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Wii font devenus propres-à ce faint. En imitation, Pi-
dce réelle 6 ç généralement établie tient lieu de vérité.
Ce que j'a i dit de S. Pierre , peut auffi fe dire de
la figure fous laquelle on repréfente plufieurs autres
ifa in t s,& même de celle qu’on donne ordinairement
à S. Paul, quoiqu’elle ne convienne pas trop avec le
portrait que cet apôtre fait de lui-même ; il n’importe
, la chofe eft établie ainfi. Le fculpteur qui repré-
fenteroit 5 . Paul moins grand, plus décharné, 6c
avec une barbe plus petite que celle de S. Pierre , fe-
rôit repris autant que le fut Bandinelli, pour avoir
mis à côté de la ftatue d’Adam qu’il fit pour le dôme
de Florence, une ftatue d’Eve plus haute que celle
de fon mari. Ces deux ftatues ne font plus dans l’é-
glife cathédrale de Florence ; elles enont été ôtées en
1 7 2 1 , par ordre du grand duc Cofme III. pour être
miles dans la grande lalle du vieux palais. On leur a
fubftitué un groupe que Michel Ange avoit laifl'é imparfait,
6c qui reprélente un Chrift defcendu de la
croix.
Nous voyons par les épitres de Sidonius Apolli-
naris , que les philofôphes illuftres de l’antiquité
•avoient auffi chacun Ion air de tête, fa figure 6c fon
g'efte , qui lui étoient propres en peinture. Raphaël
s’eft bien fervi de cette érudition dans fon tableau de
l’école d’Athènes. Nous apprenons auffi de Quinti-
lien , que les anciens peintres s’étoient aflujettis à,
donner à leurs dieux 6c à leurs héros, la phyfiono-
mie 6c le même caraftere que Zeuxis leur avoit donné:
ce qui lui valut le nom de légifateur.
L'obfervation de la vraïjeviblance nous paroît donc,
après le choix du fujet, la chofe la plus importante
d’un tableau. La réglé qui enjoint aux peintres, comme
aux poètes, de faire un plan judicieux , d’ordonner
6c d’arranger leurs idées, de maniéré que les objets
fe débrouillent fans peine, vient immédiatement
apres la réglé qui enjoint d’oblerver la vraijemblance.
Voy<\ donc O r d o n n a n c e , Peinture. ( D . J .)
UR AMÈA, ( Géog.mod ) petite riviere d’Elpagne,
dgns le Guipufcoa. Elle fort des montagnes qui lépa-
rént le Guipufcoa de la Navarre, 6c le perd dans la
nier de Balque, à S.Sébaftien. (D . J . )
U R AN A , ( Géog. mod.) nom commun à une petite
ville de Dalmatie, à un village de Livad ie , 6c à
une riviere de l’empire turc en Europe. La ville Ura-
nà éft fur un petit lac qui porte fon nom", entre Zara.
& Sebenniço. Le village eft à environ huit milles de
Cophifla , dans la plaine de Marathon. On ne pren-
droit plus ce lieu , qui n’a qu’une dixaine de maifons
d’Albinois , pour l’ancienne ville de Brauron, célébré
par fon temple de Diane Brauronienne. La rivière
court dans la Macédoine , 6c fe perd dan$ la mer
Noire. (D . /.)
URANIBOURG , (Géog. mod.) château de Suède,
6c autrefois du Danemarck., dans la petite île d’Huen
ou de "Ween , au milieu du détroit du Sund. Long.
J O . 2 2 . Latït. 55. 54. 6.
Quoique ce château foit ruiné depuis long-tems ,
le nom en eft toujours célébré , à caufe de Tycho-
Brahé qui le fit bâtir. Le roi de Danemarck Frédéric
II. avoit donne à cet illuftre & favant gentilhomme
l’île deWeene pour en jouir durant fa vie , avecune
penfion dé deux mille écus d’or , un fief confidéra-
blë eh Norwége , 6c un bon canonicat dans l'églife
de Rofchild.
Cette île convenoit parfaitement aux defleins 6c
aux études de Tycho-Brahé; c’eft proprement une
montagne qui s’élè ve au milieu de la mer, 8c dont le
fômmet plat 6c uni de tous côtés domine la côte de
Sçiinie oc tous les pays d’alentour : ce qui donne un
très-bel horilôn, outre que le ciel y eft ordinairement
ferain , & que l’on y voit rarement des brouillards./
Ticho-Brahé riche delui-mptaetp c rendurrès-opu*
U R A
lent par les libéralités de Frédéric , éleva au milieu
de l’île fon fameux château qu’il nomma t/raniboure
c ’eft-à-dire, ville du ciel, 6c l’acheva en quatre an*
nées. Il bâ,tit auffi dans la même île une autre gran*
de maifon nommée Stellbourg, pour y loger une foule
de difciples 6c de domeftiques ; enfin il y dépenfa
cent mille écus de fon propre bien.
