L a [one torride eft une Lande ou partie de la fur-
face de la terre terminée par les deux tropiques, 6c
partagée en-deux parties égales par l’ équateur. Voye[
T r o p iq u e s & E q u a t e u r .
La largeur de cette bande eft de 46 d 5 8 7. favoir
2.3 degrés 29 minutes d’un côté de l’équateur, 6 c 23
degrés 29 minutes de l’a u t r e d e forte qu’elle eft di-
vilée en deux parties égales par l’équateur autrement
appellé la ligne. Le foleil ne fort jamais de deffus la
\one torride, 6c chaque jour de l’année il y a des peuples
fous cette [One auxquels il eft vertical.
Les anciens croyoient que la [ont torride étoit inhabitée.
Voyt[ T o r r id e .
Les [ones tempérées font deux bandes de la furface
de la terre terminées chacune par un tropique 6c par
un cercle polaire. Leur largeur à l’une 6 c à l’autre
e ft de 43 degrés 2 minutes. Voye[ T e m p é r é e . Voye[
"Ce r c l e p o l a i r e . Le foleil ne paflé jamais par-
defliis ces [ones ; mais il s’en approche plus ou moins
dans fon mouvement.
Les [onés glacées font les fegmens de la furface
d e la terre, terminés l’un par le cercle polaire ar£ti-
que, l’autre par le cercle polaire antarftique. Leur
largeur à chacune e ftd e4 6d. 58’. Voye[ A r c t iq u e
& A n t a r c t iq u e . Voye[ auffi G l a c é .
Les {1ones font différenciées par une grande quantité
de phénomènes. 1 °. Dans la [ont torride le i'oleil
jpaffe au zénith deux fois l’année. De même deux
fois l’année le foleil s’éloigne de l’équateur d’une
quantité égale, à 23 degrés 29 minutes environ.
20. Dans tous les lieux qui l'ont dans les [o n e s tempérées
6 c dans les [o n e s glacées , la hauteur du pôle
■ furpaffe toujours la plus grande diftance du foleil à
Téqiiateur ; c’eft pourquoi les habitans de ces [one s
n’ont jamais le foleil à leur zénith. Si on compare les
hauteurs méridiennes du foleil obfervées le même
jour dans deux lieux quelconques de c e S [ o n e s , celui
où la! hauteur méridienne fera la plus grande, fera le
plus méridional.
30.. Dans les [ones tempérées le foleil pafle toujours
denous rhorifon, à caufe que fa diftance au pôle ex-
cede toujours la hauteur du pôle ; 6c dans tous les
'lieux de ces [ones, excepté fous l’équateur, les jours
artificiels font inégaux, 6c cela d’autant plus que ces
lieux, font plus voifins des [ones glacées. Voye[
J o u r s .
40. Dans les lieux qui féparent 1 e s [o n e s tempérées
d’ avec les [o n e s glacées, c’ eft-à-dire fous les cercles
polaires, la hauteur du pôle eft égale à la diftance
du foleil au polelorfque le foleil eft dans le tropique
d’été. Donc les peuples qui habitent ces lieux, voient
une fois l’année le foleil achever fa révolution fans
paffer fous l’horifon.
50. Dans tous les lieux des [ones glacées, la hauteur
du pôle eft plus grande que la moindre diftance
du foleil au pôle. Donc pendant plufieurs jours la
diftance du foleil au pôle eft moindre que la hauteur
du p ô le , 6c par conféquentle foleil doit être pendant
ce tems-lâ non feulement fans fe coucher, mais
fans toucher l’horifon. Lorfqu’enfuite le foleil vient
.à s’éloigner du pôle d’une plus grande diftance que
celle qui mefure la hauteur du pô le , alors il s’élève
& fe couche tous les jours comme dans les autres
[ ones.
Les académiciens q u i, par ordre du ro i, ont été
mefurer le degré du méridien dans la [one froide fep-
tentrionale, pour^déterminer la figure de la terre ,
ont joui de ce jour de 24 heures que l’on doit avoir
dans cette [ont au folftice d’été ; 6c la longueur des
jours compenfe tellement le pêu de chaleur d ireâe
du fole il, que l’été y eft fort chaud 6c fort incommode.
