4io y o c
VO C A T IF , f.m. (Gram.') dans les langues qui
ont admisses cas pour les noms, les pronoms 8c les
adje&ifs, le vocatif eft un cas qui ajoute, à l’idée primitive'dû
mot décliné , l’idée-accefToire d’un fujet à
la fécondé perfonne. Dominas eft au nominatif, parce
■ qu’il ptéfente lefùgneur comme le fujet dont on parle,
quand on d it , par exemple, Dominus régit me, & ni-
ftii mihi décrit in loco pafcute ubi me collocavit ( P f.
..x x ij.) ,o u comme le fujet qui parle , par exemple ,
-dans cette phrafe , ego Dominus réfpondcbo ci in mul-
titudine immunditiarum fuarnm (E^ec/i. jw M Mais
. Domine eft au Vocatif, parce qu’il préfente le Seigneur
, comme le fujet à qui l’on parle de lui-même,
comme dans cette phrafe , exaudi Domine vocem
rneam , quâ clamayi ad te ( P f x xy j.) . Voici les conséquences
de la définition de ce cas.
i ° . Le pronom perfonnel ego ne peut point avoir
de vocatif ; par-ce qu'ego étant eftèntiellement de la
première perfonne, il eft effentiellement incompatible
avec l’idée accefToire de la fécondé.
2.0. L e pronom réfléchi fu i ne peut pas avoir non
plus de vocatif ;. parce qu’il n’eft pas plus fufceptible
de l’idée accefToire de la fécondé perfonne, étant
néceffairement de la troifieme. D’ailleurs étant réfléchi
, il n’admet aucun cas qui puiffe indiquer le fujet
de la propofition, comme je l’ai fait voir ailleurs.
Voye{ Réciproque.
3 ° . Le pronom de la fécondé perfonne ne peut
point avoir de nominatif ; parce que l’ idée de la fécondé
perfonne étant effentielle a ce pronom, elle
fe trouve néceffairement comprife dans la lignification
du cas qui le préfente , comme fujet de la propofition
, lequel eft par conféquent un véritable vocatif.
Ainfi c’eft une erreur à profcrire des rudimens,
que d’appeller nominatif le premier cas du pronom
tu , foit au ftngulier, foit au pluriel.
4 ° . Les adjeûifs pofTeflifs tuus 8c vefler ne peuvent
point admettre le vocatif. Ces adjeftirs défignent par
l ’idée générale d’une dépendance relative à la fécondé
perfonne : vcye{ P ossessif. Quand on fait
ufage de ces adjeéfifs , c’eft pour qualifier les êtres
dont on parle , par l’idée de cette dépendance ; &
ces êtres doivent être différens de la fécondé perfonne
dont ils dépendent, par la raifon même de leur
■ dépendance : donc ces êtres ne peuvent jamais, dans
cette hypothèfe, fe confondre avec la fécondé personne
; 8c par conféquent, les adjeôifs pofTeflifs qui
tiennent â cette hypothèfe , ne peuvent jamais admettre
le vocatif, qui la détruiroit en effet.
Ce doit être la même chofe de l’adjeûif national
vejiras , 8c pour la même raifon.
5°. Le vocatif 8c le nominatif pluriels font toujours
femblables entr’eux , dans toutes les déclinaifons grecques
& latines ; 8c cela eft encore vrai de bien des
noms au fingulier , dans l’une 8c dans l’autre .lan-
S ue-
C’eft que la principale fonâion de ces deux cas eft
d ’ajouter à la lignification primitive du mot, l’idée
accefToire du fujet de la propofition, qu’il eft toujours
•effentiel de rendre fenfibleau-lieu que l’idée accef-
foire dé ta perfonne n’eft que fecondaire, parce qu’e
lle eft moins importante , & qu’elle fe manifefte
affez par le fens de la propofition , ou par la termi-
maifon même du verbe dont le fujet eft indéterminé
.'à cet égard. Dans Dais miferetur , le verbe indique
affez opxzDeus eft la troifieme perfonne; & dans Deus
jniferere., le verbe marque fumfamment que Dais eft
À la fécondé : ainfi Deus eft au nominatif, dans le
premier exemple, 8c au vocatif dans le fecond^quoi-
que ce foit le même cas matérieL.
•Cette approximation de fervice dans les deux cas,
ïemble .juftifier ceux qui les mettent de fuite & à la
tête de tous les autres , dans les paradigmes des déclinaifons:
& je joindrois volontiers cette réflexion à
V O C
celles que j’ai faites fur les paradigmes. Poytf Par*,
digme. (JB. E . R. M.)
