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 celle que  Schaff et Schweiggér ont appelée  testudo marginata. M. de  
 Lacépède la fit représenter dans son Histoire des quadrupèdes  ovipares  
 sous  le  nom  àe^grecque,  et  dans  le  chapitre  qui  l’y   concerne,  il en  
 confondit plusieurs d’Asie, d’Afrique et même d’Amérique. Notre seconde  
 espèce, moins  élevée  sur  pattes,  est  bien  plus  arrondie  et  large;  ses  
 plaques, dont la surface est assez unie et luisante, sont d’un beau noir  
 à leur pourtour et marquées de grandes taches d’un jaune souvent très-  
 vif, principalement  sur leur  milieu,  qui  se  relève moins que dans la  
 tortue marginée. Le caractère principal de cette seconde tortue consiste  
 dans le croupion, qui n’est pas comme celui de la première formé d’une  
 seule plaque, mais d’une paire d’écailles,  dont la suture droite et longitudinale  
 est  fort distincte jusques chez les plus jeunes individus.  Ces  
 deux écailles, au lieu de se relever en dessus, se recoquillent en dessous :  
 il parait que  c’est celle à  laquelle  on a rapporté le plus ordinairement  
 la  testudo  groeca  de  Linné.  M. Yalenciennes  décrira  et  distinguera  
 soigneusement les  deux  espèces,  qui  sont  représentées  admirablement  
 par M. Prêtre au n.° YII de notre  troisième série de planches. 
 Les soldats français recherchaient les  tortues pour s’en régaler, et les  
 préparaient  de  diverses manières.  Les Grecs  qui  le  remarquèrent  en  
 portaient au marché, et les appelaient dérisoirement g a llin a sdu mot  
 franc qui signifie poules; on s’en procurait une belle pour une douzaine  
 de paras.  Dans la  profonde misère  qui  obligeait  la plupart  du  temps  
 les malheureux Moréotes  à brouter l’herbe  des  champs  comme Nabu-  
 chodonozor, ils ne purent jamais se décider à manger des tortues, pour  
 lesquelles  ils témoignent  toujours la  plus invincible horreur; 
 C’est à ce mépris que l’on fait de la chair des tortues dans tout le pays,  
 qu’il faut attribuer la propagation extraordinaire de ces animaux. N’étant  
 ni utiles ni nuisibles, nul ne leur donne la chasse et n’a le moindre intérêt  
 à les  détruire ;  leur  cuirasse  les protège  contre  les  bêtes  carnassières,  
 et, n’ayant  aucun  ennemi  à craindre, leur vie  se passe dans  l’çngour-  
 dissement pendant l’hiver,  et, durant la  belle  saison,  à  faire 1 amour  
 dans les champs; elles y sont ardentes, et s’appellent dans leurs transports  
 par un cri sourd, qui ressemble un peu à celui que font entendre 
 dans nos belles soirées d’été les crapauds de nos prairies. Nous avons plus  
 d’une fois surpris les mâles, se livrant de grotesques combats pour une  
 femelle,  qui, les regardant, semblait attendre que le  vaincu, retourné  
 sur  le  dos et  se démenant pour se  remettre sur  ses pattes,  laissât  au  
 vainqueur le temps de  lui donner une  longue preuve  de  tendresse.  Il  
 est facile  d’observer les moeurs de ces tortues, qui sont peu farouches,  
 et qui conservent leurs habitudes en domesticité, pour peu qu’elles  s’y  
 trouvent à l’aise. Nous en ramassâmes une si grande quantité dans trois  
 ou quatre promenades, que la cour de notre maison s’en trouvait remplie; 
  on pouvait les y voir de la galerie où nous préparions nos collections, 
  grimpant aux murailles, quand des interstices entre les moellons  
 leur permettaient d’y fourrer les griffes, et manger de toutes sortes de  
 feuilles, en se servant de leurs pieds pour contenir ces feuilles d’un côté,  
 tandis qu’elles les déchiraient de l’autre avec leur bec qui agissait comme  
 eût fait un emporte-pièce. Elles pondent sous les pierres, et se blottissent  
 dans des trous sous  terre, pour peu que la température s’abaisse; elles  
 passent  alors jusqu’à  trois mois  sans  prendre  la moindre  nourriture,  
 mais quand elles ont toute leur agilité, elles mangent beaucoup, digèrent  
 vite  et  semblent  recevoir  avec  plaisir l’eau  qu’on  leur  verse  dans  la  
 gueule  ou  plutôt dans  le  bec.  Cette  eau  passe  avec  une  surprenante  
 promptitude; quelques individus la rendent presque à mesure qu’ils l’avalent, 
  mais ternie et de la couleur du petit-lait. Quand on les conserve  
 en esclavage, elles se nourrissent au besoin de pain mouillé et de plantes  
 diverses; on remarque leur prédilection pour la laitue romaine. Contre  
 l’opinion  reçue,  nous  ne  leur  avons  jamais  vu  rechercher  les  limaçons  
 ou les“ insectes ; je les crois uniquement herbivores.  n'en est pas  
 de même des émydes,  que j’ai vues  se jeter avidement  sur  des larves  
 aquatiques. 
 Les  hauteurs  qui bornent  la  plaine  de  Modon  à  l’est,  sont  d’une  
 tout  autre  nature  que  celles' cle  l’occident ;  elles  se  composent  d’un  
 schiste argileux,  alternant avec des couches minces d’un grès vert,1 qui  
 finit par  dominer, mais  qui d’abord  ressemble  dans  ses  alternances à  
 des assises plus ou moins épaisses, bâties en briques.  Le schiste,  qui est  
 également  vert  ou  tirant  sur  le  bleuâtre,  se  délite  aisément  en  fort  
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