Unechofe bien finguliere, c’eft quelesHol-
landois qui firent, il y environ 15 0 ans, un voyage
à la nouvelle Zemble où ils pafferent l’hiv er, 6c où
Us eurent plufieurs nuits de fuite , revirent le foleil
quinze jours plutôt qu’ils n’auroient dû le revoir eu
égard à la latitude où ils ètoient. Il n’y a pas d’apparence
qu’ils fe foient trompés dans le calcul du
jou r, comme il feroit naturel de le croire à caufe
des nuits confécutives qu’ils avoient paffées ; carou»
tre que leur journal paroît fort exatt 6c daté jour»
par-jour, ils revirent le foleil un jour qu’il devoit
arriver, luivant les èphémérides, une,occultation
d’etoiles par la lune , laquelle arriva effeftivement
ce jour-là. Il paroit difficile d’attribuer ce phénomène
à l’ effet des réfractions, qui femble ne devoir pas
être affez grand pour accélérer la venue du jour cl’u-
ne quantité fi considérable; enfin c’ eft un fait que les
philofophes 6c les aftronomes n’ont pas encore trop
bien expliqué. Poye[ J our , N u it , C o u c h e r ,
L e v e r , & c. Chambtrs.
Z o n e , ( Géog. mod. ) on nomme [ones, en géographie,
des bandes ou ceintures.de la terre , terminées
par deux cercles parallèles entr’eux, favoir par
les deux cercles polaires & par les deux tropiques.
Zone eft un mot grec qui fignifie ceinture, bande ; &
c ’eft de cette maniéré que les géographes ont divifé
la furface du globe terreftre par rapport auquel.
Du mouvement annuel 6c diurne'de la terre ré-
fulte une divifion de la furface de la terre en cinq
parties qu’on appelle [ones. Comme le foleil décrit
par fon mouvement une ligne appellée écliptique, qui
coupe l’équateur en deux points oppofés, & fait une
déclinaifon de 23 degrés 30 minutes, il doit néçef-
fairement être tantôt plus près, 6c tantôt plus éloigné
de l’équateur: ce qui fait le changement des faifons,
& occafionne la chaleur, le froid, la pluie, le vent
dans les lieux par où il pafle.
La furface de la terre entre les deux tropiques fe
nomme [o n e to rride . Celles qui font entre les pôles ÔC
les cercles polaires, font les deux [on e s glaciales ; 6c
celles qui fe trouvent entre les deux cercles polaires
& lés tropiques , font appellées les deux [Ones temp
é r é e s : ce qui fait en tout cinq ço/z«.
Les lieux dont la latitude eft moindre que 23 degrés
30 minutes , font fous la [one torride. S’ils font
précifément à 23 degrés 30 minutes, ils fontfousles
tropiques ou à l’extrémité de la [one torride. Ceux
qui ont plus de 23 degrés 30 minutes de latitude ,
mais moins de 66 degrés 30 minutes, font fous les
[ones tempérées. Ceux qui ont précifément 66 degrés
30 minutes de latitude , font à l’extrémité de
la [one tempérée ; 6c enfin s’ils ont plus de latitude,
ils font fitués fous, la [ont glaciale.
Il eft aifé de calculer la largeur 6c la quantité. de
chaque [one en milles ou en toute autre mefure
connue.
La largeur de la [one torride eft de 4 7 ‘degrés, c ’eft-
à-dire 23 degrés 30 minutes de chaque côté de l’équateur.
La largeur de chaque [one tempérée eft de
43 degrés, 6c celle des deux [ones glaciales eft de
4 7 degrés : ces degrés réduits en milles , à compter
15 milles d’Allemagne pour un degré, donneront
705 milles pour la largeur de la [one torride, 645
milles pour chaque [one tempérée, & 3 52 milles
pour chaque [ont glaciale.
On peut connoître la furface de chacune par cette
proportion tirée de la géométrie ; comme le finus
de 90 degrés 100000 eft au finus de 23 degrés 6c demi,
favoir 398 75 , de même la moitié de la furface
de la terre qu’on a trouvée être 4639090 milles
quarrés, eft à la fuperficie de la moitié de là [ont
torride , favoir 1849837 milles quarrés; & parcon-
féquent la furface de toute la [one. torride eft de
3699674 milles.