VO CATIO N , f. f. en terme de Théologie ; grâce ou
faveur que Dieu fait quand il appelle quelqu’un à
lu i, 8c le tire de la voie de perdition pour lé meure
dans celle du falut.
Dans ce le ns-là nous difons , la vocation des juifs
la vocation des gentils.
Il y a deux iortes de vocations , l’une extérieure
8c l’autre intérieure : la première confifte dans une
fimple 8c nue propofition d’objets qui fe fait à notre
volonté : la fécondé eft celle qui rend la première ef.
ficace en difpofant nos facultés à recevoir ou embraffer
c es objets.
Vocation fe dit auffi d’une deftination à un état, ou
à une profeffion. C’eft un principe que perfonne ne
doit embraffer l’état eccléfiaftique ni monaftique fans
une vocation particulière. Voye{ Or d r e s ,O rdinat
io n , &c.
Les catholiques foutiennent que la vocation des
pafteurs ou théologiens réformés eft nulle 8c invali.
de ; & parmi les Anglois-mêmes, quelques-uns prétendent
qu’une fucceffiOn qui n’ait point été interrompue
eft néceffaire pour la validité de la vocation
des prêtres. Voye^ Ordination.
VOCEM. , terme de Bréviaire ; c’eft le nom qu’on
donne au cinquième dimanche d’après Pâques, parce
que l’introït de la meffe commence par vocem jucun*
ditatis, 8c qu’il eft ainli marqué dans quelques almanachs.
Les Rogations font immédiatement le lendemain
du dimanche vocem jucunditaùs. (D . J . )
V 0 CENT1I , (Géog. anc.) peuples de la Gaule
narbonnoife, à l’orient des Tricaftini, & à i’occident
des Tricorii. Ce peuple étoit limitrophe des Allobroges
, 8c libre ; c’eft-à-dire , que par la libéralité
des Romains,il étoit exemt de la jurifdiâion duprc-
fident de la province. Ptolomée, l . I I . c . x . donne
à ce peuple pour capitale Vafio, aujourd’hui Vaifon.
( •O ./ .) , ■
VOCETUS ou VOCETIUS , ( Géog. anc.) montagne
de l’Helvétie. Cluvier , germ. ant. I. II. c. iv.
6c Cellarius , c. iij. font d’àvis que le mont Vocetus,
eft cette partie du mont Jura , qui eft dans le canton
de Zoug, 8c qu’on appelle préfentement Bo^en,
Bomber g ou Botyberg. Quelques-uns ont confondu le
Vocetus, ou Vocetius avec le Vogefus. C ’eft une grande
erreur. Voye{ VoGESUS.
VOCONT1EN S , f. m. pl. (Hi(l.ancienne.) Vo-
contio ; peuple de l’ancienne Gaule, qui du tems des
Romains habitoient les pays connus des modernes
fous le nom de Dauphiné.
VO CO N T II, ( Géog. anc.) peuples de la Gaule
narbonnoife. Ils-habitoient à l’orient des Tricajiini,
8c à l’occident des Tricorii : ce que nous apprenons
de la route d’Annibai décrite par Tite-Live, l. XXI.
c. x x x j. Quum jam Alpes peteret, non reclâ regiont itef
inflituit ,fe d ad Icevam in Trifcajlinos jlcxit : indè fit
extremam orarn Vocontiorum agri, te tendit in Tri(0‘
rios.
Strabon, l. IP . p . i j 8 , écrit Oukovtioi , Voconiiif
p . 2 o J , OuoKouvnoi, V o cu n t ii. Il dit que ce peuple
étoit limitrophe des Allobroges , 8c libre ; c’eft-à-
dire , que par la libéralité des Romains il étoit exempt
de la jurifdiûion du préfident de la province ; auffi
Pline, l . I I I . c . i v . lui donne-t-il le titre de cité confc
d érée. Ilajoute qu’ils avoient deux capitales Vafio,
Vaifon,.& Lucus Augufli, le Luc. Pomponius Mêla»
l. I I. c. iij. 8c Ptolomée , l. II. c. x . ne nomment qu*
une de ces capitales ; favoir , V a fio Vocon tiorum, ou
c iv ita s Vafiorum .
