7 7 1 ( *
mité ; & d’uii autre co té , quec’ eftune grande injuftl-
<e de I’appeller arien , & même le chef des Ariens ,
comme a fait S. Jérôme , pùifqu’il rejette formellement
ce qui fait le caraâere diftinttif de la doftrine
•d’Arius, que le verbe à été fait de rien , qu’ il n’eft
point de la fubftance du p ere, mais d’une autre fub-
ilance , & qu’il y a eu un tems où il n’ exiûoit point.
[ L e chevalier D E J A U COU R T . )
F I .
FARINE , f. f. (Economie?) la farine d’Angleterre
eft la plus fine & la plus blanche du monde ; celle
de France eft ordinairement plus brune , & celle
‘d’Allemagne l’eft encore davantage. Mais fi la farine
d e froment d’Angleterre a la prérogative de la fineffe,
d é la blaricKëur & même de fe bien conferver dans le
pays , elle a l’inconvénient de contrafter aifément de
l ’humidité par conféquent de fe gâter promptement
dans l’exportation par mer. Cette farine eft
expoféë à nourrir des vèr's qui s’y engendrent avec
une grande facilité. Çes vers font blancs dans la fine
farine , bruns dans celle qui eft brune, & .conféquem-
ment trèsrdifficiles à appercevoir ; mais quand la fa rine
fënt l ’humidité, le rance & le moifi , on ne
doit pas douter que les vers ni foient en abondance.
T^oye^VERS de FARINE.
La couleur & le poids font deux chofes qui font
le mérite & la valeur' de la farine de froment ; plus
elle, eft blanche & pefante, toutes chofes égales , &
meilleure elle eft. Pline en fait la remarque , & il
ajoute que de fon tems , la farine de froment d ’Italie
Tèmportôit à ces deux égards fur toutes celles du
monde. Les:Grecs s’accordent là-deffus avec Pline ,
& Sophocle en particulier allure la même çlïofe ;
cependant le froment de ce pays-là a perdu cette
haute réputation ; peut-être en faut-il chercher la rai-
fon en c.e que le pays fe trouvant plein' de foufr.e ,
d’alun , 'de v itriol, dé marcàflîte & de bitume , l’air
aur6.it., avét le tems, affeâfé la terre au point de l’avoir
fëhdùë moins propre pour la douce végétation
de ce grain,& de l’avoir altérée dans ce genre d'e pro-
'duÛion ; peut-être aufli. que la différente culture y
.contribue pour Beaucoup.
La farine d’Angleterre , quoiqu’admirable par fon
poids & par fâ blancheur , fait du pain caftant qui
n’eft point l ié , & qui aii bout de peu de jours devient
fec', dur & comme plein de craie ,chalky. C’eft - là
un arand défavahtagê dans la fourniture d’une armée.
dans lés occafions où l’on ne peut pas cuire
tous les jours où le pain d’une fournée doit être
gardé quelque tems.
La farine de Picardie a les mêmes défauts , & fe
met difficilëment en*pâte. Les François' font obligés
de l’ employer d’abord après la mouture, ou du-moins
de la mêler avec une quantité égale ,de farine de Bretagne
,,quf eft plus grofliere, mais plusgraffe & plus
ondiieufé r ces deux dèrnieres farines ne font point
de gardé. -
" La farine de tous les pays en général, peut convenir
à la confommatiqn du lieu , dès qu’elle fera
fraîcliertient moulue mais'il eft important de Faire
ùn choix dans celle qu’on exporté chez l’étranger, ou
dont on fournit lés vaiffëaqx poü^ leur ufagè. L ’hu-
rnicïitè latine' dé mer. rouillé lés métaux même, &c
gât.e tqut ce qu’on met à.bord des b|pmep$., fi on n’a
lé, dernier foin de veiller à levu conferyation. 'C’eft
cette hiupidite falée qui moifit promptement là fari-
n e , &: .qui .eft fi fou vent la caufe des infeétes qui s’y
produiront & qui l’endommagent entièrement.
'"hafarine de certaines proyinces d’un même p ays ,
eft certainement meilleure à tranfporter fur nier, que
pejle .des autres provinces, quant une Fois on la
ponnoît lionne à ce tranfport, le plus fage parti eft de
s’en approvisionner toujours par préférence. Ainfi,
les François ont trouvé par expérience que la farine
du Poitou , de Normandie & de Guienhe fouticnt le
tranfport fiir m e r, & ils en tirent un avantage con-
fidérable pour la tranfporter dans leurs colonies.
