que le Yellani (n.° 1276) n’y existait pas, l’élévation du lieu l’assimilant
à notre climat; j’y fis dresser notre camp sur le bord de la route dans
une clairière herbeuse, qu’on me dit s’appeler Kiliakhoria. Quoique
nous ne nous fussions point aperçus que nous changions de versant,
nous étions sur celui du golfe de Coron; à quelques pas de notre établissement
coulait, bien chétif, le Djané, fluviole qui tombe dans le
golfe messéniaque un peu au nord de Pétalidi. On y trouvait l’eau
nécessaire; et près de nous étaient quelques baraques habitées par des
pasteurs karythéniotes. Ces bonnes gens, qui nous vendirent du laitage
et des oeufs, vinrent visiter nos tentes et nous servirent de guide dans
les fourrées, ou nos récoltes d’histoire naturelle furent malheureusement
peu satisfaisantes; c’est ici que j’aperçus pour la première fois des
Chacals, mais je n’en pus tirer aucun. Ces animaux glissent plus encore
qu’ils ne fuient dans les broussailles; on dirait des ombres, tant est
grande leur agile souplesse. La nuit fut humide et froide; vers une
heure du matin le thermomètre de Réaumur ne marquait que 7 degrés.
CHAPITRE VI.
RETOUR A MODON. LE PRÉSIDENT CAPO DTSTRIA. EXCURSION PAR LE
PLATEAU DE KOUBEH A GARGAHANO, PHILIATRA (L ’ANTIQUE ARÈNE),
ARCADIA (CYPARISSIA ov CYPARISSÉIS) ET PAVLITZA (PHIGALIË). TEMPLE
DE BASSÆ. LA NÉDA.
Dans la conviction oju je fus bientôt, que le temps employé à fouiller la
forêt serait à peu près perdu pour l’histoire naturelle, je me déterminai
dans la matinée du 10 à redescendre vers les régions maritimes. Nous
prîmes la direction de Modon, à travers les montagnes que nous avions
au sud. Elles forment le système central du prolongement de la Mes-
sénie, dont les principaux sommets, rangés sur une courbe peu distincte,
de l’est à l’ouest, sont le Likodyma (les deux Loups), haut de 957 mètres;
le Zarnaoura (la queue du Renard), un peu moins élevé, et le petit
Saint-Hélie ou pic de Koubeh, qui n’atteint qu’à 816 mètres. Ces montagnes
ont été, comme le Manglava, que nous avions aü nord, évidemment
boisées; mais les pentes en ont dès long-temps été mises à nu; on
n’y rencontre plus de grands arbres que çà et là, et ce sont toujours des
Chênes alors bourgeonnant, avec des Poiriers sauvages, encore tout
blanchis de leurs éblouissantes fleurs. Nous voyageâmes d’abord, pendant
une heure, à peu de distance de l’un des principaux ruisseaux qui forment
l’origine du Djané. Le sol, aussi uni qu’une table, était herbeux,
humide et même marécageux en certains endroits. On y voyait des
pièces de terre qui avaient été autrefois labourées. Quand nous nous
élevâmes sur les pentes d’un col, vers lequel nous nous étions dirigés
sans suivre aucun chemin tracé, l’écoulement dés eaux semblait devenir
indécis entre le fluviole dont nous remontions un des premiers afîluens
et le torrent que nous avions traversé la veille, après la halte de la
prise d’eau de Koubeh; nous retrouvâmes le Grès vert mêlé au Schiste
argileux saillant partout, et se délitant comme dans les environs de
Modon et les hauteurs de Pyla; mais à droite et à gauche, à mesure
que les montagnes se prononçaient, c’était le Poudding qui en formait la
masse. Le terrain était brisé en tous sens; nous pénétrâmes bientôt
comme dans une vallée étroite entre les pentes occidentales du sommet