de donner à l’ouvrage. Il ne peut être ici queftion
de burins, de gouges, des planes, ni d’aucun de ceux
dont on fe fert pour tourner le bois, la pierre & les
métaux. Il ne faut pour les grandes parties que des
efpeces de lingots ronds , ovales, quarrés, proportionnes
à la grandeur de l’ouvrage. On leur donnera
la forme néceffaire avec une lime ou une râpe. On
prendra des lames de cuivre rouge d’une ligne d’é-
paiffeur , 6c de trois à quatre lignes de large pour
travailler les moulures. On leur donnera aufli une
Forme convenable à l’ouvrage. A mefure qu’elles s’ u-
feront, on renouvellera leur forme. Il eft important
de la conferver, fi l’on veut parvenir à faire des mou-
lures exaftes 6 c bien décidées.
Un particuliertémoin des opérations quel’on vient
de détailler, confeilla de fe fervir des pierres à aigui-
Fer les outils d’acier, au lieu d’étain 6 c de cuivre
chargé d’émeril ; il eft en effet très-poffible de tourner
le verre avec ces fortes de pierres ; mais l’opération
feroit plus lente, parce qu’il n’y a point de corps,
fi l’on excepte le diamant, qui morde furie verre comme
l’émerii. Les curieux qui voudront faire des ef-
fais dans ce genre, jugeront par l’expérience lequel
des deux moyens doit êtrepréféié.
On comprend qu’il feroit également pofîible de
travailler un bloc de v e r r e , & de le former à fa volonté
; mais il eft plus prompt, plus commode 6c
6c plus avantageux d’exécuter ces projets fur une
matière foufflée 6 c tenue fort égale, ce qui eft une
préparation pour le mettre fur le tour.
Au refte les Romains connoiffoient toutes les fi-
neffes de cette pratique, comme on le voit par des
monumens de leur induftrie qui nous reftent. Ils
avoient aufli l’ufage de la gravure fur la platerie de
ve rre . Ainfi , comme Pline l’affure, les anciens tournoient
le v e r r e , 6 c le.^gravoient comme de l’argent.
CD ■ /■ )
V e r r e , maniéré de dejjînerfur le, (.Arts.) nous al-j
Ions indiquer la maniéré de defliner fur le verre , 6c
d’y appliquer l’or & l’argent, communiqué par M.
Majauld, doâeur en médecine , à M. le comte de
Caylus, 6c que nous tranferirons de fon beau recueil
d’antiquités, t. I I I . p . 19 3 , oit le n°. //. préfente un
verre fur lequel l’ôr 6c l’argent font également employés.
C’eft le bufte d’une jeune perfonne dans lequel
les traits du vifage,les cheveux,les bandes de la
robe font à fond d’argent,qui défignentde la broderie.
Ce petit monument, félon M. Majauld, eft formé
par deux couches de v e r r e , dont l’un éft fans couleur,
6c l’autre bleu tranfparent un peu foncé : ces deux
v e r r e s font foudés au feu, & ne font qu’un morceau;
à travers de la couche blanche on voit un bufte bien
defliné en or & en argent, dont le travail fini 6 c recherché
eft d’autant plus brillant que le fond eft
obfcur.
La fimplicité de cette compofition paroîtroit n’offrir
aucune difficulté pour fon imitation ; il femble-
roit qu’il ne feroit queftion que de mettre de l’or 6c
dej’argent en feuille ou en poudre, entre deux v e r r
e s ; d’y fixer ces métaux avec un mordant ; d’enlever
avec une pointe,l’or ou l’argent qui ne doit pas entrer
dans la compofition dufujet qu’on veut defliner, 6c
de faire fondre les deux v e n t s pour les fouder ; c’eft
en effet à cette manoeuvre que fé réduit l’opération ;
cependant toute fimple qu’elle paroît être , elle offre
de grandes difficultés : il importe donc en les levant
de mettre les artiftes en état d’exécuter facilement
des ouvrages femblables.
