lumière d’arabesques les plus élégantes et qui attestent Fépoqjie ou le
meilleur goût s’introduisait en Italie dans toute sorte d’ornemens; sur
une autre j’ai lu : OPVS CAMILLI. Il y en a où se voient deux lions
de S. Marc, dont le corps se termiiffe en queue de poisson, comme
la sirène, ce qui indique la suprématie que la république s’attribuait
alors sur les mers, et que M. Dubois m’a assuré n’avoir rencontré nulle
autre part.
On sait, dit M. de Pouqueville*, comrhent le prince Dolgorouki,
ayant attaqué Modon (lors de la tentative d’une «•évolution en 1770),
fut abandonné par six mille Maniotes, au moment où la ville allait capituler.
Après cette défection,*le prince „dut, malgré des prodiges de
courage, sacrifier son artillerie pour se retirer -sur Navarin. « Les Turcs,
« ajoute*M. Pouqueville, montrent avec orgueil les vingt-quatre pièces
« de gros calibre que le général russe fut obligé de leur abandonner. |
Le général en chef, comte Maison, me les montra aussi, mais avec
cette simplicité qu’y devait mettre un guerrier trop habitué à conquérir
de semblables trophées pour en tirer vanité. On a placé en batterie du
côté de la mer, celles de ces pièces que le temps n’avait pas mises hors
de service.
Vis-à-vis Modon, à une lieue environ de distancé, s?élève fièrement
au-dessus des flots l’île de Sapience, qui n’est point, comme on l’a
imprimé quelque part, la S p h a g ia de l’antiquité, mais qui fut la principale
des Æ n u s e s ou O E n u s s e sa. Ces OEnusses forment un petit archipel
disposé à peu près vis-à-vis la côte méridionale de Messénie.
Leur nom ancien ne viendrait-il pas de celui que portait le fils dè
Porthaon, dont il a été parlé plus haut J^p. 64), et que Pausanias
appelle Æneus, en le disant père de Mothone ? Elles sont au nombre
de quatre; savoir :
1.° V é n é t i c o ( T h é g a n u s s e d) , la plus orientale et qu’on n’aperçoit
1. Voyage de Grèce; t. VI, p. 68.
2. Pausanias ( lib. IV, à la fin du chap. 34) mettant le mot au singulier, semble ne designer
qu’une seule OEnusse; mais Pline (lib. IV, cap. 12) met le pluriel, et veut évidemment parler
d’un petit archipel.
3. Pausanias (loc. cit.) signale cette ile comme déserte.
pas de Modon, est située au sud du cap Gallo ( Acritas promontorium) ,
à un peu plus de douze cents mètres de distance. Quelques roches sous
l’eau ne permettent pas' aux fortes embarcations de s’approcher trop
de sa pointe Nord, dont les marins doivent se tenir à quatre ou cinq
cents mètres; mais on peut avec sécurité traverser par le milieu de
la passe que suivit, en 1755, le vaisseau de ligne l’Aquilon. Au sud,
à un peu plus d’un tiers de lieue, sont les Fourmigues, écueils au ras
de l’eau, lesquels ont* occasioné quelques naufrages. Vénético n’est
qu’un bloc de grès, prolongement du tèrrain de Coron, élevé et perpendiculairement
taillé dans la plus grande partie de sa circonférence,
qui doit être d’une lieue au moins,; sa croupe est couverte de quelques
buissons, dont la verduré disparaît durant les chaleurs de l’été. « Les
« recherches qu’on y a faites, dit M. de Pouqueville1, n’ont procuré
« que la découverte d’un caveau funéraire, entouré de sarcophages de
« deux pieds de hauteur, sans couvertures ni inscriptions, ainsi que
« des déblaiemens, qui prouvent qu’on y a fait des fouilles.” Boblaye,
qui a mouillé tout près dans un caïque, y distingua une source et
quelques ruines que son patron assurait être celles de bains antiques.
2.° 4aABRÉRA-a appelée aussi par les Grecs modernes Skhiza, qui
vient ensuite au sud-est^est beaucoup-plus grande que Vénético, non
moins élevée, et escarpée dans presque tout son pourtour; elle demeure
également déserte à caibe de sa sécheresse; je ne sache point que les
hommes s’y soient jamais établis fixement", quoique j’y trouve le signe
d’un village dans une vieille carte de Nuremberg, reproduite en Hollande
sans millésime, signe qu’Arowsmith a conservé. Le nom franc
dè cette île indique assez que des gardiens de chèvres, dont quelques-
unes, s’étant échappées, sont devenues sauvages, s’y rendent parfois
dans la saison où le soleil n’a point dévoré la triste végétation
qui de loin colore quelques points de sa superficie. Sa constitution
géologique est la même que celle de la côte opposée où se terminent
les hauteurs orientales du petit bassin Méthonique, c’est-à-dire qu’on
1. Voyage de la Grèce, t. VI, p. 63.
2. Écrit Kabréra dans la carte' dé Barbié du Boccage, <jui ne s'est pas donné-la peine do
réfléchir sur l’étymologie du nom de cette île. R 10