•conduite du régulateur, & quatre ouvriers feront
jouer la fcie.
Le fuccès de cette machine a été tel que fur plus
de 600 p ieux, fciés à 1 1 6c 15 pies fous la iurt'ace
des eaux, on n’a éprouvé aucune différence fenfible
fur le niveau de leurs feftions; qu’on en a conftam-
ment fcié quinze 6c vingt par jour, 6c que huit hommes
ont fervi à toutes les manoeuvres du fciage. Article
de M. DE VoGLIE , ingénieur du roi en chef dans
la généralité de Tours.
PO U , ( Scienc. microfcop.') le pou a une coque ou
peau fi tranfparente, que nous pouvons mieux découvrir
ce qui fe paffe dans fon corps, que dans la
plupart des autres petites créatures vivantes , ce qui
le rend un objet charmant pour le microfcope. Il a
naturellement trois divifions qui font la tête, la poitrine
6c le ventre , ou la partie de la queue. On voit
à la tête deux yeux noirs 6c fins', avec une corne
au-devant de chacun de ces yeux ; cette corne a cinq
jointures, 6c eft environnée de poils. A l’extrémité
du inufeati, il y a une partie pointue qui fert d’étui,
pour un infiniment à fucer ou à percer ; cet animal
le fait entrer dans la peau pour en tirer le fang ou
les humeurs dont il fe nourrit, n’ayant point de bouche
qui puiffe s’ouvrir ; cet infiniment à percer ou
à fucer le fang, eft fept cens fois plus délié qu’un
cheveu, 6c enfermé dans un autre fourreau qui eft
au-dedans du premier. L ’animal peut le poîiffer en-
dehors , ou le retirer comme il lui plaît.
Sa poitrine eft marquée d’une tache au milieu ; fa
peau eft tranfparente 6c pleine de petits creux. Il
fort de la partie inférieure autour de la poitrine, fix
jambes qui ont chacune cinq jointures, dont la peau
femble de chagrin, excepté vers l’extrémité oii elle
paroît plus douce ; chaque jambe eft terminée par
deux ongles crochus , de longueur 6c de grandeur
inégale il s’en fert comme nous ufons du pouce 6c
du doigt du milieu ; il y a des poils entre ces ongles
6c au-deffus de toutes les jambes.
Sur le derrière de la partie de la queue, on diftin-
gue quelques divifions en forme d’anneaux , beaucoup
de poils, 6c des efpeces de marques qui imitent
les rougeurs que laiffent les coups de fouet. La
peau du ventre paroît comme du chagrin, 6c vers
l’extrémité inférieure, elle eft pleine de petits creux;
à l’extrémité de la queue, il y a deux petites parties
demi-circulaires , toutes couvertes de poils qui fervent
à cacher l’anus.
Lorfque le pou remue fes jambes, on diftingue le
mouvement des mufcles qui fe réunifient tou s dans une
tache noire, oblongue, qui eft au milieu de fa poitrine
; il en eft de même du mouvement des mufcles à
la tête, lorfqu’il remue fes cornes. Le mouvement
des mufcles eft vifible dans plufieurs articulations des
jambes ; on peut voir de meme les différentes ramifications
des veines 6c des arteres qui font blanches ;
mais ce qu’il y a de plus furprenant, c’eft le mouvement
périftaltique des inteftins, continué depuis l’ef-
tomac, le long des boyaux jufqu’à l’anus.
Si un pou bien affamé eft placé fur le dos de la
main , il enfonce dans la peau fon infiniment à fucer
, 6c l’on voit paffer le fang comme un torrent délié
dans la partie antérieure de la tête; d e -là tombant
dans une cavité ronde, il paffe encore dans un
autre récipient circulaire au milieu de la tê te , d’oîi
il vient à la poitrine par un vaiffeau plus petit, 6c
de-là à un boyau qui aboutit à la partie du derrière
du corps, oii par une courbe il retourne un peu en-
haut. Dans la poitrine 6c le b oyau, le fang fe meut
fans interruption avec une grande force, fur - tout
dans le b oyau, 6c cela avec une telle contraélion du
boyau, qu’on ne peut s’empêcher d’en être furpris.