La difpofxtion 6c la commodité des appartemen3
d’Uranibourg y les machines 6c les inftrumens qu’i[
contenoit, le faifoient regarder comme un édifice
unique en fon genre. Aux environs de ces deux châ%
teaux, on trou voit des ouvriers de toute efpece, une
imprimerie, un moulin à papier , des laboratoires
pour les obfervations chimiques, des logemens pour
tout le monde, des fermes 6c des métairies ; tout
étoit entretenu aux dépe.nsdu maître; rien n’ymam
uoit pour l’agrément 6c pour les befoins delà vie;
es jardins, des étangs , des viviers 6c des fontaines
rendoient le féjour de cette île délicieux. Reffenius
en a donné un ample tableau dans les Infcripiionts,
l/raniburgicce., & c .
Ce fut là que Ticho-Brahé imagina lefyftèmedu
monde, qui porte fon nom, 6c qui fut alors reçu
avec d’autant .plus d’applaudiflemens, que lafuppo«
fition de l ’immobilité de la terre contentoit la plu*
part des aftronomes 6c des théologiens du xvj. fiecle.
On n’adopte pas aujourd’hui ce lyftème d’aftrono-.
mie, qui n’eft qu’une efpece de conciliation de ceux
de Ptolemée 6c de, Copernic; mais il fera toujours
une preuve des profondes connoiflances de fon au*
teur. T ycho-Brahé avoit la foiblefi'e commune d’être,
perfuadé de l’aftrologie judiciaire ; mais il n’en étoit
ni moins bon aflxonome, ni moins habile méchani-
cien.
Non-feulement il vivoit en grand feigneur dans
fon î le , mais il y rece.voit des vifites des princes mêmes,,
admirateurs de fon favoir. Jacques VI. roid’E-
cofl'e, 6c premier, du nom en Angleterre, lui fit cet
honneur dans le tems qu’il pafla en Danemarckpour.
y épquferlà princeffe Anne, fille de Frédéric II.
La deftinée de Tycho-Brahé fut celle des grands,
hommes ; il,ne put fe garantir de la jaloufie de Tes.
compatriotes , qui auroient dû. être les premiers à
l’admirer; il en fut au contraire cruellement perfécu-
té après la mort du roi fon prote&eur. D ès l’an 159(5;
ils eurent le crédit de le dépouiller de fon fief de
Norvège & de fon canonicat de Rofchild. Ils firent
raferfes châteaux à’Uraniboug 6c de Stellbourg, dont
il ne refte plus rien que dans les livres de ceux qui
ont pris le foin de nous en laiffer la defcription.
Obligé de quitter l’île de Ween en 1 Ç97, il vintà
Coppenhague .pour y cultiver l’aftronomie dans une.
tour deftinée à cet ufage. On lui envia cette derniere
reffource. Les miniftres de Chriftiern IV . qui ne le
laffoient point de le perfécuter, lui firent défendre
par le magiftrat de fe iervir de la tour publique pour
faire fes obfervations.
Privé de tous les moyens de fuivre fes plus cheres
ét.udes en Danemarck, il fe rendit à Roftockavec
là famille 6c plufieurs de fes éleves qui ne voulurent-
jamais l’abandonner; ils eurent railon, car bientôt-
après l’empereur Rodolphe fe déclara le protetleur
de Tycho-Brahé, & le dédommagea de toutes les in*
juftices de fes concitoyens. Il lui donna une de les
maifons royales en Bohème, aux environs de Prague,
6 c y joignit une penfion de trois mille ducats. Ty*
cho-Br-ahé plein de reconnoiflance, s’ établit avec 13
famille 6c fes difciples dans ce nouveau palais, 6cy
goûta jufqu’à la fin de fes jours,, le repos que fon
pays lui avoit envié..
Il étoit né en 15 4 6 , 6c mourut en 1 6 0 1 , d’unO'
rétention d’urine que lui avoit caufé fon refpeft pour
l’empereur , étant avec lui dans fon carrofle, qu>
n’avoit ofé prier qu’on arrêtât un moment. (L* Wf?
valier DE J AU COURT.)