Enfuite comme tout le finus 100000 eft à la différence
des finus de 23 degrés 30 minutes, & 66 de*
grés 30 minutes 5 1 8 3 1 , de même la moitié de là
furface
furface de la terre ou 463 9090 milles quarrés eft à
la furface d’une des [ones tempérées, 2404487 milles
quarrés.Si donc on retranche lafurfaee de la moitié
de la [ont torride, & celle de la [one tempérée,
de la moitié de la furface de la terre, il ne reftera
plus que la furface d’une des [ones glacialis 384766
milles quarrés. Quelques aftronomes font d’avis que
la dcclinaifon de 1 écliptique n’eft pas toujours la
meme, 6c qu ainfi la largeur des [ones n’eft pas toujours
égale ; mais la différence eft petite ; 6c Tycho-
Brahé doutoit qu’il y en eût aucune ; ainfi cela ne
vaut pas la peine d’y faire attention.
Il nous importe davantage d’indiquer les principales
caufes qui contribuent le plus à former la lumière
, la chaleur, le froid, les pluies & les autres météores
, 6c à les entretenir dans les différentes [ones;
voici donc ces caufes.
i ° . L’oblicjuité plus ou moins grande, ou la perpendicularité
avec laquelle les rayons tombent furie
lieu. La derniere fait la plus grande chaleur, & les
deux autres caufent plus ou moins de chaleur, à proportion
de leur obliquité.
2 ° . La durée du foleil fur l’horifon du lieu.
3** La depreflion plus ou moins grande du foleil
fous l’horifon pendant la huit : ce qui donne plus ou
moins de lumière 6c de chaleur, de pluies, de nuées
épaifiès, &-c. d’où réfulre un erépufcule plus long ou
plus court.
40. Le plus ou moins de tems que la lune refte
fur l’horifon ou deffous, fon élévation plus ou moins
grande deffus l’horifon , pu fa depreflion au-deffous.
50. Les mers & les lacs voifins : c’eft de-là que
viennent la plus grande partie des vapeurs humides
de l’air; d’ailleurs, la mer ne réfléchit pas les rayons
avec tant de force que la terre.
6°. La fituation des lieux; car le foleil influe fur les
montagnes différemment que fur les vallées. Souvent
les montagnes empêchent les rayons d’arriver juf-
qu’aux vallées : ce qui attire auffi à elles en quelque
forte les vapeurs. De-là vient que les montagnes
changent les faifons des lieux voifins., caufent la chaleu
r, la pluie, &c. ce qui n’arriveroit p a s , fi les
montagnes ne s’y rencontroient.
• 7 ° . Les vents, 6c fur-tout ceux qui font généraux
& réglés. Ainfi les vents réglés de l’eft temperentla
chaleur de la canicule ; 6c fous la [one torride le vent
général, 6c fur-tout les vents d’eft au Pérou, y caufent
une chaleur modérée ; tandis qu’à l’oueft de l’Afrique
on fient une chaleur violente ; car le vent général
n’eft pas fi fenfible dans ces lieux. Les vents
de nord font froids 6c fecs. Les vents du midi font
chauds 6c humides.
8 ° . Enfin lés nuages 6c la pluie diminuent la lumière
6c la chaleurs
Sous la [one tempérée 6c la [one glaciale, les quatre
faifons céleftesfont prefque de la même longueur;
mais fous la torride elles font inégales; la même fai-
fon y eft différente, félon les pays.
Dans les lieux fitués fous cette [ont le foleil approche
du zénith à midi ; mais à minuit il en eft fort
éloigné fous l’horifon ; les lieux y font prefque dans
le milieu de l’ombre de la te rre , 6c les rayons du fo-
leil n’éclairent ni n’échauffent l’ait. ’
Sous la [one glaciale, comme le foleil eft fort loin
du zénith, même à midi, il ne s’éloigne pas beaucoup
fous l’horifon pendant la nuit, 6c envoie dans l’air
par réflexion plufieurs rayons.
Sous la [one tempérée, le foleil eft à une diftance
ordinaire du zénith à midi, 6c à minuit il eft affez
avancé fous l’horifon en hiver ; mais en été il envoie
dans l’air quelques rayons par réflexion.
Dans les lieux de la [ont torride, le erépufcule
eft le plus court; il eft le plus long fous la [ont gla-
TomeXVlI,
ciale ; & fous la {ont tempérée il tient un milieu en.
tre les deux.
