principal courant, la rapidité de l’eau était telle que Brullé faillit en
être emporté. Nous dûmes, pour y résister, former une chaîne en nous
tenant par les mains. Les sinuosités de la Néda inférieure se prononçaient
d’autant plus, que le vallon s’élargissait davantage; elles venaient baigner
la lisière des bosquets dont la rive méridionale est couverte, et à l’ombrage
desquels nous marchions par un assez bon sentier. Après les ruines
d’un village, que nous aperçûmes sur les hauteurs de gauche à quelque
distance, nous arrivâmes au kan voisin du pont de Bourzi et contre
lequel passe la grande route de Navarin à Patras. Il y avait une fontaine
abattue à l’endroit ou nous la prîmes pour regagner Arcadia, et à une
demi-beure de marche vers le Sud, nous en trouvâmes une beaucoup
plus riche, appelée Hagios-Joanis : sa construction repondait a 1 abondance
de ses belles eaux, et doit dater de la plus haute antiquité; du
Cresson et des Yéroniques (n.os 45 et 44-) en bordaient le bassin, dans
lequel croissaient aussi des Batrachospermes (n.° 4 514) et des Charagnes
(n-° 4).
Ayant à gauche les racines des montagnes, et la mer à droite, on
marche sur une large plage de sable mobile et bleuâtre, ou nous trouvâmes
une très-grande Caouanne1 échouée, et sans doute morte en
venant pondre. Des blocs de Poudingue gisent confusément epars et
dépouillés parmi la verdure de la base des escarpemens littoraux, au-
dessus desquels on rémarque à sa forme le piton isolé et dominant,
appelé Sténo-Vouno. A partir de ce lieu, les hauteurs fuient sur là gauche,
la plage s’élargit et, après avoir marché encore Une demi-heure, on
traverse le Kalonéro, qui vient d’Agàlliani. Là cesse le sable, et il y
exista probablement une baie dont la ceinture de rochers, qui forme la
rive gauche du fluviole, dût être la côte méridionale. Après avoir traversé
le Kalonéro, se retrouve le même terrain sur lequel on voyage depuis
Navarin jusqu’à Arcadia, ou nous allions rentrer, et que nous apercevions
à une petite distance: on y rencontrait des broussailles pareilles,
mêlées de Phylaria (n.os 6 et 7) et d’Alaternes (n.° 526). Yient ensuite
le lit d’un petit torrent desséché, avec une chapelle du moyen âge, qui
i . Chelonia Couanna, voyez t. III, 1.” partie, p. 64 et pl. VI de la 3.* série de notre atlas*
nommée mal à propos Chelonea Ptlasgorum par M. Yalenciennes qui avait méconnu une espece des
long-temps décrite.
devait être ruinée depuis long-temps, et bientôt il nous fallut passer à
gué le Cyparissus non loin de son embouchure, qu’encombrent des galets.
Par l’effet de transports, que repoussent les flots de la mer à mesure que
le cours du fluviole les roule, celui-ci a changé de direction et ne passe
plus sous le pont qu’on lui avait bâti; ce pont demeure du côté opposé
à celui par oii nous arrivions, et se compose de trois arches, dont la
mitoyenne, très-ouverte, est aussi tellement élevée que, pour y passer,
il faut monter et descendre par des marches disposées en escalier rapide;
nos mules le longèrent en le laissant à droite, tandis que nous l’examinâmes
en dessus et en dessous; nous nous retrouvâmes ensuite parmi
les Cystes et les bois d’Oliviers dont nous avions traversé une partie au
pied de l’acropole de Cyparisséis en partant pour Phigalie.