurs
bords, luifantes, odorantes. Ses fleurs font attachées
fix ou fept à un pédicule ; elles font compofées de
cinq pétales oblongs, 6c répandent une odeur agréable.
Ses fruits font ronds, couverts d’une écorce ver*
dâtre, déliée , fous laquelle il y en a une autre qui
eft dure, ligneufe, prefque offeufe ; ils contiennent
une chair vifqueufe , jaunâtre , humide , d’un goût
aigre-doux ; les femences qu’ils renferment, font
oblongues , blanches , pleines d’un fuc gommeux,
tranfparent ; on confit ce fruit mûr ou verd, au fucre
ou au vinaigre ; 6c quand il eft confit avant fa matu*
rité , on l’emploie contre le cours de ventre. (D . ƒ.)
. VOORBOURG ou VOORBURG , ( Géog. mod.)
village de la Hollande, entre Delft 6c Leyde, au voi-
finage de là Haye. C ’eft l’un des plus anciens & des
plus beaux villages de Hollande, 6c c’ eft affez en faire
l’éloge. (D . / .)
VO ORHO UT, (Géog. mod.) village de Hollande,
fur le chemin de Leyde à Haerlem, mais village il-
luftré le 3 1 Décembre de l’an 16 6 8 , par la naiflance
de Herman Boërhaave , un des grands hommes de
notre tems, 6c un des plus célébrés médecins qu’il
y ait eu depuis Hippberate, dont il a fait révivre les
principes 6c la doélrine.
Son pere , miniftre du village, cultiva l’éducation
de ce fils, qu’il deftinoit à la théologie , & lui enfei-
gna ce qu’il fàvoit de latin , de grec , 6c de belles-
lettres. Il l’occupoit pour fortifier fon corps , à cultiver
le jardin de la maifon , à travailler à la terre, à
ferner, planter, arrofer. P e u -à -p e u , cet exercice
journalier qui délaffoit fon efprit , endurcit fon
corps au travail. Il y fit provifion de forces pour le
refte de fa v ie , & peut-être en remporta-t-il ce goût
dominant qu’il a toujours eu pour la Botanique.
Agé d’environ douze ans, il fut attaqué d’un ulcéré
malin à la cuiffe, qui réfifta tellement à tout
l’art des Chirurgiens , qu’on fut obligé de les congédier
: le malade prit le parti de fe foire de fréquentes
fomentations avec de l’urine , où il avoit diflout
du f e l , 6c il fe guérit lui-même. Les douleurs qu’il
fouffrit à cette1 occafion pendant près de cinq ans,
lui donnèrent la première penfée d’apprendre la Médecine
; cependant cette longue maladie ne nuifit
prefque pas au cours de fes études. Il avoit par fon
goût naturel trop d’envie de favoir , & il en avoit
trop de befoin par l’état de fa fortune ; car fon pere
le laiffa à l’âge de quinze ans, fans fecours, fans con-
fe il, 6c fans bien.
Il obtint néanmoins de fes tuteurs, la liberté de
continuer fes études à Leyde , & il y trouva d’illuf-
très proteûeurs qui encouragèrent fes talens, & J®
mirent en état de les foire valoir. En même-tems qu »
étudioit la Théologie, il enfeignoit les Mathématiques
à de jeunes gens de condition, afin de n’etre a
charge à perfonne. Sa théologie -étoit le grec, 1 »e‘
breu , le chaldéen , l’Ecriture-fointe , la critique
du vieux 6c du nouveau Teftament, les anciens ai '
teurs eccléfiaftiques, 6c les commentateurs les pluS
renommés. . M
Un illuftre magiftrat l’ encouragea à joindre la P
decine à la théologie -, 6c il ne fut pas difficile de
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porter à y donner auffi toute fon application. Ë n effet,
il faut avouer , que quoiqu’egalement capable dé
réuffir. dans ces deux fciences, il n’y ëtoit pas-également
propre. Le fruit d’une vafte & profonde lec-^
;ure avoit été .de lui perfuader que la religion étoit
depuis long-tems défigurée par de vicieüfes fubtilités
philofophiques , qui n’avoient produit que des difé
tenfions & des haines, dont il auroir bien de la pek
ne à fe garantir dans le facré miniftere ; enfin , fou
penchant l’emporta pour l’étude de la nature. 11 apprit
par lui-memed’anatomie-, &-s’attaehà à; lâièélür
re clés Médecins , en fuivant- l’ofdrë des tems, comme
il avoit fait pour les auteurs' eccléfiaftiques.
