Celles des pentes du mont Koutra, que nous longions et qui régnaient
du côté du Nord, étaient entièrement couvertes de Pistachiers (n.p \ 507);
après lesquels vinrent des bois de Qaîniers en fleurs, qui teignaient
tout le pays de leur carmin tendre. Nous trouvâmes ensuite une région
d’Asphodèles , et je n’en avais vu autant nulle part. En un endroit où
la plaine s’élargissait, on laisse à droite le chemin du chef-lieu appelé
Soulima; ce bourg est peuplé de cent vingt-cinq familles; peu après,
la rivière était bordée de Platanes en un endroit nommé Kriovritzy,
oîi les habitans de leparchie se devaient réunir les jours suiváns en
assemblée électorale; ils avaient, nous dit-on, choisi-ee champ pour
leurs élections en plein air, en commémoration de la première réunion
insurrectionnelle du pays, qui avait eu Heu sur cet endroit même,
lorsque dans ces derniers temps le Péloponnèse se réveilla aux accens
de la liberté. Arrivés à l’origine de la petite rivière, que nous remontions
depuis notre départ de Sidérokastron, il fallut gravir les flancs rapides
de la chaîne, que domine en ce lieu un gros sommet calcaire qü’on
nous dit prendre le nom du village de Ripézi, qui en est pourtant assez
éloigné; comme nous arrivions contre sa base méridionale, nous laissâmes
à droitè une autre route qui descendait à Souhma, et franchîmes
un col assez dangereux, par lequel on parvient dans un vallon analogue
et parallèle a celui que nous Verujôns de quitter; ces fieux sont fort bien
exprimés dans la carte de Gell1, et leurs eaux s’épanchent aussi dans
le fleuve Bourzi; c’est ce vallon dont les Villages de Karamoustapha,
avec ses dix-neuf familles, et Platania, qui en a quarante, occupent la
gauche et la droite. Il est frès-bien boisé dans le haut, tandis que le fond
consiste en bonnes térres de culture, souvent soutenues en échelons par
des murs en pierre sèche , susceptibles d’être fort bien arrosées par divers
torrens latéraux et par plusieurs sources, dont une formait une joUe
cascade'en un lieu où il nous fallut encore monter en zigzag afin desortir
par un nouveau col de ce site pittoresque, susceptible de devenir Fün des
i . Nous devons faire au lecteur l’aveu que cette partie du pays et notre foule, depuis Sidéroltas-
tron jusqu’à Paylitza, est totalement défigurée dans la feuille 3 de la Pl. III. Il faut, pour mieux
se reconnaître dans notre relation, uvoir. recours à la carte de Gell* dont nous nous faisons un
devoir de proclamer la supériorité pour l’itinéraire que nous suivons*
plus agréables séjours de la Grèce. Nous nous trouvâmes alors au pied
d’une belle montagne arrondie qu’on nous dit s’appeler Gligoréma et qui
reste à droite; d’innombrables Chênes dont le feuillage commençait à
poindre, en couvraient les flancs majestueux, et le plateau sur lequel
nous marchions nourrissait de puissans Hêtres ; à nos pieds était un vaste
enfoncement, semblable à l’un de ces bassins fermés d’où l’eau des pluies
ne peut sortir que par quelque katavotron. Une épaisse forêt tapissait les
pentes assez douces de cet entonnoir dontnous côtoyâmes le côté occidental
sans pouvoir vérifier s’il sty trouvait quelque ouverture. Le pays
était magnifique et le chemin assez bon, lorsque, distinguant sur notre
droite à quelque distance le sommet boisé de Kouvela, qui s’élève à \ 400
mètres, nous commençâmes à descendre au lieu nommé Dryna, le long
d’un ravin bordé d’arbres séculaires énormes, où le nombre des Platanes
dominait; les branches robustes de ceux-ci s’entrejoignaient d’un borda
l’autre. Nos Alpes n’ofîrent nulle part de plus somptueuses voûtes de
verdure; en quelques endroits les arbres étaient tellement serrés, et leurs
troncs laissaient si peu d’espace de l?un à l’autre, que, pour circuler et
faire jour à nos bagages, il fallut en abattre plusieurs; malgré toutes les
précautions que nous prîmes, deux de nos mules roulèrent dans le ravin
d’où il fut très-difficile de les ravoir. Il était résulté une grande perte
de temps de cet accident, quand« nous arrivâmes en un lieu charmant
où coulait à plein bord avec le plus suave murmure un torrent limpide,
qui, descendant des cimes de Kouvela, répandait au loin une salutaire
fraîcheur. A l’endroit où nous le joignîmes, une riante prairie mollement
inclinée s’étendait entre la rive humide et la forêt profonde dans l’épaisseur
de laquelle nous voyagions. Fatigués d’une longue marche, séduits
par la beauté du lieu, nous songeâmes d’abord à camper au bruit des
eaux sur le tapis de verdure qui s’étendait à nos yeux; mais comme il
nous restait encore deux heures, de jour, et que le guide assurait que
Pavlitza ne restait guère plus qu’à une lieue, je me décidai à pousser
jusqu’à ce village, afin de consacrer la matinée du lendemain à l’exploration
des ruines de Phigalie, et l’après-midi au voyage de Bassæ, où je
me, proposais de coucher. Quelques pas encore, disaient nos gens, et
nous ne serons plus séparés de Pavhtza que par le Bourzi; je n’imaginais