Si l’on place un pou fur fon d o s, on y voit deux
taches noirâtres de fang, la plus grande au milieu
du corps, 6c la moindre vers la queue. Dans la pîiis
grande tache, une veflie blanche fe refferre 6c fe dilate
en-haut 6c en-bas, depuis la tête vers la queue ;
ce battement eft fuivi de celui de la-tache noire de
fang, fur laquelle la veflie blanche paroît attachée ;
ce mouvement defyftole 6c de diaftole fe voit mieux
lorfque le pou s’affoiblit. La veflie blanche qui bat de
la forte paroît être le coeur, car fi on la pique , le
pou meurt à l’inftant. Dans un grand po u , on peut
voir le battement fur le dos, mais on ne fauroit voir
la membrane blanche, fans lui tourner le ventre en-
haut. Le doéleur Harvey conjeélure que la tache
noire inférieure eft l’amas des excrémèns dans les
boyaux.
Les poux ne font pas hermaphrodites, comme oit
l’a imaginé par erreur, mais mâles 6c femelles. Leeu-
wenhoek a découvert que les mâles ont un aiguillon
à leur queue , & que les femelles n’en ont point, 6c
il croit que la douleur cuifante qu’ils produifent de
tems-en-tems, vient de leur aiguillon, lorsqu’on les
tourmente , en les preffant ou autrement ; car fi on
les prend rudement à la main , on les voit pouffer
en-dehors leur aiguillon. Il dit qu’il reffentit peu de
douleur ou d’incommodité de leur infiniment, à fucer
ou à percer, quoiqu’il en eut fept ou huit tout-
à-la-fois qui prenoient fur fa main leur nourriture.
Les femelles font des oeufs ou des lentes , d’oii les
jeunes poux fortent parfaits dans tous leurs membres,
6c il ne leur arrive plus d’autres changerions qiie l’a*
grandiffement.
Le même Leeuwenhoek voulant favoir la proportion
6c le tems de leur agrandiffemeht, plaça deux
femelles dans un bas n o ir , 6c il trouva que l’une
dans fix jours avoit.fait cinquante oeufs ; mais en la
diffequant, il en vit beaucoup plus dans l’ovaire ;
d’où il conclut que dans doiize jo u r s, elle en auroit
fait cent. Ces oeufs eclos dans fix jours, auroient probablement
produit cinquante mâles 6c autant de femelles
, 6c ces femelles ayant pris tout leur accroif-
fement dans dix-huit jours , auroient fait chacune,
douze jours après, comme on peut le fuppofer, encore
cent oeufs. Ces oeufs, au-bout de fix jours, tems
requis pour les faire e clorre, auroient produit une
jeune couvée de cinq mille de fes defcendans. Cette
multiplication doit faire trembler les gens pouilleux.
On peut diffequer un pou dans une petite goutte
d’e au, fur un morceau de verre qui puiffe s’appliquer
au microfcope ; mais fans eau, il eft très-difficile
d’en féparer les parties, maislorfqu’pn les a fq-
parées, elles fe rident 6c fe fechent immédiatement
apres. Par le moyen de l’eau, on peut trouver dans
l’ovaire d’unfe femelle cinq ou fix oeufs parfaits, 6c
fur le point d’en fortir, avec d’autres de différentes
grandeurs, mais beaucoup plus petits.
| Dans le pou mâle, le pénis eft remarquable aufli-
bien que les tefticules, dont il a une double paire.
Ces animaux évitent la lumière autant qu’il leur eft
poflible, 6c fouffrent le froid impatiemment. L o r fque
les femelles font groffes , elles paroiffent plus
blanches que les mâles, à caufe de la multitude de
leurs oeufs.
La plupart des infe&es font infeélés de poux , qui
prennent fur eux leur nourriture 6c qui les tourmentent.
Une efpece d’efcarbot ou ce rf volan t, connu
fous le nom d’efcarbotpouilleux, eft remarquable par
le nombre des petits poux qui courent fur lui fort vite
, d’un endroit à l’autre, & qu’on ne peut pas fe-
couer. Quelques autres efcarbots ont aufli des poux
mais de différentes efpeces.
Le perce-oreille eft fouvent tourmenté par des
poux t fur-tout au-deffous de la tête ; ils font blancs
6c brillans comme des mites, mais beaucoup plus
petits : ils ont le dos rond, le ventre plat, 6c de longues
jambes.