U R À
Tycho, fur la fin de fa v ie , fit tranfporteï* deDâ-
Uemarck a Pia^ue , ou il alla s’établir avec toute la
famille, les machines 6c les inftrumens dont il s’étoit
fervi pour faire un grand nombre d’obfervations cé-
îeftes très-importantes. De Prague , il les fit tranf-
porter au château de Benach ; 6c de-là il les fit ramener
à Prague, dans le palais de l’empereur, d’oii
on les fit palier dans l’hôtel de Curtz. Après la mort
de Tycho, 1 empereur Rodolphe, à qui les enfans
de cet aftronome avoient dédié un de fes ouvrages
pofthumes, craignant qu’on ne fît quelque aliénation
de ces inftrumens , ou quelque mauvais ufage ,
voulut en avoir la propriété pour le prix de vingt-
deux milleecus d’o r , qu’il paya aux héritiers deTy-
chp ; & il y commit un garde à gage, qui tint ce
grand trefor fi bien renfermé dans l’hôtel de Curtz,
qu’il ne fut plus poffible à perfonne de le voir , pas
même à Kepler., quoique difciple de T y c h o , 6c fa-
Vôtife de 1 empereur. Ces machines demeurèrent
enfevelies de la forte jufqu’aux troubles de Bohème
en 1619 * 1 armée de l’eleéfeur Palatin croyant mettre
la main fur un bien qui étoit propre à la maifon
d’Autriche, les pilla comme des dépouilles ennemies,
en brifa une partie, 6c en convertit une autre à des
nfages tout différens. Le refte fut tellement diftrair,
qu’on n’a pas pu favoir depuis ce que font devenus
tant de précieux monumens. On vint cependant à
bout de fauver le grand globe célefte, qui étoit d’ai-
ram : il fut retiré de Prague , 6c emporté fur l’heure
à Neiffa en Siléfie, où on le mit en dépôt chez les
jefuites. Il fut enlevé treize ans après par Udairic ,
fils de Chriftiern , roi de Danemarck , conduit à
Copenhague 6c placé dans l’académie royale.
M. de Fontenelle d it , dans l’éloge du crar Pierre
que ce prince ayant vu à Copenhague un globe célefte
fait fur les defleins d eT y ch o , 6c autour duquel
douze perfonnes pouvoient s ’afleoir , enfaifant des
obfervations , demanda ce globe au roi de Dane-
marck , 6c fit venir exprès de Petersbourg une fré -
m l l g 1 y apporta. C’eft apparemment ce même
globe dont nous parlons.
M. Picart ayant été faire un voyage à UranU
bourg, il trouva que le méridien tracé dans ce lieu
par Tycho , s’éloignoit du méridien véritable. D ’un
autre cote cependant M. de Chazelles ayant été en
Egypte, 6c ayant mefuré les pyramides 6c examiné
leurpofition ^ il trouva que leurs faces fe tournoient
exactement vers les pôles du monde. Or comme
cette pofition finguliere doit avoir été recherchée
yraiftemblablement par les conftru&eurs de ces py-
rarmdes^, il paroîtroit s’enfuivre de-là que les méridiens
n’oBt point changé. Seroit-il poffible que les
anciens aftronomes égyptiens euflent bien tracé leur
méridienne, 6c que T y c h o , fi habile & fi exact, eût
mal décrit la fienne ? C ’eft fur quoi il ne paroît pas
ailé de prononcer. / ^ « {M é r id ien . (O)
URANIE, (Mytholog.) mule quipréfide à l’aftro-
homie ; on la repréfente vêtue dune robe couleur
d azur, couronnée d’étoiles, foutenant un globe, 6c
environnée de plufieurs inftrumens de mathémati-
y * s .» quelquefois feulement elle a près d’elle un
globe pofé fur un trépié. ( D . J . )
Uranjë , (Littérature.) 0Cpuvi*, jeu des enfans en
en pC- ItaIîe* Pùjettoitdaris ce jeu une balle
, .a.ir » ^ celui qui l’attrapoit le plus fouvent avant
fait6 n f la terre .» ctoit le roi du jeu. Horace
délicate1 ’ ^Uanc^ ^ avec une critique fenfible
quadringentis fe x feptem m i I lia défunt,
P U b ltmUS d b i ^ Unt m0res 9 & lin Z ua ç / SJ rii ' ■ dtpuei'i ludentes, rex eris, aiunt,
reclefectris.