D u c h o ix d u ve rre . On ne peut indiftinûement
employer toute forte de ve r r e s pour exécuter le travail
dont il eft queftion. L’inégalité de la furface de
ceux qui n’ont été que foufllés 6c enfuite applatis, y
met un obftaçle inlurmoatable ; çar lorfqu’on applique
ces fortes de verres l’un contre l’autre, Sc qu’on
les fonde au feu, l’air qui fe trouve entre les deux à
raifon des inégalités forme des bulles qui ne peuvent
s’échaper, & produifent un effet tres-défagréa-
ble: il eft donc important, pour que les deux plaques
fe foudent partout&en même tems,d’employer
des verres dont la furface foit très-plane, afin que fe
touchant également, toutes les parties puiflent fe fouder
en même tems. Il faut remarquer encore , qu’il
y auroit de l’inconvénient à employer des verres trop
épais, par la raifon que plus le volume de verre eft
confidérable, plusll eft expofé à fe rompre en fe re-
froidiffant, fi on ne prend des précautions relatives
à fa malle. En un mot, plus un verre eft épais, plus
il faut que le paflage du chaud au froid foit infenfi-
ble : il faut même quelquefois des journées entières
pour faire refroidir des maffes de verre d’un certain
volume. La glace polie n’ayant point les inégalités
dont on vient de parler, eft inconteftablement le
verre le plus convenable à cette opération. On en
coupera deux morceaux de même grandeur, l’un de
glace de couleur, 6c l’autre de glace blanche transparente
, le tout, s’il eft pofîible , fans fil 6c fans
bulle. On appliquera l’o r 6c l’argent fur la glace de
couleur de la façon dont nous le dirons , apres avoir
fait quelques réflexions fur leurs préparations.
Du choix de Cor Cf de C argent , & de leur préparation.
Il eft important que l’or 6c l’argent foient très-
purs pour cètte opération : le cuivre qui fert quelquefois
d’alliage à ces métauxypn fe brûlant , leur
donneroit une teinte noire qui affoibliroit leur brillant
.O
n peut employer l’or 6c l’argent en feuilles ou
en poudre: cependant les métaux employés en poudre
font plus folides, 6c fe travaillent avec plus de
facilité que lorfqu’ils font employés en feuilles; car
fi on emploie des feuilles épaiffes, la pointe dont on
fe fert pour enlever le métal fuperflu au deffein, &c
tracer les hachures qui forment les ombres, arrache
la feuille, & ne fait que des traits babocheux. Si au
contraire la feuille eft trop m ince, elle ne peut réfif-
ter au feu, fi l’artifto>ne prend la précaution de ne
donner qu’un degré de chaleur qui puiffe amollir le
verre fans fondre l’or.
Les moyens de mettre l’or & l’argent en poudre
font connus; cependant on les rapportera, pour éviter
la peine aux artiftes d’en faire la recherche dans
les auteurs qui en ont écrit.
On prendra des feuilles d’or battu très-mince ; oa
les mettra fur une pierre à b royer ; on y joindra une
fubftance gluante , telle que le miel bien pur , du fi-
rop très-clarifié fait avec le fucre 6c l’eau, ou bien
une diffolution de gomme arabique ; on broyera le
tout pour divifer les feuilles en molécules très-fines,&
pendant long-tems,fi l’on veut qu’elles le foient bien.
Lorfque l’ôn fuppofera qu’elles font allez broyées,
on s’en aflurera ou en mettant une petite partie fur
l’ongle ou fur la main ; fi on n’apperçoit aucune portion
des feuilles, 6c que le tout foit converti dans une
poudre très-fine, on l’enlevera de deflus la pierre,
on le mettra dans un vafe de fayence où de verre, on
verfera deflus une grande quantité d’eau trèsrlimpide
pour diffoudre le firop ou la gommé ; on laiflera pré-:
cipiter l’o r , 6c quand il fera parfaitement précipité,
on verfera doucement l’eau qui furnagera la poudre
d’or ; on repaffera encore de l’eau fur cette poudre j
pour enlever tout ce qui lui eft étranger, par le même
moyen qu’on a d’abord employé : enfin on répétera
le même lavage autant qu’il le faudra, pour
qu’il ne refte exactement que le métal : alors on le
laiflera fécher pour l’ employer, commè on le verra
plus bas : l’argent fe préparé de la même maniéré. ’
On peut encore mettre l’or en poudré en l'amalgamant
avec j ® gerçure ; 6ç fuiYre aufli ie même protédé
pour y réduire l’argent ; car il s’amalgame trè*-
bien avec le mercure. " ' " • ; * ■ 1
, Maniéré (Remployer Cor & C argent foit en feuilles,
foit en poudre. L ’or & l’argent foit en feuilles, foit
en poudre:, s’aglutinent au verre par des mordans : le
fuc d’ail très-connu pour opérer cet effet, ne convient
que pour le métal en feuilles on frotte le verre
avec une goufle d’a il, & auflitôt on y applique une
feuille d’or ou d’argent, de façon qu’elle ne faffe ni
p li, ni ride. Lorfque le mordant eft fe c , ce qui arrive
promptement, on peut travailler fur l’or & fur
l’argent, comme on le dira dans un moment. L ’huile
d’afpic dont les émailleurs fe fervent peut être aufli
employé pour attacher fur le verre l’or 6c l’argent en
feuilles ; ce mordant eft cependant plus propre pouf
appliquer l’o r & l’argent en poudre ; on peut même
afliirer qu’il eft le meilleur de ceux que l’on peut
employer.