Les limaces de toute efpece, fur-tout les gfaïldes,
iqui n’ont point de coques , font couvertes” de plusieurs
petits poux extrêmement agiles, qui vivent &
le nourriffent fur elles.
On voit fouvertt autour des jambes des araignées,
nombre de petits poux rouges qui ont une tres-pe-
tite tête, 6c qui reffemblent à une tortue ; ils s’attachent
fortement à l’araignée tant qu’elle vit 6c la
quittent dès qu’elle eft morte.
On découvre fouvent des pàux blanchâtres qui
courent fort vîte fur les groffes abeilles 6c fur les
fourmis ; on en découvre plufieurs fortes fur les poif-
fons. Kircher dit qu’il a trouvé des poux fur les puces
, du-moins il y a peu de créatures qui en foient
exemptes ; les baleines en fourmillent d’une maniéré
incroyable.
. O n a trouvé trois fortes de poux fur le faucon
fur le gros pigeon, la tourterelle, la poule , l ’étour-
neau, la grue, la poule d’eau, fur la pie , le héron,
le petit héron, le cygne, le canard de Turquie, la
mouette, 6c fur l’oie fauvage, de deux fortes ; fur
la faroelle, la crecerelle, le paon, le chapon, la corneille
, l’étourneau blanc, 6c les hommes de deux
fortes ; fur la chevre, le chameau * l’âne , le bélier
d Afrique, le tigre 6c le ce rf, de deux fortes, &c. 6c
toutes les deux fortes font encore différentes dans
chaque oifeau 6c animal. Le pou du lion eft plus grand
& d’un rouge plus éclatant que le pou du tigre. (D . J .)
S
SER RU R ER IE , f. f. ( Art. méchan. ) par le nom
a eferrurerie , l’on entend l’art de travailler le fer de
différente efpece ; 6c d’en forger & fabriquer tous
les ouvrages qui concernent cette partie , comme
grilles, balcons, rampes, appuis ; 6c pour la con*
llruétion des bâtimens, les ancres, tirans, cram-
pons , harpons, boulons, étriers, pentures, gons ,
pivots, fiches, ferrures, loquets, verrouils, fléaux,
efpagnolettes ; ung grande partie des outils des artisans
, 6c des uftenfiles de cuifine 6c de ménage ; c’eft
de tous les métaux, le plus en ufage pour les commodités
de la v ie , & l’or 6c l’argent, tout précieux
qu ils fo ien t, ne lui font point comparables à cet
egard, aufli les habitans du nouveau Monde, fi riches
en mines dès plus précieux métaux , font-ils
très-peu de cas de l’or & de l’argent qu’ils ont en
abondance, en comparaifon d’un métal fi utile; &
ce fentiment naturel, fondé fur la néceflïté* vaut
peut-etre bien l’or & l’argent que la vanité a intro- i duit 6c entretient encore tous les jours parmi des
peuples policés. Ce mot vient de ferrure , qui eft
l ’ouvrage le plus en ufage dans cet a r t , 6c celui-ci
du latin fero , qui veut dire ferrer, dont l’origine fe
trouve dans quelques langues orientales, parce que
c’eft avec une ferrure que l’on enferme ce que l’on
a de plus précieux, 6c qu’on le peut tenir en sû*
reté.
Il n y a aucun doute que l’art de ferrtirerie ne foit
des plus anciens ; la neceflité 6c la commodité qui
ont fait inventer tous les arts, fe rencontrent dans
celui-ci autant que dans les autres, foit pour la liai-
fon 6c la folidité des bâtimens, foit pour la fûreté
des biens publicis & particuliers y foit encore pour
une multitude innombrable de befoins dans la vie ;
c’eft à cet art que nous devons une infinité d’ouvrages
travaillés avec beaucoup de goût & de génie,
dans lefquels il femble que le fer ait perdu fa dureté
& fon inflexibilité, tant il y a de délicateffe 6c
de perfeélion dans les contours &ornemens qui les
èmbelliflént ; les grilles de Verfailles & de Maifons,
celle du choeur de l’églife métropolitaine de Paris >
celle de l’églife de Saint-Denis en France, celle
fur-tout de l’églife patriarchale de Lisbonne en Por* !
rugal, qui a été faite à Paris, font autant de chef- '
d W f e s éahs leur géïirê , que nous traitefShs dans
la lui te plus ail long.
