de l’administration-de la marine, les ¡dus beaux palmiers-dattiers qui
croissent sur le sol provençal. Ils atteignent à tonte la hauteur que
comporte leur espèce. " . . .
Au moment même où je renouvelais pour ainsi dire connaissance
avec des plantes que j’avais autrefois rencontrées sous les tropiques, et
que je retrouvais végétant en pleine terre sur un point de notre Europe,
le reste du pays subissait les rigueurs d’un hiver cruel, capable de faire
périr jusqu’à des arbres indigènes, et tandis que deç lettres de Pans
nous représentaient la Seine profondément prise avec d’immenses amas
de neige encombrant des rues que le froid avait métamorphosées en une
sorte de, Spitzberg, plusieurs de nous parcouraient la campagne déjà
verdoyante en poussant leurs promenades jusqu’à Hyères. M. Banon,
pharmacien principal au port de Toulon, entomologiste distingué, me
conduisit dans cette petite ville qu’habite sa famille, et qui se trouve
à trois lieues à peu près de Toulon.
Hyères s’est acquis une certaine célébrité par ses plantations d orangers,
la beauté de son ciel, la'salubrité de l’air "qu’on y respire et le
printemps ou plutôt l’été perpétuel qui lui mérita le nom de serre
chaude de la France. H n’y gèle jamais, la neige même y serait
inconnue s’il n’en tombait de temps en temps au faîte des montagnes
qui bornent la vue vers le nord, mais où elle fond presque aussitôt
au-dessous de cent cinquante ou deux cents mètres. Je tenais à visiter
soigneusement ce lieu où l’on parlait de former un jardin d’acclimatation.
Le Sûus^réfet de Toulon m’avait prié de lui donner mon avis
sur son établissement au sujet duquel il venait de recevoir une lettre du
Ministre de l’intérieur. °'r
Les orangers et autres arbres de la famille des hespéridées réussissent
parfaitement à Hyères, où conséquemment la température moyenne
doit être déjà fort élevée, le thermomètre, qui monte, dit-on, à 3« degres
dans les grandes chaleurs de l’été, ne descendant pas au-dessous de
6 degrés pendant l’hiver. Le 8 Février, où l’on éprouvait à Paris un froid
de 0 degré, j’observais 15° de Uéaumur à Hyères en plein air à l’ombre,
maisàla vérité du côté du midi, chez un particulier dont la maison était
située au milieu d’une belle plantation d’orangers. A ce riche verger était
joint un jardin fourni de très-beaux arbustes des pays chauds, et deux
petites serres ornées de plantes des régions équinoxiales, serres ou l’on
n’avait pas eu besoin d’allumer de feu, les rayons du soleil à travers
les vitraux ayant jusqu’alors suffi pour y porter la chaleur au degré
convenable et sans que la longueur des nuits y eût causé de refroidissement
préjudiciable à la végétation.
Les oranges sont un objet de revenu assez considérable pour le
canton, mais quoi qu’on puisse dire de la beauté du climat, elles n’y
mûrissent bien que sur une surface très-bornée; les arbres qui les produisent
sont disposés en quinconces dans des vergers clos et ne croissent
pas en forêts parfumées comme on l’a dit un peu trop poétiquement.
C’était ce verger où j’avais consulté le thermomètre et qui passe
pour être le plus considérable d’Hyères qu’on voulait faire acheter au
Gouvernement, afin d’y établir le jardin d’acclimatation; la maison du
propriétaire serait devenue celle du directeur : on faisait valoir, pour
déterminer l’acquisition, que desserres s’y trouvaient toutes construites.
Je fis observer à M. le Sous-Préfet qu’on ne pouvait choisir plus mal,
piîîsque, le terrain étant occupé par des arbres d’un très-grand revenu,
il eût fallu d’abord arracher ces arbres pour planter à leur place les
végétaux qu’il serait question d’habituer à notre climat. Lorsqu’on a
voulu établir à l’Isle-de-France, ou bien au cap de Bonne-Espérance,
les plus beaux jardins d’acclimatation qui aient jamais existé, oti n’a
pas choisi quelque riche giroflerie, ou le précieux terrain sur lequel se
recueille le crû de Constance, on chercha un sol de moindre valeur.
L’Espagne elle-même, si peu éclairée, n’avait pas commis la faute où
des spéculateurs voulaient engager ici le Ministère; quand on y fonda
l’établissement de Saint-Lucar de Baraméda, on eut garde de détruire
un seul pied de ces vignes qui donnent les excellens vins de Xérès ou
de Rota. L’intendant Théran, chargé par le prince de la Paix, de naturaliser
en Andalousie les productions des colonies espagnoles, fit
enclore un vacant bien exposé, dont l’herbe avait été abandonnée jusqu’alors
a la dent des moutons, et c’est là que j’ai vu sous le roi Joseph
Napoléon, qui donna des ordres pour que la création de Godoy fût
encouragée, cest la que j ai vu, dis-je, Don Simon de Rojasy Clémente,