point de ville sur l’emplacement où la nécessité de détruire une erreur
vient de nous arrêter, on n’y trouve pas moins les traces des antiques
bains que les Méthonéens fréquentaient probablement. Le voisinage de
belles sources naissant à la base du terrain de grès vert, détermina cet
établissement, dont il reste des mosaïques grossières. Plus tard, les mêmes
sources alimentèrent un aqueduc souterrain peu élevé au-dessus de la
mer, parallèle au rivage, duquel les vieux conduits sont assez rapprochés
, et dont on reconnaît le cours à des siphons solidement construits
en maçonnerie, élevés de distance en distance de trente pieds de hauteur,
et qui, aperçus de loin, ressemblent à des obélisques rangés sur une ligne,
dont quatre au moins, si j’ai bonne mémoire, sont encore assez bien
conservés. Le sol, aux environs de ces obélisques, est bas; il s’y trouve
un marais, dans le milieu duquel sont des buttes provenant de vieux
fours a briques. Il serait facile d’assainir cet espace de terrain et d’y établir
toutes sortes de cultures, ainsi que dans le reste de la plaine de Modon,
dont le sol est excellent; Cette plaine comptait avant la guerre, outre
Ospliino et Métaxidi dont il a été déjà question, les villages de Dia-ta-
Bathani, deTlieiflik, de Keupritchu-kévi et d’Agatchau. Il n’en existe
plus que des pans de murs et quelques moellons épars; les matériaux tirés
de leurs ruines servirent à construire ce camp égyptien^lont j’ai signalé
les masures avant d’arriver au faubourg de Modon (p. 59). Les belles
plantations d’oliviers, qui faisaient la richesse de tous ces lieux, ont
entièrement disparu; il n’en reste même pas les racines, qui ont été
déterrées pour servir au chauffage.:*
À partir de Modon jusqu’au cap Gaüo, les rivages de la Messénie
forment une falaise escarpée, d’une élévation de cinquante à cent mètres,
souvent presque verticale, découpée par quelques anses basses et sablonneuses,
composées de couches d’argiles schisteuses et depsammites
appartenant à cette formation du grès vert, où se rattachent, ainsi qu’il
vient d’être dit, les hauteurs qui bordent (à l’orient la plaine de Modon.
i . On trouve dans le cadastre du canton de Modon par M. Pouqueville, Osphino, écrit Ospimo,
porté à trente familles ; Métaxidi, écrit Métaxada, à vingt-huit; Dia-ta-Balhani, écrit Diavakini,
à trente-six; et Agatchau, écrit Agachoi, à vingt-deux. Les deux autres villages sont omis; mais
Çell, qui ne les indique pas dans sa carte, les mentionne dans son Itinéraire..
Au pied de ces,hautes falaises, la mer n’a que peu de profondeur, ce
qui est contraire à ce qu’on observe ordinairement partout où les côtes
sont acores. En .se promenant à sa surface sur une caïque , chacun peut
reconnaître que le sol, à six ou huit pieds sous l’eau environ, y est
formé par les tranches dés couches qu’on voit sur les falaises, coupées
presque horizontalement, de sorte qu’à quatre ou cinq cents mètres du
rivage la profondeur de la mer n’est encore que de deux brasses ou
deux brasses et demie ornais au-delà elle tombe rapidement, comme
s’il existait en cet endroit une seconde falaise abrupte, semblable à celle
qui borde le plateau méridional de Messénie. La nature destructible
des rochers et les diverses circonstances physiques auxquelles est soumis
le golfe de Modon, rendent compte de ce phénomène, malgré l’opinion
de ces géologues qui ne veulent attribuer aux causes en action
de notre époque aucune destruction, ni aucuns produits analogues à
ceux des époques antérieures. Indépendamment du courant général qui
porte de la mer Ionienne à la mer de Crète, il existe ici pendant toute
la mauvaise saison des courans violens, produits soit par les tempêtes
du golfe Adriatique, soit par les vents qui soufflent constamment dans
la région de l’ouest. Ces courans frappent avec violence la pointe nord-
ouest de Sapience, qui les rejette sur la côte de Messénie, dont ils minent
sans cesse les falaises argileuses et en emportent les débris. Ceux-
ci sont entraînés jusqu’à ce que l’influence contraire des courans du
golfe de Coron, et surtout de la chaîne sous-marine qui s’étend vers
le sud du cap Gallo parYénético et..les Formigues, vienne les arrêter;
alors ils se déposent dans la mer à l’est de Cabréra, et y forment des
lits puissans de sédimens, qui doivent avoir la plus grande analogie
avec ces sables argileux verdâtres de Sparte et du bassin tertiaire de
la Laconie, produits comme eux de la destruction du grès vert. Ce qui
concerne le sujet que nous venons d’effleurer, résulte des observations
de M. Boblaye, qui promet'-d’y revenir dans un chapitre de géologie
intitulé : Productions de notre époque.
Dans les débris entraînés par les eaux pluviales, descendant non-
seulement dans la mer pour en combler les gouffres, mais encore dans
la plaine pour en élever la surface ou .pour y changer le cours du tor