La fimutrU fe divife en deux parties principales i
I une eft la connoiffance des différentes efpeces dé
f t r & 1 autre eft la maniéré d’en fabriquer toute,
fortes d ouvrages félonies diverfes occafionsquê
1 on a dè les employer.
Pnmmtpartit. B n f , r e h général. Le t * èïl Ult
métal dur & fec fort difficile à fondre, mais dufti-
■ c eft un minerai auquel les chimirtes ont donné
le nom de Mars , lui ayant trouvé quelque rapport
à la p artete de ce nom. L ’Af.e , l 'Afrique, & fur*
tout 1 Europe , font les lieux de la terre où l’on
trouve affez communément des mines de fer & la
France, en particulier, en eft très-abondante. Les
habitans du Nouveau-Monde , au contraire très-ri^
ehes en mines des plus précieux métaux, n’ont
point de mines de fer ; aufli préférent-ils ce métal
a 1 ot de 1 argent qu’ilS 'ont en abondance.
Quoiqu’il nous arrive du fer d'Allemagne, dé
Suede 6c d’Efpàgne, la plus grande partie que l’on
en emploie en France , vient des provinces de ce
royaume ; les plus fécondes en mines font la Cham-
pagne-j la Lorraine-, la Bourgogne, la Normandie1“
le Maine , le B e r r y , le Nivernois, la Navarre &
le Beàrn. ’
D u fe r félon fù'pfopriitls. Le fer fe divife eh deux
efpeces ; la première eft la fonte, qualité très-aigre,
dure oc caftante, qui fe coule dans des moules faits
exprès, Si auxquels on donne la forme que l’on juge
à propos ; c’eft de cette efpece que l’on fait les canons,
bdhibes.botflets, tuyaux de conduite contre
coeurs de'cheminée, p oêles, m a rm i t e s a u tres
ufteiifilés de cuifine , St enfin des gueufes qui
font des màffes d’environ dix à douze pies delbng
dix à douze pouces de large , du poids d’environ
qumze'ou dix-huit cens livres , dont dn fabriqué
la fécondé efpece 1 celui qui nous vient d’Allemagne
fouffre un peu la lime , mais celui de France ne petit
fe polir qu’avec le grès où l’émerii.
Plus la mine eft en fufiôn , & p lü s l e f e f en eft
bon , fur-toUt lorfqu’elle a été chauffée' aVec du
charbon très-fcc, fait avec de jeunes bois, Sc gardé
d’un ail ou deux. 5
Pour mettre le fer en état d'êtr’e travaillé par les
ferruriers , maréchaux , taillandiers , & autres ouvriers
, il faut le fondre une fécondé fois : on prend
pour cet effet les gùeufes que l’on frappe enfiiite
avec un marteau gros St lourd, appellé martinet
mu par uh rUiffeau oh petite fiv ie re , ordinairement
voifine des grandes forgés ( c’eft ainfi que l’on appelle
le lieu où l’on fabrique le fer ) , enfuitè On le
fait chauffer dans la chaufferie, & en le frappant de
nouveau fur l’enclume , on le réduit en barres ou
verges de plufieursgroffeurs, longueurs, & autres
formes, dont nous verrons dans la fuite le détail}
alors il fouffre la lime , mais ne peut plus fe fondre
Les fers d’Allemagne St de Suede font en général
beaucoup meilleurs St plus doux que ceux de
France ; ceux d’Efpagne , au-contrairé , font pouf
là plupart rouverains ( pleins de craffe & difficiles à
fouder ) , & mêlés de grains d’acier (grains fi durs
que la lime ne fauroit v mordre) : on en fait un très-
gros commerce à Amfterdam. Les fers de Normandie
font de tous les fers les plus caftans , & dontle
grain eft le plus gros ; ceux dé Saint-Difier St de
Bourgogne ne font pas beaucoup meilleurs ; ceux dë
Roçhe & de Vibrai font doux & fermes, & d’un
grain plus fin ; ceux de Senonche, près Montmi-
ra il, au Mans, font aufli doux & plians , & de
bonne qualité ; ceux que l’on tire du Nivernois font
très-doux , très-fermes, St très-propres à faire des
épées , canons de moufquets , & autres ouvrâgej
de cette efpece ; ceux de Berri font fans contredit