eussent certainement donné des résultats intéressans : on nous fit d’abord
remarquer une fontaine abondante, avec un bassin qu’ombrageait une
masse serrée de Cannevères ÇArundo Donax, n.° 460), construit en
pierres carrées, dont la taille et le volume dénotaient la grande ancienneté.
Pausanias dit1 : «qii’en arrivant à Cyparissias du côté de
« Pylos, on voit non loin de la mer, au-dessous de la ville, une source
« que Baçchus fit, dit-on, jaillir en frappant la terre de son thÿrse, et
« qui se nommait par cette raison Dyonisiade. ” C’est* pourtant cette
source, dont la position est si bien précisée, que Mv de Pouqueville nous
avait fait chercher à Pyla, dans la prise de Koubeh, et dans la fontaine
à sec de Navarin?
Pausanias ajoute qu’il y avait au même lieu un temple d’Apollon,
et un temple de Minerve Gyparissiade; les ruines d’üne chapelle, avec
des tronçons de colonnes dispersés aux environs, sont-ils des restes de
l’un ou de l’autre dé ces monumens? C’est ce que leur désordre ne
permet plus de constater; mais un indice assez certain peut aider à
reconnaître l’emplacement du premier de ces temples. Nous trouvâmes
dans .un long fourré de Lauriers des fondations évidemment antiques ,
construites en grosses pierres , semblables en tout à celles des soubasse-
mens septentrionaux de l’acropole de Pylos. Cette sorte de muraille, qui
parfois saillait de quelques pieds au-dessus du sol, était toute crevassée,
les matériaux en ayant été écartés ou soulevés par les racines, des arbres
verts réduits en épais buissons. Des rameaux nombreux, qui n’appar-,
tiennent plus à aucun tronc, et qui sortent des fentes des pierres, sont
probablement les rejetons de Lauriers antiques, oii les. adorateurs du
dieu venaient tresser des couronnes avec le feuillage que préférait l’amant
de Dâphné. Le premier site d’Arcadia, que traversait la route de Messénie
elr d’Elide, dut être dans cette partie unie et riveraine, d’où la ville
a remonté sous la protection immédiate du fort , lorsque la piraterie
devint le fléau des côtes occidentales de Morée.
Le sous-préfet nous ayant donné un guid&qui connaissait les chemins
du temple de Bassæ, en passant par Sidérokastron et Pavlitza, nous nous
mîmes en route dans la matinée du 24 pour visiter ces lieux. Nous sori
. Lib. IV, cap. 36, à la fin. *
tîmes d’Arcadia par le chemin de la côte, qui passa à la base occidentale
de l’àcropolé ; des jardins environnés de haies le bordaient : tournant
ensuite à droite, nous voyageâmes au milieu de grands Oliviers,
aux pieds desquels se pressaient des fourrées de Cistes, où dominait
celui de Montpellier (n.° 680). Nulle part les espèces ligneuses de ce
genre ne croissent avec plus de profusion ; certains pieds atteignaient
un et deux mètres de haut; leurs fleurs délicates et fugaces, épanouies
en quantité, étincelaient entre leur verdure foncée. De nombreux
filets arrosaient un sol qui me parut être d’une excéssive fertilité, et
qui devint marécageux au-delà du ruisseau de Kartela, où nous nous
élevâmes sur la pente douce d’une longue colline, qu’on nous dit s’appeler
Mavrolymi (marais noir). De ce lieu on découvre à droite sur
une hauteur boisée, vis-à-vis le mont Bsykhro, une chapelle de S. Constantin,
où l’on célèbre l’office divin le jour de la fête du bienheureux
sous l’invocation duquel on l’érigea. Cheminant, au Nord-Est, nous
traversâmes successivement trois ..ruisseaux avant d’arriver au petit
fleuve d’Arcadia, qui a été confondu dans certaines caftes avec le Kartela,
et qui fut le fleuve Cyparissus de l’antiquité. C’est lui qui paraît
être désigné sous le nom de Laguardo dans la carte de 4705, et que
Défier, son auteur, regarde, avec d’autres vieux géographes, comme
l’Amatus; l’ayant passé en un gué où il y avait environ deux pieds d’eau,
nous nous élevâmes sur des coteaux , d’où Baccuet prit une vue par le
côté septentrional (Pl. XIY de la 4 .re série), où se distinguent la coupure
qui sépare l’acropole de l’extrémité de la chaîne Gérénienne, le peu de
maisons d’Arcadia qui se trouvent situées au nord du col, et à leur pied
vers le petit cap qui se prolonge dans la mer, l’espace uni où nous
avons trouvé les Lauriers révélateurs d’un temple d’Apollon; on y distingue
aussi le revers du montTPsykhro, dont la cime s’élève à 44 44
mètres, et à la base duquel sont0 plusieurs hameaux, entre autres Wrissi
ou les sources, et Mili ou les moulins; de ces lieux s’écoulent les abondantes
et cristallines eaux qui servent aux arrosemens assez bien entendus
des premières pentes que. nous avions parcourues en nous éloignant de
la ville. Le chemin que nous tenions passait près d’une espèce de ferme
ruinée, et qui dut être assez considérable; elle dépendait du village de
i. 54