qui doit avoir un quart de lieue environ dans son grand diâihètre, pourrait
devenir l’assiette d’une assez jolie propriété, abritéèue tous les vents,
si l’on parvenait à trouver quelque source dans son étëftdue. La partie
centrale forme une sorte de prairie couverte de graminées^rigides,
indicatrices d’un sol où, lès eaux pluviales stagnent pendant un certain
temps. Elle était alors comme une nappe de verdure dont la fraîcheur
réjouit nos yeux; des traces ^sinueuses indiquaient au travers l’existence
de ruisseaux qui paraissaient converger vers un lieu où commençaient
des bouquéts d’arbustes, dont plusieurs ne laissaient pas que d’être
assez élevés. C’est sur ce point que je me dirigeai à l’instant ; j’y parvins
aisément en suivant le lit d’un petit ravin, dont je trouvai l’origine
déjà desséchée au point même où commençait la partie 'plane du
bàssin : il y existait ùn katabotron creusé dané la terre rougeâtre;
ce katabotron consistait en un troù de trois ou quatre pieds de diamètre^
dans lequel, directement sous l’ouverture, à dix ou douze pieds
de profondeur, se voyait un gros bloc blanc et dépouillé de roche
calcaire, semblable à celle des sommets pelés d’alentour: deux ou trois
de nous y pénétrèrent, ‘ et Ireconnurent qu’il y avait quelque danger
dans la descente; car'au pourtour,ch la roche, dont les dernières eaux,
en s’engouffrant , avaient sans doute lavé.la pointe, on discernait des
galeries rapidement inclinées et ténébreuses ,4 oùl’on eût fort bien pu
glisser et disparaîtrfe sans pouvoir deviner quelle était leur profondeur.
Sur les parois ombreuses du puisard croissait une jolie petite fougère
(grpnimizis leptophylla) d’un vert tendre et d’une contexture délicate,
qui Semble ne jamais s’éloigner beaucoup des régions" maritimes tempérées
, quoique cette plante ait été retrouvée jusques dans lès environs
dè Brest, vers 'la pointe de l’Armdrique. Comment, lorsque durant
deux^nois peut-être le katabotron de Sapience sert d’entonnoir à l’eau
des^pluies, et que sës bords doivent être délayés et chaçroyés par d’assez
forts courans, ïeS racines ou les graines d’un végétal si délicat s’y
peuvent-elles conserver? On retrouve.cette mêmefougère jusques assez
avant dans de mois de Mai sur la terre fraîche ou contre les pierres
humides des pentes voisines du bord de la mer et peu élevées au-
dessus de son niveau; je l’avais autrefois observée dans les environs
du Férol, en Galice, et surtout en Andalousie; M. Durville l’a recueillie
jusques sur le Néokaiméni de Santorin, où elle avait disparu à cause
de l’arrière-saison, quand je visitai' ce volcan.
De l’autre côté du katabotron, les oléastres, les myrthes, les alâternes,
des chênes à feuilles persistantes, un rosier à feuilles luisantes qui n’était
point encore fleuri, et des arbousiers surtout, formaient des bocages presque
aussi hauts que le sont nos taillis de France quelques années après
la coupe. Il y existait des ombrages dans toute l’étendue du terme*avee
une végétation assez- semblable à du gazon et que le soleil avait jusqu’alors
respectée; en un mot, je trouvai en cet endroit de l’île délerte
les élémens d’un joli jardin anglais, et j’eusse été tenté dè l’y tracèr,
s il y eût . existe la moindre fontaine. Si par le moyen d’un puits artésien
on pouvait arroser une telle solitude, elle serait digne de devenir
la retraite d’un sage; mais comme nid sentier n’en perçait encore les
hautes et odorantes, broussailles, je me lassai bientôt d’en traverser
les épais fourrés, où je déchirais mes habits, sans récolter aucune
production naturelle qui me fût inconnue; je redescendis donc vers le
katabotron par le lit d’un torrent formé d’échelons rocailleux qui
doivent être de nombreuses cascades en Décembre et Janvier. Il ne
s’y trouvait alors pas d’eau; mais l’ombre et la fraîcheur y favorisaient
la végétation du cétérach, de quelques polypodes vulgaires, d’une hépatique
et surtout dë'touffes en gazon du lycopode denticulé, plante
des pays Chauds qui végète jusques sur divers ppints des côtes de
Provence, que'je vis, il' y a bien long-temps, pour la première fois
aux Ganariesÿique j’avais récoltée depuis à Saint-Juan d’Alfarache, dans
les environs de Séville, et qui est certainement l’un des végétaux les
plus élégans qù’on ait récemment introduits dans nos: serres..
Nous prîmes, en regagnant la direction du rivage, quelques',nouveaux
shelptopusiks : j’aperçus une perdrix que je ne pus tirer, et je
cherchai vainement sous divers buissons de ces tortues qu’on m’avait
assure devoir se trouver dans l’île ; il ne serait pas surprenant qu’il
y en existât en effet, puisque j’ai revu depuis, dans un ruisseau de
File de Tino, cette espèce d’émide nouvelle que nous trouverons tout
a 1 heure dans le torrent de Modon. Les bords de la mer, dont j’explorai
g |j 42