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(e trouve dans les tranfa&ions philofophiques & dans
l ’hiftoire de l’académie de 17 4 1.
« M. Short, à Londres, le 3 Novembre 1 7 4 1 , un
» matin avec un télefcope de 16 0 - qui augmenta
toit 50 à 60 fois le diamètre de l ’objet, apperçut
» d’abord comme une petite étoile fort proche de
*> Vénus , fur quoi ayant adapté à fon télefcope un
» oculaire plus fort & un micromètre , il trouva la
a diftance de la petite étoile à Vénus de io' 20" ;
a Vénus paroiffant alors très-diftinâement , & le
a ciel fort ferein; il prit des oculaires trois ou quatre
a fois plus forts, & v it avec une agréable furprife
a que la petite étoile avoit une phale, & la même
a phafe que Vénus; fon diamètre étoit un peu moins
» que le tiers de celui de Vénus, fa lumière moins vive,
a mais bien terminéejle grand cerclequi paffoit par le
a centre de Vénus &c de ce fatellite (qu’il feroit dif-
» facile J e qualifier autrement), faifoit un angle d’en-
a viron 18 à 20°. avec l’équateur ; le fatellite étant
a un peu vers le nord, & précédant Vénus en afcen-
a fion droite. M. Short le confidera à différentes re-
a prifes, & avec différens télefcopes pendant une
a heure jufqu’à ce que la lumière du jour le lui ra-
>> vit entièrement.
Ce fut en vain que M. Short chercha par la fuite à
faire de nouvelles obfervations de ce fatellite. Il ne
put découvrir avec fon fameux télefcope de 12 piés
( le plus grand qui eût été fait jufqu’alors ) , ce que le
nazard lui avoit offert dans un télefcope de 16 ° 7 , il
paroiffoit donc qu’on devoir encore être incertain de
î’exiftence de ce fatellite : on n’en trouve aucunes
traces dans toutes les obfervations poftérieures des
aftronomes de l’Europe, jufqu’à l’année 17 6 1 ; les
obfervations de ce fatellite devinrent pour lors plus
fréquentes.
Le fameux paffage de Vénus fur le foleil, cette époque
fi célébré vit renaître le zèle de tous les favans.
Ce paffage étoit une occafion plus intéreffante que
toute autre de conftater rexiftence du fatellite de Vénus
, & de l’obferver au cas qu’on pût le découvrir.
Tandis que les nations s’ empreffoient à l’envi de faire
voyager des académiciens dans toutes les parties du
monde habitable, des favans cultivoient en filence
leur goût pour l ’aftronomie, & fe préparoient à l’ob-
fervation du 6 Juin , pour contribuer par leurs travaux
à cette correfpondance générale, qui devoir
feule prouver les réliiltats qu’avoit annoncé le grand
Halley. M. Baudouin avoit fait dreffer dans l’obfer-
vatoire de la marine fur les bains de Julien , rue des
Mathurins , une lunette de 25 piés, il fe propofade
faire des recherches fur l’exiftence de cet aftre. Il
crut devoir affocier à fon travail un aftronome éloigné
de la capitale, & fur l’afliduité duquel il pût
compter. Il engagea donc M. Montaigne, de la fo-
• ciété de Limoges, à s’appliquer à la recherche de ce
fatellite. M. Montaigne eft un philofophe fans fafte ,
.occupé dans le fond de fa retraite du plaifir de jouir
d e fes connoiffances , plutôt que du defir d’en acquérir
de nouvelles ; obfervant par pur délaffement,
il fe détermina plutôt que tout autre aftronome è un j
travail dans lequel on avoit fi fouvent échoué. Quoi
qu’il en foit, il étoit réfervé à l’obfervateur de Limoges
d’être affez heureux pour chercher ce fatellite
dans une de ces circonftances favorables, où non-
feulement il eft vifible, mais où il n’exige même que
des inftrumens médiocres.
