s’en sont pas moins tassées de façon à résister trèsylong-temps encore.
Je le regarde comme ayant pour base ce roclier Mothon dont il a
été question plus haut (p. 64), et qui d’après Pausanias formait le port
étroit où s’abritaient les petites embarcations des anciens \ On a cherché
ch Mothon dans une autre roche beaucoup plus considérable et près
de laquelle nous passerons en allant visiter Sapience (p. 78); mais
certainement on a eu tort ,■ puisque celle-ci est à une telle distance de
la côte qu’elle ne la saurait protéger en aucune manière ni contre les
vents ni contre les ‘Vagues,, ' ■
Le môle fut originairement continu, mais il y existe aujourd’hui
une interruption au pied du. phare, qui, dans le plan cité de \ 686,
occupe déjà la partie sud et courbée où ce môle se rattache en figure
de faucille; par le côté septentrional, il s’étend jusque vers la hauteur
du milieu de la ville où s’ouvre la porte de mer par laquelle les gens
du port communiquent avec l’intérieur, et où la douane est établie.
Des tronçons de colonnes brisées sont plantés, à l’extrémité septentrionale
de l’antique jetée du Mothon, et y servent encore à l’amarrage des petites
embarcations , qui seules peuvent mouiller en dedans, parce qu’il ne s’y
trouve plus guère qu’une ou deux brasses d’eauj on appelle ce mouillage
Mandraki : des navires de trois cents tonneaux n’y tiendraient pas , quoi
qu’on en ait pu imprimer ; mais le Mandraki a été certainement plus
profond, et comme le sol y est composé de galets roulés, souvent réduits
en très-petits fragmens, il est présumable que son encombrement résulte
de l’opposition de deux courans, occasionée par la solution de continuité
qui s’est faite au pied du fanal. Tandis que la vague du large
s’introduit dans la crique par cette solution de continuité avec une certaine
violence, en venant du sud au norçi, la continuation des mêmes
vagues, brisant à la côte et déferlant en ligne courbe le long des rochers
qui supportent les remparts intérieurs, occasionne à son tour une espace
de remous du nord au sud, qui entraîne les corps roulés pour les déposer
aux points de choc. La vue que j’ai fait graver à la planche VIII,
aidera à comprendre ceci : on y voit la base des murs , contre laquelle
i. Pour compléter ce que j e dis ici du môle antique, voir les exceliens détails donnés par
M. Rayoisié dans la pl. i 5 de la section d’architecture.
revient le flot, la tour du phare, sa presqu’île, le môle antique aveè
sa rupture et les vieux tronçons de colonnes qui témoignent de son
antiquité.
Sous la direction de M. le cdtonel Audoy, le génie français a beaucoup
ajouté aux défenses .de Modon, en conservant les murs du moyen
âge tels qu’on les voit sur le petit plan de 1686, cité plus haut, ainsi
que la citadelle, qui pourrait servir de réduit si la place était enlevée
par mer ; cette citadelle fait toute la force de Modon par le côté du nord.
Pour en garantir les approches, on y*a fait un bon chemin couvert avec
de nouveaux remparts et de beaux glacis.
La ville actuelle de Modon n’a dû être originairément qu’une sorte
d’acropole. La cité devait S'étendre beaucoup plus en dehors, et sa
première enceinte comprenait cerçjtainement presque tout l’espace qui
se trouve entre les hauteurs et l’embouchure du torrent, à partir du
pont qu’on voit sur celui-ci. Les soubassemens de ce pont s'ont évidemment
antiques, et dans les travaux que faisait le génie pour construire
le glacis, j’ai reconnu des traces de vieilles constructions qui
répondaient à des murailles extérieurès des âges reculés. Ges murailles
furent peut-être Celles de la première Pédase; maintenant ils sont pour
jamais enfouis sous bien des brqïiettées dé terre rougé. -Quoi qu’il en
soit, tout l’art de l’ingénieur ne pourra faire* que Modon devienne
autre chose qu’un de ces postes qu’on parvient à mettre à l’abri seulement
d’un vigoureux coup de main, la ville étant dominée du
côté de l’entrée, et ses murs anciens étant assez mauvais, dans l’intérieur
du port surtout. Lè siège n’en pourrait être long par terre et par
mer, dans le système actuel d’attaque. Quand l’armée française en prit
possession, on la trouva dans un état de délabrement complet et misé-
rablement armée ; la plupart des pièces qui garnissaient les remparts
n’avaient pas d’affûts et gisaient par terre devant des embrasures
éraillées^ sur des plate-formes exécrables ; presque toutes en fer, dataient
du temps des Vénitiens, et la rouille en avait tellement attaqué la
masse, qu’elles se débitaient en grosses écailles presque jusque dans la
moitié de leur épaisseur® M. Dubois a cependant remarqué parmi ces
rebuts de jolies pièces en bronze; l’une d’elles était ciselée vers sa