cimes de leurs feuilles pour en nourrir les bestiaux. Sur un monticule
rocailleux, qui s’élevait sur la gauche, se voient les ruines d’une église;
mais Riparissia n’offrait point de ces traces d’antiquité que nous avions
espéré y reconnaître, d’après Gell, qui parle aussi d’un tumulus qu on
-devrait rencontrer à quelque distance, et qui m’a paru n’etre quune
butte naturelle. Ce qu’on dit du vallon mentionné par Pausanias, et
d’où sortaient des flammes, ne paraît guère être plus exact; cependant
on nous montra un espace marécageux, où les paysans assurent que,
il y a dix ans, brillèrent quelques lueurs pbospboriques, qui n’ont
laissé aucune trace. Dans la journée du 15, où à travers de jolis bocages
parfumés par l’Aubépine, de verdoyantes prairies et de frais
vallons, nous allâmes visiter le pyrgo de Déli-Hassan et la chapelle si
pittoresquement située d’Agios-Georgios; nous espérions trouver quelques
débris de cette ville antique qui couronne la cime de la montagne
la plus voisine, qu’on nous nomma Corogniou, et que la section d architecture
donne, ainsi que Gell, pour la véritable Lycosure, mais que
je crois être quelque autre acropole sans nom; la plus ancienne ville
du Péloponnèse étant pour moi ce qu’on a jusqu’ici désigné comme
un hippodrome qui eût été si bizarrement placé sur le mont Diaforti
(p. 397). Nous cherchâmes vainement dans les murailles du pyrgo turc
les Marbres et les débris d’architecture ancienne que nous y avait promis
M. de Poucqueville1; mais nous trouvâmes des Chiens de bergers ,
avec lesquels il fallut avoir un furieux combat; heureusement Ibrahim,
en renversant les maisons du voisinage, nous avait préparé un bon
approvisionnement de projectiles, au moyen desquels nous parvînmes
à mettre les agresseurs en fuite. L’Ammodyte était fort commun entre
ces décombres : ce Serpent, que nous avons figuré2, parce qu’il est en
quelque sorte caractéristique de la Morée, y fut de temps immémorial
cité pour la force de son venin. C’est lui qui, dans les temps héroïques,
donna la mort à Epytus, neveu de Clitor, roi de cette Lycosure dont
nous étions peu éloignés, peut-être sur la place même où je venais
de venger ce prince, en tuant plusieurs individus d’une vipère dont
- ,i. Tome V , p. 497*
2. Planche XII, fig, 3 de la troisième série.
Pausanias' donne une description que n’eût pas mieux faite un erpé-
tologiste.
Repassant encore l’Alphée par un gué où il y avait peu d’eau, nous
nous dirigeâmes vers le centre de son bassin, qui sur la rive orientale
s'élève à un peu plus de 420 mètres au-dessus de la mer; nous passâmes
par Sinano, village composé d’environ 60 familles, et qu’on a cru longtemps
être bâti sur l’emplacement de Mégalopolis, qui en est à près
d’une demi-lieue. Les restes du pyrgo seigneurial, qui avait été, comme
celui de Déli-Hassan, un manoir d’Aga turc, et l’église du village, ne
présentaient aucuns vestiges d’antiquité qui pussent faire soupçonner
qu’on se trouvât dans le voisinage d'importantes ruines. L’Hélisson, que
nous avions naguère traversé vers son embouchure, coupa Mégalopolis
en deux parties; nous campâmes sur l’escarpement méridional de ses
bords, entre les décombres d’un temple, au milieu desquelles croissaient
des Yeuses, qui; nous protégeant de leur ombrage, nous dispensèrent
de dresser nos tentes. On reconnaîtra notre halte dans le plan qu’ont
donné MM. les architectes (en O, pl. 37, t. H); il se trouvait dans les
environs quelques morceaux de Marbre provenant de tombeaux bouleversés,
avec quelques débris d’inscriptions que j’ai réunis soigneusement,
et placés en évidence sur les plus grosses pierres de notre campement,
afin que les voyageurs à venir les y pussent examiner. A deux cents
pas environ au couchant était un bâtiment en briques, probablement
des temps romains; un grand Poirier s’y élevait Un paysan qui vint à
nous, comme nous examinions ces débris, nous assura qu’il existait de
grands trésors dans les fondemens, et nous engagea instamment à les
déterrer pour les partager avec lui. « D y a plus d’un an, nous dit-il,
v que vers midi, m’étant endormi à l’ombre de cet arbre, je discernai
« à vingt pieds de profondeur, parmi ses racines, beaucoup de coffres
« pleins d’or et de riches effets de toute espèce; m’étant aussitôt réveillé,
i . Lib. VIII, cap. 4* « J’ai vu de cette espèce de serpent, dit-il, plus venimeux que les autres;
« ils sont de la grosseur d’une vipère, de coule» cendrée avec des taches noires par intervalle;
« ils ont la tête large, le cou menu , le ventre grof et la queue fort courte.a On a encore trouvé
l’Ammodyte en Epire, dans les parties chaudes de la Hongrie et jusque dans la basse Autriche.
Jacquin, dans ses Collectanea, en avait donné une figure un peu différente de la nôtre quant
aux teintes’.
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