en fit,: « C’est à t o u s , Messieurs, que je dois une marque si glorieuse
« de la satisfaction royale, votre belle conduite me l’a gagnée.; elle
« est une preuve .éclafimte de l’importance qu’ont mis les ministres
« de SI Majesté à faire cesser des horreurs que la France, marchant
« à la tete de la civilisation, ne pouvait tolérer plus longtemps sans
« Une apparence de complicité. ” En effet, le cabinet des Tuileries, qui
venait de préluder a l’extinction de ¡a piraterie barharesque par l’affranchissement
de la Grèce,.occupait alors une incontestable prééminence
sur tous ceux de l’Europe.
M. le maréchal annonça ensuite qu’il ne tarderait pas à partir pour
F r a n c e , oh devait rentrer incessamment la plus grande partie des
troupes'dont le commandement lui avait été confié. „ Une brigade,
«. dit-il, restera dans le pays que nous avons délivré et suffira pour
« maintenir en Morée l’ordre qui doit être partout inséparable »de la
« liberté« Ma présente a Paris pourrait d’ailleurs être utile à la cause
* de 1 indépendance des Hellènes qui a ses. antagonistes comme toutes
“ choses; en défendant cette indépendance, ce sera toujoursyotre gloire
« que je soutiendrai,, et s’il se trouvait des politiques qui fussent ca-
« pablts de la méconnaître, ainsi qu’on osa appeler fatale la gloire, de
« Nayarin, l’histoire viendra qui rendra justice à chacun; et quoi
« qu’on puisse dire de l’ingratitude des hommes, j’ai la conviction que
« les Grecs n’oublieront jamais ce que la France fit pour eux, si la
« France surtout ne leur fait pas quelque jour, en les abandonnant,
« autant de mal qu’elle vient de leur faire de bien. ’
Ces paroles que je recueillis scruphléusement et qui me pénétrèrent
de respect pour celui qui les prononçait, m’attristèrent pourtant en ce
que jÿ crus discerner la prévision d’un avenir sinistre?« est-ce donc
« une fatalité, m’êntre-disais-je, un arrêt inévitable du destin, qu’à Paris
« on ne termine jamais une chose dans l’esprit ocelle fut commencée?”...
La journée du dimanche se .passa tout entière en réjouissances. Les
troup'es reçurent de doubles distributions. Une messe militaire fut célébrée
par 1 aumônier du 27.e de ligne sur la place publique, au milieu
d’une douzaine de sapeurs qui ppur les habitans étaient des acolytes
d’un genre*1 tout nouveau; le Dieu de paix avant l’arrivég des Français
en Morée s’y montrait sans cortège militaire, les Turcs qui l’y toléraient
n’eussent jamais souffert que des gens armés interi inssent dans'
son culte. Pendant la cérémonie en plein air du rite latin , le* clergé
du rite d’Orient invoquait les bénédictions du Ciel pour ses libérateurs
dans l’une des anciennes mosquées qui fut une église catholique
au temps des Vénitiens, peut-être l’un des deux temples diN;paga2
niante que. Paûsanias signala dans MétKone et que la ¿France, alors
courbée sous le joug deRome, venait cependant de rendre àdésschisma-
tiques ; les prières de ceux-ci étaient ferventes et portaientle fbucliantica-
ractère de la reconnaissance et de la plus parfaite sincérité. Un feu d’artifice,
tiré dans la soirée par l’artillerie, fut ce qui parut divertir le’
plus les qjtoyens de Modon. Les Grecs aiment prodigieusement ce genre
de spectacle. Le lendemain je fis partir MM. Puillon de Boblaÿè ’ét
SextiiTs Delaunay pour Napoli de Romanie, oh l’on m’avait dit qu’ils
pourraient joindre le président; on annonçait que celui-ci avait quitté
Egine, sa résidence habituelle, et qu’il était au'moment’d’entreprendre
une tournée, dans le Péloponèse. J'avilis été invité,„en quittant Paris,
à me présenter*à lui avec quelques dépêches, mais' le plan que je devais
suivre dans mes explorations ne permettait pas'd’ëxécuter en ce point
les instructions ministérielles. M. le comte Capo d’Istrias était d’aillèurs
annoncé pour les premiers jours d’Avril en Messénie, oh je comptais
le rencontrer àvant que j’eusse fini d’explorer la province. Surles ren-
seignemens qui leur furent donnés touchant la tranquillité parfaite
qui régnait dans tout de pays, MM. Delaunay et Boblaya partirent sans
escorte à cheval avec un seul guide; je transcrirai eifson lieu le rapport
que le dernier m’a fait de son voyage;
Le mouvement des troupes françaises pour l'évacuation de la Morée
commença par la brigade qui avàit tenu Patras et ses environs iar la
côte d’Achaïe. Nous la Vîmes arriver par mer à Navarin oh elle fut
transvasée eii quelque sorte sur les transports qui la devqjent conduire
en France^ Le général "Schneider, son commandant, étaiU désigné pour
remplacer le maréchal à la tête des forces d’occupation, lesquelles furent
concentrées à Navarin et à Modon, C(tdernier lieu demeurant toujours
le quartier-général. ' I