U R B
* Vous ayez des fehtimëns, des M M | dè l'dlo»
S ? ” .’ 3 b0" " e foi I on I fait i mais fi aved
tou cela vous n avez pas un fond de cinquante
nulle livres; , vous ne parviendrez à rien. Les en-
» fans , au milieu de leurs jeux , raifonnent d’unè
» mamefe bien plus fenfee : faites b ien, difentdls i
» leur camarade , & vous ferez roi. ( O. J . )
Uranies , ( M ytho logie. ) lcs Podtes nous difent
que c étoient les nymphes « M e s qui gouvemoient
les lpheres du ciel. Venus ùnmt ou la Vénus célefte
meritoit bien d’avoir des nymphes qui, fous fes or-
( D J ) la<feM aU"maimien de toute ia natlli'ei
UH ANOPOLIS , (Géog. atte.) i ° . ville de l’Afie
mmeure, dans laPamphilie & dans la contrée anneL
lée Cdrbatit, félon Ptolomée, /. P. c. v. r t
z°, Ville de la Macédoine, dans la Chalcïdie, fuf
le mont A thos, félon Pline , l. I K c, le. Son fondateur
, au rapport d'Athénée-, l. I I I . f llt Alexarque c
frere de Caflandre , roi de Macédoine. ( D . J . ' )
URANUS , (Mythologie.) l’hiftoire dît que ce fu't
le premier roi des Atlantides , peuple qui habitoit
cette partie ^ l’Afrique , qui eft au plé du mont
Atlas, du cote de 1 Europe.
Ce prince obligea fes hijets, alors errâns & vaga-
bonds , à vivre en fociété, à cultiver la terre 6c à
jouir des biens qu’elle leur préfentoit.
Appliqué à l’aftrônomie , Uranus régla l’année fut
le cours du fole il, les mois fur celui de la lurte 6c
fit , par rapport au cours des aftres, des prédirions ,
dont 1 accompliflement frappa tellement fes fujetS!»
au’rls crurent qu’il y avoit quelque chofe de diviii
dans le prince qui les gouvernoit, enforte qu’après
la mort ils le mirent au rang des d ieux, 6c l’appelle-
rent roi étemel de toutes chofes. Titée fa femme étant
morte , reçut auffi les honneurs divins, 6c Ion nom
fut donne à 1a terre , comme celui de l'on mari avoit
ete donne au ciel.
On peut lire dans Diodore de Sicile, A I I I . c. iva.
le? autres détails de la théogonie des Atlantides, quî
eft allez femblable à celle des G recs , fàns qu’on lâche
s ils l’ont reçue de ces peuples d’Afrique , ou fi
les Atlantides l’ont tirée d’eux ; ce que l’on Voit clairement
, c’eft que le culte du foleil 6c de la lune a
été la plus ancienne religion des Atlantes, ainfi quô
de tous les autres peuples du monde. ( D . J . )
URAQU E , f. f. terme de riviere , charrette garnie
de claies, dans laquelle arrive le charbon que l’oii
mefure enfuite à la voie.
URBANEA, (Giog . mo i.) petite v i le d’Italie ,
dans l’état de l’Eglile , au duché d'Urbain , fur lé
Métro ou Météoro, à 6 milles au fud-oueft d’Urbain,
dont fon évêque eftfuffragant. Le pape Urbain V III.
l’embellit, & lui donna ion nom. C ’eft YUrbintwi
Metatirenfe des anciens.
Maccio ( Sébaftien ) , né à Urbanea au commencement
du xvij. fiecle , écrivit avec allez de politefi®
fur l’hiftoire romaine. On a de lui deux liv fe s, dont
l’un eft intitulé , de bello Afdrubalis , 6c l’autre di
hijlorid Livianâ. Il mourut à 3 7 ans. (D . J . )
URBANITÉ r o m a i n e , (Hifl. rom.) ce mot dé*
fignoit la politeffe de langage, de l’efprit & des ma*
nieres , attachée fingulierement à la ville de Rome.
Il paroît d’abord étrange que le mot urbanité ait
eu tant de peine à s’établir dans notre langue ; catf
quoique d’excellens écrivains s’en foient fe r v i, 6c
que le di&ionnaire de l’académie françoife l’auto*
rife , on ne peut pas dire qu’il foie fort en ufage *
même aujourd’hui. En examinant quelle en pourroit
être la raifon , il eft vraifl'emblable que les François
qui examinent rarement les choies à fond, n’ont pas
jugé ce mot fort néceflaire ; ils ont cru que leurs termes
polittjfe 6c galanterie renfermoient tout ce quâ
l’on entend par urbanité ; en quoi É p i f t . j . 1 . 1 . jls fe font fort