Commençant par H ippocrate,. il lut tout ce qtié
les Grecs 6c les Latins nous ont laiffé dé plus fovant
en ce genre ; il en fit dès extraits, il les digéra , 6c les
réduiut en fyftèmes , pour fe rendre propre fout ce
qui y étoit contenu. Il parcourut avec la même rapidité
6c la même méthode, les écrits dés modérées;
Il ne cultiva pas avec moins d’avidité la chimie'& la
botanique ; en un mot, fon génie le côndüifît dans
toutes les fciences néceffaires à un médecin ; & s'occupant
continuellement à étudier les ouvragés des
maîtres de l’a r t , il devirit-l’Efculape .de fonfieelë.
Tout dévoué à la Médecine1, il réfolut de n’êtrë
déformais théologien qu’autant qu’il lé falloir pour
être bon chrétien;.Il n’eut point’ dé regret, dit M;de
Fontenelle, à la vie qu’il auroit menée, à ce zele
violent qu’il auroit fallu montrer pour des opinions
fort douteufes , & qui ne méritoient que la tolérance
, enfin à cet efprit de parti dont il auroit dû prendre
quelques apparences forcées , qui lui aufoieni
coûté beaucoup , & peu réuffi;
Il fut reçu doefeur en médecine l’an 1693 , âgé de
•25 ans, 6c ne difcontinua pas fes leçons de mathématique,
dont il avoit befoin, en attendant lés malades
qui ne vinrent pas fitôt. Quand ils commencèrent
à venir, il mit en livres tout ce qu’il pôuvoit
épargner , 6c ne fe crut plus à fon aife, que parce
qu’il étoit plus en état de fe rendre habile dans fa
profeffion. Par la même raifon qu’il fe faifoit peu-à-
une bibliothèque , il fe fit auffi un laboratoire de chimie
; 6c ne pouvant fe donner un jardin de botanique,
ilherborifa dans les campagnes 6c dans les lieux
incultes.
7 * '— î u p r o m e t :
de la chaire qui vint bientôt à vacquer. Les premie:
pas de fa fortune une fois faits, les fuivans furent r
pides : en 17 0 9 , il obtint la chaire de botanique , l
-en 17 18 , celle de chimie.
Ses fondions multipliées autant qu’elles poi
voient l’être, attirèrent à Leyde un concours d’étrai
gers qui enrichiffoient journellement cettè ville. I
plupart des états de l’Europe fourniffoient à Boe:
„haave des difciples ; le Nord & l’Allemagne princ
paiement , 6c même l’Angleterre, toute.fiëre qu’el
■e t , & avec juftice, de l ’état floriffant où les feier
ces *°(nt chez elle. Il abordoit à Leyde des étudiar
en médecine de la Jamaïque 6c de la Virginie, con
me de Conftantinople 6c de Mofcow. Quoique !
meu ou il tenoit fes cours particuliers , fut aff«z va
te, louvent pour plus de lûreté , on s’y faifoit gà:
er une place par un collègue, comme nous faifor
ici aux fpe&acles qui réufîiffent le plus.
M pUtreJ es ^ uahtés eflëntiélles au grandprofeffeu:
’ j ^erhaave avoit encore celles qui rendent 'a'
m S r " *^eS » ü leur foifoit fentir la reçor
les1 r e ^ la5,confidération qu’il leur portoit, pé
fonlgraCeS •Clu'^ dans fes inftrudiohs. Nor
•tem.rnent • très-exad à leur donner tout !
-oui a mais il ne prôfitoit jamais des âccider
l L ' UrT nt Çu légitimement lui épargner quelque
Ç°n,s, ;neme quelquefois il prioît-fos difeiph
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J ’agréef qu'il en augmentât -lé nombre. Tous les
équipages qui venaient le chercher pouf les plus
grands -leignéufsq étoient obligés d’attendre que
l’heure des cours fut écoulée;
Boerhaave foifoit encore plus vis-à-vis de fes d if*
ciples; il s?étudioit à connoître leurs talens ;iile s en-
courageoit ~6c les âidoiï par des attentions particulières.
