de ceux que mentionne Pausanias. Le premier, au nord-est de notre
camp, était le plus petit; il avait été reconstruit en moellons, et dans
le mur de derrière était encastrée une dalle de pierre, au milieu de
laquelle fut sculptée une croix grecque; en y entrant, on voyait d’abord
un pavé en grosses pierres polies et carrées, des môreeaux de colonnes,
un fragment d’autel antique; ensuite, dans le sanctuaire, un tronçon
cannelé, d’environ deux pieds et demi de diametre, celuirci supportait
un chapiteau mutilé, reste du paganisme, qui servait aux pauvres Grecs
d’autel pour célébrer l’office divin accommodé à de nouvelles croyances.
Le second, plus rapproché, et que nous avions au nord, était un peu
plus considérable, c’est probablement ce que cite Gell* comme une église
de la Panagie, et que MM. les architectes ont marqué B dans leur plan.
Ils y ont découvert un tombeau, dont ils donnent les détails dans la
planche 3 de leur tome II. Doit-on le rapporter à celui des Oresthasiens?
Quoi qu’il en soit, les soubassemens primitifs du petit monument sont
fort reconnaissables, on y descend par une marche; de grandes pierres
carrées, détachées- probablement du lieu qu’elles occupaient primitivement,
forment des bancs pour les fidèles, quivenaienty entendre la messe
malgré le délabrement des lieux. La porte est à droite et repose sur deux
montans en Galcaire très-dur; l’on reconnaît dans le mur les parties
inférieures de deux colonnes qui sont peut-être demeurées à leur véritable
place; on distingue également, encastrées dans les moellons de
chacune des parois , trois autres colonnes entières plus petites que celles
de la porte, d’un Calcaire plus blanc, à distance pareille les unes des
autres; enfin, deux autres colonnes plus petites encore sont également
comprises dans la bâtisse des deux côtés du sanctuaire. Plusieurs débris
d’antiquité gisaient çà et là; en débarrassant ce qui reste des constructions
antiques de tout ce dont on les a si grossièrement encroûtées, on
pourrait aisément restaurer le monument dont il est question. Des peintures
en mauvais état, mais fort reconnaissables, y subsistent en plusieurs
endroits; d’un côté étaient des saints debout à la suite les uns des autres
avec des figures bien pâles, environnés d’auréoles d’or et couverts de
vêtemens de couleur vive sur un fond bleu dazur; ailleurs était un
x. Itinéraire, trad. franc.., p. 34-
tableau allégorique de la Terre; dont nous avons retrouvé des copies
dans plusieurs autres églises : elle est représentée par la confusion de ses
créatures; ce sont des animaux de toute sorte, qui se pressent comme
s’ils venaient se faire dénombrer par Adam, qui ne s’aperçoit pourtant
pas. J’y reconnus particulièrement un scorpion parfaitement représenté ;
le Jugement dernier s’y voyait aussi* et des inscriptions grecques, en
lettres blanches, servaient de légende explicative à ce chaos de figures
baroques entassées sans perspective.
Enfin a l’ouest des maisons du hameau, au bord du petit chemin,
bordé de murs en pierres amoncelées , qui traverse la partie méridionale
de l’enceinte de l’une de ses portes à celle de l’occident, se trouvent à
l’ombre des vergers, les restes d’un dernier temple \A ), peut-être celui de
Bacchus peint en rouge1, puisque d’assez beaux Lierres croissaient à
proximité. De grosses pierres, dans le genre de celles des remparts, en
formaient les bases et ce qu’on pouvait distinguer du pavé ; il s’y trouvait
encore des fragmens de colonnes avec une grande table en pierre sur
un morceau d’autel oii l’on célébrait quelquefois la messe, quoique la
toiture et les murs fussent tombés; Saint-Denys y était, nous dit-on,
le successeur du dieu dès ivrognes. On y avait réuni quelques briques
cassées, ou se reconnaissaient d’assez jolis fragmens de palmettes en
relief; il y avait surtout une plaque de Marbre grossier, de dix-huit
pouces en carré environ, avec une inscription qu’à la simple inspection
de ses lettres, M. Lenormand jugea devoir appartenir à la plus haute
antiquité, et qu’il se proposa de copier. Le démogéronte, qui nous
accompagnait, montrait d’abord la plus grande répugnance à nous la voir
déplacer; il était tard, il fut convenu que nous reviendrions le lendemain
la revoir, mais nous ne la retrouvâmes plus; on l’avait enlevée
pendant la nuit, et le magistrat, qui sans doute avait voulu s’épargner
les explications, étant parti dès avant le jour, nous ne sûmes à qui nous
adresser pour ordonner les démarches nécessaires pour la retrouver.
Afin de nous rendre au temple de Bassæ, que dans le pays on nomme
i . «On voit aussi à Phygalée un temple de Bacclius que les gens du pays nomment Àcratophore.
« Tout le bas de la statue est caché par des Lauriers et des Lierres, de sorte qu’on ne le voit pas,
« et toute la partie découverte est enluminée de vermillon.8 Pausanias, Lib. IV, cap. 39 a la fin.