Il apperçut donc le 3 Mai 17 6 1 fur les 9 heures \
du foir, environ à 20' de diftance de Vénus, un petit
croiffant affez foible, & fitué de la même maniéré
que Vénus. Le diamètre de ce petit croiffant étoit à-
peu-près le quart de celui de la planete, & la ligne
menee du centre de Vénus à celui de ce fatellite,
faifoit avec le vertical de cette planete & au-deffous
d’elle vers lç midi un angle d’environ 20°.
V
Le lendemain 4 Mai à la même heure, notre ob-
fervateur apperçut encore le même phénomène,
mais un peu plus éloigné d’environ 30^ ou V , &
dans la partie feptentrionale à l’égard du vertical de
de Venus avec lequel il faifoit un angle d’environ
io ° . 6
Le 5 & 6 on ne put faire aucune obfervation, à-
caufe d’un brouillard épais qui tenoit l’atmofphere
jufqu’à la hauteur de Vénus, dont on pou voit à-peine
obferver le difque. On fut plus heureux le 7 , & l ’on
vit encore le fatellite toujours à la diftance d’<envi-
ron 25 à 2 6 ' du centre de Vénus, mais au-deffus
d’elle vers le nord dans un plan qui paffoit par la planete
, le fatellite faifoit un angle de 4 50. avec le vertical
de Vénus.
Les jours fuivans le fatellite ne fut point apperçu
jufqu au 1 1 du meme mois, qu’il parut encore Vers
les 9 heures, toujours à-peu-près à même diftance
de Vénus, & faifant encore un angle de 4 5 0. avec le
vertical, mais dans la partie méridionale. Il eft très-
remarquable que le fatellite paroiffoit également,
foit que Vénus fe trouvât dans le champ de la lunette
avec le fatellite, foit qu’elle ne s’y trouvât point;
mais qu’il l’appercevoit avec beaucoup plus de facilité,
lorfque tenant Vénus hors de la lunette il y con-
fervoit le fatellite. La foibleffe de fa lumière étoit
prefque toujours abforbée en préfence de Vénus.
C’eft ainfi que les aftronomes ont attention de tenir
Jupiter hors du champ de leurs inftrumens, lorfqu’ils
obfervent les immerfions dé fes fatellites, principalement
celles des 3 & 4. L’éclat de la planete empêche
de faifir l’inftant précis où le fatellite recouvre
la lumière.
Toutes ces obfervations furent communiquées à
M. Baudouin qui lut à ce fujet deux mémoires à l’académie
royale des Sciences, dans lefquels il ef-
fay oit d’en déduire les élémens de l’orbite de ce fatellite.
Quoique les conféquences y foient développées
avec toute l’adreffe & la fagacité poflibles, néaa-
moins les élémens de cet orbite exigent encore quelques
obfervations, pour qu’on la puiffe déterminer
d’une maniéré invariable,
La lunette de M. Montaigne étoit dépourvue de
micromètre, & toutes fes diftances n’étoient fixées
que par eftime. Il eft à remarquer cependant qu’on
en peut conclure avec affez de certitude,que l’orbite
ou fatellite doit être à-peu-près perpendiculaire à l’écliptique
, que la ligne de fes noeuds tomberoit à-
peu-pres au 2 2°. de la vierge, & qu’il feroit prefque
auffi éloigné de Vénus y que la lune l’eft de la terre.
Parmi les apparitions, il y en a eu d’autres de la
même année rapportées par différens obfervateurs,
& dans des pays très-différens ; une des plus remarquables
eft fans contredit celle du p. la Grange, jé-
fuite. Ce favant cultivoit à Marfeille PAûronomia
depuis nombre d’années ; muni d’excellens inftrw-
mens, & entr’autres du télefcope de 6 piés de foyer
du p. Pezenas, confirait par M. Short en 17 56 , dont
l’effet eft de groffir 800 fois, & égale celui d’une lunette
qui auroit 1600 piés. Son expérience reconnue
& fon exa&itude dans les obfervations, rendent
précieufes celles que nous allons rapporter.
Il n’y v it point de phafe comme l’avoient apper-
çue tous les autres obfervateurs ; & ce qui n’eft pas
moins furprenant, c ’eft qu’il lui parut que ce petit
aftre fuivoit une route perpendiculaire à l’écliptique.
