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lettre 6c la lixieme voyelle de
notre alphabet, où on l’appelle
i grec.. Cette dénomination
vient de ce que nous en fai-
fons ufage au lieu de Vu ( \\pfilon
) des Grecs, dans les mots
qui nous en viennent & que
nous prononçons par un i ,
comme martyr, yjy llab e , fymbole, fyntaxe , hypocrite
, & c . car la figure que nous avons prife , après les
Romains , dans l’alphabet grec, y repréfentoit le G
guttural, & s’y nommoit gamma.
Les Latins avoient pris, comme nous,ce cara&ere
pour reprefenter l’u grec ; mais ils le prononçoient
vraiffemblablement comme nous prononçons u , &
leur u equivaloit à notre ou: ainfi ils prononçoient
les mots: fy ria , fyracufce , fymbola , comme nous
prononcerions furia ,furacoufiz,r fumbola. Voic i à ce
iujet le témoignage de Scaurus : ( de orth. ) Y litteram
Jupervacuam latino fermoni putaverunt , quoniam pro
illâ U cederet : fe d citm qucedam in noflrum fermonem
graca no mina admiffafint, in quibus evidenterfonus hit-
ju s litteroe exprimitur, ut hyperbaton & hymnus , &
hyacinthns , & fimilia ; in cifdem liâc Huera necejfarib
utimur. .
Le néographifme 'moderne tend à fubftituer Pi
fimple à Py dans les mots d’origine grecque oh l’on
prononce i , & fait écrire en conféquence manir,
fillabe , Jîmbole, fintaxe , kipocrite. Si cet ufage devient
général, notre orthographe en fera plus fimple
de beaucoup , & les étymologiftes y perdront bien
peu.
Dans ce cas , à l’exception du feul adverbe y ,
nous ije ferons plus ufage de ce caraâere que pour
repréfenter deux ii conlécutifs ; mais appartenans à
deux lyllabes, comme dans payer, payeur, moyen ,
jo y eu x , qui equivalent à pai-ier, pai-ïeur, moi-ien ,
joi-ïeux.
Anciennement, les écrivains avoient introduit Vy
à la fin des mots, au lieu de Pi fimple : on ne le fait
plus aujourd’hui, & nous écrivons balai, mari, lu i,
moi, toi , fo i , roi , lo i, aujourd'hui , & c . c’eft une
amélioration réelle.
Baronius nous apprend, que Y valoit autrefois 1 50
dans la numération, & Y 150000.
Y eft la marque de la monnoie de Bourges. ( E . R.
M .B .') 6 v
Y , Y , y , ( Ecriture. ) ces deux dernieres dans leur
figure font compofées dans leur première partie, de
la derniere partie d’m & de 1’/ confonne ; la première
eft compofée d’un accent circonflexe, de la derniere
partie d’une ligne mixte, & de la queue d’un g. Voye£
le volume des Planches à la table de VEcriture , PL
des alphabets mineurs.
Y , (Géog. mod.) VY ou YYé, eft un golphe du
Zuyderzée, qui fépare prefque entièrement la Hollande
méridionale de la feptentrionale ; c’étoit autrefois
une riviere. Elle en conferve encore le nom,
quoique par l’inondation du Zuyderzée, elle foit
revenue une efpece de bras de mer, fur'lequel eft
fituée la ville d’Amfterdam, en forme de croiflant.
Antonides Vzn-der-Goes, ainfi nommé du lieu de
la naiflance , & l’un des célébrés poètes hollandois
du dernier fiecle, a immortalifé PY f parle poëme
qu’il intitula de Y-Stroom , la riviere d’Y ; le plan
de ce poëme, au défaut de l’ouvrage m ême, mérite
d’être connu des étrangers.
Il eft .divifé en quatre livres. Dans le premier ,
Tome X V I I .