Le choix de la farine pour le tranfport étant fait
ainfi , la fécondé attention eft de la conferver dans
le vaiffeau , & . la futaille où on la met. Le grand
moyen d’y parvenir , eft de la maintenir toujours fe-
che ; c’eft pourquoi les futailles dans lefquelles on la
met »doivent être de vieux chêne, extrêmement fec
&c bien foncé. Ces futailles ne doivent pas tenir au-
delà de deux cens livres depoids. Si le bois des futailles
a la moindre feve qui y refte, il ne manquera pas de
moifir & de gâter la farine qu’il contient. Il faut donc
avoir cette attention d’éviter tout bois qui retient
en foi de l’humidité pour le tranfport des farines.
Le fapin donne à la fa r in e un goût de térébenthine
, & le frêne eft fujet à être mangé par les vers ;
en un m o t, fans parcourir les autres bois ordinaires,
c’eft affez de dire que le chêne leur eft préférable ,
comme le plus exempt de tous les accidens dont nous
venons de parler. Mais il n’eft pas douteux que fi l’on
vouloit faire des expériences avec d’autres efpeces de
bois dont on a faitpeu d’ufage jufqu’à ce jour, on n’en
pourroit trouver d’également convenable pour ce
deflèin. Le tems, les recherches & le hafard produisent
bien des découvertes dont on eft furpris. ( Le
chevalier D E J AV COU R T f )
F E U , ( Art. milit. ) fe dit de l’a&ion d’enflammer
la poudre dans les armes : on d it, mettre le feu à un
.canon à un mortier, & faire feu d’un fiifil, d’un pifto-
let ; on dit d’un feu de moufqueterie, qu’il eft v i f ,
plein, bien fuivi ; lorfqu’on commande à une troupe
de tire r , on fe fert du mot feu.
Dans le dernier fiecle , le feu ne faifoit pas coîîf
me à préfent, la plus grande force de l’infanterie
exercée à tirer ; les armes à feu itfétoient pas fi faciles
à manier, & peut-être ne font elles pas encore à la
perfection où elles feront portées. Voy. la fin du v iij.
chap. de Hart de la guerre,p. i. La force des ordres de bataille
fuppreflés des anciens étoit, félon Végece, parce
qu’un plus grand nombre pouvoir lancer fes traits
enun endroit,'qitiaà pluribus in unum locum ttlamit-
tuntur. C ’eft le même principe qui a établi l’axiome
reçu à préfent, que le plus grand feu fait taire l’autre
; en effet , de deux troupes d’infàriterie de même
nômbre, fur un égal front, également découvertes
, & qui font feu l’une fur l’autre, fans fe joindre ,
celle-là perdra davantage , par conféquent fera battue
, qui effuyera plus de coups de fufil qu’elle n’ en
pourra faire effüÿér à celle qui lui eft oppofée.
Ce n’eft pas dans les auteurs anciens que l’on peut
efpérer de trouver quelques éclairciffemens fur l’u-
fàge qu’on doit faire des armes à feu, elles leur étoient
inconnues ; au commencement de ce fiecle, & même
jufqu’au tems où M. le chev. Follard a écrit, l’ufage
n’ en' étoit pas aufli facile, & aufli commun qu’il l’eft
devenu ; prefque tous ceux qui depuis ce tems ont
donné des ouvrages fur la guerre (qui font prefque
tous copiés les uns fur les autres ) , n’ont rapporté
que des faits peu détaillés, ou bien ils ont donné
pour axiomes certains des maximes qu’ils avoient
adoptées; mais ils n’en ont pas démontré l’évidence,
& ne font point entré dans aucune difeuflion fur le
meilleur emploi de telle façon de tirer, plutôt que
dé telle autre, dans telle ou telle occafion. Le maréchal
de Puifegur eft le premier qui paroît difeuter
fans prévention l’avantage ou le défavàritage que
l’on peut trouver dans l’ufage des armes à feu , ou
des hallebardes. Voyt{ chap.vij. & article iv. du x j.
chap, premiers partie. Néanmoins il n’entre point
encore dans l’explication des moyens de pratiquer
tel feu , plutôt que tel autre ; il n’ entreprend pas.
irton plus de donner aucune folution fur l’effet qui
doit réfulter de tel ou tel feu.
