« loin au nord, formant un triangle équilatéral avec le quatrième et le
« cinquième, n’ont produit que de la fumée sans lancement de matières
« fondues pendant quatre heures que M. le docteur Donati de Naples est
« demeuré sur leurs bords en observation, ce qui n’est pas une raison*
« pour les croire éteints. |
Quoique l’apparence puisse faire supposer, toujours selon M. Boblaye,
que la sommité de l’il® soit un cône tronqué, comme elle nous le parut
être, elle est réellement divisée en trois parties, dont deux seulement
ont produit par leurs bouches des courans de laves; il existe plusieurs
arêtes en dos d’âne ^[ui sont les résultats de ^grandes secousses, et l’on
reconnaît dans ce quelles insulaires appellent plaine de Portella un vaste
cratère de forme elliptique, entièrement calme, long d’un mille environ,
et dont la profondeur est de cent mètres ou à peu près. <*
■Dans la journée on avait distingué Vulcano, autre Eolienne en travail
, dont les éruptions connues ont eu lieu dans les aimées \ 444,
\ 550 , \ 639, \ 775, \ 780 et \ 786. La hauteur de son principal sommet,
où existe le cratère actuel, n’atteint pas huit cents mètres, elle est con-
séquemment inférieure dune centaine de mètres à celle de Stromboli.
Les volcans de l’archipel de Lipari, Stromboli surtout, avaient tellement
absorbé mon attention pendant tout le temps qu’il fut possible d’en
distinguer as clartés ou la fumée, que j’avais à peine tourné les yeux
du côté des belles rives de Sicile et de Calabre dont on approchait
enfin dans la soirée du 26. La nuit fut fatigante, parce que la mer étàit
toujours houleuse et le roulis très-dur; mais on gagna quelques lieues
au sud-est. Le soleil se leva radieux le 27, et répandit sur l’un des plus
beaux tableaux qui se puissent admirer dans l’univers un éclat qui
nous en fit mieux distinguer les magnificences. La frégate se trouvait
en face du détroit de Messine; près de nous y engager, le Commandant
fit un signal, auquel accourut à force de«rames, pour n’être pas.devancé,
un pilote sicilien, dont la barque était montée par six ou sept
matelots couverts de laine et vêtus presque aussi lourdement que le
sont les pêcheurs de baleine dans les parages d’Islande et du Groënland.
Il faisait cependant chaud; mais Falmanach marquait qu’on était en
hiver, me dit l’homme du gouvernail, auquel je demandais par l’une
des fenêtres de l’arrière sous laquelle flottait le bateau, s’il ne trouvait
pas son caban trop lourd par le temps qu’il faisait.
Le pilote sicilien, quoique la Cybèle vînt évidemment de France et
qu’elle n’eût pu toucheg- en aucun port dont l’état sanitaire donnât
la moindre inquiétude, nous déclara que ni lui ni les siens ne monteraient
à bord et qu’il lui était enjoint de n’avoir aucun contact avec
nous ; il s’amarra après avoir obtenu du commandant qu’on diminuât
de voile pour attendre la marée. A ce mot de marée et à la manoeuvre
qui s’ensuivit, je demandai comment, la Méditerranée n’y étant pas-
sujette, on prenait des mesures pour l’attendre ; -on m’expliqua de-la
sorte ce qu’entendaient dire les Messinois: « Le rapprochement de la
« Calabre et de la Sicile a lieu vers le fond de deux espèces de golfes
« opposés au sommet* dans lesquels, lorsque les vents sont opposés
« eux-mêmes, les flots sont poussés de loin en sens'contraire, et-s’en-
« trechoquent assez rudement dans le détroit, où leur masse s’élève
« d’un côté ou de l’autre, en raison des vents dominans. Il arrive
« ainsi que la mer monte au nord ou au sud, »non par l’effet d’un
« flux, mais par suite de l’impulsion donnée de loin à sa masse : c’est
« la prétendue marée. Yers le moment où le soleil atteint au méridien^
« il y a ordinairement une bonace, qui donne aux vagfies le temps de
« s’équilibrer : c’est le prétendu descendant. ” Une telle explication ne
me satisfit pas ; il est possible qu’en beaucoup de circonstances les
deux parties de la Méditerranée qui s’unissent au détroit de Messine,
soient grossies par deux vents contraires, car les mêmes vents ne
régnent pas toujours au nord et au sud du prolongement des côtes de
Calabre et de Sicile; mais il doit être beaucoup plus ordinaire que
l’impulsion des vents y soit la même : il ne peut donc y avoir alors de
flots obéissant à des impulsions opposées; néanmoins les eaux, poussées
de loin soit par des vents de nord-ouest, soit par des,vents de sud-est
constans, trouvant des deux côtés un resserrement de rivages à peine
interrompu par le détroit, s’y accumulent en trop grande masse pour
se pouvoir toutes à la fois déverser* d’un côté à l’autre : il arrive dans
ce cas que ces eaux s’élèvent sensiblement du côté d’où vient l’impul-
sipn, ce qui cause comme une ligne de marée beaucoup plus élevée
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