en cacher seulement la moitié. Ces innocentes Arcadiennes ne paraissaient
pas embarrassées le moins du monde d’en laisser voir l’énormité
allant et venant par-dessus le bord de leur chemise profondément fendue,
et qui d’aiÛeurs n’atteignait guère qu’à l’estomac. L’une d’elles,
âgée au plus de seize ans, déjà mère, dont l’éclatante fraîcheur et la
fermeté dans le système musculaire annonçaient la plus robuste santé,
en' était quasi-monstrueuse. Son sein de marbre blanc veiné présentait
deux hémisphères parfaits, saillant de six à sept pouces, et dont le mamelon,
parfaitement conformé, se dressait en bouton de rose au centre
d’une aréole dont le diamètre était au moins égal à celui d’une pièce de
cinq francs. On devine à quel point un tel luxe peut dégénérer en abus
après la deuxième ou troisième couche; aussi chez les Grecques de pur
sang le volume de la gorge, ainsi que celui d’une autre partie du corps
analogue, mais opposée, est sujet à devenir inconvénient; les sculpteurs
de l’antiquité l’avaient bien remarqué, et ce n’est probablement pas sans
dessein que l’un des plus habiles tailla sa Yénus Kallipyge, pour nous
enseigner la limite en dehors de laquelle l’une des plus indispensables perfections
de la femme peut devenir une difformité. Ces détails, oh j ai
tâché de me faire comprendre, sans trop my abandonner, pourront
sembler superflus à plus d’un lecteur; mais comme il y est question de
caractères Spécifiques chez le genre humain, je ne les pouvais passer
sous silence , la Commission ayant d’ailleurs reçu l’ordre de ne laisser
échapper aucune observation zoologique. J’en ai fait beaucoup d autres
de même sorte et non moins importantes, au moyen desquelles je
porterai jusqu’à l’évidence les différences caractéristiques très-considérables
qui séparent, dans l’espèce Japétique, la race Pélasge de la Celte
et de la Teutonique ; mais ce n’est point ici le lieu de les publier toutes ;
je les réserverai pour la future édition de mon Essai sur le genre H o m m e .1
La seconde cascade est à deux mille mètres environ plus haut que celle
où nous venons de nous arrêter et du même côté de la Djalova; elle
était un peu moins considérable, mais non moins abondante : nous traverserons
bientôt le ravin qui l’alimente et qu’on dit s’appeler Kalamari ;
il vient de la forêt de Koubeh. Après avoir reconnu combien la réputation
i . Deux volumes in-18; Paris, chez Rey et Gravier, 1827, avec carte.
pittoresque de ces lieux était méritée, je cherchai sur la paroi méridionale
du vallon, ou plutôt de l’encaissement, une rampe praticable, et
l’ayant trouvée, je m’acheminai avec MM. Brullé et Baccuetj qui m’avaient
accompagné, dans la direction où je supposais devoir trouver le
village dans lequel j’avais commandé qu’on dressât nos tentes ; quoique
nous n’en fussions guère à plus d’une demi-lieue, la montée et la descente
des lits adoucis de deux ravins sans eau qu’il fallut successivement traverser
nous alongèrent la route, et le jour tombait quand nous arrivâmes
au camp.
Dès la pointe du jour, le 9, j’explorai minutieusement Pyla et ses
environs alors complètement abandonnés. Ce village fut autrefois habité
par vingt familles ; nous n’en reconnûmes qu’une quinzaine de maisons
en débris j dont une seule paraissait avoir été assez considérable. Des
murs, abattus en grande partie, en avaient jadis circonscrit les jardins
où se voyaient encore beaucoup de Figuiers et quelques Orangers qui,
depuis plusieurs années, étant abandonnés à eux-mêmes, ne présentaient
guère que des rameaux épineux, les sauvageons en ayant étouffé les
greffes; quelques Amandiers, Grenadiers et Mûriers s’élevaient par-ci
par-là, avec les restes’d’une magnifique treille, qui était morte, parce
que les piliers de soutien en avaient été abattus ; les plantes habituelles
aux décombres y abondaient. J’y cherchai des indices de l’antiquité
sans pouvoir découvrir une seule pierre cyclopéenne ou taillée à'la
manière hellénique, ni le fût ou le chapiteau d’une colonne; je ne vis
que moellons et morceaux de briques modernes, qu’avait naguère unis
de la boue plutôt que du mortier; je n’y trouvai point de fontaines,
et nulle source ou même un suintement d’eau douce n’existait dans le
cantqn; je m’obstinai vainement à retrouver les moindres choses qui pussent
rappeler Nestor, dont je venais chercher quelques reliques, sur la
foi de l’ancien consul de Janina; la confiance que j’avais dans cet écrivain,
me fit perdre une partie de la matinée en investigations obstinées.
Les débris d’un mur d’acropole, consistant en grands polygones, n’eussent
point échappé à des recherches scrupuleuses, comme le furent les
nôtres, sur un aussi petit espace, s’ils y eussent jamais existé; peut-
être se trouvaient-ils sur un tertre que j’aperçus à cent cinquante pas