Trogue-Pompée étoit du pays des Voconces, &
ffeurifluit du tems d’Augufle. Son pere étoit fecre-
taire 8c garde du fceau de cet empereur. Trogue*
Pompée s’açquit une grande gloire par une hiûoire
V OE U
univerfellë écrite en X L IV . livres, dont M in â fait
on abrégé y fans y changer ni le nombre des livres,
ni le titre d'hifioire Philippique. Il y a apparence que
ce titre étoit fondé-fur ce que depuis le VU. livre
rufqu’au XLI. il parloit de l’empire des Macédoniens,
qui doit fon commencement à Philippe pere d’Alexandre
le Grand. Quoi qu’il en fo it, l’abrégé de Juf-
tin nous a fait perdre le grand ouvrage de Trogue*
Pompée. (D . J .)i ' . ’ ■
V’ODABLE, (Géog. mod.) bourg de France dans
l’Auvergne, élection d’Iffoire. Ce bourg eft remarquable
parce qu’il eft le chef-lieu d’une grande châtellenie,,
qu’on nomme le Dauphiné d'Auvergne à
caufe du dauphin d’Auvergne qui en fut nm des premiers
feigneurs. Cette terre fut enfuite nommée ab-
folument le Dauphiné ; 8c fesTeigneurs qui s'appelaient
dauphins d\Auvergne, prirent pour armes un
dauphin. Long. io . S i. lat. f s . 24. (D . J .)
VODANA, (Géog. mod.) ville de l’Arabie heu-
reufe, au royaume & à 15 lieues de Mafcaté. Elle
eft la réfidence d’un émir. Le terroir ne- produit
point de b lé, mais du riz , des dattes, des fruits, des
melons, du raifin & des coings qui n’ont pas l’âpreté
des nôtres. (D . J . )
VODENA, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne
, dans la Macédoine' ou Coménolitari, fur
larivierede Viftriza, environ à 1 5 lieues au couchant
deSalonichi. On croit que c’eft T’âncienne (Edejfa,
& la même fans doute que M. de Lille appelle Eclif-
fo,8c qu’on ne trouve point ailleurs. (D . J . )
VOERDEN, (Géog. mod.) ou Woerden ; ville des
Pays-bas, dans la Hollande, fur le Rhein qui la tra-
verfe, 4" 3 lieues d’Utrecht, & à 6 de Leyde. Les
Etats-généraux qui en font les maîtres depuis l’an
1521, l’ont extrêmement fortifiée. Long. 22 . 2:3. lat.
62.8. ■ ■
Bakker ( Je an ) , appellé en latin Joannès Piflorius;
naquit à Voerden en 14 9 8 , 8c paffe pour être le premier
des hollàndois qui ait embraffé publiquement le
Catvinifme. On l’emprifonna à Utrecht pour cette
héréfie ; mais il fut relâché lors de la pacification de
Gand. Quelque tems après, fous le gouvernement
de Marguerite de Savoie, il fut arrêté de nouveau,
& brûlé v i f à la Haye pour fa religion, en 15 2 5 ,
n’ayant pas encore 27 ans. C ’eft un fait bien fingu-
lier, & même je crois l’unique en Hollande. (D . J .)
VOEU, f. m. (Gramm. & Jurifp.) eft une promefle
faite à Dieu d’une bonne oeuvre à laquelle on n’ eft
pas oblige, comme d’un jeune, d’une aumône , d’un
pèlerinage.
Pour faire un voeu en général, il faut être en âge
de raifon parfaite , c’eft-à-dire en pleine puberte ;
etre libre, 8c avoir la difpofition de ce que l’on veut
■ vouer. Ainfi une femme ne peut vouer fans le con-
fentement de fon mari, ni une fille , fans le confen-
tement de fes pere 8c mere. Un religieux ne peut
s engager à des jeûnes extraordinaires fans la per-
miffion de fon fupérieur.
Il eft libre de ne pas faire de voeux ; mais quand on
en a fait, on doit les ténir.
CePendant fi le voeu a été fait légèrement, ou que
différentes circonftances en rendent l’accompliffe-
ÎHen* t r o P difficile, on en obtient une difpenfe de
eveque ou du pape, félon la nature des voeux.
Le voeu folemnel de religion difpenfe de plein
r°it de tous les autres voeux qu’on auroit pu faire
avant que d’entrer dans le monaftere ; ce qui a lieu
meme par rapport à ceux qui s’étoient engagés d’en-
•!er (*ans un ordre plus févere que celui dans lequel
lls ont fait profeffion.
