mauvais état y méritait quelque attention, parce que dans ses murailles
étaient confondus des fragmens de sculptures de divers styles et appartenant
à plusieurs époques; la plupart ne sont pas sans beaute. Lun
d’entre eux, placé au-dessus de la porte principale, représente un Boeuf,
dont la moitié postérieure manque, et qu’environnent des guirlandes
gracieusement entrelacées à travers les cornes : il y avait des colonnes à
l’intérieur et des tombeaux au pourtour ; mais rien n indiquait qu Amy-
clée ait été une cité aussi considérable qu’on l’a prétendu. On a vu plus
haut qu’il ne faut pas confondre le Nikli, où nous campâmes dans la
soirée du 25 Juin, et qui est situé à deux lieues environ au midi de
l’antique Sparte, avec le Nikli ou Muchli du moyen âge; rien n’indique
qu’au temps de la conquête des Français ce lieu, qui s’appelait encore
Amydée, soit même devenu un fief. Mais il n’en est pas ainsi pour
ce qu’on nomme aujourd’hui Mahmoud-Bey, distant d’un quart de lieue
environ vers l’Est, et dont la puissante tour domine le canton1. Mahmoud-
Bey fut évidemment le manoir de quelque seigneur du moyen âge doté
d’une bonne mense au partage féodal de la Morée, et devint ensuite le
pyrgo d’un Turc puissant ; un fossé et d’assez bons murs y environnaient
des jardins protégés par le fort. J’ai vu dans nos provinces occidentales
plusieurs châteaux féodaux très-ressemblans à celui-ci, à l’escalier extérieur
près, qui est sans doute une addition musulmane. Il paraît que dès
le commencement de la dernière guerre Yatrakos, en ayant attaqué le
possesseur, l’en débusqua; s’en regardant conséquemment comme légitime
propriétaire par droit de conquête, il en faisait sa demeure, lorsque
Ibrahim l’y vint assiéger à son tour avec de grandes forces; le petit-fils
d’Esculape (p. 425), qui ne s’attendait point à la marche des Égyptiens,
n’avait qu’une trentaine d’hommes autour de lui ; mais il ne s’en défendit
pas moins très-vaillamment pendant cinq ou six jours, et l’on voit encore
les marques des coups de canon qu’on ne lui épargna pas. Cependant, sa
garnison demeurant réduite à sept ou huit soldats, et sa dernière goutte
■ y peu de dùlunce de «et endroit, en allant xerc lTarota., on a découvert sur «n «nontieule
un monument dans le genre de celui qu’aux enrirons de Mycène on appelle communément le
. tombeau d’Agamemnon, et qui, sH ne fut pas ee qu’on regarde aussi comme un trésor, pourrart
bien Woir été le tombeau d’Électre,
d’eau étant épuisée, ainsi que son dernier grain de poudre, Yatrakos, à
l’extrémité, refusa toutes les propositions qui lui furent faites, parce que
sa captivité de Navarin lui avait appris à suspecter la foi de l’ennemi.
Il aima mieux profiter de l’obscurité d’une nuit pluvieuse pour sortir
subitement de son réduit, suivi du peu de compagnons qui lui restaient,
et traverser le sabre au poing le camp des assiégeans, où, nouveau Jona-
tas, il porta le désordre en tuant beaucoup d’Arabes endormis; il se sauva
ensuite chez Mourdzinos à travers la chaîne du Taygète, dont il connaissait
les moindres passages. Depuis la délivrance de la Morée, Yatrakos
demeurait établi dans cette tour dont nul ne lui contestait plus la
possession, et où nous trouvâmes ses gens, qui nous reçurent du mieux
qu’ils purent. «Le général aurait bien voulu vous faire lui-même les
« honneurs de son château, nous dit l’un de ses officiers; majs sa pro-
« fession de médecin l’appelait impérieusement chez un capitaine de
¿ Milia, son ancien compagnon de gloire, et auquel il doit faire une
« opération. | Le Maniote qui parlait ainsi, avait été le protopalikar de
Yatrakos dans les batailles; il lui était fort attaché et n’en prononçait
jamais le nom sans attendrissement, et sans relever ses larges manches
pour montrer d’énormes cicatrices, qui provenaient des entailles que
lui avait faites le moderne Podalyre, en lui extirpant deux balles reçues
au siège de Tripolitza.
Après avoir suivi le plat pays, si l’on veut atteindre le golfe de Laconie,
en marchant dans la direction du Sud, on passe successivement les rivières
de Racina et de Drysso, qui descendent des flancs méridionaux du
Taygète pour former par leur réunion l’un des principaux afïluens de
l’Iri : entre ces deux cours d’eaux est situé le canton de Potamia ; on monte
de l’autre côté du second sur le chaînon transversal des monts de Bour-
dounia, à travers lequel le fleuve célèbre par ses Roseaux et les singulières
amours de la reine Léda, s’est ouvert l’étroit passage dont nous
irons sous peu visiter les rapides.
Nous laissâmes à gauche sur la hauteur Paléo-Daphné, avec stés
murs d’enceinte debout, mais abandonnés; et sur la droite, au loin,
le château turc de Tarapsa, avec le hameau de Yigla. On marche alors
sur un plateau fertile, parsemé de pyrgos; puis on traverse des vallons