déraisonné ou raisonné sur l’identité ou la non-identité de Lacédémone
et de Mistra, qui furent contemporaines durant quelques années; mais
quand on sait précisément la date de la fondation de l’une, on ne peut
trouver à quelle époque s’acheva définitivement la destruction de l’autre,
dont il n’est plus fait mention après le sac qu’en rapporte Rhulières
auteur toujours fort exact en ce qui concerne les Grecs.
Le théâtre de Sparte fut construit en grandes pierres, et doit appartenir
à la domination romaine, comme je l’ai dit plus haut, ainsi
qu’un cirque en briques, dont la plus grande partie subsiste dans la
plaine du côté oriental (B du plan); un peu au devant du théâtre (J) ,
et près de notre camp, on a fouillé le sol et trouvé les restes d’un
temple mesquin, avec des fragmens de colonnes. A la partie supérieure,
au contraire, fut un édifice plus important du même genre, et qui
pourrait bien avoir été celui dans lequel fut mure le roi Pausanias :
ce temple et le théâtre qu’il domine sont situés à l’angle septentrional
de l’enceinte que je crois être l’oeuvre du Champenois, et dont un côté,
qui s’étend en ligne droite du Nord-Ouest au Sud-Est, sur un peu
moins de mille mètres de longueur, peut passer pour une véritable
galerie d’antiques, composée de somptueux débris des pompes de
Sparte. Des fûts de colonnes en Marbre divers, en Brèches et même
en Granité, des morceaux d’entahlemens, des pans de frises avec leurs
triglyphes, des chapiteaux, une immense quantité de gros quartiers de
panthéliques, où sont des sculptures souvent admirables, ainsi que des
inscriptions entières ou mutilées; en un mot, toute sorte de restes de
monumens des plus beaux temps, des pierres carrées qui appartinrent
à des constructions du genre hellénique, et des briques dont quelques-
unes furent artistement façonnées, ont été entassés dans cette enceinte
par le plus aveugle vandalisme. Les bâtisses d’un autre angle, opposé
à celui qu’occupe le théâtre, furent probablement les magasins de la
citadelle; ce qui en reste, consiste en chambres voûtées, maintenant
sans portes, èt qui s’ouvrent aux deux côtés d’une sorte de grande cour
en carré long, dont on profite aujourd’hui pour enfermer des bestiaux;
mais où les Chardons étaient si durs et si pressés que, lorsque je m’y
jl. Anarchie de Pologne, t. III, p. 379 et 38a.
enfonçai, il me fut impossible d’en atteindre l’extrémité. Cette curieuse
partie des ruines de Lacédémonia semble avoir totalement échappé,
malgré son étendue et sa masse, à tous nos prédécesseurs. La route qui
d’Amiclée passait, pour se confondre avec celle de i* é e , par Ce pont
Babix dont subsistent quelques restes de culées (Z ), longe l’extrémité
extérieure de ce bâtiment du moyen âge, où pût bien aussi être comprise
une caserne.
Parmi les ruines extérieures à l’enceinte moderne, on doit remarquer,
vers le Sud, celles d’un joli temple métamorphosé en une chapelle,
depuis long-temps abandonnée, puisqu’un vieux Micocoulier, s’élevant au
milieu et en ayant soulevé la toiture, protège le reste des murailles d’un
épais ombrage; les montans de la porte sont des morceaux de quelque
frise à moulures et sculptures, d’un fini gracieux, plantés debout. Tout
auprès gisait un élégant chapiteau à feuillage d’Acanthe; un peu plus
loin était une construction en grosses pierres carrées, qui dut être un
tombeau, et dans lequel ont été faites des fouilles; plus loin encore
nous découvrîmes quelques rocs grossièrement façonnés, et si bizarrement
disposés l’un sur l’autre, qu’on y croirait voir un monument druidique
de Basse-Bretagne. Sur la hauteur voisine sont les soubassemens
de l’édifice le plus avancé vers le Sud-Ouest (O), et dans lequel nous
crûmes reconnaître le temple érigé-à la Peur. Le sol, à une grande distance,
était généralement composé de fragmens de briques ou de poteries;
il contenait aussi beaucoup de scories, qui prouvent qu’il dut y
avoir à Lacédémonia des fourneaux où se traitait de ce Fer oligiste si
répandu dans le canton.
Nous consacrâmes une longue journée à étudier un espace qu’on voit au
confluent de l’Iri et de la rivière de Magoula, qui futla Tiase; nous croyons
y avoir retrouvé le Plataniste au-dessous du village de Psikhiko : on y
trouve des soubassemens, des sources et des tombeaux,parmi lesquels on
nous fit distinguer un magnifique sarcophage renversé, en Marbre blanc,
découvert récemment par un papas, et qu’ornaient des personnages parfaitement
sculptés. Ce bon ecclésiastique me raconta comment il l’avait
aussi montré précédemment à quelqu’un qui, s’imaginant avoir le mérite
de la trouvaille, se proposait, dit-on, d’en publier la description; des