Pour favoir l’ emploi que l’on doit faire des armes
à fe u , le militaire n’a donc que i° . les réflexions
que chacun peut faire lur les faits dont il a eu con-
noiffance ; z °. les inftruâions qu’il peut trouver dans
les exercices qui font ordonnés ; mais ces exercices
font bornes à donner l’habitude aux foldats de
faire feu de différentes façons, & n’entrent pas dans
la difeuflion des raifons qui doivent faire préférer
telle façon à telle autre ; il ne refte donc pour fe décider
que l’inftru&ion que chaque militaire peut tirer
des faits qui font venus à fa connoiffance, & il
leur manque une théorie démontrée de l'effet qui doit
réfulter de' tel feu , plutôt que de tel autre, dans telle ou
telle occafion.
Je vais rapporter différens faits connus de l’ufage
des armes k fett, fans m’ingérer d’en déduire quelles
réglés on en doit tirer ; j’effayerai enfuite d’analyfer
<& expliquer les différens feu x , & les effets qui en
doivent réfulter, ainfi que les moyens de faire des
expériences qui puiffent conftater ces réfultats ; au-
refte je ferai les calculs, en fuppolant pour leur facilité
, que la divifion par files puiffe fubfifter ailleurs
comme dans les exercices.
Faits. Des portions de lignes d’infanterie fe font
trouvées en préfence réparées par une chauffée bordée
d’un ou de deux foffés fées ou pleins d ’eau, mais
qui pouvoient fe traverfer fans danger , ces troupes
ont fait feu l’une fur l’autre pendant des demi-heures
ou trois quarts-d’heure, une heure même; elles ne
fe font point détruites, elles n’ont pas perdu un
quart, compris les bleffés, elles ne fè font point dé-
poftées, ni l’une ni l ’autre n’a pas pu dire, avoir
vaincu ; l’évenement dans une autre partie de la
ligne , ou la nuit a déterminé la retraite de l’une des
deux.
Des troupes d’infanterie ont marché en plaine
contre d’autres qui les attendoient de pié ferme &
fans tirer, elles fe font approchées affez pour que les
officiers de chaque côté puffent parler enfemble ;■
quelques-uns même ont croifé l’efponton, d’autres
fe font pouffé des bottes l’épée à la main ; ces troupes
ont été arrêtées quelques momens dans cette
proximité, l’infanterie d’un côté a fait fe u , l’autre a
marché, & culbuté fans réfiftance celle qui venoit de
faite feu.
Différentes fois l’infanterie qui avoit marché fans
tire r, avoit effuyé deux ou trois décharges de celle
qui l’attendoit de pié ferme, elle s’en étoît approchée
plus par une droite ou par une gauche que par
d’autre extrémité ; elle a héfité pour charger, l’autre
a fait un mouvement irrégulier (peut-être de crainte
) & a fait encore une fois fe u ; celle qui avoit
marché jufqu’alôrs & fans tirer, étoit déjà en fuite,
elle a été fuivie & chargée dans fa fuite.
Des troupés d’infanterie ont marché en plaine
contre d’autres, jufqu’à trente pas, & fans tirer;
d’un côté les unes ont fait fe u , puis fe font enfuies,
le s autres les ont pourfuivies.
D ’autres fois dans la même pofition, d’un côté les
troupes ont fait fe u , & des deux côtés elles fe font
enfuies, les unes fans aucunes pertes, & les autres
avec un trentième au plus ; une des deux troupes eft
peut être revenue enfuite fur fon champ de bataille.
Deux corps d’infanterie ont marché en plaine,
l’un contre l’autre, fans faire feu ; à quarante pas
l ’un a fait feu de fon premier rang feulement, & a
mis hors .de combat tous les officiers de l’ ennemi qui
fe trouvoient tous au premier rang ; ces deux corps
ont continué dé marcher, celui-ci qui avoit perdu
fes officiers a été enfoncé fans réfiftance.