Y
l’auteur décrit ce qu’il, y, a de plus remarquable fur
le bord de l'Y du côté d’Amfterdam ; il ne néglige
aucun ornement pour embellir, & pour varier fa matière.
Il y a quelque chofe d’heureux dans le tableau
qu’il trace d’un quartier d’Amfterdam appellé VIle-
neuve^ Il compare la rapidité dont les bâtimens de
cette île ont été conftruits, à la maniéré dont les
murailles de Thebes s’élevèrent d’elles-mêmes, dociles
au fon de la lyre d’Amphion ; cependant, dit-
il , cette île avec fes palais magnifiques qui feront un
jour leur propres fépultures, ne fe fera connoître à
la poftérité la plus reculée , que par la gloire d’avoir
été le fejour de l’amiral Ruyter. Il prend de-là occa-
fion de chanter les louanges de ce grand homme de
mer ; enfuite il expofe aux yeux du lefteur les bâtimens
qui couvrent les bords de l’Y f mais ce n’eft
pas d’une maniéré feche qu’il les peint, tout y brille
d’ornemens, & des couleurs les plus vives.
En parlant de la compagnie des Indes occidentales
, il rapporte les guerres que cette foçiété a eues
avec les Portugais. Il décrit avec étendue le magafin
de l’amirauté, & le palais de la compagnie des Indes
orientales. Dans la defcription du premier , il
fait une peinture aufli grande que terrible , de tous
les inftrumens de guerre qu’on y trouve entafles.
C ’etoit autrefois , dit l’auteur , l’ouvrage des plus
grands monarques , d’élever un capitole ; mais ici
des marchands ofent élever jufqu’au c ie l, un bâtiment
qui furpafle les palais des rois. La puiflance de
la compagnie eft aflez connue, par l’orient fournis à
fes lois ; & le château prodigieux qu’elle a fait conf-
truire reçoit le jour dé plus de trois mille & trois
cens fenêtres.
Dans le fécond liv re , le poëte parcourt une carrière
trè s-vafte , & qui renferme en quelque forte
une partie de l ’univers. Après avoir fait l’éloge de la
navigation , il pafle en revûé les flottes nombreufes
qui couvrent l ’Y , & qui vont prendre dans le monde
entier tout ce qui peut fervir à la néceflité & à
l’orgueil des hommes. A cette occafion, il parle des
expéditions hardies de l’amiral Heemskerk , defti-
nées à chercher une route abrégée vers les Indes par
la mer Glaciale. Il s’étend fur les malheurs où l’Amérique
eft tombée par fes propres richefîès. Il introduit
l’ombre d’Attabalipa, q u i, charmée de voir
dans les Hollandois les ennemis de fes bourreaux ,
leur fait l’hiftoire des cruautés des Efpagnols.
L ’auteur fuit dans fa defcription la flotte des Indes
: fa mufe parcourt les différens pays de cette
vafte contrée, & décrit avec pompe les différentes
richefles dont chacune de ces provinces charge les
vaiffeaux hollandois. Non contente de donner une
idée de l’étendue du négoce de la Hollande dans ces
climats, elle dépeint la puiflance de fes armes & de
fes trophées, & nous trace pour exemple le tableau
d’une batailleoù fesfoldats remportèrent une vi&oire
fignalée fur les habitans de Macaflar. L’auteur retourne
enfuite vers VY, en décrivant les pays qu’il
découvre fur fon paflage,
Etant de retour , il détaille les principales fiiar-
chandifes que les autres parties de l’univers four-
niflent à la Hollande , comme une efpece de tribut
qu’elles payent à rinduftrie de fes habitans. En parlant
des vins & d ’autres objets de luxe qui viennent
de France, il déclame avec autant de force que de
bon fens contre les vices que ce même pays tache
de communiquer aux Hollandois.
Le livre troiûeme eft une fiction d’un bout à l’autre
: le poëte eft entraîné tout-d’un-coup au fotid die
p p p p