chercher au-delà du torrent de Yromovirevma, qui descend des monts
Hélénitza, sous les frais ombrages d’Agiosflores, ou nous vînmes faire
notre halte de midi. A deux heures de marche environ de Thuria, le lit de
ce Yromovirevma est profondément encaissé : ses eaux, quand il en roule,
se perdent, ainsi que celles de la plupart des autres gorges voisines, dans
les sables et les cailloutages dont se compose le sol d’une plaine aride
de plus d’une lieue de large et qu’il nous fallut traverser; il en est de
même pour tous les ravins qui sillonnent les montagnes que nous avions
à droite, et qui laissent filtrer dans de vastes réservoirs existant sous
leurs bases, les trésors liquides si abondamment rendus au bassin du
Pamisus par les magnifiques képhalovritzi de Pidima et d’Agiosflores.
Ce dernier alimentait un grand bassin, enclos de digues en pierre, qui
furent assez bien construites, mais que l’on a laissé ruiner par les eaux
dont le suintement se fait jour à travers mille brisures : il dut y avoir
aussi des moulins en ce beau lieu; mais il n’y reste, contre un ressaut
de terrain, qu’une chapelle construite à l’ombre d’un grand Figuier.
Quoique nous n’y ayons rien observé d’antique, il est impossible qu’il
n’ait pas existé à la même place quelque hiéron consacré aux divinités
des sources; le site est trop frais pour avoir été dédaigné par les ado*
rateurs des Nayades : de magnifiques Platanes croissaient aux alentours,
des Roseaux flexibles semblaient couvrir toute la plaine jusques vers
l’Évan et l’Ithome. Nous avions ces deux montagnes à l’Occident, et
sur leurs flancs nous reconnûmes à ses noirs Cyprès, le couvent dans
le mur duquel nous avons signalé des pieds de statue, (Yoyez p. 305
et pl. XXIII de la \ .re série.)
Au-delà d’Agiosflores, la route s’élève sur des rochers dont elle traverse
plusieurs contre-forts bizarrement dépouillés, arides, et séparés par des
lits de torrens à sec ou par de petites plaines altérées, semblables en
diminutif à l’entrée du Yromovirevma. Après une bonne heure de
marche, on monte par un joli vallon, couvert d’Oliviers, à Skala, bourg
de 40 familles, situé sur la chaîne transversale de hauteurs qui, joignant
le système des monts Hélénitza à celui du Kondovounia par l’Ithome et
l’Évan, sépare la ^plaine de Sténikléros ou bassin supérieur de la Pir-
natza, de celle de Nisi, qui en est le bassin inférieur et proprement
celui du véritable Pamisus des anciens. Skala est un fort beau lieu, les
maisons s’y perdent entre de plantureux jardins et vergers, enclos de
haies ou de murs, et dont les arbres fruitiers étaient les plus grands que
j’eusse , vus en Morée; les Cresserelettes y étaient communes. Les Egyptiens
avaient totalement ravagé le village qui à peine commençait à se
relever; en le quittant, pour descendre dans le vaste bassin qui s’ouvrait
devant nous, le chemin passe contre une aire, solidement construite
en pierres et monumentalement élevée de quelques pieds au-dessus du
sol ; il se creuse ensuite dans le détritus calcaire dont la montagne est
composée. En moins d’un quart d’heure, on se trouve rendu sur la
plaine de Sténikléros, qui est aussi unie qu’une table; une demi-heure
après on passe près d’un kan de Miliaticotiani : les décombres d’un
village,[ qu’on nous dit s’appeler Tzaussi, en paraissaient être à peu de
distance sur la gauche. A droite, vers la base des monts peu éloignés
de Katzavouni, s’ouvrait le ht d’un grand ravin, qui, pareil à tous
ceux devant lesquels nous passâmes jusqu’à Sakona, ne laissait pas
la. moindre trace dans le plat pays, après avoir profondément sillonné
les pentes orientales : leurs eaux, au temps des pluies, se perdent au
pied des monts; ce sont peut-être ces mêmes eaux qui, passant pardessus
les hauteurs de Skala, reparaissent en si grande abondance au
képhalovritzi d’Agiosflores. Àndanie, dont il a été précédemment question
(p. 277), était l’un des villages que nous laissâmes au loin derrière
nous dans la plaine, lorsque, partant du kan Sakona, ou nous avions
passé la nuit, nous nous élevâmes vers l’Arcadie dans la matinée du 7;
on remonte d’abord, le long de ses pentes septentrionales, un torrent
desséché, qui s’encaisse de plus en plus et va grossir le Mavrozouména,
au pont triangulaire. Ici, les Nérions cessèrent, mais quelques Gatiliers
persistaient; le Paliure épineux (n.° 329), avec son port étrange, son
feuillage comme vernissé, et ses bouquets de fleurs d’un jaune brillant,
était l’arbuste le plus commun; et quand nous trouvâmes des bois, ils
n’étaient plus composés que d’Yeuses. A une heure de marche, on arrive
au kan de Makripotami ou Makriplagi, qui a pris son nom de celui que
porte le Derveni ou défilé; il y croissait aux alentours d’une belle source,
des arbres séculaires ; dans les murs des trois ou quatre maisons de ce lieu