l’enfance du roi de l’Olympe, est évidemment la même qui coule encore
au centre de Mavromati, et devant laquelle passe la route transversale
de la vallée de Messène: l’abondance de son eau délicieuse est toujours
la même ; des buissons séculaires couronnent le mur des trous duquel
s’élancent ses gerbes limpides (v. notre Pl. XV, de la 1.” série). Au-dessus
est un reste de chapelle à demi cachée entre des ronces, à la place
où fut sans doute une statue mentionnée par Pausanias. La surabondance
de la Clepsydre circulait ensuite dans de mystérieux canaux
qui, aboutissant sur la place publique, y alimentaient cette autre fontaine
appelée Arsinoé, dont je pense avoir retrouvé l’emplacement au
lieu marqué E. On y reconnaît assez bien conservés, les parois et autres
restes de conduits avec les bassins où ceux-ci se dégorgeaient; je ne
rencontre cette indication en nnl autre endroit et cependant elle est
importante, parce que la détermination de la fontaine Arsinoé, inférieure
à la Clepsydre qui l’alimentait, sert à faire reconnaître positivement
où fut la place publique, autour de laquelle devait alors se grouper
le portique du stade (S) et le plus grand des monumens de la ville,
dont la partie inférieure en carré long, saillant encore de plusieurs pieds
au-dessus du sol, est formée de pierres parfaitement taillées, par assises
alternativement plus minces ou plus épaisses (G). Ce dernier pourrait
bien avoir été celui où se montraient les statues de plusieurs grands
hommes : on y a fait des fouilles infructueuses pour vérifier le fait, mais
qui ont servi à révéler à M. Brullé un cas d’histoire naturelle assezsingu-
lier; ce jeune savant trouva des scorpions vivant à plus de quinze pieds
sous terre dans les interstices des fondations mises à jour par nos sapeurs.
Le stade qu’avait vu l’abbé Fourmon a été trop soigneusement décrit,
restauré et gravé par les membres de la section d’architecture *, pour
que nous entrions ici dans le moindre détail à son sujet; mais ne nous
dispense point d’en donner une vue (Pl. XVII), prise par un autre côté
que celui où le représentèrent ces messieurs. Il est aujourd’hui très-reconnaissable,
quoique bouleverse de fond en comble, rempli de terre labourée
et traversé par un filet d’eau résultant de ce que la consommation des
hahitans de Mavromati ou l’étanchement du sol entre la Clepsydre et le
i . Tome I.", planches 24 à 29.
stade, n’absorbent pas; des tronçons de colonnes cannelées, dont une
soixantaine, si j’ai bonne mémoire, sont encore debout à leur place et
le reste couché dans les blés, indiquent qu’un double portique régnait en
ce lieu. La partie méridionale des murs d’enceinte en bordait l’extrémité
inférieure, et c’est au point de contact de ces deux grandes constructions
que fut ce petit édifice minutieusement décrit et restauré par 31. Abel
Blouet, dans ses planches 30 à 34, et dont le premier étage du théâtre
des Yariétés sur le boulevard 31ontmartre eut pu suffire pour donner
une idée assez juste, au moins quant aux dimensions.
De nombreux tombeaux occupaient les environs, soit en dedans
des murs, soit en dehors dans le fond de la vallée où la rivière commence
à se prononcer; le théâtre (AT), qui doit avoir occupé le centre
de la cité, est adossé aux pentes assez brusques où sont les jardins
de plusieurs des maisons du village : moins dégradé que le stade, il
suffirait de le débarrasser de la terre qui en encombre les gradins pour
qu’un demi-millier de spectateurs environ s’y pussent encore commodément
asseoir; une construction, qui probablement en dépendait, y est
contiguë du côté occidental. On se fera une idée de la taille et de l’arrangement
des pierres qu’on y employa, et que ne joigne aucun ciment,
en jetant les yeux sur la vignette du présent chapitre : il y existe des
portes dont le haut est couronné par des pierres posées en encorbellement
l’une sur l’autre, comme nous en avons observé dans d’autres constructions
du même genre, notamment dans un mur de l’acropole d’Arcadia,
ce qui échappa à tous ceux qui ont visité ce même lieu : un escalier
donnait dans l’une de ces portes. Sur un monticule, à peu de distance
de ce monument, est en J un temple ou plutôt une église, que je pense
devoir dater des premiers temps de la chrétienté, parce que des matériaux
provenant de monumens plus anciens, et qu’on détruisit sans
doute au commencement des siècles de barbarie, entrent dans sa
composition. Sur une pierre longue d’une toise environ, large d’un
pied, formant un des montans de la porte, se lit cette inscription
dont les lignes sont dans le sens de la longueur (ce qui prouve qu’elle
fut déplacée) et qui, précédemment publiée par 31. Boeckh1, a été
i. Corpus inscripiionum Groecorum, n.° 1297.