naguère conduits au cap Ténare, et qui, envoyé par son maître à Nauplie,
y fut frété pour moi. Monté de nouveau sur le Marco-Botzaris, où je
donnai passage à MM. Peytier, de Yaudrimey et de Lagarde, j’ai pu
commodément visiter l’Archipel et ce qui me restait à connaître du Péloponnèse.
Ayant consacré la fin de Juillet et les premiers jours d’Août à
parcourir tous les endroits célèbres qu’on retrouve au pourtour de la
haie d’Argos, je levai l’ancre dans la matinée du 15, jour de l’Assomption;
reconnaissant le lendemain l’extrémité hermionique de l’Argolide,
Spezzia et la commerçante Hydra, nous cinglâmes vers Zéa, et voguant
parmi les Cyclades, j’y visitai successivement Syra, dont le chef-lieu,
qui était naguère le simple bourg en pain de sucre qu’on distingue au
centre de la vue que j’en ai prise (pl. XXXY), est maintenant métamorphosé
en une ville commerçante de vingt-cinq mille ames au moins ;
Tino, la plus peuplée, la mieux cultivée des îles du nouveau royaume
de Grèce, et dont M. Yaudrimey dessina la capitale (pl. XXXVI);
Mycone, abondante en Stellions (pl. XI, fig. \ de la 3.e série), et
dont les belles filles ont le plus religieusement conservé les singuliers
et incommodes vêtemens de l’ancienne Dodécanésie; Réné, nécropole
de l’île sacrée, où fut retrouvé ce Sphinx représenté dans la vignette
de notre avant-propos; la granitique Délos, dont les hahitans durent
être bien embarrassés quand ils furent métamorphosés en grenouilles,
leur patrie n’offrant pas une goutte d’eau qui leur pût servir d’asyle;
Vaudrimey y dessina ce monument cyclopéen qu’on a pris, si mal à
propos, pour une porte de ville, mais dans lequel je crois reconnaître
la grotte où Latone mit au jour Apollon et sa divine soeur (voyez notre
dernière vignette, p. 472). Passant ensuite dans l’île d’Antiparos,
je descendis dans sa grotte, si souvent visitée, et que Tournefort a
mieux décrite que tout autre; Paros m’offrit ses carrières de Marbre,
dont je ne trouve les plus considérables mentionnées nulle part; la belle
et fertile Naxie nous arrêta à son tour;.elle est la plus intéressante
et la plus belle; en descendant du mont Dia, élevé de \ 007 mètres vers
le milieu de l’île, nous pénétrâmes dans une grotte de Jupiter, beaucoup
plus belle et plus compliquée que celle d’Antiparos, la plus, curieuse
peut-être de l’univers, qu’a figurée M, Yaudrimey (pl. XXXYII, fig, 2) ;
mais dont nul voyageur h’avait avant nous signalé l’existence. Viennent
ensuite Nio, qui se vante de posséder le tombeau d’Homère; le groupe
volcanique de Santorin, dont j’ai figuré les Kaïménis (pl. XXXYII,
%>• 2 ), et qui n est pas moins intéressant sous les rapports géologiques
que par les antiquités qu’on y trouve, antiquités paimi lesquelles je
vis, au milieu de champs de Coton, un petit temple cubique tout en
Marbre blanc, dont personne avant moi n’avait eu connaissance; l’Ar-
gentière aride, ancien repaire des écumeurs de mers; Milo au vaste
port, non moins que la Calliste des temps héroïques bouleversée par
les feux souterrains, et qui nous offrit des sources thermales, outre
une soufrière dont le soupirail est toujours brûlant, avec diverses antiquités;
Syphante hospitalière, où nous descendîmes dans les galeries
des mines qui la rendirent anciennement célèbre; mais où nous n’avons
pas observé la moindre parcelle de cet or qu’on dit y avoir été exploité;
enfin, après avoir côtoyé l’anfractueuse Serpho, où la tête de Méduse
avait, dit-on, tout pétrifié, nous terminâmes notre tour des Cyclades
par Thermia, a qui ses bains chauds et la caverne extraordinaire qu’on
y trouve, mériteraient plus de célébrité. M. Virlet, ayant visité la plupart
de ces îles une seconde fois, et lorsque sa santé fut rétablie, en fera
connaître la constitution physique dans la partie du présent ouvrage
consacrée à la géologie. Au retour de l’Archipel, je gravis sur les ruines
de Sunium, ou tant de colonnes, encore debout, couronnent majestueusement
un promontoire de Schiste tout brillant de Mica.
Après avoir consacré quelques jours à l’étude d’Égine, dont M. Bo-
blaye s’est particulièrement occupé, et visité les restes massifs d’un
monument où je crois reconnaître le palais du roi des Myrmidons, je
montai au temple qui produit un si bel effet à la cime de l’île quand
on y arrive par le côté oriental*. Distinguant de ce point dominateur
l’acropole d’Athènes, encore sacrée après tant d’outrages faits par les
siècles, les Turcs et les Anglais, je ne pus résister au besoin de pousser
mes excursions jusques a la ville de Thésée, quoique l’exploration de
l’Attique ne nous eût point été ordonnée, et qu’il pût y avoir du danger
à l’entreprendre alors. Personne, quoi qu’on en ait pu dire, n’avait,
!.. M. de Stackelberg en a donné d’excellentes vnes dans son Voyage pittoresque.