On fait ufage de la gomme arabique pour appliquer
l’or fur la porcelaine , mais elle ett plus fu-
jette à fe bourfouffler au feu que l’huile d’afpic.
On prendra donc de l’huile d’afpic un peu épaif-
fie , pas tout-à-fait autant que celle dont fe fervent
les émailleurs. On en étendra avec une brofle fur le
verre de couleur, une couche très-légere , mais très-
égale : on examinera avec une loupe s’il n’y eft pas
refté du p o il, 6c s’il ne s’eft point attaché de pouf-
fiere; en ce cas on enleveroitles corps étrangers avec
la pointe d’une aiguille, 6c l’on pafferoit encore la
brofle pour étendre la couche du mordant; il s’y attachera,
&avec un pinceau neuf à longs poils,on paffera
plufieurs fois légèrement fur'la totalité pour attacher
l’or ou l’argent au mordant, 6c les rendre très-unis.
Enfuite avec de l’eau médiocrement chargée de noir
de fumée, on deffinera le fujet qu’on veut repréfen-
ter ; 6c l’on enlèvera le métal avec une pointe pour
découvrir le fond, 6c faire les hachures deftinées à
i prononcer les ombres : en un mot, on fera fur l’or
; & fur l’argent avec la pointe ce que l’on fait pour
[ defliner fur le papier, ou pour graver fur le cuivre.
Si l’on veut employer de l’or 6c de l’argent pour
exécuter un fujet femblable à celui qui a donné lieu
à ces recherches , on pourra appliquer l’argent fur
l’o r , foit en poudre, foit en feuilles : cependant il y
auroit à craindre que l’or ne perçât à travers les feu illes
ou la poudre d’argent : il eft donc plus convenable
d’enlever; l’or avec la pointe , où avec tout autre
infiniment que l’on imaginera convenir à ce trav
a i l, avant que d’appliquer le mordant propre à recevoir
l’argent.
; Lorfque le' deffein fera terminé, il faudra expofer
le verre au feu fous une mouffle dans un fourneau d’ér
mailleur pour difliper le mordant: qui a l’ervi àhaper
l’or 6c l’argent furtout fi l’on emploie l’huile d’afpic ,
& faire éprou ver au verre une chaleur affez forte pour
que le métal s’attache au verre, fans qu’il fe déforme.
Si le métal n etoit point adhèrent au.verre, on feroit
expofé à gâter l’ouvrage, en appliquant le verre blanc
fur le verre de couleur, car il feroit impoflible de placer
le verre blanc fur le verre de couleur fans quelque
frottement capable de déranger le travail.
On vient de dire qu’il falloit difliper le mordant
avant que d’appliquer le verre blanc, furtout fi l’on a
employé de l’huile d’afpic ; fans cette précaution, le
mordant répandroit en fe brûlant .une fumée^.entre
les deux verres qui faliroit l’or & l ’argent. Il faut aufli
que le mordant foit diffipé à une chaleur très-lente
:& graduée, fans .quoi en, fe boiirfoufflant par une
chaleur d’abord trop v iv e , il formerpit une quantité
prodigieufe de petites veffiçules ,q ù i; en fe crevant
reroient autant de trous, 6c rendroient par confé-
quent 1 ouvrage fort defagréable.
V‘ v I I h h B B ^ ^ u Ë veff® bourfoofflè lÿriqu u eu expolç au degré de chaleur néçeflairè
pour attacher l’or au v e r r e , parce qu'il fe trouve de
l’air entre le centre du verre 6 c le corps fur lequel il
eft appliqué , ce qui pourroit embarraffer l’artifte,
lprfqu’il voudroit appliquer le v e r re blanc fur le verre
de couleur. On évitera cet inconvénient parle choix
du corps fur lequel on doit mettre le v e r re pour l’ex-
pofer au feu fous la mouffle.
