l’armée libératrice et la Commission furent si cruellement décimées.
La (¡utTKofjtûucc > que les Francs appellent Phâscomile ou Yascomille, est
également commune dans l’Arcbipel, où celle dé Syra est réputée la
meilleure. Un insecte pique les feuilles de cette Sauge bienfaisante : il
résulte de la blessure envenimée, faite au tissu de la plante, une galle
ronde, de la grosseur d’un pois, verte, teinte de rougeâtre sur un côté,
semblable à une petite baie et que les Grecs recherchent; ils en sont très-
friands et disent qu’elle parfume l’haleine. C’est vers la fin de l’été qu’on
en trouve le plus, et qu’un palikar, qui sait son monde, en remplit ses
goussets pour les offrir aux femmes de sa connaissance.
Au fond du vallon de la rivière de Kandil-Oglou, qui n’était qu’un
filet d’eau à l’endroit où nous la traversâmes, le terrain calcaire est
converti en une Craie homogène, fort blanche, légèrement humide, tellement
pure et compacte qu’on en fait des pipes; il s’y était établi une
sorte de fabrique de blanc d’Espagne, où des soldats français venaient
chercher de quoi blanchir leur bufïleterie. Les habitans du voisinage, y
mêlant quelque autre terre, en eomposaient aussi des briques grossières,
qu’ils faisaient simplement cuire au soleil, et dans lesquelles, pour leur
donner plus de solidité, ils pétrissaient en assez grande quantité des
feuilles de Zostères (n.os 1363 et 1364), ramassées au rivage, et bien
dépouillées par des lavages dans l’eau douce de tout sel marin. Ces
Zostères, qui fournissent le meilleur des couchages que puissent employer
les personnes jalouses de la conservation de leur santé, et qui
tôt ou tard prévaudront sur le crin et sur la laine dans la confection
des matelas, ne sont employés en Grèce qu’à lier les matériaux de
bâtisse, comme en Égypte c’est la paille qu’on fait entrer, de temps
immémorial, dans la composition des briques, ainsi qu’il conste par
un passage de l’Exode.*
La maison forte d’un Musulman, dont les jardins et les champs étaient
abandonnés, s’élevait sur la droite, et du nom de son ancien propriétaire
tous ces lieux avaient pris le nom de Kandil-Oglou, auquel nos troupes
i . NcqiuVjwm ultra dabitis paleas populo ad conficiendas laiern sicut prias; stdipsi vadant et
colligant stipulas. Chap. V, T. 7. Calmet remarque que «cette paille Stait peut-être mêlée avec
« la brique on avec la terre broyée pour lui donner plus de consistance.a .
avaient substitué celui de Vallée à terre de pipe. Une fontaine abondante
en était voisine, on nous la donna « comme une de celles où
« les Néréides se plaisent le plus, et où elles font mille niches aux
« passans. ” Il y avait aussi des revenans dans une grande tour carrée
du moyen âge, qui tombait en ruines sur la gauche, et que, malgré
les représentations unanimes de nos gens, nous fûmes visiter. Bâtie
en pierres et en briques rouges, très-bien cuites et conséquemment
meilleures que celles dont nous venions de voir une fabrique moderne,
il n’y avait jamais existé de portes au niveau du sol, où paraissait avoir
régné un fossé ; on y entrait probablement à l’aide d’échelles par une
des croisées du premier étage. La plate-forme, tout effondrée, avait été
entourée de créneaux, dont plusieurs couronnaient encore les murailles :
nous pénétrâmes dans l’intérieur par une brèche pratiquée du côté de
l’Ouest, si j’ai bonne mémoire, et tout y était culbuté; on y avait fouillé
la terre en plusieurs endroits, probablement dans l’espoir d’y trouver
des trésors cachés. Une chapelle dans le genre gothique du moyen âge,
se reconnaissait cependant fort bien dans l’un des angles, ce qui me
fit supposer que cette construction datait de l’époque où des conquérans
français se partagèrent le pays; ce fut quelque croisé qui s’établit probablement
dans ce lieu, où le nom d’un Turc a fait disparaître celui du
baron chrétien. A un quart de lieue sur la gauche de ce témoignage
muet des temps féodaux qui modifièrent la Grèce pour leur part, on
voyait d’autres ruines, qu’à leur nom d’Ossoglou nous tenons pour
turques. A partir de ce lieu, on entre tout-à-fait en plaine à l’ombre
des Oliviers les plus hauts et les plus gros que j’eusse encore vus, et
supérieurs par. leur beauté à ceux de Ligoudista. Ibrahim, qui aurait
eu trop à faire de les détruire tous, s’était contenté de brûler çà et là
ceux qui appartenaient à des chrétiens; on avait, dans l’incendie,
épargné les plants innombrables dont les Musulmans étaient propriétaires,
dans l’espoir qu’ils rentreraient en possession d’un canton dont
le commerce des huiles fit de tout temps la principale richesse.
A une demi-lieue de Kandil-Oglou, est Karakoupio, village de quatre-
vingts familles autrefois, mais où vingt restaient tout au plus ; de cet
endroit jusqu’à Coron, qui n’en est plus guère qu’à une lieue, on