Cette dire&ion qui par ce qui précédé fe concluoit
des obfervations de Limoges, parut fi étrange au p.
la G range, qu’il ne fit point difficulté d’abandonner
toutes les conféquences qu’il avoit déduites de fes
obfervations. Elles furent faites des 10 au 12 Février
17 6 1 , à trois jours différens.
Nous joindrons les apparitions de ce fatellite à
Auxgjre,, Le$ 1 5 , 28 ôc 29 Mars 17 6 5 , vers les 7
heures
heures! du fo ir , M. de Montbaron , confeiller au
préfidial d’Auxerre, répéta fes obfervations avec fon
télelcope de 3 2 pouces, en changea le petit miroir,
varia les oculaires, tint Vénus hors du champ de fon
inftrument pendant qu’il obfervpit fon fatellite, le
fit voir à nombre de perfonnes pendant des heures
entières, ne négligea rien de tout ce qui pouvoit accroître
la certitude de l’apparition de cet aftre.
On trouve auffi dans le Journal étranger, Août
1 7 6 1 , une autre obfervation tirée du London evening
pofty&L qui fut communiquée à l’auteur de cette
feuille périodique, par une lettre du 6 Juin de Saint-
Neoft, dans le comté d’Hutingdon. Cette obfervation
eft d’autant plus remarquable qu’elle a été faite
pendant le paffage de Vénus fur le foleil. Tandis en
effet que l’obfervateur anglois étoit occupé de ce fameux
paffage , il apperçut un phénomène qui lui parut
décrire fur le difque du foleil une route différente
de celles ides taches qu’on obferve detems à
autres.
Son télefcope lui fit appercevoir qu’il décrivoit la
même ligne que Vinus, mais feulement plus proche
de l’écliptique. Il feroit néanmoins à defirer que cette
obfervation fut revêtue de carafteres plus authentiques;
car comment imaginer qu’un tel phénomène
eût échappé à tous les obfervateurs qui pendant la
duree de ce paffage avoienttous les yeux fixés fur le
foleil dans toutes les parties du monde ? Quoi qu’il
•en foit, il y a lieu de croire que l’on a dans l’Angleterre
d’autres obfervations du fatellite de Vénus y i l ,
femble que l’on y doute plus de fon exiftence, d’après
ce qu’en dit M. Bonnet dans fon premier livre
des confédérations de la nature.
Malgré tant de témoignages qui établiffent l’ exiftence
du fatellite de Vénus, il femble que l’on foit
encore dans le cas de douter de fa réalité, à-caufe
de la rareté de fes apparitions. Les aftronomes qui
ne l’ont pointapperçu, penfent que ceux qui ont ob-
fervé ce fatellite s’en font laiffé impofer par des illu-
fions optiques, contre lefquellesilsauroient été d’autant
moins en garde,qu’ils les ignorent; ce qui pourtant
n’eft pas fujet à de moindres difficultés. .
Comment en effet concevoir que tant de perfon-
nes dans des lieux fi éloignés & avec des inftrumens
fi différens, ont tous été trompés de la même maniér
é , dans le même tems & fur le même objet? Quelque
vraiffemblance que puiffent avoir les objeûions
qu’on peut faire contre .les1 obfervations où l’on s’eft
lervi de lunettes ordinaires, il fuffit pour les faire
regarder au-moins comme douteufes, qu’il y en ait
une où les mêmes illufions foient abfolument impof-
fibles ; & c’eft ce que nous trouvons dans le rapport
de M. Short de 1740. En effet, quel degré de confiance
n’ajoute pas à fon obfervation le nom de cet
artifte célèbre, le plus fameux des opticiens, celui
de tous les aftronomes qui ait connu le mieux les télefcopes
& l’art de s’en fe rvir, à qui les obfervations
aftronomiques font fi familières, & qui donne
encore dans la fociété royale de Londres, les plus
grandes preuves de fon habileté.
