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 ne compte pas moins dé 500 habitans,  et qui est divisé en trois groupes  
 de maisons, dont plusieurs sont de véritables forteresses. Le pays, accidenté, 
  populeux et riche avant l’invasion des Egyptiens, avait beaucoup  
 souffert, parce que chacun s’y était vaillamment défendu; mais les cultures  
 se rétablissaient promptement, et l’on y pouvait voir que les Laco-  
 niens  ne  sont  point  des  fainéans  et uniquement  des voleurs,  comme  
 on s’obstine à le prétendre, C’est après avoir marché environ une heure,  
 à partir d’une ahondante fontaine où les filles de Lebetsova vinrent nous  
 porter des fleurs durant  notre halte,  que,  cheminant  avec Boblaye en  
 avant de notre petite colonne, nous nous trouvâmes au voisinage d’un  
 hameau  qu’on nous dit s’appeler  Psyharie, sur le lieu d’où l’antiquité  
 tirait ce magnifique Porphyre appelé improprement Marbre de Laconie,  
 et que depuis vingt siècles on confondit sous le nom d’Ophites ou de Yert  
 antique,  avec  des  substances qui  en  sont éminemment différentes; le  
 chemin  était tout rempli de blocs de  cette fastuëuse roche, dont nous  
 avions déjà vu quelques fragmens travaillés parmi les ruines de Sparte;  
 elle est représentée dans la  11 /  série de notre atlas  (Pl.'YIII,  fig. 1.”) ;  
 et mon savant compagnon de voyage, en lui imposant le nom scientifique  
 de Prasophyre, lui  consacrera une notice dans la  partie géologique du  
 présent ouvrage1, avec une vignette (p. 157) représentant cette carrière  
 de Crocées, d’où les Romains tiraient ces superbes bassins dans lesquels  
 ils  aimaient  tant à voir verdoyer l’eau jaillissante de leurs  palais.  Ici  
 les monts présentaient des formes de taupinières ou de tumuli; de grands  
 et vieux Yellanis devenaient de  plus  en  plus nombreux.  Deux heures  
 après avoir quitté les alentours de Crocées, on laisse sur les hauteurs de  
 droite le grand pyrgo de Laio; des bases de eelles-ci naît une source abondante, 
  qui remplit un bassin creusé dans la pierre sur le côté gauche du  
 ravin qu’on traverse pour monter une  longue pente exposée au Nord,  
 dont beaucoup de murs en degrés soutiennent la terre comme au pays  
 de  Zamate. On est encore  séparé du  golfe de Laconie,  qu’on aperçoit  
 du faîte de la montée, par un petit bassin  fermé;  après  lequel,  rendu  
 sur le bord de la mer,  on découvre les rochers de Trinisa à 2000 mètres 
 y.  Tome II;  deuxième partie;  p.  129. 
 environ  Vers  l’Orient.  Quelques jardins entourent Sur la rive une masure  
 de cultivateur voisine d’une source saumâtre, qui naît de la racine  
 des pentes  riveraines  qu’il  faut gravir pour  entrer par le pas de Kaki-  
 Skala dans l’éparchie de Marathonisi; ce défilé pourrait bien être  celui  
 que Pausanias  appelle Castorides port ce ?  Parvenus  à  son extrémité,  
 nous laissâmes à gauche,  sur une  hauteur projetée  en cap  escarpé, le  
 château délabré qui lui donna  son nom. Nulle ruine  en Morée ne ressemble  
 davantage aux débris de gigantesques gâteaux d’amandes, recouverts  
 de caramel. Ce fut une des clefs de Sparte  orientale avant que les  
 Glygoraki, de la maison de Dzanétaki,  eussent poussé leurs conquêtes  
 sur les Turcs jusque vers ce Yasilipotamos, qu’à partir d’ici nous devons  
 traverser avant de trouver l’embouchure véritable  de  l’Eurotas. Kaki-  
 Skala,  qui  fut  le berceau de  cette  branche  d’une  noble  famille,  est  
 demeuré  abandonné  depuis que  le Dzanétaki  actuel  s’est  établi sur la  
 petite île appelée  Cranaé  aux  temps héroïques,  et dans  laquelle nous  
 l’irons visiter tout-à-l’heure. A partir de ce château ruiné de Kaki-Skala,  
 on descend vers l’embouchure du Skatina-Langadi, torrent qui vient des  
 hauteurs deTarapsa,  à six ou sept lieues vers le Nord-Ouest, et au travers  
 d’un canton montueux : son eau, qu’une barre de sable interceptait,  
 formait une lacune parallèle au rivage, et dont le pourtour était garni des  
 plus forts Tamaris que j’aie vus ; les troncs de ces arbres au grêle feuillage ,  
 peu élevés, sont semblables, pour la forme, à ceux des Saules souffrans que  
 la tonte défigure le long des fossés de nos prairies de France; plusieurs  
 n’avaient pas moins de huit à dix pouces de diamètre. En remontant le  
 torrent, on voit des grottes au pied des rochers de ses escarpemens orientaux; 
  en suivant au contraire la plage par la route qui tourne au Sud,  
 on marche  au  pied  de  falaises  composées  d’une Marne  où les  pluies  
 causent des déchiremens continuels, et à travers  l’épaisseur de laquelle  
 sont  des  bancs  superposés  et  considérables  d’Huîtres  fossiles  plus  ou  
 moins  agglutinées, et dont on heurte  sous  ses pas  des blocs  entraînés  
 par les  éboulemens.  Les restes d’un aqueduc,  construit par le père du  
 Dzanétaki actuel, et d’où Baccuet prit une vue de Marathonisi (pl. XXXI),  
 un moulin  situé  à l’entrée  d’un petit vallon,  dans  le  fond duquel est  
 un bassin de retenue où  se jouaient des Emydes  à  travers des nuages