1 * y a différentes fortes de voeux, qui ont chacun
eurs réglés particulières, ainfi qu’on va l’expliquer
ans les fubdivifions fuivantes.
oeu ad limina apofiolorum, c’eft-à-dire d’aller à
Tome X V I I \
V (E U 4u
Rome en pèlerinage, La difpenfe de ce wes eft réfef.
véé au pape; il en eft de même de certains autres
pèlerinages.
Voeu dE chasteté , ne confifte pas fimplemèiit
dans une promeffe de ne rien faire de contraire à la
pureté, mais auffi dans un renoncement au mariage,
8c à tout ce qui pourroît porter à la diffipationt
lorfque l’on a fait voeu de chafteté perpétuelle,
il n’y a que le pape qui puiffe endifperifer, quand
même le voeu feroit fimplé..
Voeu de clôture, eft un voeu particulier aux re*
ligieufes, que leur réglé ne permet point de fortir du
monaftere.
V oeu de continence, Voye^ Voeu de chasteté
*
Voeu du faisan , Voye£ ci-après Voeu du paoN.
Grands voeux, on appelle ainfi dans certain#
ordres les voeux folemnels qui fèuls lient la perfonne
, de maniéré qu’elle ne peut plus retourner au fie*
cle; par exemple les jéfuites peuvent être congédiés
jufqu’à leur troifieme & dernier vau , quoique leurs
deux premiers les lient envers la fociété. Voyeç les
lois eccléjiafl. de d’Héricourt, tit.des voeux folemnels,
n, 3 3 . aux notes. •
Voeu d’obéissance , eft celui que tous les religieux
font-d'obéir à leurs fupérieurs* Il y a certains
ordres qui font en outre voeu d'obéijfancs fpéciàle au
pape, comme les jéfuites.
Voeu du paon ou du faisan, du tems que la
chevalerie étoit en vogue, étoit le plus authentique
de tous les voeux que faifoient les chevaliers , lorf*
qu’ils étoient fur le point de prendre quelque enga*
gement pour entreprendre quelque expédition. La
chair de paon 8c du faifan étoit, félon nos vieux ro*
manciérs, la nourriture particulière des preux & des
amoureux. Le jour auquel oii de voit prendre l’engagement
, on appértoit dans un grand baflin d’or oit
d’argent, un paon ou; un faifan, quelquefois rô ti,
mais toujours paré de fes plus belles plumes. Ce baffiri
étoit apporté avec cérémonie par des dames ou damoi-
felles ; on.le préfentoit à chacun des chevaliers, lequel
faifojt fon voeu fur l’oifeau ; après quoi on le rap-
portoit fur une table, pour être diftribué à tous les
affiftans, 8c l’habileté de celui qui le découpoit, étoit
de le partager de maniéré que .chacun en pût avoir»
Les cérémonies de ce voeu font expliquées dans un
mémoire fort curieux de M. de Ste P alaye, fur la
chevalerie, oü il rapporte un exemple de cette cérémonie
, pratiquée à Lille en 145 3 , à l’occafion d’une
croifade projettée contre les T u r c s, laquelle néanmoins
n’eut pas lieu.
V oeu de pauvreté , eft le renoncement aux
biens temporels : ce voeu fe pratique de différentes
maniérés. Il y a des ordres dans lefquels le voeu de
pauvreté s’obierve plus étroitement que dans d’autres;
quelques congrégations font même profeffion de ne
pofféder aucun bien fonds.
Anciennement ce voeu n’étpit fait qu’au profit de
la communauté ; le religieux profès n’étoit point incapable
de recueillir des fucceffions, mais le fonds
en appartenoit au monaftere, lequel lui en laiffoif
feulement i’ufufruit 8c la difpenfation. Les papes ont
même confirmé ce privilège à divers ordres ; Clément
IV. l’accorda en 12 6 5 , à celui de S. François 8c
de S. Dominique.
Cette habilité des religieux à fuccéder a duré en
France, jufque dans le xi. fiecle.
Préfentement l’émiffiondes voeux emporte mort
civile, 8c le religieux profès eft incapable de rien recueillir,
foit à fon profit,ou au profit du couvent; fi
ce n’eft quelque modique penfion v iagère, que Ton
peut donner a un religieux pour fes menus befoins ,
ce qu’ il ne touche même que par les mains de fon fupérieur,.
F f f i j