Enfin s’ils tomboiént malades, il étoit leur médecin
, & il les préféroit fans héfiter, aux pratiques
les plus brillantes 6c les-plus lucratives; en un mot,
il regarddit'cetix qui venoient prendre fes inftruc-
tions , comme fes ënfons adoptifs à qui il devoit fon
fecours ; ÔC'en les traitant dans -leurs maladies, il
les inftruifoit encore efficacement.
Il rempliflbit fes trois chaires-de profeffeurde la
même maniéré , c eft-à-dire avec le même éclat. Il
publia en 17 0 7 , fes Inflkûtions de médecine, & l’an-
nee fuivante lès Aphonfnes fur la connoiffance 6c
fur la cure des maladies. Ces deux ouvrages-qui fe
réimpriment tbus les trois ou quatre ans, font admirés
des maîtres de l’art. Boerhaave ne fe: fonde que
fur l ’expérience bien avérée, 6c laiffe à part tousles
fyftèmes, qui ne font ordinairement que d’in^énieu -
fes productions de l’efprit humain déîàvouées parla
nature. Auffi comparoit-il ceux de Defcartes à ces
fleurs brillantes qu’un beau jour d’été voit s’ épanouir
le matin , 6c mourir le foir fur leur tige-. •
Les I n f itutions forment un" cours entier de médecine
théorique , mais d’une manière très-, oncife 6C
dans des termes fi choifis, qu’il feroit difficile de s’exprimer
plus nettement en moins de mots. Auffi
rauteur n’a eu pour but que 'de donner àTes difciples
des germes de vérités réduits en petit, & qu’il faut
développer , comme il le faifoit par fês.explicâtions.
Il prouve dans cet ouvrage que tout ce qui fe fait
dans notre machine, fé fait par les lois de la mécha-
nique . appliquées aux corps folides 6c liquides dont
le nôtre eft compofé. On y voit encore la liaifon de
la phyfique 6c de la géométrie avec la médecine ;
mais quoique grand géomètre, il n-’a garde de regarder
lës principes de fa géométrie comme fuffifons
pour éxpliquëf les phénomènes du corps humain.
L ’utiiité de ce beau livre a été reconnue jtifque
dans l’Orient ; le mufti l ’a traduit en a:-?, b s,ainfi que
les Apkorifmes; & cette traduClion que M. Schultens
trouva fidële , a été mife au jour dans l’imprimerie
de Gpriftântinople fondée par le grand-vifir.
Tout ce qu’il y a de plus folide par une expérience
confiante, régné dans ies Apho'rifmes de Boerhaâ-
ve ; tout y eft rangé avec tant d’ordre, qu’on ne ëbn-
noit rien de plus judicieux, de plus vrai, ni de plus
énergique dans la fciencë médecinale. Nul autre,
peut-être, aprèsi’Efculape de la Gre ce , n’a pu remplir
ce deffein, ou du-moins n’a pu le remplir auffi
dignement, que celui qui guidé par fon propre génie,
avoit commencé à étudier la médecine par la leûuse
d’Hippoçfàte, & .s’étoit nourri de la doélrine de cet
auteur. Il a encore raffemblé dans cet ouvrage, avec
un choix judicieux, tout ce qu’il y a de plus important
& de mieux établi dafts les médecins anciens
grecs & latins, dans les principaux auteurs arabes ,
6c dans les meilleurs écrits modernes. On y trouve
enfin les différentes lumières que répandent les découvertes
modernes',, dont dé beaux génies ont enrichi
lesTèiènCes. Toute cette vafte érudition eft amplement
développée par les beaux commentaires de
Van-Swieten fur cet ouvrage, & par ceux de Haller
fur les Inftitutions de médecine.
J ’ai dit que ;M. Boerhaave fut nommé profeffeur
de Botanique en 170.9 , année funefte aux plantes
par toute l’Europe. 11 trouva dans le jardin pubücde
"Leyde environ trois mille firnples,& dix ans après,
il âvoit déjà doublé ce nombre. Je fais que d’autres
«tains,pourvoient travailler aufoin de ce .jardin; mais