de Gonferves (n.° 1507) et des touffes de Potamot (n.° 237), avec un
puits d’eau douce, protégé par des pierres helléniques sur le bord du
rivage, précèdent l’emplacement marécageux de l’antique Gythium, oii
nous vînmes dresser nos tentes dans un bois de Mûriers, après une
journée de quinze heures de marche.
« Les Gythéates, dit Pausanias ’, prétendent que leur ville n’a point
« été fondée par un mortel; mais qu’Hercule et Apollon, après avoir
« combattu l’un contre l’autre pour le trépied, se réconcilièrent et fon-
« dèrent ensuite cette ville en commun; aussi voyait-on sur sa place
« publique les statues d’Apollon et d’Hercule. * On ne les y voit plus
maintenant; mais beaucoup de restes du vieux temps sont épars dans
la conque où la ville s’étendait. Nous remarquâmes principalement entre
ceux-ci des bains à demi submergés, et qui, étant construits en briques,
datent des temps de la domination romaine; les soubassemens antiques
sur lesquels s’élève une petite église entourée de sépultures très-récentes;
un puits considérable, construit en grosses pierres de taille antiques, et
qui répond peut-être à la fontaine d’Esculape ; des traces d’une acropole
sur la hauteur orientale, où sont comme de grands magasins creusés dans
le sol; enfin une chapelle voisine de ceux-ci, qu’aux Marbrés sculptés qui
s’y encastrent, je crois devoir remplacer quelqu’un des temples dont
Pausanias fait mention. Un ravin septentrional contient aussi dimportans
débris; c’est vers l’endroit où ce ravin s’ouvre vers l’Est qu’est, au milieu
d’un vignoble, le théâtre, dont les gradins se composent de cubes en
Marbre blanc. Un peu au devant en gagnant la côte, toujours entre des
pampres et des plants de Cotonniers, sont aussi des restes d’un édifice où
gisaient quelques chapiteaux doriques d’un Marbre pareil ; dans les flancs
de la hauteur qui ferme la conque par le Sud, la roche a été évidemment
taillée en retrait, avec une sorte de gradin au bas de la coupure, qui
n’a guère moins d’une trentaine de pieds, si j’ai bonne mémoire, sans
qu’on puisse deviner à quelle fin se fit un tel travail. Il semble qu’on
ait ménagé, vers, le milieu de l’enfoncement carré et à ciel ouvert, une
masse de pierre isolée et oblongue; ce lieu serait-il l’extrémité d’un
hippodrome qui s’étendait dans la plaine, et où les chars venaient touri
. Tome H , p. 279 de la traduction de Clavier.
ner entre ce qui serait alors des restes de la borne et le gradin sur lequel
siégeaient les juges? Peut-être y doit-on chercher cette pierre brute
sur laquelle Qreste, s’étant assis, fut délivré des furies, et qu’en mémoire
de l’événement on aurait isolée de la montagne par une entaille
monumentale? Je laisse ce point à décider aux érudits qui, ayant visité
les mêmes lieux, auront un peu de temps à perdre.
« Cranaé, continue notre auteur ‘, est située devant Gythium; ce fût
« dans cette île, suivant Homère, que Pâris triompha pour la première
« fois des derniers scrupules d’Hélène, qu’il avait enlevée. Sur le con-
« tinent, en face, est le temple de Yénus Migonitide, et tout ce canton
« se nomme Migonium.... Au-dessus de ce Migonium s’élève le mont
« Larysium, consacré à Bacchus : la fête de ce dieu y est célébrée au
« commencement du printemps; on raconte qu’alors il s’y trouve du
■« Raisin mûr. ” Le mont Larysium est aujourd’hui appelé Mavrovouno
(montagne noire), et donne son nom au canton : il ne s’y trouve plus
de Raisins mûrs avant la saison des vendanges ; mais on voit toujours
des Yignes très-productives au pourtour de Gythium. La ville est appelée
le port de Sparte par Strabona ; mais elle n’est point Kolokitia, comme le
marque Gosselin en marge de sa traduction3. L’Athénien Talmidès y
vint brûler les loges où les Lacédémoniens retiraient leurs vaisseaux ;
c’est là que Cléomène, forcé d’abandonner son pays au pouvoir d’An-
tigonus, s’embarqua sur des navires qu’il y faisait tenir prêts, pour
aller chercher une mort ignominieuse sur la rive égyptienne4. Plus tard,
Pbilopoemen y détruisit la flotte du tyran Nabis5. Il n’est plus question
de ce port après les premiers empereurs romains ; et l’on ne sait à quelle
époque sa population l’abandonna pour passer à Marathonisi, située à
quelque distance vers le Sud sur un promontoire. On montre parmi les
rochers du bord de la mer, à l’entrée de la route coupée dans le pied des
hauteurs, une source salée, et à droite une inscription taillée dans le vif de
la pierre, qui doit, si elle n’est une plaisanterie archéologique, remonter à
la plus haute antiquité. Le mouillage moderne, autour duquel s’élève Marathonisi,
a été creusé de main d’homme en plusieurs endroits, et l’eau s’y
1 . Loc. cit., p. 180 et ¿8 3 . —— 2. Lib. VIII, cap. 3 , S* 12- — 3 . Tome III, p. i 58. — 4 - PIu-
tarque, Vie de Clcomène, S- 6 1 , et P oljb e, lib. I I , cap. i 4 * — 5 . Pausanias, lib. VIII, cap. 5o.