fut une très-forte tour (0), maintenant lacérée et brisée en gros quartiers
épars à la base des pans qui sont demeurés debout. Elle dominait
les deux parties de la ville au milieu du mur qui les séparait; ce qui
n’en est pas renversé, couronne encore notre vue de Pylos prise par
le côté du sud (Pl. X de la 4.re série). La seconde moitié, ou l’inférieure,
qui s’étend sur la pente exposée au midi, était la ville proprement
dite, qu’environnaient du côté de la mer vers l’occident, et de
Sphactérie au sud, des murailles très-fortes pour le temps où l’artillerie
n’était pas inventée, mais où quatre coups de gros canon suffiraient
pour faire brèche aujourd’hui. Du côté oriental, c’est-à-dire de celui du
grand escarpement, on s’en est reposé sur les obstacles naturels ; et
depuis la tour ronde de l’angle sud-est jusqu’à la citadelle, il ne fut
nécessaire que d’établir un simple parapet pour prévenir les accidens.
Quelques restes de maisons, dont le style et la distribution sont entièrement
méconnaissables ; des parois de citernes défoncées, des pans de
murs renversés, des tas de pierres désunies, entre lesquelles on ne saurait
retrouver la direction des rues, sont tout ce qui reste d’une cité dont la
population acheva de se disperser, comme on le verra à la fin du présent
chapitre, seulement vers la fin du dernier siècle. Les moindres pièces
de charpente, les portes, les fenêtres, les planches, en un mot, tout le
bois qui pouvait être emporté ou brûlé, a disparu. Les décombres,
d’autant plus difficiles à parcourir qu’ils roulent sous les pieds, ne sont
plus habités que par des Lézards de muraille, quelques Scheltopusics
et des Couleuvres, qui trouvent des abris commodes dans une infinité
de trous. Un Géranier très-vulgaire ( Géranium molle, n.° 904 ), avec
plusieurs petites Luzernes à gousses contournées (n.os 4 064,68,69, 74 ),
végètent au pied des murs. Quand nous montâmes au Vieux-Navarin
pour la première fois, la surface intérieure en était couverte par une
Crucifère prête à fleurir ( Crambe hispanica, n.° 825) : les tiges de
cette plante étaient alors presque entièrement desséchées; d’innombrables
Chardons, dont les feuilles piquantes et les tiges armées
commençaient à s’entrelacer, l’avaient remplacée et rendaient déjà la
circulation difficile; il doit être impossible d’y marcher quand la saison,
plus avancée, a favorisé le développement complet de ces intraitables
végétaux. Nous ne rencontrâmes pas un morceau de marbre façonné,
pas une moulure sculptée, pas un fragment de pierre travaillée, même
grossièrement, qui pût servir à faire connaître à quel point fut portée
la culture des arts chez les habitans de Paléokastron, si les arts y furent
jamais cultivés. Je ne découvris même rien dans les restes de la double
cité qui fît connaître qu’il y eût existé quelque chapelle, église ou
couvent; choses cependant qui sembleraient devoir être inhérentes aux
cités du moyen âge.
La partie haute ou l’acropole, moins remplie de décombres intransi-
tables, est aussi moins dépourvue de restes des temps passés. Il est
évident qu’il s’y trouvait un jardin, dont il existe encore pour témoins
quelques Amandiers, un Figuier avec des buissons d’Oléastres, provenus
des Oliviers qu’on y cultiva. J’y reconnus, vers le milieu, les restes d’une
petite tour cylindrique, au centre de laquelle croissait un arbre, plusieurs
caves, une sorte de chambre avec une porte où se voyaient les marches
inférieures, d’un ancien escalier, un gros bloc de Calcaire très-dur et
taillé, qui, parfaitement semblable à ceux dont on se sert en plusieurs
villages du pays pour broyer des Olives, a été cité quelque part comme
un autel des sacrifices, une grande pierre oblongue, fort épaisse et
percée centralement d’un trou rond, qui fut sans doute la gorge d’un
puits, enfin une citerne défoncée par en haut (0), dont le fond contenait
encore de l’eau et dans laquelle je parvins à pénétrer par un trou
latéral. Le ciment des parois de cette citerne était tellement dur que je
ne pus qu’imparfaitement y graver mon nom. Deux Grenouilles vertes
vivaient en ce lieu et n’en auront probablement jamais pu sortir; il fallait
qu’elles y fussent tombées. Entre cette citerne, qui est située au pied de
la muraille orientale et la petite tour où croît un arbre, est uné fissure,
probablement naturelle, de la roche fondamentale (P) ; on en avait peut-
être tiré parti pour en faire une autre citerne, étroite, longue, et qui dut
être fort considérable; le haut n’en est point fait en voûte, mais se rétrécit
en angle ayant à peu près la figure de la lettre À; de la terre et divers
débris qui s’y sont introduits du côté où l’on peut entrer et descendre,
forment une pente où l’on chemine à l’aide du jour douteux qui s’introduit
par deux crevasses obstruées d’Orties et autres plantes amies des