à. les interroger à coups de niürtcâu j pour connaître ls. constitution
géologique des lieux que déchirent les divers bras du vaste torrent.
Laissant sur notre gauche le plus grand de ces bras, qui, venant de
Saint-Pierre, tombe presque à angle droit dans celui qui suit la route
de Mistra, nous commençâmes la journée du 17 en marchant encore
vers le Sud, et dans le fond du Sarandapotamos, qui se rétrécit de
plus en plus, mais qui demeure tellement horizontal qu’on serait tenté
de s’y croire en plaine, si l’on n’y était dominé par des parois que
forment d’arides blocs calcaires.
Des Poiriers sauvages et l’Aubépine furent les arbres que nous rencontrions
le plus fréquemment en arrivant sur des terrains schisteux,
toii le Fer oligiste ne tarda point à se montrer en nombreux filons, dont
le détritus entrait souvent, pour la plus grande partie, dans la composition
d’un sol aréniforme, noir et brillant. Sans nous être aperçus
que nous changeassions de versant, à travers de petites plaines ou jolis
bassins circonscrits, dont le fond était couvert de prairies quelquefois
très-humides, et qui dépendaient du singulier plateau d’Arakhova, nous
nous trouvâmes dans le bassin de l’Eurotas, ou l’on entre par un defile
qu’on nous dit s’appeler Klisoura.
C’est sur un monticule arrondi, qui garantit des ardeurs du Midi une
fontaine située contre la route à droite, que j’observai pour la première
fois en Morée l’un des plus grands et des plus beaux arbustes du bassin
méditerranéen,l’Arbousier, qu’on pourrait appeler un tronc de Corail,
et que les botanistes nomment Andrachne (n.° 554) : il est rare sur les
versans occidentaux, s’il y existe; mais il abonde à l’exposition du Levant,
et avec le Pin d’Alep (n.° 1282), qui parfume les côtes brûlées de l’Ar-
golide, nous le rencontrerons désormais fréquemment entre les rocailles,
surtout aux endroits exposés à l’influence de la mer Egée. Le Micaschiste
composait ici le terrain; le sable du fond des ravins en devint de plus
en plus brillant, sans que sa teinte d’ardoise en fût autrement altérée. Le
Paliure (n.° 529), que nous n’avions plus rencontré depuis notre arrivée
sur le plateau de Mégalopolis, reparut avec les Lentisques, et, enfin,
des Térébinthes : ce changement dans la végétation faisait connaître que
nous nous étions abaissés sensiblement vers le niveau de la mer. Apres
quatre heures de marché, nous étions rendus au kan de Kravata, ruiné
comme celui de Kryovritzi; peu après, nous passâmes un torrent dont
l’eau rapide et froide descendait des hauteurs de droite ; nous trouvant
ensuite dans la belle vallée du grand affluent de l’Eurotas, qui, venant
d’Arakhova, prend le nom de kan détruit, et sur les pentes occidentales
duquel nous voyagions depuis le défilé de Klisoura, nous nous
arrêtâmes pour étudier l’histoire naturelle du bassin, qui est assez riche
en plantes et en insectes; on s’y peut reposer à l’ombrage de grands
Saules, qui nous rappelèrent d’autant mieux le bord des rivières de
nos régions tempérées, que l’élégant insecte aux élytres d’un vert doré 9
qui répand l’odeur de la rose (Cerambyx moschatus), parfumait le pâle
feuillage. Beaucoup de fragmens de briques et de poterie remplissaient
les environs, où nous trouvâmes, à 820 et quelques mètres d’altitude,
l’emplacement de cette Sélasie dont les pentes et les défilés portent encore
les vestiges des ouvrages défensifs qui furent disputés dans là bataille
célèbre sur les traces de laquelle nous étions depuis la veille, mais dont
aucun voyageur jusqu’alors ne s’était occupé de rechercher le théâtre;
encore que la description qu’en donne Polybe soit des plus exacte. «Le
'« détroit où l’on combattit, dit ce judicieux écrivainl, est formé par des
« montagnes, dont l’une s’appelle Eva et l’autre Olympe; le fleuve
« OEnus y coule entre les deux, et sur le bord est la route qui conduit
« à Lacédémone. *
Tournant le dos, en partant de la halte, au rapide torrent sur les
bords duquel nous avions dëjeûné, et traversant par une sorte de col
vaguement conformé les hauteurs de Yourlia, nous passâmes contre
un dernier kan qui dépend de Ce village, et près duquel était une riche
fontaine; de ce lieu, pittoresque et verdoyante nous apparut la plaine
de Mistra dans toute sa splendeur : elle était bornée par les flancs abruptes
et sombres du Pentadactyle, dont les pointes altières n’avaient point
encore entièrement dépouillé leurs éblouissantes couronnes de frimas;
passant alors contre un frais hameau de Youtiani, qui demeurait à
gauche avec ses Peupliers, nous descendîmes le long d’un torrent très-
creux, dans les parois calcaires duquel étaient des grottes. Le chemin,
i.Lib. H, cap. i 3.