D e ces mêmes corps, l’un a marché contre l’autre
qui l’attendoit de pié ferme f & faifant un feu par
lequel il avoit mis hors de combat près d’un quart
dii corps quîmarchoit j celui-ci s’eft arrêté lorfqu’il
s ’ett trouvé à quarante pas , a fait feu de fon premier
rang, a continué fa marche, & quoi qu’ayant
détruit prefque tous les officiers ennemis, il ne l’a
enfoncé qu’après une vigoureufe réfiftance, & par
la force de fes armes, de main.
L ’infanterie d’une ligné a fait un feu lent par pelotons
{ Vyyei ci-après feu pur feSion , pur pelotons)
fur fon ennemi éloigné de près de cinq cent toifes
elle l’a continué & rendu plus v i f , jufqu’à ce qu’iî
fut à cent toifes ou environ, elle a fait alors h feu
plein ,. ( riÿ trj ci-après fou ple in ) l’ennemi y a répondu
aufli-tot par un pareil, oc après quatre ou
cinq décharges de part & d’autre, les armes de l’infanterie
qui tiroit depuis longtems, n ’ont plus été
toutes en état de tirer, fon feu a langui, elle avoic
alors mis hors de combat un fixieme de fes ennemis
Ce n’avoit pas un douzième de perte ; en tin moment
elle s’eft trouvée plus d’un tiers de perte
l’ennemi s’eft mis en marche pour l’attaquer à l’armé
blanche , & elle a fui.
De l’infanterie a marché de front contre d’autre
qui étoit placée derrière des haies coupées à qua-
tre ptés de hauteur, elle s’eft avancée jufqu’à cinquante
pas, fans avoir efluye aucun fe u , alors elle a
effuyé une décharge générale, toute cette infanterie
eft tombée à terre, prefqu’un tiers a été tué, un tiers
bleffe * & un tiers qui s ’eft relevé petit-à-petit., s’eft
enfui àmefure, fans avoir été atteint par le feu que
l’infanterie retranchée avoit continué de foire.
1 .’infanterie a marché contre d’autre qui étoit
couverte par des retranchemens , de laquelle elle
effuypit le fou depuis long-tems ; à cinquante pas
elle s’eft arrêtée dans fa marche , elle a fait feu ;
après quatre ou cinq décharges, elle s’eft avancée
contre le retranchement, 8c celle qui le défendoit
s’ eft enfuie. ■
Une autre fois l’infanterie qui défendoit le retranchement
a monté fur le parapet, a Élit feu fur l’infanterie
qui defeendoit dans le foffé , ou qui y étoit
déjà; celle-ci s’eft enfiiie, & a été prefque foute dé-
fruite dans fa retraite par l’infanterie .retranchée.
On peutians doute de cesifaits & d’autres. aufli
diverfifiés conclure qu’il eft poffible que le feu de
l’infanterie foit plus ou moins meurtrier, mais tous
les faits rapportés ici ne font point encore des expériences.
Pour bien faire une expérience., il faut tant
de confidérations, dont plufieuis paroiffent d’abord
des minuties , qu’il n’ eft prefqttejamais poffible d’en
faire fur certaines chofes, mais fur-tout lorfqu’on
ne pourroit y procéder que par la deftruâioh de
1 humanité , 8c elles (croient prefque impoflibles à
faire dans une action de guerre ; le danger auquel
l’obfervateur fe trouverait expol'é, détournéroit ai-
fement fon attention des circonftances qui paroiffent
au premier eoup-d’ceil les moins importantes : ce n’eft
que dans la folitude 8t la tranquillité de la retraite
que les curieux obfervateurs de la nature , après;
avoir étudié à fond la composition de l’objet de leurs
recherches , parviennent enfin à découvrir fes propriétés
par le concours de diverfes expériences qu’ils
fuivent en différens tems , endifférens lieux , & relativement!
toutes les profitions: poffibles. Ce n’eft
point à la guerre qu’il eft poffible de faire de fembla-
bles expériences;.ce n’eft point à des militaires qui
n e fe font point fait une étude particulière de l’art
d’obferver, qu’il faut en demander de femblables. Les
génies heureux, qui favent allier l’étude de toutes
les fciences 8c desarts au grand art de la guerre dont'
ils font profeffion, font occupés pour le bien de
l ’etat, d’objets trop variés 8c trop importans pour
croire qu’on doive attendre d’eux qu’ils faffent part
aux autres des lumières qu’ils ont acquifes fur les cirf
1