ensuite entre de formidables brisures, et suit la direction de l’Est à
l’Ouest : on trouve en y arrivant deux petites chapelles, creusées en partie
dans les Poudingues et les Calcaires confusément entassés, qui forment
ses parois; celle de gauche est dédiée à sainte Irène, celle de droite à sainte
Catherine. À partir de l’embrasure, où les Grecs, en passant devant
la demeure des deux bienheureuses, fléchissent le genou, la descente est
rude, et souvent comme taillée dans un conglomérat rougeâtre lorsqu’il
est brut, mais ou le poli révèle une grande beauté; c’est la même roche
que celle de Marathonisi, dont on voit la figure dans la 2.e série de
notre atlas (pl. X, fig. 4).
Malgré l’âpreté des sites, la belle culture, soutenue par des murs
échelonnés, se continuait toujours: nous avions en face les sommets
bizarres du Képhaly, bornant la vue du côté du Sud, et Kitriès se distinguait
à mi-hauteur au fond de l’anse que forme le promontoire; ce
lieu fut nommé Portocitres sur de vieilles cartes : on n’y trouve qu’un
misérable abri pour les caïques, avec quelques maisons au pourtour,
et un pyrgo fortifié qui domine celles-ci. On a voulu y reconnaître
l’Enopé d’Homère, ou cette ville dont Nestor tirait son surnom de
Gérénien; je n’y vis qu’un repaire à pirates, habité par le capitaine
Antonaki, frère de Pétro-bey. Je ne me suis pas informé comment la
possession de ce château est passée dans la famille des Mavromichalis;
elle était autrefois dans celle de ce Dzanet-bey, bey de Kantoupharis, qui
régna jusqu’en 4783, et qui en faisait son séjour. N’ayant rien trouvé
en cet endroit qui fût digne d’attention, je me hâtai de m’enfoncer dans
ce beau Zarnate, que je ne pouvais me lasser d’admirer : nous y pénétrâmes,
en remontant la gorge pittoresque formée par le torrent le
plus voisin de Kitriès, et dont les moindres anfractuosités cultivables
étaient aussi soigneusement utilisées que tout ce que nous avions vu jusqu’ici
: nous laissâmes d’abord sur la droite une chapelle dédiée aux
Apôtres; puis, au bout d’une demi-heure de marche et du même côté,
la fontaine Pripina, où l’on nous assura que se tiennent de petits
diables qui, de temps à autre, jettent des pierres aux passans. Le ravin
se fourche ensuite, les parois de ses deux bras sont également échelonnées
de plantations, où l’on voyait quelques arbres fruitiers : sur la montée,
par laquelle nous sortîmes du ravin, on trouve une seconde fontaine,
appelée Mernos; les trois arcades et les trois bouches en avaient été
récemment taillées dans le roc : son eau passe pour être la meilleure du
Magne. Un peu au-dessus était une église de S. Jean, sans portes et tombant
en ruines : on voyait à quelque distance vers le Sud, dans l’escarpement
du vallon, un joli monastère, dont l’hégoumène nous envoya
complimenter, en nous priant d’accepter l’hospitalité au milieu de ses
caloyers: je ne pus répondre à ces offr es obligeantes, voulant camper au
centre du pays, pour avoir tout le temps de le bien explorer pendant
les journées suivantes.
Nous fûmes bientôt arrivés aux deux bourgs contigus d’Apano et de
Kato-Dolus, qu’on désigne ordinairement sous le nom commun de Dolis,
et dont Baccuet prit la vue par le côté où nous étions montés (pl. XX).
Ils contiennent 260 familles selon les états qui nous ont été fournis, et
près de 350 au dire des habitans ; l’un et l’autre sont renommés dans la
péninsule par la beauté de leurs filles. Celles que nous y rencontrâmes
par le chemin, justifient pleinement une si flatteuse célébrité : entre une
quinzaine, qui s’offrirent a nos regards dans leur simple accoutrement
de campagnardes, il n’en est pas une dont la taille haute et la démarche
noble, les larges épaules, le sein bien placé, le profil rectiligne, la face
régulièrement ovale, ou les grands yeux foncés avec de longues paupières,
garnies de longs cils noirs, ne nous aient tous frappés. On peut se faire
une idée du genre de régularité du sexe Doliote, quant aux formes, en
jetant les yeux sur cette statue de Vénus en bronze, qui, groupée avec
une tortue d’eau douce, est placée dans le jardin des Tuileries, à l’en-
tree du pavillon central, vis-a-vis un gladiateur. J’ai trouvé dans le reste
du Magne, au Diaforti, en quelques autres parties du Péloponnèse, et
dans plusieurs des îles dé l’Archipel, des femmes semblables, auxquelles,
selon l’idée qu’on se fait de la perfection physique dans les salons, on
pourrait reprocher d’avoir le pied tan&soit peu fort, la tête trop petite,
le bas de la jambe presque gros, la gorge sensiblement basse, et le milieu
du corps épais; par comparaison avec ces tailles de guêpe qu’on se façonne
à grand renfort de buses et de lacets, aux dépens de la place que doivent
occuper d’importans viscères; mais ces femmes n’en ont pas moins