et assez régulièrement arrondi d’un monticule qu’il fallait gravir, nous
jetâmes un dernier regard sur l’origine du vallon ou nous venions de
passer une semaine. Il est peu de lieux d’où l’on en puisse mieux saisir
l’ensemble. Baccuet y prit "la vue qui fait le sujet de notre Pl. XYIII.
Samari fut une succursale du couvent des Cyprès, et l’église y est
évidemment construite sur les restes d’un temple antique, dont il n’est
fait mention chez aucun écrivain; les colonnes et les Marbres y sont
des larcins faits aux ruines de quelque monument grec des beaux temps;
tout un bas côté et partie du porche appartiennent même à la construction
primitive, et se composent de belles pierres carrées, parfaitement
ajustées; dans la bâtisse supérieure, qui est moderne, on a placé deux
Irangs de briques entre chaque assise de pierres taillées; l’espèce de clocher
et le dôme qui en compliquent les combles, produisent un effet
pittoresque. Les fresques dont l’intérieur était orné, ne me parurent
pas être sans mérite, et plusieurs conservaient toute leur fraîcheur; de
grandes dalles en Panthélique formaient le pavé de l’église. MM. les
architectes, dont nous trouvâmes les noms charbonnés sur les murs, en
ont donné une jolie vue (tome \ .er, pl. 20), avec un plan et divers détails
fort soignés de son intérieur (pl. \ 9); ils ont aussi mentionné les tronçons
de colonnes gisant aux environs, et qui sont en Brèche. Il y existe une
bonne citerne, et une autre chapelle ou ossuaire isolé, dont les ruines
sont également curieuses, mais qui ont été négligées par; nos prédécesseurs.
Un Chenè fort beau et des plus sains que j’aië vus, s’élevait à
proximité.; son vaste .ombrage était la salle de bal où les Grecs de six
à huit villages voisins accourent le premier mardi après Pâques. On
y reconnaissait les traces de leur dernière réunion, le sol étant jonché
d’ossemens de moutons rôtis, débris de la bonne chère qu’avaient faite
les danseurs en mémofre de la résurrection d’un'Dieu immortel.
Le pays que nous traversions abondait en fossiles; sous un roc calcaire
qui en était pénétré, .non loin de Samari , sortait une fontaine dont
l’eau fraîche et brillante avait jadis alimenté un assez grand réservoir
construit au devant. Après avoir herborisé quelque temps dans les environs
, où l’humidité favorisait une végétation épaisse, nous reprîmes la
route d’Androussa, où nous arrivâmes en moins d’une heure, par le côté
où circule un aqueduc dont l’étendue prouve que le bourg à l’usage duquel
on le construisit, devait être populeux. Androussa, situé au milieu d’un
terrain fertile et dans un site agréable, d’où l’on domine la plaine de Nisi,
comptait, nous dit-on, avant la guerre près de cent cinquante familles,
la plupart musulmanes, et qui passaient pour être généralement fort à
leur aise. Les maisons des deux plus puissans de ces Turcs me parurent
avoir été belles, et leurs jardins fort agréables; à travers les broussailles,
dont ils étaient remplis, se distinguaient encore de jolis massifs d’Éléagnes
(n.° 226), qu’on appelle, je ne sais pourquoi, Oliviers de Bohème, et de
Grenadiers, sur lesquels grimpaient des Jasmins fleuris; quelques kiosques
et des salles de bain avaient échappé à la dévastation. La Ciguë tachetée
et le Phytholaque au suc pourpré étaient les grandes plantes sauvages
qui dominaient parmi les décombres : les fruits de cette dernière plante
pourraient être avantageusement employés dans la teinture.
Les ruines d’un bâtiment carré, situé vers le centre du bourg, étaient
probablement celles de la mosquée, il y restait h peine une pierre en
place : parmi ses débris se remarquaient des fragmens de sculpture
assez nombreux; ils consistaient en quartiers de Marbre blanc chargés
de rosaces et de guirlandes d’un style lourd, et venaient sans doute de
quelque monument du temps de la décadence byzantine. Une jolie
église, moins endommagée, s’élevait à gauche sur le chemin de Nisi
dans un bois d’Oliviers; elle est construite en pierres carrées, dont les
assises alternent avec d’autres assises en brique, et date probablement
du moyen âge; la vue en est élégamment gravée dans la planche 18
de la section d’architecture. Androussa eut aussi son château, qui datait
du temps des seigneurs français; on n’en trouve plus que le mur d’enceinte
et quelques débris intérieurs, où domine une plate-forme, avec
une très-belle vue que la mer borne à droite, et que le Taygète couronne
à gauche. Les maisons du bourg sont comme perdues au milieu
d’une forêt d’Oliviers, de Mûriers et de Figuiers; les propriétés sont
environnées d’impénétrables haies de Nopals.
Nous partîmes d’Androussa par le côté du couchant, longeant d’abord
le lit encaissé dans les roches de cette rivière qui naît dans le couvent
du mont Psoriari, dont nous avons parlé plus haut, et qui se jette dans