Sous l’équateur & dans les lieux voifins le cré-
pufcule eft environ d’une heure; mais l’expérience
fan voir qu’il ne dure qu’une demi-heure ou un peu
plus, parce que l’air y eft trop greffier & trop bas
pour former un erépufcule à 1 8 degrés de dépreffion
du foleil fous l’horifon. Sous la {ont glaciale le cré-
pufcule dure quelques jou rs, quand le foleil eft encore
fous 1 hdrifon. Sous la {Ont tempérée, le crépiffi
cule dure trois, quatre , cinq ou fix heures, & même
toute la nuit en certains lieux pendant l’été félon
que ces lieux font plus ou moins proche de la zone
glaciale. x
C’en eft affez fur les {ones en général ; nous développerons
fous chacune les détails particuliers qui. [es
concernent, & ces détails feront étendus. Ainfi Voyez
Z o n e t o r r id e1,;’ Z o n e s g l a c ia l e s , Z o n e s t e m -
l'ERÉES. ( Le chevalier DE J AV COU RT. )
Z o n e t o r r id e , {Géog. mod.) Cette {one eft terminée
parles deux cercles tropiques, & fe trouve
entre les deux {orées tempérées. L’équateur la divife
en deux parties égales, l’une feptentrionale & i’M 1
tre méridionale. Elle a 47 degrés de largeur qui valent
1 17 5 lielies, de vingt-iinq au degré. On l’au-
pelte torride, parce qu’étant dtrèéfement foits le lie‘u
par oh le foleil paffe en faifant fon cours, elle eft
frappée à plomb de f is rayons, & en fouffre une
chaleur exceffive; mais le milieu de cette {ont eft
beaucoup plus tempéré que f is extrémités , tant à
à caufe de l’-égalité des jours & des nuits, qu’à caufe
qu il n’y a pas un auffi long folftice que fous les tro-
piques.
Les peuples qtii demeurent précifément au centre
de la {One torride , ont un conUfttiel équinoxe ; lei'
jou rs, ainfi que les nuits, y font perpétuellement de
douze heures, & les crépufcules y font tréSÉàurts
parce que lé foleil defeendant perpendiculairement
fous l ’horifon , arrive bten-tôt au dix-huitieme degré
, qui eft la fin du erépufcule du loir , & lé com-
mencement de l’aurore.
On donne à la [one torride, neuf mille lieues de 25
au degré en fon circuit fous l’ équateur, ce qui eft fa
plusgrande étendue; & environ huit mille 253 lieues
dans lès extrémités fous les tropiques.
On dit que les anciens ne croyoient la [one torride
ni habitée, ni habitable , & e’etoit-là effeélivement
l’opinion générale. Mais il eft à-propos de remarquer,
que notre [one torride eft prefque le double de
celle des anciens : la nôtre s’étend d’un tropique à
l’autre, la leur n’alloit que du douzième degré de
latitude feptentrionale 6c un peu plus, au douzième
degré de latitude méridionale, & quelque chofie au-
delà. Strabon eft formel là-deffus. Il dit qu’à trois
mille ftades de Méroé, en tirant droit au midi, on
parvient aux lieux où perfonne ne peut habiter à
caufe de la chaleur; que ces lieux ont le même parallèle
que la région Cinna Momifere ; que c’eft-là où
l’on doit mettre les bornes de notre terre habitée du
côté du midi.
Ajoutons à ces trois mille ftades , les cinq milles
que Strabon compte de Syéne à Méroé, nous aurons
huit mille ftades, ou ce qui eft la même chofe du
tropique du cancer au commencement de la. [one torride
; refte donc huit mille huit cent ftades de ce dernier
point à l’équateur ; or huit mille huit cent ftades
font 12 degrés & un peu plus, fuivant le calcul de
Strabon, puifqu’il compte feize mille huit cent ftades
de Syéne, ou du tropique àTéquateur.
Quoique la plûpart des anciens ne cruffent pas
leur [one torride habitable, il s’eft trouvé néanmoins
quelques-uns de leurs philôfophës qui n’ont pas fuivi
le torrent. Strabon lui-même, qui tenoit pourl’opi-
; nion commune, dit que Polybe & Eratofthèns
Z Z z z