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cernent. De l’angle nord-ouest de cette acropole, c’est-à-dire delà seconde
tour carrée qu’on y trouve, lorsqu’on chemine en dehors, à partir de
la brèche par où M. Robillard nous avait conduits jusqu’aux soubasse-
mens helléniques, s’abaisse vers la mer un mur cyclopéen (R), que,
lorsqu’on n’a point encore l’habitude qui fait reconnaître ce genre de
construction, on pourrait croire n’être qu’un amas de gros quartiers
de roches brutes, entassés par hasard en ligne à peu près droite. Ce
mur cyclopéen est évidemment ce qui reste de plus antique dans tout
le canton, et cependant on a affecté d’y voir une bâtisse moderne sans
importance! Quoi qu’il en soit, si l’on ne craint pas de se rompre le cou
en suivant les ressauts et les corniches de Poudingue par où ce mur
atteint le bord de la mer, on peut parvenir assez promptement au pied
des escarpemens septentrionaux dominés par le Vieux-Navarin. A la
base des pans de rocs qui forment les flancs de la montagne de ce côté,
s’étend comme une petite plaine herbeuse le long de laquelle on reconnaît
d’abord à fleur de terre les restes d’un mur en pierres taillées (S),
lequel règne de d’ouest à l’est, à partir du point où le mur cyclopéen
se joint aux récifs noircis du rivage, jusqu’aux sables de la pente orientale
par où l’on descend au Ventre-de-boeuf.
On trouve encore ici de nombreux fragmens de poterie antique à
travers l’herbe. Je m’élevai sur les pentes voisines pour visiter une seconde
fois la grotte de Nestor, qui, malgré son nom pompeux, n’est
guère qu’un trou de peu d’importance aux yeux de l’antiquaire et du
géologue; elle résulte de quelque affaissement opéré dans les bancs
calcaires dont la montagne est composée. On ne reconnaît en aucun
point de ses parois que l’homme ait jamais travaillé à l’embellir ou bien
à l’approprier à quelque destination que ce puisse être; rien même
n’indique qu’on y eût adapté des portes; mais elle offrit en tout temps
un excellent abri aux chevriers du canton, et la tradition qui lui attribue
d’avoir servi d’étable aux troupeaux du fils de Nélée, est son seul
titre à l’attention du voyageur. Elle ne pénètre pas fort avant dans les
flancs de la montagne; un peu de jour qui,s’y introduit par la crevasse
qu’on trouve à l’extrémité du plafond, montre qu’elle n’atteint même pas
à la perpendiculaire des murs du Vieux-Navarin, avec lequel jamais
elle ne put eonséquemment avoir la moindre communication, quoi qu’on
en'ait pu dire. La section d’architecture s’est fort occupée de la caverne,
où nous ne nous arrêterons pas davantage, et nous renverrons aux détails
qu’elle en donne dans les figures 4 et 2 de sa planche 7.
Entre le mur qui se montre à fleur de terre (S) et les rochers à pic
du bord de la côte, est un espace couvert aujourd’hui par des sables
vagabonds qu’y poussèrent les vents d’est. Nous y reconnûmes des restes
d’habitations. Il y eut encore là bien évidemment une ville ; j’y trouvai
des pans de construction en brique saillant çà et là au-dessus du sol mobile;
on ne les y voit peut-être plus maintenant, car, sous mes yeux,, de
pauvres Grecs y venaient chercher des matériaux pour bâtir ou réparer
des masures de la plaine naguère ravagée par les soldats d’Ibrahim.
Mais ce qui mérite l’attention des archéologues et qui doit encore exister
en ce lieu, parce qu’on ne le peut enlever, ce sont les marques bien
reconnaissables de marches taillées dans le roc pour descendre de la
hauteur sablonneuse jusqu’au niveau de la mer, et vis-à-vis les grosses
roches détachées qui forment une espèce d’écueil à l’entrée du Ventre-
de-boeuf par le côté du sud. Là fut évidemment un embarcadaire à l’usage
des habitans de la véritable Pylos de Nestor, qui devait s’étendre entre
le mur cyclopéen (R), le mur antique (T), dont on voit divers restes
fort bien conservés le long des récifs, la cime de la pente sablonneuse
orientale et l’escarpement de l’acropole qui la dominait du côté du siid.
La grotte de Nestor était ainsi comprise dans son enceinte, ce qui se
trouve d’accord avec le témoignage de Pausanias.
Pour gagner les bords du Ventre-de-boeuf et de l’étang d’Osman-Aga,
nous descendîmes par une.pente rapide, composée de sable blanchâtre,
et non jaune, comme on l’a imprimé quelque part, absolument pareil,
quant à l’aspect, à celui des dunes de nos côtes aquitaniques ; on s’y
enfonce par-dessus les chevilles. On distinguait à la cime du talus les
restes de l’un de ces ouvrages en pierres sèches derrière lesquels les
Grecs, qui les appellent Tambours, savent se défendre, dit-on, si vaillamment.
G’est ici que, dans la guerre de l’indépendance, une petite
armée avait résisté quelque temps contre les Turcs; mais tournée par
le côté méridional de la presqu’île, elle ne put se maintenir.