On peut fe fervir d’une plaque de fer très-plane 6ù
très-unie , de, deux lignes d’épaiffeur ou environ : on
Ja fera rouiller également partout, afin que le blanc
d’Efpagne délaye dans de l’eau, dont on la couvrira
exactement, retienne mieux le blanc d’Efpagne, qui
fera un corps intermédiaire entre le ve rre & le fer
& empêchera que le ve rre ne s’attache au fer.
On pourroit mettre le v e r re fur un fond de tripoli,'
qui eft une terre crétacée ; mais l’air contenu dan»
les interfticesj des molécules du tripoli, expoleroit
quelquefois le verre à fe bourfouffler, comme on l’a
dit plus haut ; la plaque de fer mérite par conféquent
la préférence.
Quand l’or fera fixe fur le verre de Couleur -, on
pourra lui donner beaucoup de brillant par le moyen-
du bruniflbir : on pourroit meme produire une va--
riété agréable en ne le bruniflant que de certaines
parties ; par ce moyen l’or mat &: l’or bruni, l’argent
mat & l’argent.bruni fourniroient, pour ainfi:
dire, quatre couleurs, & ce mélange de parties éga-,
les de poudre d’or .& de poudre d’argent, pourroit'
encore en donner deux autres.
Alors on placera le ve rre blanc fous celui de couleur,
on le portera fous la mouffle dans le fourneau
d’émailleur toujours fur la plaque de fer couverte dit.
blanc d’Efpagne, & par un feu gradué on échaufferai
le v erre jufqu’à ce qu’il le foit aflèz , pour que les
deux morceaux puiflent fe fonder : dans cet état, on
le ^retirera du feu, & on ,1e preffera avec un autre* fer:
très-chaud , aufli blanchi, pour l’applatir s’il étoit
tortué, ou fi quelques bulles d’eau en fe raréfiant,;
avoient formé quelques véhicules entre les deux v«r--
res. Il faudra faire refroidir le ve rre infenfiblement
comme on l’a déjà dit, pour éviter la fraélure que
pourroit caufer le paflage trop fubir de l’air chaud à
l’air froid.
Il eft fort difficile de fixer la chaleur qu’il faut donner
au verre pour le fondre au degré néceffaire à cette
opération, La pratique donnera de meilleures leçons
que les préceptes que l’on pourroit écrire : on
peut dire en général, que lorfqu’on appercevra que
les bords du verre font devenus moufles de tranchants
qu’ils étoient, le verre eft alors dans l’état de fufion.
néceffaire.
Si l’on paffe ce degré de chaleur, le ve rre eft ex-r
pofé à fe ramaffer en mafle informe, & l’on perd en:
un inftant le fruit de fon travail.
. Quelque précaution que l’on ait pu prendre pour,
conferver l’uni 6c le poli des furfaces, l’un & l’autre;
fe trouvent cependant détruits par les petites inégalités
dii blanc d’Efpagne qui s’impriment fur le.
verre. Il faut donc ufer & repolir les furfaces.
Ce genre de travail eft très-beau, 6 c de plus très-;
folide; les moyens de l’exécuter font plus fimples-
6 c moins difficiles que ceux de l’émail, puifqu’en ef-i
fet cette qpératiçn n’a befoin au; plus que de, deux,
feux. Il y a lieu de croire d’ailleurs qu’il efl aifé. de;
pouffer cette manoeuvre à une plus grande perfeftion.-
V e r r e a b o i r e , f. m. (V e r re r ie ? ) c’eft un v a fe fait
de fimple verre ou de c ry fta l, o rdinairementde la feu?-,
me d’up q pn e^ren v e rfe , dont o n .fe fe rt pour b o ir a
toutes fo rtes de liqueurs. L e v erre a tro is parties * le
c a lic e , le bouton & la pa tte , qui fe travailteot.fépa-
rément. Rien/ n’eft pluS iinduftrieux que l’art de le s
fo uffle r, d’ en ouvrir deux des tro is , 6 c de,les joîndçèl
à,la troifieme ; mais ce t ra v a il ne fe peut compren-f
jdr,e^q,\i.Ç.par.ïa.yue. ( ! > , / ♦ ) ; ;