Mais je vais encore plus loin. Suppofons contre
toute vraiffemblance, qu’il ait pu fe tromper dans fa
. première obfervation, de quelque maniéré que fes
yeux aient été affeûés dans le premier moment, les
différens oculaires qu’il adapta à fon télefcope, tous
plus*forts les uns que les autres, auroient dû lui faire
connoître fur les lieux fon erreur ; & c’eft précife-
ment le contraire qui arriva, puifqu’il apperçut fon
phénomène plus.diftinâement avec une phafe fém-
blable à celle de la pianete principale, & telle qu’elle
avoit déjà été obfervée cinquante-quatre ans auparavant
par M. Caffini.
J ’ajouterai de plus que ,1e degré de certitude ne
laiffe plus entrevoir le plus léger doute, par l’attea-
Torne X V L I.
y 849
tion fcfùpnleufe avec laquelle M. de la Lande dans
fon voyage à Londres en ] 7 6 4 , eut foin de demander
à M. Short hiwnême, toutes les circonftances de '
fon obfervation.
Ce favant, dont le nom paffera à la poftérité la
plus reculée, crut devoir immortalifér fa découverte
en la prenant pour type, & fit graver la phafe du fa -
ttllm telle qu’il l’apperçut en i 74o. Il s’en fert en
forme de cachet depuis cette époque.
Quant aux obfervations de M. Montaigne fi on
fuppqfe.ee favant féduit par des illufions optiques
qu il ignoroit, il faut admettre que tous les autres
obfervateursde font laifles entraîner à ces mêmes illufions
: pourquoi donc feroient-elles fi rares & fi
peu frequentes ? Mais fans nous arrêter à réfuter des
objethons auffi futiles, convenons que les bifàrre-
riés de ce petit aftre ne font pas des raifons pour re-
jetter des faits ; qu’elles font au contraire des confé?
quences néceffaires deplufieurs caufes que nous ignorons
, & qui fe dévoileront par la fuite. Effayons
d’en donner ici quelques-unes, qui toutes font auffi
fimples que naturelles. i ° . Il eft certain que la lumière
dec e fatellite eft beaucoup plus foible que celle
des fatellites de Jupiter & de Saturne. 2°. Il ne peut
fe prëfenter à nos yeux que dans les époques où fa
phafe eft eh croiffant. La lumière qu’il nous réfléchit
eft donc toujours moindre que celles des fatellites
des planètes fupérieures, qui nous offrent la phafe
ronde. 3 °. Les plus grandes digreffions de Vénus ne
font que de 48°. il faut que {on. fatellite fe trouve lui-
même dans fa plus grande digreffion à cette époque
& qu’elles concourent enfemble pour être apperçu;
car dans toutes autres circonftances Vénus & ion fa tellite
font plongés dans les rayons du fole il, ou enveloppés
de vvapeurs de l’atmofphere, ou éteints
par la lumière de l’horifon. 40. Lamaffe de ce fatellite
eft peut-être d’une denfité peu propre à renvoyer
les rayons de l’aftre qui nous éclaire. 50. Il a des périodes
fucceffives de lumière , fuivant que les parties
de fon difque font plus ou moins propres à réfléchir
; ( Mémoire de P académie royale des Sciences
année 1 7 1 g , page S S . ) ces fuppofitions ne font rien
moins que gratuites. La defeription de la lune nous
offre dans fes taches précifément les mêmes phénomènes
; les mêmes accidens ont lieu pour le troifie-
me fatellite de Jupiter, & le cinquième de Saturne.
Refte donc la circonftançe finguliere delà pofition
de l’orfiite du fatellite de Vénus. Mais cette pofitionper-
pendiculàire à l’écliptique, bien loin d’être un motif
de rejetter l’exiftence de ce fatellite, femble l’établir
avec encore plus de certitude , fi l’on compare ce
phénomène avec ce que nqus conhôiffons de la révolution
de Vénus fur fon axe.
VERS falisque , ( Poéjie latine. ) vers latin de
quatre mefures précifes, mais qui a toujours un dactyle
à la troifieme mefure, & un fpondée à la quatrième.
Les deux premières peuvent êtfe remplies indifféremment
par des da&yies bu par des fpondées. Horace
s’eft même permis une fois de mettre un fpondée
à la troifieme place.
Mobilibus pomaria rivis . . . .•
Cras ingens iterabimus cequor. . . .
O O o o o
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